BOURGUET

Numéro

104

Prénom

Louis

Naissance

1678

Décès

1743

1. État-civil

Louis Bourguet est né à Nîmes de Catherine Rey et de Jean Bourguet en 1678. Son père, obligé de quitter la France à la révocation de l'édit de Nantes, vint s'établir à Zurich où il installa une manufacture de soie. C'est dans cette ville que Louis a fait ses premières études. Il est mort le 1er janvier 1743, peut-être le 31 décembre 1742 (B.I., p. 7).

3. Carrière

Destiné à la carrière de son père, il a préféré obéir au vif penchant qui le portait vers les lettres et s'est rendu dès 1697 en Italie. Revenu à Zurich en 1700, il en est reparti bientôt pour l'ltalie, où il s'est occupé entre autres des tables Eugubines, les fameuses plaques de bronze trouvées à Gubbio, couvertes d'inscriptions en langue ombrienne (de Montet). Il a séjourné à Venise presque constamment entre 1710 et 1715 ; il est parvenu à la parfaite connaissance de la langue et de la civilisation italiennes, ce qui apparaît dans les nombreuses correspondances qu'il a entretenues avec des érudits italiens (A. Vallisnieri, O. Alecchi, C. Grillo Borromeo, G. Fontanini, A.F. Gori, etc.). Parmi ses correspondants, on signale surtout S. Maffei (S.M.). De nombreux correspondants helvétiques et non helvétiques ont été également de ses correspondants : G.W. Leibniz, Abauzit, J. Barbeyrac, Dortous de Mairan, Ch.E. Jordan, J.C. Iselin, G. Polier, le P. Serry, etc. En 1736 il a été nommé professeur de mathématiques et de philosophie à Neuchâtel (P. Bovet) ; il a été membre de l'Académie étrusque de Cortone ; il a été aussi bien géographe, géologue, minéralogiste, archéologue, numismate, linguiste et passionné bibliophile. Sa fille Jeanne Marguerite (1707-1760), femme de Daniel Cartier (J.B.), a collaboré à la correspondance de son père, notamment vers la fin de sa vie (Neuchâtel, 1743).

6. Activités journalistiques

Le 15 octobre 1725, par la stipulation d'un contrat entre L. de Bochat, A. Ruchat, G. Seigneux de Correvon, J. Bibaud, seigneur du Lignon et l'éditeur M.M. Bousquet se réalise le projet d'une Bibliothèque italique (B.I., p. 3-6) ; on confie à B. la direction de cet ouvrage périodique qui s'imprime à Genève entre 1726 et 1734 (18 vol.) ; la participation de F. Abauzit et J. Vernet est également assurée. La première période du travail de Louis B. est très efficace et intense ; il est largement stimulé par S. Maffei, dont les lettres (de 1708 à 1736) suggèrent les événements saillants de la vie culturelle italienne, à l'intention de la Bibliothèque italique, et plus spécialement les articles, comptes rendus, nouvelles littéraires, références diverses, etc., concernant ses propres ouvrages (S.M.). Connexions entre le Giornale de Litterati d'ltalia et la Bibliothèque italique ; connexions plus nuancées entre la Bibliothèque germanique et la Bibliothèque italique.

B. lui-même a dressé la liste des articles qui sont dûs à sa plume (B.I.) : une quarantaine d’article au total.

En 1730, la conduite de deux nouveaux associés, L. Calandrini et G. Cramer (le mathématicien) n'est pas appréciée par B. : ce protestant réfugié ne veut pas donner trop de témoignages d'aversion contre l'église catholique de Rome dans les pièces fournies au journal ; Calandrini qui partage les opinions de J. Vernet à l'égard de l'Eglise est moins prudent qu'on ne l'avait souhaité dans l'importante Préface de la B.I. Les avis contraires de B. sont de moins en moins pris en considération ; l'étendue de son activité diminue au fur et à mesure que la correspondance avec S. Maffei devient moins régulière ; les différends s'accentuent entre l'éditeur et B. ; fin de son activité au sein de la B.I., fin de la B.I. elle-même.

Il s'est consacré, à partir de 1732, à la rédaction du Mercure suisse qu'il a fondé et largement orienté (F. Störi ; D.P.1 950). De janvier 1738 jusqu'à sa mort, il rédige le Journal helvétique. La liste des contributions de L.B. à ces deux journaux a été établie par F.A.M. Jeanneret et J.H. Bonhôte dans la Biographie neuchâteloise, Locle, 1863, t. I, p. 77-78.

7. Publications diverses

Autres ouvrages parmi les principaux : Lettres philosophiques sur la formation des sels et des cristaux avec un mémoire sur la théorie de la terre, Amsterdam, 1729 ; Traité des pétrifications, Paris, 1742 (les planches ont été dessinées par P. Cartier, géologue, pasteur, frère de son gendre : J.B.). D'autres ouvrages sont restés manuscrits à la B.V. de Neuchâtel, où est conservé le fonds Bourguet.

8. Bibliographie

«Abrégé historique de la vie de M. Bourguet» dans le Journal helvétique, fév. 1743, p. 184-195 ; mars, p. 295-306 ; avr., p. 368-376. – Montet A. de, Dictionnaire biographique des genevois et des vaudois, Lausanne, 1877. – Isely, L., Leibniz et Bourguet. Correspondance scientifique et philosophique (1707-1716), Neuchâtel, l905. – Normann P., Gabriel Seigneux de Correvon. Ein schweizerischer Kosmopolit. 1695-1755, Florence, 1947 (avec bibliographie importante). – Störi F., Der Helvetismus des Mercures Suisse (Journal helvétique) 1732-1784, Berne, 1953. – J. Ehrard, L'Idée de nature en France dans la première moitié du XVllle siècle, Paris, S.E.V.P.E.N., 1963, 2 vol., p. 186 et suiv. – Straub E., Der Briefwechsel Calepio-Bodmer, Berlin, 1965 (avec une bibliographie importante). – Cavadini-Canonica T., Le Lettere di Scipione Maffei e la «Bibliothèque italique », Lugano – Friburgo, 1970. – (S.M.) Crucitti Ullrich F.B., Scipione Maffei e la sua corrispondenza inedita con Louis Bourguet, Venise, 1969. – Id., La Bibliothèque italique, cultura «italianisante» e giornalisme letterario, Milano, Napoli, R. Ricciardi, 1974. – Le Refuge huguenot en Suisse, Lausanne, 1985, n° 517-522. – Parmi les articles les plus importants : Bovet P., «Le premier enseignement de la philosophie à Neuchâtel», dans Musée neuchâtelois, sept.-oct. 1904. – Id., «Louis Bourguet ; son projet d'édition des oeuvres de Leibniz», extrait des Comptes rendus du IIe congrès international de philosophie, Genève, sept. 1904, p. 252-263. – Godet M., «Au temps de la Respublicana litterarum. Jacob Christoph Iselin et Louis Bourguet», dans Festschrift Karl Schwaber, Basel, 1949, p. 117-127. – Perrochon H., «Un homme du XVllle siècle : Louis Bourguet», dans Vie, Art, Cité, 1951, n°1. – (J.B.C.B.) Crucitti Ullrich F.B., «Johann (III) Bernoulli ed il carteggio Bourguet», dans Rivista storica svizzera, t. 19, fasc. 2, 1969, p. 356-369.