FUZELIER

Numéro

321

Prénom

Louis

Naissance

1672?

Décès

1752

Louis Fuzelier est né à Paris vers 1672 (Table du Journal de Verdun, B.Un., Cior 18) ou 1674 (Dictionnaire des théâtres), et il y est mort le 19 septembre 1752. Son nom a subi toutes sortes d'avatars orthographiques : Fuselier, Fusellier (texte du privilège du Mercure) ou Fusillier, etc.

2. Formation

Sur ses déplacements, nous ne disposons que d'une infime indication : le 28 mars 1719 (B.N., fr. 21 903), il reçoit une caisse de livres venue de Besançon, où il venait probablement de séjourner.

3. Carrière

Sa carrière dramatique s'étend sur cinquante ans, et l'on peut considérer sa production comme la plus féconde du siècle. Fournisseur du théâtre des marionnettes dès 1701, grand maître des parodies (au point de parodier ses propres parodies), il fut pendant plus de vingt-cinq ans (1713-1730) le plus grand pourvoyeur du théâtre de la Foire, avec Lesage et d'Orneval ; mais il a fait jouer aussi de nombreuses comédies au Théâtre italien (1718-1725), une tragédie et plusieurs divertissements au Théâtre Français, qui en 1726 le considérait comme un de ses auteurs attitrés («Liste des entrées gratuites, telle qu'elle fut imprimée [...] au 1er avril», dans les «Mémoires de Lekain», Mémoires relatifs à l'Histoire de France, t. VI, p. 141). Enfin, et peut-être surtout, composant successivement pour Campra, Collin de Blamont, Mouret, Rameau et Mondonville, il a été le principal librettiste d'opéras et de ballets entre 1713 et 1749. Au moins à partir de la Régence, il bénéficia de hautes protections. En 1717 il dédie un «Bouquet» à la jeune princesse de Conti (Mercure d'août, p. 130). En décembre 1726, «le censeur ne juge pas à propos d'approuver l'Almanach du Parnasse, pour plusieurs raisons, entre autres que l'auteur y annonce qu'Arouet de Voltaire et Fuzelier ont travaillé pour les marionnettes [...] ; ce qui est injurieux pour les grands auteurs» (Anecdotes de l'Opéra comique, Ars. 3534, texte cité par H. Lagrave, p. 61). Déjà arrêté en 1730 (Ars., ms. 11100, f° 54-61), le 17 novembre 1731, «soupçonné d'avoir fait une épigramme contre le Sr. Marette» (Ars., ms. 11145, f° 338), – «contre Boindin, Mallet et autres, dans laquelle le nom du père Girard se trouve malheureusement», écrivait Voltaire le 21 (à J.B.N. Formont, D 435) – il est arrêté et «conduit aux prisons du Petit Châtelet» (Ars., ms. 11145, f° 341). Dans la supplique qu'il adresse à Fleury, il prie le «Ministre» de «se souvenir qu'il l'a honoré autrefois de sa protection, qu'il a même dit un jour que ce qu'il estimait le plus en lui était la réputation d'honnête homme qui lui était généralement accordée, [...] qu'en conséquence de ce sentiment avantageux, Son Eminence avait eu la bonté de [le] présenter de son propre mouvement [...] au Roi en deux différentes occasions» (ibid., f° 343). Enfin il espère que les témoignages de «tous les princes et princesses de la maison de Condé [...] dissiperont les idées qu'on a voulu donner contre lui» (ibid., f° 345). Le 4 octobre 1744, c'est-à-dire le lendemain de la mort d'Antoine de la Roque, Pont-de-Veyle écrivait à Feydau de Marville que «depuis plus de deux ans» (Ravaisson, t. XII, p. 253) il était entendu que le Mercure serait «accordé» à F. (Mouhy à Marville, ibid., p. 252) et qu'il pourrait avoir le chevalier de Mouhy pour collaborateur. En fait, à la suite d'une intervention aussi étourdie que pressante de Mme de Mailly, favorite du roi, Maurepas lui avait concédé cet «agrément» dès l'automne 1740 : Barbier note à cette occasion que F. «est de tout temps ami du marquis de Nesle» et de sa fille (t. III, p. 234-236). Antoine de La Roque était alors gravement malade (voir ce nom).

4. Situation de fortune

En 1721 le privilège du Mercure, que F. partageait avec A. de La Roque était de 3000 £. Une pension de 400 £ devait être payée à «Monsieur Racine». F. a exposé dans le Mercure de mai 1745 les difficultés nées de ce privilège en société. Sur ces points, voir la notice «Dufresnoy». En novembre 1740, Barbier présente F. comme un «garçon d'esprit et mal à son aise». Les «mouvements» du poète auprès de Maurepas devaient lui permettre d'assurer enfin largement sa situation matérielle, la «commission» du Mercure produisant «six à sept mille livres de rente, ce qui est très gracieux pour un homme de lettres» (ibid.).

5. Opinions

Collaborateur de Lesage, F. était très lié avec lui. La B.M. de Nantes conserve une lettre du 15 juillet 1747 (ms. 157, f° 674,), où celui-ci l'appelle «mon cher Plaute», se déclare «jaloux de montrer l'intérêt qu'[il] prend à sa gloire» de librettiste, lui demande de présenter ses respects à Mme de La Grave et conclut : «Aimez-moi comme je vous aime». A propos de l'affaire qu'il s'attira en 1731, F. parle, sans autre précision, d'une «relation fabriquée par ses ennemis» (Ars. ms. 11145, f° 343). Mise à part une controverse particulièrement vive au cours de laquelle il désavoua ironiquement le Nouveau Monde et l'Oracle de Delphes (1723), qu'on lui attribuait comme au principal spécialiste de comédies anonymes (voir dans le Journal de Verdun, juin 1723, p. 451, les «plaintes du journaliste contre lui»), il ne semble pas qu'il ait été impliqué dans de très violentes querelles, bien que ses railleries aient touché tous les principaux écrivains de son temps : La Motte (Momus fabuliste, 1719), Marivaux, qu'il a présenté comme une précieuse (Les Amours déguisés, 1726), Voltaire, «célébrissime auteur d'un élégantissime poème épique» (Les Noces de la Folie, 1725) «Imprimé par souscription, / La faridondaine, la faridondon» (Arlequin Persée, 1723). Celui-ci écrivait à Thiériot le 3 janv. 1723 : «Je pardonne volontiers aux gredins d'auteurs ces trivelinades, c'est leur métier, et il faut que chacun fasse le sien» (D 144).

6. Activités journalistiques

Il obtient le privilège du Mercure de France, avec Dufresny et La Roque, le 3 juillet 1721 (Mercure de juin et juill. 1721, lre partie), La Roque en devenant seul titulaire en octobre 1724, à la suite de la mort de Dufresny ; puis de nouveau, avec Charles de La Bruère, «par brevet du roi donné au camp devant Fribourg le 31 octobre 1744» («Mémoire historique sur le Mercure de France», Mercure de mai 1760, p. 127). Rémond de Sainte-Albine lui succèdera comme rédacteur en chef à partir de juillet 1748. Dans le Mercure de janvier 1749, on indique que M. F. s'est «chargé de la partie qui dans ce recueil concerne les spectacles, [...] quelques morceaux [étant cependant] de M. Rémond de Sainte-Albine» : «les extraits de pièces de théâtre séparés [de sa rubrique] par un réglet». On ne peut lui donner la responsabilité de toute la critique théâtrale du Mercure : ses parodies d'Inès de Castro (La Parodie et Les Vacances du théâtre) sont attaquées dans le journal. Les papiers Fuzelier (A.N., J13 1034 (13) donnent la liste des contacts et des collaborateurs de F. au Mercure sous la Régence :

Chez le Ministre (Maurepas) : Pequet (relit les nouvelles étrangères), Briquet, Blondeau («changements d'officiers, ordonnances militaires»), Meniard («Maison du Roi, pensions, survivances, Menus Plaisirs»), Florimond (id.), Maydier (Dons du Roi, bénéfices), Rigaud («édits, arrêtés et déclarations») ; Hénaut («bénéfices vacants»). Adam, Harpin («thèses, sacres, réceptions de charges») ; veuve Rochet, Scotin, graveur ; abbé Tournier, d'Hozier («généalogies»), de Clérambault (généalogies).

Pour les pays étrangers : Amelot, Gueau de Pouancey (Espagne) ; abbé Asciato, abbé Gilben, Lézinoi, banquier, Antoine Rizi, abbé Nézot (Rome) ; Morville, Hop (Hollande) ; Robrou de la Poterie, Nicole, Boisben (Angleterre) ; Madame, comte d'Albert, comte de La Pérouse (Allemagne), Le Coeur (Malte), de Bonac (Constantinople), Verton (Moscovie).

Marine : Valincourt, Potier («Marine de Levant»), La Chapelle, de Salby, abbé Couture («relations des pays lointains»), père Fleuriau («missions des Indes»), de Piganiol.

7. Publications diverses

Voir Brenner, n° 6585 et suiv.

La liste d'oeuvres fournie ci-dessous a été établie d'après le Dictionnaire des théâtres et les journaux de l'époque, Cior 18 et H. Lagrave (éd des Notices du marquis d'Argenson et Le Théâtre et le public en France...), et le cat. B.N. :

– «Au jeu des marionnettes» :

(seul) : Thésée, ou la Défaite des Amazones, 3 actes, 1701. – Les Amours de Tremblotin et de Marinette, en trois intermèdes, 1701.– Le Ravissement d'Hélène, le siège et l'embrasement de Troie, grande pièce qui sera représentée aux Jeux des Victoires du Sr. Alexandre Bertrand, dans le préau de la Foire Saint-Germain, 3 actes, Paris, A. Chrétien, 1705, in-8° de 32 p. et pl.

(avec Lesage et d'Orneval) : L'Ombre du cocher poète, prologue, 1722. – Pierrot Romulus, ou le Ravisseur poli, 1 acte (parodie du Romulus de La Motte), 1722.– Le Rémouleur d'amour, 1 acte, 1722.

– A l'Opéra comique :

(seul) : Arlequin et Scaramouche vendangeurs, divertissement précédé d'un prologue et suivi de Pierrot Sancho Pança, gouverneur de l'lsle Barataria (Foire Saint Laurent, sept. 1710), 1711.– Jupiter curieux impertinent (Foire Saint Germain, 3 févr 1711), «avec la scène du vin mousseux», 1711, in-12 de 12 p.– Arlequin Enée, ou la Prise de Troie [...] par les pantomimes du Grand jeu du préau de la Foire Saint Laurent (comédie par écriteaux, 25 juil. 1711), 1711.– Scaramouche pédant, divertissement repr. par les sieurs Dolet et La Place à la Foire Saint Laurent le 12 sept. 1711. Orphée ou Arlequin aux enfers, div. qui a été joué en suite du Pédant, impr. de G. Valleyre, 1711, in-12 de 20 p..– Arlequin grand vizir, 3 actes, 1713.– La Matrone d'Ephèse, 3 actes, 1714.– Arlequin défenseur d'Homère, 1 acte, 25 juil. 1715. – Le Lendemain de noces, 1 acte, 1716.– Pierrot furieux, ou Pierrot Roland, 1 acte, 1717.– Le Pharaon, 1 acte, 20 févr. 1717.– Le Réveillon des dieux, prol., 1718.– La Gageure de Pierrot, 1 acte, 1718.– La Prise du Monomotapa, 1 acte, 1718.– Le Camp des amours, 1 acte, 1720.– Le Chartier du diable, 1 acte, 1720.– Le Lourdaut d'lnca, 1 acte, 1720.– Le Déménagement du théâtre, prol., 1722.– Les Noeuds, 1 acte, 1722. – Le Quadrille du théâtre, prol., 1722.– Les Dieux à la foire, prol., 1724.– Les Bains de Charenton, 1 acte, 1724.– Les Vacances du théâtre, 1 acte, Paris, G. Cavelier, 1724.– L'Audience du temps, prol., 1725.– Pierrot Perrette, 2 actes, 1725.– Les Quatre Mariannes, 1 acte, 1er mars 1725, F. Flahault, 1725.– Le Ravisseur de sa femme, 1 acte, 1725.– Atys, parodie, 1 acte, 1726.– L'Ambigu de la folie, prol., 1726.– L'Amour et Bacchus à la foire, 1 acte, 1726.– Les Songes, 1 acte, 1726.– Pierrot Céladon, 3 actes, 1729.– Les Sincères malgré eux, 1 acte, 1733.– L'Eclipse favorable, 1 acte, 1737.– Les Jaloux de rien, 1 acte, 1739.

(avec Lesage et d'Orneval) : Les Funérailles de la foire, 1 acte, 1718. – Le Diable d'argent, prol. d'Arlequin roi des ogres et de La Queue de vérité, 3 févr. 1720.– Arlequin Endymion (parodie de la pastorale italienne de ce nom, par L. Riccoboni, avec des scènes françaises par Biancolelli ; musique de Gilliers), févr. 1721. – La Fausse Foire, prol., avec La Boëte de Pandore et La Tête noire, 31 juil. 1721. – Le Rappel de la foire à la vie, 1721. – Le Régiment de la Calotte, 1721.– Le Jeune Vieillard, 3 actes, 1722. – Le Dieu du hasard, prol., avec La Force de l'amour, 1 acte, et La Foire des fées, 1 acte, 1722.– L'Enchanteur mirliton, prol., avec Les Enragés et Le Temple de Mémoire (musique de Mouret), 21 juil. 1725 – Les Comédiens corsaires, prol., avec L'Obstacle favorable et Les Amours déguisés, 20 sept. 1726.– La Pénélope française (musique de Gilliers, décoration de Servandoni), 6 sept. 1728.– Les Pélerins de la Mecque, 1728.– L'Industrie, prol., avec Zémine et Almanzor et Les Routes du monde, 1730.– L'Indifférence, prol., avec L'Amour marin et L'Espérance, 5 sept. 1730.– L'Epreuve des fées, 3 actes, avec La Réconciliation des sens, ou l'Instinct de la nature (parodie du Ballet des sens, de Roy et Mouret, et du Procès des sens, de F.), prol., et Les Intérêts de village, 1 acte, 28 juil. 1732.

(avec Lesage) : Le Temple de l'ennui, prol., 1716.– L'Ecole des amants, 1716.– Le Tableau du mariage, 1716.– Arlequin, roi des ogres, ou les Bottes de sept lieues, 3 févr. 1720.

(avec d'Orneval) : L'Astre de Laverna, 1720. –La Grand'mère amoureuse (parodie d'Atys, de Lulli et Quinault ; musique de Gilliers), 3 actes, 18 févr. 1726.– Les Stratagèmes de l'amour, parodie, 3 actes, 1726.

(avec Legrand) : Les Animaux raisonnables, 1 acte, 25 févr. 1718.

(avec Panard et Pontau) Pierrot Tancrède, ou la Méprise de l'amour, parodie, 1 acte, 1729.– Le Malade par complaisance, 3 actes. 1730.

(de F. ou de Laffichard) : La Nymphe des Thuilleries, 16 juil. 1735.

– A la Comédie française : Cornélie, vestale, tragédie, 1713 (éd. : s.l., 1769).– Momus fabuliste, ou les Noces de Vulcain, 26 sept. 1719, Paris, 1719 : veuve Ribou, et impr. de P. Simon ; 1720 : veuve Ribou ; La Haye : 1720, J. Gosse.– Les Amusements de l'automne, div. composé de deux pièces en 1 acte et 1 prol., 1725.– Le Procès des sens (parodie du Ballet des sens, de Roy et Mouret), 1 acte en vers, 16 juin 1732, Paris, P. Prault, 1732.

– A la Comédie italienne : La Mode, prol., avec L'Amour maître de langues, com. fr. en 3 actes, avec quelques scènes italiennes, 18 sept. 1718.– La Méridienne, 1719.– Le Mai, 1719.– La Rupture du carnaval et de la folie (parodie de la comédie-ballet de La Motte et Destouches, Le Carnaval et la folie), 6 juil. 1719.– Le Faucon, 1719.– Mélusine, 3 actes, 1719.– Hercule filant (parodie d'Omphale, opéra de La Motte et Destouches), 1 acte, 15 mai 1721.– Les Noces de Gamache, 16 sept. 1722.– Le Vieux Monde, ou Arlequin somnambule, 1722.– Arlequin Persée, (parodie de Persée et Andromède, de Quinault et Lulli), 18 déc. 1722.– Le Serdeau des théâtres (parodie de Basile et Quitterie, tragi-comédie de Gaultier, des Noces de Gamache, de F., d'Arlequin au banquet des sept sages, de Delisle, et de Pirithoüs, opéra de La Serre et Mouret), 19 févr. 1723.– Parodie (parodie d'lnès de Castro, de La Motte, et de Pirithoüs), «tragi-comédie critique» en 1 acte, 23 mai 1723.– Les Saturnales, ou le Fleuve Scamandre, 3 actes, 1723.– Les Débris des Saturnales, 1 acte, 1723.– Amadis le cadet (parodie d'Amadis de Grèce, de La Motte et Destouches), 1 acte, 24 mars 1724, s.l.n.d..– Momus exilé, ou Les Terreurs paniques (parodie du ballet des Eléments, Roy, musique de Lalande et Destouches), 1 acte, 25 juin 1725, s.l.n.d..– La Bague magique, 1 acte, 1726.

(avec Legrand) : Les Amazones modernes, 1727, s.l.n.d.

(avec Romagnesi) : Le Retour de tendresse, 1 acte, 31 mai 1728.

– «Au théâtre de l'Académie royale de musique» : Les Amours déguisées, ballet, prol. et 3 entrées, musique de Bourgeois, 22 août 1713, Paris, P. Ribou, 1713, veuve de P. Ribou, 1726.– Hypsipyle et Jason, entrée ajout au ballet précédent, 1714.– Arion, trag. lyrique, prol. et 5 actes, musique de Matho, 10 avr. 1714, Paris, P. Ribou, 1714.– Les Ages, ballet, prol. et 3 actes, musique de Campra, 9 oct. 1718, P. Ribou, 1718, veuve de P. Ribou, 1724. – Les Fêtes grecques et romaines, ballet héroïque, prol. et 3 entrées : Les Jeux olympiques, Les Bacchanales, Les Saturnales, mus. de Collin de Blamont, 13 juil. 1723, veuve de P. Ribou, 1723, impr. de J.B.C. Ballard, 1733, 1734 (avec une nouvelle entrée, ajoutée en févr. 1734 : La Fête de Diane), Lyon, 1739 (sous le titre de Les Fêtes grecques et romaines, ou Les Caractères de la musique). – La Reine des Péris, comédie persane, 10 avr. 1725, veuve de P. Ribou, 1725.– Les Amours des dieux, ballet héroïque, prol. et 4 entrées, mus. de Mouret, 14 sept. 1727, veuve de P. Ribou, 1727 ; impr. de J.B.C. Ballard, 1737, aux dépens de l'Académie ; impr. de la veuve Delormel, 1746, et sous le titre de Paroles du concert d'Amiens, Amiens, L. Godart.– Les Amours des déesses, ballet héroïque, prol. et 3 entrées, mus. de J.B.M. Quinault, «l'aîné», 9 août 1729, Paris, impr. de J.B.C. Ballard, 1729 (avec une entrée ajoutée : L'Aurore et Céphale).– Le Caprice d'Erato, div. donné à l'occasion de la naissance de Mgr.le Dauphin, 8 oct. 1730, J.B.C. Ballard, 1730.– Les Indes galantes, trag. lyrique, prol. et 3 actes, mus. de Rameau, 23 août 1735, impr. de J.B.C. Ballard, 1735 (3 éditions), 1736 (avec une 4e entrée : Les Sauvages, 10 mars 1736), 1743, aux dépens de l'Académie, Veuve Delormel et fils, 1751, 1761.– L'Ecole des amants, ballet, prol. et 3 actes, mus. de Nieil, 1744, avec une 4e entrée ajoutée en 1745, Les Sujets indociles.– Le Carnaval du Parnasse, ballet héroïque, prol. et 3 actes, mus. de Mondonville, 23 sept. 1749, impr. de veuve Delormel et fils, 1749, 1754, 1759, 1767.– On peut ajouter à cette liste au moins Cléopâtre, ballet héroïque, mus. de Collin de Blamont, repr. sur le th. des Petits Appartements à Versailles, s.l., 1748 – Ovide et Julie, ballet héroïque, mus. de Cardonne, aux dépens de l'Acad. royale de musique, chez Delormel, 1773 (dans le recueil Les Fragments héroïques) – Phaétuse, ballet héroïque, mus. de Iso (dans un autre recueil portant le même titre), aux dépens de l'Ac. royale de musique, veuve Delormel et fils, 1759. – Jupiter et Europe, divertissement repr. sur le th. des Petits Appartements, «imprimé par exprès commandement de Sa Majesté», s.l.n.d. (c.r. dans le Mercure de janv. 1749, p. 196-199).

En dehors des éditions du Théâtre de la foire (1721-1737), le théâtre inédit de F. a été recueilli par Soleinne : B.N., f.fr. 9332, 9335, 9337 et, subsidiairement, 9262. F. a aussi écrit un Discours à l'occasion d'un discours de M.D.L.M.[M. de la Motte] sur les parodies, Paris, Briasson, 1731, in-12 de 120 p. et publié dans divers journaux des «pièces de vers», comme Le Raccomodement de l'Amour et d'Apollon (Journal de Verdun, janv. 1721, p. 25-27). Il est possible qu'il ait collaboré à la rédaction de la Lettre d'un rat calotin au sujet de l'Histoire des chats (de Montcrif), A Ratopolis, M. Lunard, 1727.

Paris, A.N., AJ13 1034, pièces de théâtre autographes par F. : Alcionide et Alacamène, trag. lyrique, 5 actes. Le Lys naissant, prol. allégorique. – La Gageure de Pierrot, 1 acte avec Lesage et d'Ornaval, Foire Saint-Germain, 1718.– La Matrone d'Ephèse, 2 actes avec Lesage et d'autres, Foire Saint-Germain, 1714.– Scène ajoutée, Saint-Laurent, 1716.– Le Jaloux, avec Lesage, op. com., 3 actes, 1716.– Arlequin devin par hasard, ou Le Lendemain de noces, op. com., 3 actes, Foire Saint-Laurent, 1716. – Les Bains de Charenton, op. com., 1 acte, Foire Saint-Laurent, 22 septembre 1724. – Amusements lyriques , 1709.– Le Triomphe de Bagatelle, inc..– La Gageure de l'Hymen et de l'Amour, inc. Les Nouveaux Voyages de l'Amour, inc.– L'Ecole du Coeur, inc.– Rosalie, inc.– Tantale ou Pélops, trag., plan.– Idalis ou les Heureux Captifs, 3 actes (corrections de Crébillon père).– Divers poèmes, dont un Madrigal à la princesse de Lambesc, un Bouquet à Mme de Fréneval (1745), Epître à M. Gilon, bourgmestre de Rotterdam, à Mlle d'Alençon, Cantate à Mlle de Charolais ; épigramme contre Cahusac, librettiste ; Sonnet au duc d'Aumont ; Epithalame sur le mariage de Mlle de Chartres (1753) ; Epître à la Princesse de Conti (1716) ; A M. Titon du Tillet ; A Mme la Marquise de Spinola ; Menuet I et II du prol. des Indes galantes ; vaudevilles variés (le dossier provient des archives de l'Opéra). Voir aussi AJ13 1035 et Paris, B.H.V.P., ms. 228-231.

8. Bibliographie

B.Un. ; Cior 18 ; Ravaisson. Voltaire, Correspondance, éd. Besterman t. I et II. – Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763) ou Journal de Barbier, Paris, Charpentier, 1858, t. III. – Parfaict C. et F., Dictionnaire des théâtres de Paris, Paris, Lambert, 1756, p. 660-667. – Annals of opera 15971940, ed. A. Loewenberg et al. New York, 1970.– Lagrave H., Le Théâtre et le public à Paris de 1715 à 1750, Paris, Klincksiek, 1972. – Todd C., «La rédaction du Mercure de France (1721-1744) : Dufresny, Fuzelier, La Roque», R.H.L.F., 1983 (1983), n° 3, p. 439-441. – Trott D., «Louis Fuzelier et le théâtre : vers un état présent», ibid., n° 4, p. 604-617.

FROMAGE DE LONGUEVILLE

Numéro

320

Prénom

Louis

Naissance

1732?

Décès

1786

Issu d'une famille de robins établie à Laon, Louis Fromage naquit vers 1732 (il a 45 ans en 1777 : Lettres, n° 1, L. I, p. 1). Son père (mais il s'agit peut-être d'un homonyme) est désigné comme avocat au bailliage de Vermandois, receveur des décimes du clergé de Laon, dont le règlement de la succession s'étendit de 1773 à 1787 (A.D. de l’Aine, G. 478). Parent du P. Pierre Fromage (1673-1740), traducteur et orientaliste (Sommervogel, t. III, col. 1039-1044). F. mourut en se jetant dans une rivière entre Vitré et Rennes.

3. Carrière

Reçu avocat en Parlement (Melleville) à l'âge de vingt-cinq ans (Journal de Paris, 19 novembre 1777). On trouve signalé un L.F. de L. dans divers actes des Archives de l'Aisne : procès (B 2646), compte de décimes en 1753 (G 455), procuration en 1759 pour prise en commande de l'abbaye Saint-Michel en Thiérache (H 336) : ces actes peuvent être aussi attribués à l'homonyme signalé plus haut. A 21 ans, en 1753, il succéda à son père comme receveur des décimes du clergé de Laon. Sa gestion fut sujette à caution : lui-même parle de «dissipations» et d'«actes de générosité» dont il rend responsable «l'ivresse de la bienfaisance» (L). Le 13 février 1765, il fit parvenir aux notables de Laon la copie de son «pamphlet anarchiste», rempli des «idées obscènes» qu'il avait «pris le parti de jeter sur le papier» (Préface) ; ce manuscrit a appartenu à la collection Victorien Sardou (V.S.). Tourmenté par le «démon de la poésie» (L) et source de scandales à Laon, F. dut quitter cette ville en 1772 ; il parcourut la France et l'Europe (J.P., 19 oct.17 77 ; Lettres, n° 1, p. 2), vécut à Londres (S.), revint à Paris grâce à Condorcet qui le recueillit en 1775 et lui procura du travail chez les libraires (L : renseignement fourni par A. Boës). Il le recommanda en juin 1775 à l'abbé Cotte, oratorien, correspondant de l'Académie des Sciences et curé de Montmorency (C.). A ce moment F. habitait sous son nouveau nom, rue des Orties, Butte Saint-Roch, près la rue Sainte-Anne (L.). Il devint écrivain public, d'abord place Royale, puis, à partir de 1778, au Palais-Royal. En 1779, il habitait à l'hôtel de Bayonne, au second, rue Saint-Honoré, vis-à-vis de l'Opéra (Lettres, n° 4, p. 10).

4. Situation de fortune

Il vécut à Laon dans l'aisance jusqu'à quarante ans (J.P., 19 oct. 77 et Lettres, n° 1, L. I, p. 1), puis très difficilement de son métier d'écrivain public : il travaillait gratuitement pour les pauvres (J.P., 19 oct. 1777 ; Lettres, n° 1, L. I, p. 2 ; L ; III, Ordre). Il eut les plus grandes difficultés à avancer aux imprimeurs l'argent de ses Lettres (J.P., 4 fév. 1779 ; Lettres, n° 4, p. 10 et 149), d'autant que le goût de la bonne chère amputait gravement ses revenus (Lettres, n° 4, p. 150). Il sollicita des ministres quelque subvention et du public des souscriptions (Lettres, n° 4, p. 151). En 1775, il gagnait 100 £ par mois dans des tâches de librairie (L). Il se suicida en 1786 après avoir «mangé» pour 3000 £ de souscription aux Annales du Citoyen (M. S.).

5. Opinions

F. est un marginal assez étrange, surtout dans les années de sa vie parisienne : il appartient à ce petit monde qui grouille, écrit et parle dans l'asile du Palais-Royal. Son goût de l'autobiographie le rapproche de Rétif de la Bretonne ; mais son «idole» est Rousseau, dont il admire les idées sociales avancées et qu'il représente comme le premier grand écrivain sorti du peuple (D.P. 812 ; Moureau) : La Nouvelle Héloïse, «livre sublime» (Lettres, n° 4, p. 53), et l'Emile qu'il connut à Paris dès sa parution (Lettres, n° 4, p. 99) sont pour lui des chefs-d'oeuvre insurpassables. Il voue à Jean-Jacques un culte exclusif, critiquant rudement Voltaire, le grand écrivain des bourgeois (Lettres, n° 1, L. IV, p. 9-11), et Diderot, l'ami infidèle (Lettres, n° 4, p. 136-137). Les préoccupations sociales de Longueville sont anciennes, ses écrits de Laon le prouvent (Combier) et ses Lettres (voir le Plan, Lettres, n° 3, L. XVII-XXIV) le confirment. Il bénéficia du soutien amical de Corancez, directeur du Journal de Paris et ami des dernières années de Rousseau. L. avait fréquenté, à Laon, M. Danye, ancien capitaine au régiment de La Fère-Infanterie, demeurant à Presles-l'Evêque (Lettres, n° 4, p. 100, note). Il admirait profondément Helvétius et son De l'Esprit (Lettres, n° 3, L. XXIV, p. 125-126, note a). Son goût pour la littérature sans fard le portait vers les épistoliers, et spécialement vers Mme de Sévigné (Lettre, n° 3, L. XVII). L'esthétique de F. est intimement liée à sa politique et à sa morale.

6. Activités journalistiques

Lettres de M. de Longueville, écrivain public, à Monsieur ***, 1777-1779, 4 numéros, sans périodicité réelle (D.P.1 812). Il rédigea l'intégralité du journal ; il aspirait à faire de ses Lettres un carrefour de correspondances (cf. son esthétique de la «lettre»), mais apparemment sans grand succès (Lettres, n° 3). C.R. : Mercure de France, 5 novembre 1778 ; Journal de Paris, 8 août 1779.

Annales du Citoyen : F. en diffusa le Prospectus dans les premiers mois de 1786. L'abonnement prévu était de 3 £.

7. Publications diverses

Oeuvres. Restées vraisemblablement manuscrites : Mémoires pour les curés contre les gros décimateurs. – «Pamphlet anarchiste» : Entretiens de deux hommes qui étaient à la comédie le dimanche 11 mars 1764, chez M. Le Clerc, lieutenant-général du bailliage et siège présidial de Laon, 1764, 346 p. (ms. V. Sardou, adressé à Desjobert, grand maître des Eaux et Forêts). – Les Rêveries d'un amateur du Colysée, ou les Femmes sans dot. – Lettres de F. publiées dans la presse : J.P., 19 octobre 1777, 4 février 1779 ; Mercure de France, 5 novembre 1778, p. 46-5l.

8. Bibliographie

D.P.1 812. – A.D. de l'Aisne, Laon : B 2646, G 455, G 478, H 336. – B.M. Laon, 25e carton, 2 pièces : (L) Lettre de Longueville à l'abbé Cotte, juin 1775 ; (C) Lettre de Condorcet à l'abbé Cotte (jointe à la précédente). – M.S (12 juillet 1786, lettre de Vitré du 6 juillet). – Combier A., «Pamphlet anarchiste laonnais de 1764», Bulletin de la Société académique de Laon, t. 29, 1895. – Melleville, Histoire de la ville de Laon, Laon, Dumoulin, 1846, t. II, p. 446. – (V.S.) Bibliothèque Victorien Sardou, vente du 22 mars 1910, n° 1644 : ms. de l'Entretien, 1764, avec en outre une lettre de Fromage à l'abbé d'Athey, de Laon (Londres), 38 p., copie, et une lettre de L.A. d'Athey (5 nov. 1779) sur le caractère de F. de L. – Moureau F., «A propos d'un bicentenaire (1778-1978) : quand Montaigne accueillait Rousseau aux Champs Elysées», Bulletin de la Société des Amis de Montaigne, 5e Série, 1978, n° 25-26, p. 102-104.

9. Additif

État-civil : L’article de L’Éleu, fondé sur un patient dépouillement des archives de l’Aisne, fournit d’utiles précisionssur Fromage de Longueville. Louis Fromage de Longueville est né le 14 décembre 1732 à Saint-Michel, près de Laon (acte de baptême du 16 décembre, L. p. 55). Il est mort à Châteaubourg le 16 avril 1786, près de Vitré. Son grand-père, Louis Fromage (1672-1737) avait été avocat et s’était fait connaître par son commentaire de la coutume de Vermandois ; son père, Pierre Louis F., né à Saint-Rémy-Place en 1725, mort à Bourguignon en 1776, fut avocat, bailli et receveur des décimes du clergé ; il avait épousé, le 30 juin 1722, Marie-Catherine Miroy dont il eut six enfants ; Louis F. était le cadet. L’une des soeurs de Louis F., Marie-Josèphe, épousa en 1751 Étienne Nicolas Beffroy, conseiller du Roi, dont elle eut quatre enfants ; le dernier, Louis Abel Beffroy (1757-1811), devait s’illustrer sous le nom de Beffroy de Reigny, auteur du Cousin Jacques. F. fut son parrain.

Formation : Seul fils survivant de Pierre Louis, F. était destiné à prendre sa succession. Il fit des études juridiques et devint receveur des décimes en 1753, contre son gré selon lui ; mais il s’intéressa très tôt à la littérature et se passionna pour Rousseau (voir le Portrait de J.-J. Rousseau en 18 lettres, « par M. de Longueville, écrivain public », Amsterdam et Paris, 1779). Un inventaire de la bibliothèque de Pierre Louis F. donne une idée de ce que pouvait être la culture de ces notables provinciaux (L., p. 98). Sa première oeuvre importante, les Entretiens de deux hommes qui étaient à la Comédie le dimanche 11 mars 1764 chez M. Le Clerc, eut surtout pour effet de scandaliser toute la bonne société de Laon, qui s’y trouvait cruellement raillée (L., p. 99 et suiv.).

Situation de fortune : Receveur des décimes, il profita de la négligence du clergé pour détourner une partie des fonds, et dut s’enfuir à Paris en juillet 1772. Une longue lettre autobiographique à l’abbé d’Athey révèle les causes de sa ruine : « la passion des livres et la fureur des femmes » (L., p. 155-157). Il se propose de vivre comme précepteur et demande de l’argent à l’abbé. Le père de F. s’étant porté caution avec toute sa famille pour la caisse des décimes, il s’ensuit un long procès au terme duquel Pierre Louis est condamné et acculé à la faillite ; il meurt en 1776 ; par jugement du 12 juin 1779, la famille est condamnée ; le passif s’élève alors à 160.464 £ (L., p. 178). Réfugié à cette époque à Senlis, F. renonce, et pour cause, à la succession de ses parents, et en contrepartie, demande une subvention de 600 £ à l’Assemblée du clergé de Laon (lettre du 15 août 1777, L., p. 208-210). Il connut, entre 1777 et 1781, une certaine notoriété comme écrivain public, installé dans une loge place Royale, puis rue Saint-Honoré ; mais l’incendie de l’Opéra et le chantier du Palais-royal ruinèrent son commerce.

Les Mémoires secrets donnent sur sa fin des détails assez précis (12 juillet 1786) : F. tentait en 1786 de lancer une souscription pour les Annales du Citoyen ; il en avait obtenu 30.000 £, « qui sans doute étaient mangées », mais cette somme semble improbable au vu du prix de la souscription (3 £) ; il retournait à Paris « sans argent », et se serait suicidé près de Vitré en se jetant dans la rivière.

Bibliographie : L’Éleu, André, « Le parrain du Cousin Jacques : Louis Fromage de Longueville (1732-1786) », dans le Bulletin de la Société académique de Laon, t. XXXV, 1913, p. 27-300 (L.).http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4539345/f100 (J.S.)

FRESCHOT

Numéro

318

Prénom

Casimir

Naissance

1640?

Décès

1720

Né à Morteau en Franche-Comté vers 1640. Mort à l'abbaye de Luxeuil, le 20 octobre 1720. Son nom s'écrit aussi : «Fraischot» (D.B.F.,Bibliographie). D'aucuns prétendent que le Bénédictin et le réfugié en Hollande sont des personnes distinctes, ce qui expliquerait les hésitations orthographiques du nom : «Freschot» ou «Fraischot».

2. Formation

Novice dans la congrégation de Saint-Maur, il fait profession le 20 mars 1663 dans le monastère Saint-Vincent de Besançon.

3. Carrière

Il quitte la Franche-Comté pour l'Italie en 1674 au moment où sa patrie devient française. Vivant d'abord à Rome, puis à Bologne, il est admis en 1689 dans la congrégation des Bénédictins du Mont Cassin. Le Journal des Savants, éd. de Hollande, supplément d'août 1708, l'accuse d'avoir abjuré le catholicisme. En tout état de cause, il se défroque vers 1700 et on le retrouve en 1704 à Utrecht où il enseigne les belles-lettres et l'histoire. Sa retraite finale à Luxeuil de 1718 à 1720 indique qu'il ne quitta pas vraiment l'Eglise catholique (si, du moins, il s'agit du même personnage).

4. Situation de fortune

En Hollande, il vit d'enseignement et de ses travaux littéraires.

5. Opinions

Cosmopolite (il traduit du français vers l'italien), passionné d'histoire, F. n'est pas indigne des autres esprits érudits de son ordre. Il a en plus une instabilité et un goût de la littérature badine, peut-être aussi celui de sa liberté qui le conduisirent dans des chemins de traverse. Son œuvre latine, italienne et française est variée, sans doute trop. On y sent l'écrivain à gages.

6. Activités journalistiques

Entretiens sur les affaires du temps, Cologne (Amsterdam), J. Henri, 1707. Mensuel dont quelques livraisons furent publiées de janvier à juin 1707 (D.P.1 370). Annonce dans La Clef du cabinet, t. VI, 1707, p. 431. Le même périodique, dans sa livraison de novembre 1707 (t. VII, p. 368-369), le dit imprimé à Amsterdam ; il l'attribue à l'auteur des Mémoires de la Cour de Vienne (1705), ouvrage de Freschot. Les Entretiens sont particulièrement dirigés contre La Clef. Un exemplaire du périodique était conservé à Dresde avant la Seconde Guerre mondiale (Kirchner 1931, n° 89, qui ajoute foi à l'adresse, feinte, du périodique).

7. Publications diverses

Liste des ouvrages de F. dans Examen critique et Cior 17.

8. Bibliographie

Q. ; B.Un. ; N.B.G. ; D.B.F. «Fraischot» ; Cior 17, n° 31808-31845. – B.N., f.fr. 17708 : Lettre de D. Bernard de Montfaucon à F. La Clef du Cabinet, 1707, t. VI, p. 431 ; t. VII, novembre, p. 368-369, art. IX : «Critique cessée».Journal des Savants, éd. de Hollande, Supplément, août 1708. –Calmet A., Bibliothèque lorraine, Supplément, p. 23. – Dom Armellini, Bibliotheca Benedictino-Casinensis, Assise, 1732. – Bibliographie générale des écrivains de l'Ordre de Saint Benoît, Bouillon, 1777, t. I, p. 338. – Barbier, A., Examen critique et Complément des dictionnaires historiques, Paris, 1820, p. 351-357 («Freschot»). – Kirchner J., Die Grundlagen des deutschen Zeitschriftenwesens, Leipzig, 1928-1931.

9. Additif

Activités journalistiques: La découverte d’une livraison de juillet 1707, conservée en France (Bibliothèque de l’Arsenal, 8-H-8405), permet de prolonger d’un mois la parution de ses Entretiens sur les affaires du temps dont la seule série connue jusqu’à ce jour se trouverait à la Sächsische Landesbibliothek de Dresde. (Marion BRÉTÉCHÉ)

FRAGUIER

Numéro

313

Prénom

Claude

Naissance

1666

Décès

1728

Claude François Fraguier naquit à Paris le 28 (E. ; M. ; B.Un.) ou le 27 août 1666 (Baker), second fils de Florimond Fraguier, comte de Dennemarie et d'Elisabeth Brisard. Son père était capitaine aux Gardes et sa mère issue de la robe parisienne (B.). Il mourut le 3 mai 1728 (Nicéron, Sommervogel) et non le 31 (B.Un., etc.).

2. Formation

Entré à huit ans au collège Louis-le-Grand (B.), il y fit des études brillantes sous les PP. Labaune, Rapin, de Jouvency, La Rue et Commire (Olivet) ; il entra le 18 août 1683 comme novice dans la Compagnie de Jésus (Sommervogel), qu'il quitta en 1694, sans doute parce que la perspective d'enseigner la théologie ne lui souriait guère. Membre de l'Académie des Inscriptions en 1705 et de l'Académie française en 1707 après une élection difficile et contestée (B., voir aussi le Discours prononcé dans l'Académie francaise à la réception de M. l'abbé Mongin et de M. l'abbé Fraguier, Paris, Coignard, 1708).

3. Carrière

D'abord professeur de belles-lettres au collège jésuite de Caen, F. se rendit indépendant en quittant la Compagnie. Il mena une vie d'érudit uniquement préoccupé de littérature antique et participa activement aux travaux de l'Académie des Inscriptions (voir les Mémoires de littérature de l'Académie). L'abbé Bignon lui fit donner un poste de censeur royal. Sa santé fragile et une paralysie qui le tint enfermé les dernières années de sa vie amenèrent l'Académie des Inscriptions à tenir chez lui ses assemblées sur les médailles (B.).

4. Situation de fortune

D'une famille aisée, mais cadet, F. vécut d'abord comme professeur dans le sein de la Compagnie de Jésus ; à sa rupture avec elle, il fut entretenu par M. Rémond, «ami fidèle et généreux», et de surcroît bibliophile (B.). Il composa l'épitaphe latine de son autre ami, Antoine Watteau, en 1721 (Moureau), et hébergea, pendant la Régence, Antoine de La Roque, qui fut directeur du Mercure et le premier biographe du peintre (Correspondance du président Bouhier, éd. H. Duranton, n° 7, p. 139). Vers la fin de sa vie, il hérita de son frère, le comte de Dennemarie, mais, pour avoir mal géré sa fortune, il mourut ruiné (B.).

5. Opinions

F. était un spécialiste des littératures antiques, et d'Homère qu'il découvrit à Caen auprès de ses amis Huet et Segrais (B.). Mais il n'ignorait rien de la littérature nouvelle et même du monde : on le voit fréquenter assidûment, par exemple, Mme de Lafayette et Ninon de Lenclos (Olivet, Nicéron). Sa rupture avec la Compagnie de Jésus doit être attribuée à son goût pour l'étude et à sa santé.

Correspondance : plusieurs lettres à Desmaizeaux, B.L. Sloane ms. 4283, f° 24589 ; Inst., ms. 534, 531 ; B.N., f.fr. 24417, 24420, n.a.fr. 3543 (Correspondance du président Bouhier, éd. H. Duranton, n° 8, 1980).

6. Activités journalistiques

En 1706, l'abbé Bignon nomma F. à l'assemblée du Journal des Savants en remplacement de Pouchard (B., Nicéron ; Discours de réception, 1708, p. 19). Ce travailleur infatigable fut chargé du secteur de l'érudition antique et occupa l'équivalent du poste de rédacteur en chef, Bignon conservant la haute main sur la politique du journal. Il s'intéressait aussi à des domaines dont il connaissait la langue : anglais, espagnol, italien. La participation de F. au Journal des Savants s'étend de 1706 à 1728.

7. Publications diverses

F. est un poète néo-latin de qualité et un traducteur excellent. Ses Dissertations érudites sont insérées dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions.

8. Bibliographie

Listes de ses ouvrages dans Nicéron ; Sommervogel, t. III, p. 920-921 ; B.Un. – Backer A. de, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, Liège et Paris, 1869, t. I, col. 1933-1934. – (B.) Boze C. Gros de, «Eloge de Fraguier», Histoire de l'Académie royale des Inscriptions, 1733, t. VII, p. 394-399. – Nicéron, t. XVIII, p. 269-277. – Olivet P.J. d', Préface aux Carmina de Fraguier, 1729. – Sabatier de Castres A., Les Trois Siècles de la littérature, 1772, t. II, p. 50-51. – Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, Catalogue des écrivains. – Moureau F., «Watteau dans son temps», catalogue de l'exposition Watteau (1684-1721), Paris, éd. de le R.M.N., 1984, p. 504-505.

FEUDRIX DE BREQUIGNY

Numéro

301

Prénom

Louis

Naissance

1715

Décès

1795

Louis Georges Oudart Feudrix de Bréquigny naquit, d'après l'état civil retrouvé par Dumont, à Montivilliers, pays de Caux, le 23 février 1715. Les dates de 1714 ou de 1716 et les lieux divers (Gainneville, Granville) signalés ici ou là (P ; R. ; B.Un. ; N.B.G.) sont donc erronés. Il fut baptisé le 27 du même mois. Issu d'une famille d'assez ancienne noblesse ayant acquis en 1499 le fief de Bréquigny (d'Hozier ; B.N., ms.

2. Formation

Les rudiments reçus au Havre, B. se rendit à Paris au collège Louis-le-Grand où il fut remarqué par le P. Tournemine (D) ; puis il fit des études de droit tout en se perfectionnant dans les langues : grec, hébreu, arabe (Dumont). En 1759, il devint membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres et, en 1772, à la suite d'une élection tumultueuse, de l'Académie française (CL. ; M.S., 25 mai 1772). L'Académie de Rouen se l'était associé dès 1746 {Académie de Rouen : liste de ses 13 contributions de 1746 à 1763).

3. Carrière

La grande activité de B. fut de rassembler les témoignages de l'histoire du droit français médiéval. Ami du ministre Bertin, le créateur du Dépôt des Chartes (D), collaborateur de J.N. Moreau (voir D. Gembicki, Histoire et politique à la fin de l'ancien régime : J.N. Moreau, 1717-1803, Paris, 1979), B. contribua à l'organisation de la collecte des documents (M.S., 3 oct. 1782) ; il fit même partie d'une mémorable expédition anglaise en 1764 pour fouiller les fonds français de la Tour de Londres (voir sa Correspondance, 1831 et M, 623 à 733). Doué d'une curiosité universelle pour tout ce qui relevait de l'histoire des sociétés et des croyances, il entreprit, outre son énorme Table chronologique des diplômes, chartes (à partir de 1769), de nombreuses études, dont les plus notables sont une histoire de Mahomet, où il le défendait du reproche d'obscurantisme, et des Mémoires sur les Chinois. En 1790, il devint membre de la Commission des Monuments où il proposa la transformation des églises désaffectées en musées et bibliothèques (P). Il fut actif dans les Académies jusqu'à leur suppression en 1793.

B. vécut une partie de sa vie en province à Bréquigny d'abord, terre qu'il vendit pour s'établir en Touraine dans une propriété proche d'une abbaye bénédictine où il aurait développé son goût pour les Chartes (D). Il s'établit ensuite à Paris, sans doute aux environs de 1750. En 1779 il était domicilié chez Mme Du Boccage, «rue Saint-Honoré, vis-à-vis des Jacobins» (Bré. 63, f° 106 r°), adresse où il mourut.

4. Situation de fortune

B. possédait une fortune personnelle modeste : son seul luxe fut sa bibliothèque qu'il légua à Mouchet son secrétaire et ses manuscrits cédés à Du Theil (D), puis à la B.N.

5. Opinions

Erudit et historien, B. fut fidèle aux divers régimes qui l'employaient et peu enclin à s'intéresser à l'histoire en train de se faire. Il fréquenta surtout ses pareils (voir sa correspondance dans la collection Bréquigny) : Foncemagne, La Curne de Sainte-Palaye, Vilevault (Dumont) ; entretenant de bonnes relations avec Malesherbes (Dumont) et Bertin (D). Son élection à l'Académie française, où il fut choisi sans faire campagne par la majorité du parti philosophique et avec l'agrément du roi, le place parmi les hommes modérés, bien vu de toutes les factions. On le disait plein de « gaieté et d'amabilité» (R.).

Dans une vie totalement consacrée à l'érudition, les activités journalistiques de B. ne pouvaient être que secondaires. On y distingue pourtant deux périodes très différentes :

De 1735 à 1746, collaboration très active à la Bibliothèque française de Du Sauzet (articles de littérature, c.r. de nouveautés, nouvelles littéraires). A ce moment, B. résidait en Normandie. Il semble avoir bénéficié de correspondances littéraires manuscrites et de collaborations, comme celles de «M. de Boyer» (?), petit-neveu de «M. Cajes» (Caignet?) et de «Beyestre de Nimègue» (?), avec qui il forma «des liaisons» (Bré. 24, f° 23). B. a établi la table des 135 articles fournis à la Bibliothèque française entre 1735 et 1746 (Bré. 25, f° 5-12) et conservé les minutes de ses textes, dont certains ne parurent pas (Bré. 24 et 25). B. tenait à ce que sa collaboration fût anonyme (D).

De 1758 au moins à 1784 au moins, collaboration régulière au Journal des savants, où il travaille dans le domaine de l'érudition qui est le sien, mais avec un goût relativement encyclopédique (archéologie, histoire de la musique, etc.). Les minutes de certains de ces articles, et d'intéressantes épreuves corrigées, se trouvent dans Bré. 50 et 63, Moreau 92. Dacier le désigne comme l'«un des plus laborieux coopé-rateurs » du Journal des savants.

D'autre part, B. faisait, pour son usage personnel, des extraits de divers périodiques : Bibliothèque britannique, Bibliothèque germanique, Bibliothèque raisonnée, Journal littéraire (1714), Nouvelles de la République des Lettres (1686), Mercure de France, etc. (Bré. 75).

Ses contributions aux Mémoires de l'Académie des Inscriptions échappent à la définition périodique stricte, on en trouvera la liste dans B.Un., F.L., Dumont, Cior 18, n° 13801-13818.

7. Publications diverses

Voir la liste de ses œuvres dans Cior 1 #, n° 13 793-13818 et dans Dumont, p. 10-13.

8. B.Un. ; N.B.G. ; F.L. 1769, t. I, p. 501-502 : CL. – (Bré.) B.N., ms., Collection Bréquigny, 165 vol. (analyse dans P) : Bréquigny 24, f° 94-210, «Nouvelles littéraires envoyées à l'imprimeur de la Bibliothèque française, et insérées pour la plupart dans le journal de 1736 à 1746», minutes autographes. – Bréquigny 2 5, f0 3-296, « Articles fournis au journal intitulé Bibliothèque française imprimé chez Du Sauzet à Amsterdam» (1740-1746) ; avec aux f° 5-12 la table des articles de B. publiés dans la Bibliothèque française de 1735 à 1745, minutes autographes. – Bréquigny 50, f° 32-35, art. de 1772, sans doute pour le Journal des savants, autographe. – Bréquigny 63, f° 2-171, «Articles que j'ai fournis au Journal des savants» (1758-1791), minutes autographes et quelques placards corrigés. – Bréquigny 75, extraits de presse par B., autographe. – B.N., ms. Carrés d'Hozier 255, art. «Feudry ou Feudrix». – (M) Collection Moreau, passim, dont correspondance et extraits dans Moreau 71, 72, 74. – Moreau 92, f° 54, extrait d'un article de B. {Journal des savants, 1767, p. 605). – B.N., ms. Pièces originales 500, divers documents sur la famille de B. – Inst., ms. 1254, 4501 (XX) : lettres et documents ms. de B. – Archives de l'Institut de France : Académie française, dossier 1 G 12 ; Académie des Inscriptions, dossier C 17. – Inst., lettre de B. au garde des Sceaux, autographe, 27 nov. 1791, ms. 2714. – Ferrières CE. de, «Eloge de M. de Bréquigny», Mélanges de littérature et de morale, Poitiers, 1798. – Dacier, «Notice sur Bréquigny», Mémoires de littérature tirés des registres de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-lettres, 1808, t. L, p. 719-721 (minute autographe de ce texte dans le dossier C 17, cité plus haut). – (D) Id., notice reproduite dans : Bréquigny et Pardessus, Table chronologique des diplômes, chartes, titres et actes imprimés concernant l'histoire de France, Imprimerie royale, 1836, p. XXII-XXIV. – (R.) «Notice sur M. de Bréquigny», Précis analytique des travaux de l'Académie de Rouen, Rouen, 1821, t. V (1781 à 1799), p. 336-338. – Frère E.B., Manuel du bibliophile normand, t. I, Rouen, 1858, p. 147. – Dumont E., Notice sur la vie et les écrits de Louis-Georges-Oudart Feudrix de Bréquigny, Rouen, 1897. – (P) Poupardin R., Catalogue des manuscrits des collections Duchesne et Bréquigny, Leroux, 1905 (introd. biographique, p. XXI-XXVI).

DUSSERT DE BOURGOGNE

Numéro

287

Prénom

François

Naissance

?

Décès

?

Prénommé François selon Fabre (mais Nicolas selon Lojek), Dussert, ou Dusert, est fils d'un receveur de la ville de Besançon (F, p. 484).

2. Formation

Professeur aux Cadets de Varsovie depuis 1768 (F, p. 612).

3. Carrière

Franc-maçon et bel esprit (F, p. 277, 353), auteur d'un poème en l'honneur de Stanislas-Auguste (F, p. 353).

6. Activités journalistiques

Il assume la direction du Journal polonais (Varsovie, M. Groell, janv.-avril 1770).

8. Bibliographie

Archives centrales, Varsovie, collection Popiel (Zb.Pop), 175, dossier Dussert. – (F) Fabre J., Stanislas-Auguste Ponia-towski et l'Europe des Lumières, Paris, 1952. – Lojek J., Les Journaux polonais d'expression française, Wroclaw, 1980.

DURÉ

Numéro

282

Naissance

?

Décès

?

3. Carrière

Duré dirige le Bureau du Comestible, rue du Mail à Paris, en 1767.

6. Activités journalistiques

Gazetin du Comestible, Gueffier, 1767 (D.P.1 487). Duré est responsable du journal de janvier à octobre 1767. En novembre, Vaujoye lui succède.

DUFRESNY

Numéro

265

Prénom

Charles

Naissance

1657

Décès

1724

Charles Dufresny est né à Paris en avril ou mai 1657 (D.A.D., p. 19), et non en 1648 ou en 1654, comme on l'a souvent affirmé. D'une famille de petits officiers de Cour, qui s'honorait que le galant Henri IV eût distingué une Jardinière d'Anet, dont Charles son aïeul, aurait été le fruit illégitime, Dufresny est le fils de Paul Dufresny et de Catherine Ilharrart. Il fut élevé dans la maison familiale du Marais, rue Bourgti-bourg, essentiellement par sa grand-mère maternelle.

2. Formation

Etudes inconnues mais sans doute un peu rapides pour un enfant qu'on destinait au service de la Cour. Il semble avoir une teinture de culture classique (D.A.D., p. 24), comme l'indique son Parallèle d'Homère et de Rabelais (R.M.). D. s'est toujours abstenu d'exprimer par écrit des opinions religieuses, mais des divertissements un peu sacrilèges et son genre de vie suggèrent quelque libertinage (D.A.D., p. 46).

3. Carrière

D. succéda à son père, de 1677 à 1681, dans la charge de garçon de la Chambre ; il devint, vers 1682, huissier du Chambellan (D.A.D., p. 29), fonction qu'il occupa jusqu'en 1688. D. participa, vers 1688, à la création de la Manufacture royale des Grandes-Glaces (D.A.D., p. 39-41) et fut nommé, le 21 septembre 1700, dessinateur des Jardins du Roi ; il conserva cette sinécure jusqu'à sa mort (D.A.D., p. 42-43).

4. Situation de fortune

Héritier de biens qui le classaient dans la bourgeoisie aisée de la capitale, D. était joueur et systématiquement dissipateur. Disposant de plusieurs logements dans Paris, il tentait ainsi d'échapper à ses créanciers. Ses charges de garçon de la Chambre ou d'huissier du Chambellan étaient de peu de rapport, mais sa pension de 1500 £ sur la Compagnie des Glaces et celle de 1200 £ comme dessinateur des Jardins, preuves de l'intérêt porté par Louis XIV à ce petit-cousin de la main gauche, lui furent versées sa vie durant. Le roi lui accorda aussi de bien utiles rémissions de dettes (D.A.D., p. 80). Les revenus de ses œuvres dramatiques jouées à la Comédie-Française et ceux du Mercure ne durent pas toujours être négligeables pour un homme très dépensier qui mourut dans la misère. La légende des largesses du Régent à son égard n'est pas confirmée par les documents, bien que le Prince ait, sans doute, vu du meilleur œil l'un des représentants les plus originaux de la coterie moderne. Peu avant sa mort, il semble avoir fait amitié avec le banquier genevois, Isaac Thelusson (D.A.D., p. 112).

5. Opinions

D. appartint, un peu en marge, au mouvement littéraire des Modernes. Longtemps intime de Regnard, avec qui il collabora à la Comédie-Italienne, il rompit avec lui à l'occasion de la querelle du Joueur (1696). D. fréquenta le monde des cafés et, vraisemblablement, le salon de Mme de Tencin (D.A.D., p. 101-102) : La Motte, l'abbé de Pons, Hénault, tous héros du parti moderne, et leur patriarche, Fontenelle, considéraient D. comme un esprit novateur et singulier ; si Marivaux voyait en lui un maître, rien ne prouve qu'il l'ait beaucoup pratiqué. En revanche, il fut accueilli dans le cercle de Mlle L'Héritier, où la nièce des Perrault perpétuait le culte de Mlle de Scudéry et de la première préciosité (D.A.D., p. 97-102). D. alliait le goût de la recherche verbale et du décorum venu de la préciosité au plaisir de la dérision qu'il tirait du burlesque. Intellectuellement, il était très proche du scepticisme fontenellien. Son «modernisme» fut moins abstrait que celui de Fontenelle, et plus ouvert que celui de La Motte et de ses amis. Ennemi de la règle, il ne s'en fit pas une de la refuser. Sa direction du Mercure fut surtout marquée, en 1711, par la publication non-autorisée des œuvres de Jean Baptiste Rousseau, l'exilé de Soleure, qui considéra cette édition pré-originale comme une manœuvre de ses ennemis modernes (D.A.D., p. 85-88), et par les premières escarmouches de la seconde Querelle des Anciens et des Modernes, auxquelles participa D. par divers textes dont le Parallèle d'Homère et de Rabelais (mai-août 1711). Hors une lettre de 1717 (B.N., n.a.fr. 31), aucune correspondance manuscrite de D. n'est connue.

6. Activités journalistiques

Mercure galant par le Sieur Du F***, juin-juillet-août 1710 a avril 1714 (Paris, Jollet, Ribou, Lamesle), mensuel. Privilège pour trois ans à D. du 28 ou 31 août 1710, renouvelé pour quatre ans le 21 décembre 1712 (voir D.P.1 920, 921 et D.A.D., p. 78 et suiv.). Successeur de De Visé à la direction du Mercure, D. en fut le rédacteur principal jusqu'en 1712 ; à partir de l'année suivante, il s'adjoignit un « associé » chargé de la compilation mensuelle. Son nom disparaît de la page de titre avec le numéro de mai 1714. Il existe une contrefaçon hollandaise avec additions du Mercure galant de D. (La Haye, T. Johnson, jusqu'en juin 1713). D. fut ensuite privilégié, en titre seulement, du Mercure (voir nos notices du D.P.1) :

Nouveau Mercure galant, mai 1714 à octobre 1717 ; privilège révoqué en novembre 1716 (D.P.1 921).

Le Mercure, juin-juillet 1721 à octobre 1724 (périodique devenu Mercure de France en janv. 1724). Brevet de don à D. du Ier juin 1721 ; privilège partagé le 3 juillet 1721 avec Antoine de La Roque et Louis Fuzelier (D.P.1 923).

De 1714 à 1724, D. se contenta de toucher les revenus du Mercure, sans participer à sa rédaction.

7. Publications diverses

Bibliographie intégrale : D.A.D., Bibliographie, Section III-Aet B.

8. D.A.D., Bibliographie IV-A et B. Spécialement sur D. et le Mercure : (D.A.D.) Moureau F., Dufresny, auteur dramatique (1637-1724), Paris, Klincksieck, 1979. – Id., Un singulier Moderne : Dufresny, auteur dramatique et essayiste (1657-1724), Lille, Paris, Service de reproduction des thèses, 1979 (en annexe : Listing de dépouillement et classement informatique fait pour le Mercure de D.). – (R.M.) Id., «En prologue à la seconde Querelle : Rabelais et Montaigne, < modernes > et < libertins > en 1711», Bulletin de la Société des Amis de Montaigne, 1972, 5e série, n° 1, p. 11-23. – W.. «Fiction narrative, nouvelles et faits divers au début du XVIIIe siècle : l'exemple du Mercure galant de Dufresny», Cahiers de l'U.E.R. Froissard, n° 3, Valenciennes, 1978, p. 126-134. – ld., notices : Mercure galant (1710-1714), Nouveau Mercure galant (1714-1716), Mercure (1721-1723) : dans D.P.1. – Wallon S., «Une chanson à siffler au temps de Louis XIV», Revue de musicologie, t. LIV, 1968, p. 102-105.

DUBOIS DE SAINT-GELAIS

Numéro

250

Prénom

Louis François

Naissance

1669

Décès

1737

Louis François Dubois de Saint-Gelais est né en 1669 à Paris. Mort le 24 avril 1737 dans sa terre de Cires-lès-Mello (Oise).

2. Formation

Fait ses études à Paris. Secrétaire et historiographe de l'Académie de peinture.

3. Carrière

D'abord précepteur des enfants de Delaunay, directeur de la Monnaie, il devient, grâce à ce protecteur, contrôleur des Rentes de l'Hôtel de Ville. Sa carrière le mène ensuite à l'étranger où il sert à sa manière la France : commissaire de la Marine à Amsterdam et secrétaire de l'ambassadeur d'Espagne pendant le congrès d'Utrecht qui clôt la guerre de Succession d'Espagne. Il voyage beaucoup en Europe. De retour à Paris, il s'oriente vers l'administration des Beaux-Arts, fréquente artistes et savants ; il est chargé de rédiger l'histoire de l'Académie de peinture.

4. Situation de fortune

Jordan le dit «très honnête homme et bon littérateur». Il est en relations étroites avec Veyssière de La Croze (voir ce nom), l'érudit huguenot berlinois (Jordan, p. 61 ; et Discours préliminaire de La Croze à la réédition de ce texte : La Haye, 1736, p. VIII).

6. Histoire journalière de Paris, 1717. D. en fut le rédacteur (D.P.1 612). Le « Moreri » note : « il a eu l'ordre d'en demeurer là». Exemplaire avec dédicace autographe de D. à la B.N. (Rés. Le2 64).

7. Publications diverses

Œuvres dans Cior 18, n° 25544-25547. D'autre part, il édita le recueil Etat présent d'Espagne, « Villefranche», 1717. Les «Remarques sur l'Angleterre faites en 1713» (Pièces échappées du feu, «Plaisance», 1717), bien que signées : «de S.G.», ne sont pas de lui, mais de Boureau-Deslandes (J. Macary, Masque et Lumières au XVIIIe siècle : André-François Deslandes, La Haye, Nijhoff, 1975, p. 63-64).

8. Bibliographie

Moreri, 1759, t. II, p. 25-26 et suiv. : «Bois» (l'essentiel des éléments biographiques) ; B.Un. ; N.B.G. – Jordan CE., Histoire d'un voyage littéraire, La Haye, 1735, p. 61. – Mercure de France, mai 1737, p. 996-997 (notice nécrologique). – Table générale des matières contenues dans le Journal des savants, Paris, 1753-1764,1. IV, p. 131 (liste des c.r. d'ouvrages de D.). – Barbier A., Examen critique et complément des Dictionnaires historiques, Paris, 1820, p. 267.

DREUX DU RADIER

Numéro

247

Prénom

Jean François

Naissance

1714

Décès

1780

Né à Châteauneuf-en-Thymerais le 10 mai 1714, fils de François Dreux, greffier en chef de l'Election et de Jeanne Truffaud-Horeau. Marié en 1752 à Catherine Copineau de Mareuil, originaire de Meaux. Mort le 1er mars 1780, «à deux après midi, au Trou-Saint-Eliph près le château de la Loupe, au Perche, route de Chartres en Beauce» (C, p. 71).

2. Formation

Il fait ses premières études à Paris sous la direction d'un parent, Pierre Libois, plus préoccupé de pierre philosophale que d'autres nourritures intellectuelles. Ses parents le mettent en troisième au collège de Chartres puis au collège des Bénédictins de Tyron. En 1729, il fait sa philosophie au Collège parisien de la Marche. Membre de diverses Académies provinciales : Rouen (1766), Châlons-sur-Marne, La Rochelle, Lyon, Angers (F.L.).

3. Carrière

Après un séjour chez un procureur, déçu de la vie parisienne, il revient à Châteauneuf comme lieutenant-particulier civil et criminel du bailliage. De mai 1749 à l'année suivante, il est exilé par lettre de cachet à Poitiers ; selon son autobiographie (M, p. 5), parce qu'il était trop juste et trop sévère avec ses administrés. Sur la recommandation (pressante?) du ministre Saint-Florentin, il quitte alors sa ville natale et son métier d'avocat à Poitiers pour «se livrer» définitivement aux lettres dans la capitale. En 1760, à nouveau «dégoûté» (M, p. 26), il abandonne Paris pour sa province où il va passer le reste de sa vie. Son testament rédigé le 9 août 1779 comporte un projet d'épitaphe latine (C, p. 71-72).

4. Situation de fortune

Outre ses revenus de lieutenant-particulier et d'avocat, D. dut négocier avec les libraires des compilations qui ne furent pas toujours sans succès. Histoire, bibliographie, presse, ses trois domaines privilégiés d'activité n'étaient pas les moins rémunérateurs.

5. Opinions

Les fréquentations de D. sont curieusement variées. Selon son autobiographie manuscrite, il cite parmi ses amis des polygraphes, mais aussi des esprits plus relevés et le procureur général Guillaume François Joly de Fleury, peu suspect de sympathie à l'égard des Lumières. Dans sa jeunesse, il fréquente le cercle littéraire organisé autour d'«un riche particulier», Frécot de Lanchy où il se lie avec Pesselier qui l'engagea pour Le Glaneur français. Il est intime de Bonamy, rédacteur du Journal de Verdun, pratique l'abbé Lebeuf, Lenglet Dufresnoy («il pensait en tout assez librement» et D. rapporte ses idées originales en matière de droits d'auteur, M, p. 10-12), Guyot-Desfontaines, Trublet, Lacurne de Sainte-Palaye, Secousse, le docteur Camille Falconet, célèbre par sa bibliothèque cédée au roi, et par son cabinet ; D. note à ce propos (M, p. 17) qu'il «était le rendez-vous de personnes de mérite et de la réputation la plus distinguée. J'y ai vu plusieurs fois MM. D'Alembert, Diderot, Dumarsais, Rameau, le comte de Caylus, le marquis d'Hérouville, etc. ». En 1758, Le Censeur impartial prit la défense de d'Alembert. Il avait connu de près aussi Boureau-Deslandes (portrait physique, M, p. 20-22), l'ex-jésuite Lambert et le médecin Le Camus, rédacteur au Journal économique.

6. Activités journalistiques

D. a lui-même rédigé la bibliographie de son œuvre publiée en 1776 par son ami et confrère rouennais Haillet de Couronne, il signale les participations suivantes à des entreprises périodiques :

Journal de Verdun, 1744-1769 (D.P.1 214). Articles d'histoire, de généalogie, de littérature et de beaux-arts. Références : C avec liste. Ces contributions sont souvent signées : «Mémoire sur la vie et les ouvrages de Gio Paolo Marana» (sept, et oct. 1754), «Lettre de M. Dreux du Radier sur l'origine des langues espagnole et italienne» (févr. 1758), «Idée du véritable homme de lettres, discours de M. Dreux du Radier dans une société de gens de lettres» (mai 1758), «Réponse de M. Dreux du Radier à la lettre de M. de La Louptière» (oct. 1758), «Anecdotes critiques sur Pierre l'Arétin [...] par Monsieur Dreux du Radier» (févr. 1759). Renseignements transmis par P. Burger.

Le Conservateur, 1756-1758 (D.P.1 222). Références : C avec liste.

Le Censeur impartial. Prospectus, Paris, Le Breton, 1758. «A la sollicitation de Le Breton», selon C (p. 11), D. voulait être un «journaliste éclairé et sans passion». «M. D'Alembert crut devoir m'en remercier» (C). Cior 18, n° 25387.

Table générale, alphabétique et raisonnée du Journal historique de Verdun (1697-1756), Paris, Ganeau, 1759-1760, 9 vol. Cet inventaire est un travail de grande qualité qui mériterait d'être mieux connu. Compte rendu dans les Mémoires de Trévoux, février 1759, p. 571. Références : C ; CL. ; Cior 18, n° 25392.

Journal encyclopédique, 1772-1774 (D.P.1 730). Références : C avec liste.

Autres participations à des périodiques, absentes de C : Le Glaneur français, 1735-1737 (D.P.1 587). En collaboration avec Pesselier, son ami. Voir : Almanach des Beaux-Arts, C, p. 68, n. ms. ; F.L. 1769, t. I, p. 246 ; B.Un. ; Cior 18, n° 25370.

Journal économique, 1758-1772 (D.P. 1 729). D. fréquentait l'un de ses rédacteurs, le médecin Le Camus. Références : B.Un., D.O.A.

7. Publications diverses

D. a fourni la bibliographie de son œuvre dans C ; il y ajoute la liste de ses «ouvrages manuscrits» (p. 43 et suiv.). Autres listes dans F.L. 1769 ; B.Un. ; Cior 18, n° 25370-25407.

8. Bibliographie

F.L. 1769, t. I, p. 246 ; B.Un. ; Cior 18. Almanach des Beaux-Arts, contenant les noms et les ouvrages des gens de lettres, des savants et des artistes célèbres, Paris, 1753. – (C) Hallet de Couronne, Catalogue des ouvrages imprimés ou manuscrits de M. Dreux du Radier, Rouen, 1776 (rédigé par D.). Exemplaire exceptionnel à Paris, B.N., Rés. Q 651 : il comporte un dossier pour l'impression de l'ouvrage chez Machuel. Et de surcroît : (M) « Mémoire de M. Jean-François du Radier sur les principales époques de sa vie», copie, 26 p. – (C) avec complément ms. paginé de 52 à 70, dont p. 63-67 : «Auteurs qui ont cité mes ouvrages».