BASTIDE

Numéro

040

Prénom

Jean François de

Naissance

1724

Décès

1798

1. État-civil

D'une ancienne famille provençale, Jean François de Bastide naquit à Marseille le 13 juillet 1724 (A). Le mariage de ses parents, Jean Joachim de Bastide (né en 1684, de Jean Baptiste et Marguerite de Pellegrin, soeur de l'abbé Simon Joseph de Pellegrin, le poète) et Jeanne Thérèse Maurin (dotée de 45 000 £, fille de Gaspard, négociant, et de Louise de Ferry) (B), avait été béni le 1er juillet 1721 par Mgr. de Belsunce (A). A la fin de 1722, son père avait pris possession de la charge de lieutenant-général criminel à Marseille : employé comme subdélégué par les intendants de Provence, ce magistrat fut aussi un poète amateur, membre, à partir de mars 1729, de l'Académie de Marseille. Il mourut dans cette ville, le 22 mars 1743 (B). Entre 1723 et 1735, il avait donné le jour à trois fils (A ; C) dont l'aîné fut officier de marine (E), et à trois filles (C), dont l'une fut religieuse du couvent du Saint-Sacrement à Marseille. D'après Bachaumont (M.S., 7 janv. 1763), B. épousa en secondes noces une «fille fort répandue» dans la galanterie. Il semble qu'il avait épousé, le 24 février 1748, une demoiselle Trotté (E). Une note de police de 1752 ou début 1753 indiquait qu'il était l'amant de la maîtresse de l'ambassadeur de Hollande, Madame de Valence ; une autre précisait, le 16 mars 1753 : «Va se marier avec Madame de Valence qui a plus de quarante ans et fut entretenue par Van Hoe dont elle a des enfants» (F). Il mourut d'apoplexie à Milan le 4 juillet 1798 (G). Il se faisait souvent appeler Chevalier de La Bastide. Ne pas confondre avec Bernard Louis Verlac de La Bastide, ni avec Pierre Chiriac de la Bastide, tous deux avocats et écrivains. Voir à ce propos F.L. 1769, t. I, p. 176, et surtout Menant-Artigas.

2. Formation

Après avoir fait, peut-être comme son père (B), ses études au Collège de l'Oratoire de Marseille, suivant un rapport de police erroné sur certains points, «M. le Chevalier de la Bastide a été mousquetaire» (H).

3. Carrière

Il semble s'être installé à Paris vers 1746 : le 16 juin, on donne l'ordre de l'élargir de la Bastille (I). En 1749, il est incarcéré au Fort-l'Evêque et à Bicêtre. Une fiche de police établie à son nom en mai 1751 (H) est tenue à jour pendant quelques années, mais il est ensuite protégé par l'évêque d'Orléans, Louis de Jarente, ancien vicaire général de Marseille, qui à deux reprises sollicite vainement pour lui une pension sur le Mercure (14 août 1758 et 14 janv. 1761 : J) et obtient en sa faveur, le 25 mai 1759, un sauf-conduit de trois mois accordé sous réserves : «Il n'est point de précaution dont le Sr. et la dame De Bastide ne doivent user pour empêcher que reviennent des plaintes» (K). D'abord attaché à M. le Marquis de Nesle chez qui «il a demeuré quelque temps» (H), il habite en octobre 1749 «rue Dauphine, près le marché de Tolbac» et, à la fin de 1753, il se retire «avec sa femme à la Ferté-sur-Marne» (Q). En 1758 il demeure «dans le passage qui conduit de la place et cloître Saint-Benoît à la rue de Sorbonne» (Nouveau choix, t. X, p. 15) et en 1760-61, à l'hôtel d'Espagne, rue Guénégaut (L, 994, 1187, 1196, 1284). Il est alors assez bien en cour pour éditer le Mémoire historique de la négociation de la France et de l'Angleterre. «Une mauvaise conduite» le force, au début de 1766, «à s'éloigner de Paris» (M) et il passe en Hollande pour «chercher fortune» (N, f° 75). Il se flatte de «l'accueil dont [l'] a honoré son illustre stathouder» (N, f° 72), mais bientôt s'établit à Bruxelles où il fait «sa cour» à Cobenzl et au prince Charles de Lorraine dont il célèbre la fête, le 4 novembre, en faisant représenter au Théâtre de la Monnaie deux comédies : Gésancour et Clémentine et Le Soldat par amour. En 1769, il parvient péniblement à fuir la Belgique malgré l'opposition du gouverneur général qui, l'année précédente, s'était refusé à lui accorder un sauf-conduit (O). Après avoir peut-être séjourné en Italie, puis «à la campagne», en Provence, vers 1774 il est de nouveau à Paris, dont «il sort au mois de juin 1787 pour venir à Marseille [...] dans l'espoir d'y trouver beaucoup de souscripteurs «pour une 3e édition de la Bibliothèque universelle des romans. L'orage «devint universel dans [sa] patrie» et il passa en Italie en octobre 1788 (P). En 1792, alors qu'il vit à Gênes, «nation éclairée», «sous les yeux et dans la compagnie des ministres» de France, il sollicite vainement en février, puis en novembre, l'autorisation de rentrer pour «servir sa patrie par l'usage de [sa] plume» (P). Il s'établit enfin à Milan, Porta Romana (G).

4. Situation de fortune

A maintes reprises, il connaît de terribles déboires financiers. 15 janvier 1754 : ne fait «point fortune avec ses romans et ses vers [...]. Sa femme, dit-on, a 3000 livres de rente, ils sont partis surchargés de dettes» (Q). 1768 : paraît à Bruxelles «chez Jean Furet, [...] sans approbation ni permission, et sans en avoir besoin», une comédie anonyme : Le Journaliste qui le présente sous les traits de «Griffon de Bastide» ; il était harcelé par les créanciers et le prince Charles lui avait «retiré le subside qu'il lui avait alloué sur les instances du comte de Cobenzl» (0). Par ailleurs ses «projets fous» (M.S.) sont toujours exactement chiffrés. Ex : Projet d'une Maison d'éducation : «8 élèves à 10 000 livres de pension chacun, par an [...]. Il s'engage à les nourrir, chauffer, éclairer, porter, instruire dans tous les arts, excepté le manège. Il les mènera aux spectacles, aux promenades,les fera dîner avec des artistes célèbres, etc.» (Bachaumont, 13 oct. 1764). Projet de ce qui deviendra le Journal de Bruxelles (1766) : faire souscrire à mille au moins des trois mille étudiants de l'Université de Louvain pour une somme de 12 livres par an : «Chaque professeur charmé de faire sa cour et touché des vues du bien engagera sa classe entière à souscrire [...]. Si à ce nombre j'ajoute celui des 500 que j'aurai sûrement dans cette ville, et dans l'étendue de l'Europe, Son Excellence verra clairement que par un mot elle peut me procurer dix mille livres de revenu» (N, f° 75). Pour le Nouveau choix du Mercure (1758), B. avait prévu des abonnements de 24 £ (t. XIII, Avis). Il devait remettre à Boissy 400 £ pour chaque volume, et «un petit intérêt au Sr. Le Bret». Il «fit paraître successivement les neuf premiers volumes, mais le succès ne répondant pas à son espérance [...] il n'y eut plus de quoi satisfaire M. de Boissy» (R, p. 38). Pour Le Monde comme il est (1760) les souscriptions, pour six mois, étaient de «10 livres 8 sols les frais de poste compris» (L, n° 994). Par ailleurs, nous avons quelques témoignages sur son «exactitude en affaires» : le 15 mai 1760 il offre à Rousseau «200 louis du manuscrit de La Nouvelle Héloïse» (L, 992 ; voir encore 994) ; vers le 1er décembre de la même année, il se propose de publier l'Emile, même partiellement, «moyennant 4 louis par feuille» (L, 1179) ; le 5, recevant de Duclos le manuscrit de l'Extrait de projet de paix perpétuelle, il lui remet aussitôt 12 louis ( L, 1187, 1184).

5. Opinions

Les dictionnaires biographiques du XIXe siècle affirment sans preuve qu'il se serait lié «très tôt avec Claude Crébillon, Voisenon et Dorat» (sic). Pour lui, il se vantait du «grand nombre de personnes à qui [il tenait] par le talent ou par l'amitié», mais il avait «trop de rivaux plus intrigants» (N, f° 72). En fait, pendant plus de vingt ans il ne semble avoir cessé d'être en quête d'un protecteur. En 1757-1758 il correspond avec Malesherbes qu'il met au courant de ses démêlés avec Le Bret, qui voulait, lui aussi, compiler les anciens numéros du Mercure («traité du 4 juin 1757», R, n° 15), puis avec Boissy, le titulaire du privilège (février-mars 1758) (R, n° 22-23 et 32). Il l'informe du projet du Nouveau Spectateur (S, n° 11-12 et 13), à la saison des vacances (juil. 1758, juil. 1759) («de Noisiel par Lagny») lui demande un censeur (S, n° 14 et 15-16) et bientôt lui fait part des difficultés qu'il rencontre auprès de Lambert, son libraire (T, n° 53 et 54, 1er sept. 1758). En 1763 il lui écrira encore pour solliciter l'autorisation de faire paraître ses Contes (U, n° 166-167 et 168). Mais il a surtout rêvé de faire carrière dans l'aura des «philosophes». Il se flatte particulièrement de l'amitié de d'Alembert : à la fin d'une lettre rendue publique, celui-ci proteste de son respect pour «une âme aussi honnête que [la sienne]» (N, f° 75), mais, mis en cause dans son projet pour une Maison d'éducation, il doit faire insérer dans les «papiers publics et notamment dans le Journal étranger une note où il avertit que s'il a consenti à être nommé dans le prospectus [...], c'est uniquement comme connaissant M. de Bastide [...], mais qu' [...] il n'a jamais prétendu se rendre responsable du projet dont il s'agit» (M.S., 25 oct. 1764). Fasciné par l'idée de publier des inédits de Rousseau, B. parvient en mai 1760 à s'introduire auprès de lui grâce à Duclos qui, en janvier 1761, finit par promettre à Jean-Jacques de le «délivrer de ses empressements» (L, n° 1227). Alors il se lie avec Coindet et en février l'accompagne plusieurs fois, le dimanche, à Montmorency. Après avoir espéré éditer par feuilles la Nouvelle Héloïse (L, 992,994) et l'Emile (L, 1179), puis formé le projet grandiose de «proposer des doutes» sur la Nouvelle-Héloïse qu'il voulait publier avec des réponses de Rousseau, «imprimées à mesure [qu'ils les écriraient]» (L, 1296), il doit se contenter de faire paraître, vers le 8 mars (L, 1339, 1357), l'Extrait du plan de paix perpétuelle de l'abbé de Saint-Pierre ; le philosophe le lui avait offert «comme un sujet inaugural pour vous qui aimez la paix et dont les écrits la respirent» (L, 1182). Le paragraphe où Jean-Jacques condense ses impressions sur lui (début du livre XI des Confessions) ne rend pas parfaitement compte de leurs relations. En 1760, par l'intermédiaire de Thiériot, «le spectateur du monde» était entré en contact avec Voltaire : dans une longue lettre ironique, écrite, semble-t-il, dans le courant du printemps (D 9023), celui-ci l'invite à aborder la critique sociale avec plus de résolution ; le 8 octobre il promet vaguement des «rogatons» pour le Monde (D 9449) et, le 11 janvier 1761, annonce qu'il a reçu ce journal (D 9533). Bastide n'a longtemps été qu'un viveur opportuniste : il traduisait cependant sa pensée quand il faisait écrire au héros de L'Etre pensant, en 1755 : «Ma sorte de philosophie est un mépris général des préjugés et des usages» (p. 2). En novembre 1792, il affirme qu'il écrit «l'histoire de la république où il trouve sans cesse des sentiments, des actions, des maximes et des lois qui [le] font jouir d'avance de la gloire et du bonheur préparés à [sa] patrie» (P). A l'extrême fin de sa vie, il cherche à fonder à Milan une société littéraire et artistique de type «illuministe» sous les auspices du gouvernement : la Société des frères (V, 23 déc. 1797 ; 2 janv. 1798).

6. Activités journalistiques

Pendant près d'un demi-siècle B. a porté dans ses veines le virus journalistique. En 1749 il composait déjà un curieux périodique, dédié à Madame de M*** : les Nouvelles de la République des Belles, «suite d' [...] aventures par feuilles périodiques», continué au moins jusqu'à la fin de février 1750 (W). Voir D.P. 1 1015

Contributions au Mercure de France (1755-1756) ; 1774 (voir Cior 18). «Des vers galants, de jolis contes, des réponses amoureuses, des questions d'amour» (M).

Collaboration à la rédaction du Mercure (1756-1758). «La France entière sait avec quel succès j'ai fait, conjointement avec feu Boissy, pendant près de trois ans, le Mercure de France ; Boissy mourut ; on ne m'accorda point le privilège du Mercure ; [...] Marmontel jouit du fruit de mes travaux» (N, f. 74). Voir D.P.1 924

Publication d'une anthologie des journaux : Choix des anciens Mercures (puis Nouveau Choix de pièces tirées des anciens Mercures et des autres journaux), Rollin, Chaubert, Tissot, Lambert, Cellot, in-12 ; 15 vol.in-12, 1757-1758, avec une interruption au début de 1758 (D.P.1 2058). «Mon choix des meilleurs morceaux des anciens Mercures et des autres journaux a eu certainement du succès et de la réputation. Je l'ai porté jusqu'à quarante volumes. Un arrangement de Cour m'a fait interrompre cet ouvrage ; il a exigé de moi une lecture de 20 000 pages en 18 mois» (N, f° 74). Le projet de B. consistait à réduire à 50 volumes 4200 tonnes de journaux en publiant 16 volumes par an pendant «cinq ou six années». Cette anthologie, d'ailleurs assez bonne, peut elle-même être considérée comme un journal, car Bastide y publie des envois de lecteurs (ex : Le Berceau, comédie, t. XIII, juin 1758, p. 60-100), prévoit un prix spécial (30 sols le volume, au lieu de 36) pour les abonnés, auxquels il fait parvenir chaque tome «en même temps que le Mercure» (t. XIII, Avis) ; et, pour que chacun ait «ce qu'il aime», il fournit aux dépositaires «les articles séparés», chaque volume se composant de cinq «articles» de 48 pages chacun (t. X, p. 12).

Rédaction de journaux :

Le Nouveau Spectateur, Amsterdam et Paris, Rollin et Bauche, 8 vol. in-12° (imprimé chez Bauche, avec permission tacite : ms.fr. 22160, 120 et 22161, f° 1), août 1758-février 1760. «Mon Spectateur [...] a l'honneur d'être contrefait en Hollande» (N, f° 74) : Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie 1760, 8 vol.in-8°.

Le Monde comme il est, «par l'Auteur du Nouveau Spectateur», «feuilles qui paraissent à Paris et à Versailles tous les deux jours» (L, n° 994) : 60 numéros, 20 mars-août 1760, Amsterdam et Paris, Bauche, 2 vol. in-12, suivi par Le Monde : 15 décembre 1760-février 1761, bi-mensuel de 120 pages, mêmes éditeurs (6 numéros en 2 vol. in-12 ; D.P.1 990). Ayant trouvé son journal «trop imparfait», Bastide s'est «assuré» cette fois «plusieurs des meilleures plumes de la nation dans bien des genres» (annonce dans le Mercure de déc. 1760, p. 113-116). «Mon Monde en quatre parties [...] a eu l'honneur d'être fait par les grands hommes de la France plus que par moi : c'est une espèce d'encyclopédie de goût à laquelle tous ces génies ont contribué (par estime pour moi) par des pièces faites exprès. C'est encore un ouvrage que le ministère de France a exigé que je ne continuasse pas parce que son succès nuisait à celui du Mercure, journal si protégé» (N, f° 75) ; cf. cette note de la Maison du roi (14 janv. 1761) : «On travaille plutôt à parvenir à la suppression de quelques ouvrages périodiques qu'à en augmenter le nombre qui font tomber le Mercure» (J) et la lettre de Bastide à Rousseau, du 12 février 1761 : «Une affreuse cabale s'est élevée contre mon recueil. On l'a cru contraire au succès du divin Mercure» (L, n° 1284).

Sur la collaboration, très importante sur le plan administratif, d'Antoine de Léris au Choix et au Nouveau Choix anciens Mercures, voir la notice «Léris» ; en ce qui concerne les rapports de Cochin avec B. et sa collaboration aux journaux de celui-ci, voir art. «Cochin».

Elixir littéraire ou Journal de l'Europe, La Haye, 1766, 3 vol.in-12 (mai, juin et juil.). Prohibé en France (f.fr. 21929, f° 24). Voir D.P.1 366.

Journal de Bruxelles ou le Penseur, Bruxelles, Imprimerie Royale, 1766-1767, 2 vol. in-l2. L'édition conservée à la bibliothèque de l'Arsenal comporte trois tomes en deux volumes : 10 livraisons bi-mensuelles (à l'Ars., la 6ème manque) (K). B. semble avoir rédigé simultanément un «Gazetin de Bruxelles »,supprimé par ordre du Gouverneur Général en décembre 1767 à cause de «la violence de ses personnalités» (O) et dont aucun exemplaire n’a été retrouvé. Suppression évoquée dans la Gazette d'Utrecht du 15 décembre et le Courrier du Bas-Rhin du 17, d'après lequel elle aurait été provoquée par des allusions malignes au Siège de Calais (K), et par Bachaumont : «Tant de particuliers dont on y relevait les ridicules se sont émeutés contre cet ouvrage que l'entrée en a été défendue en France, et le Ministère a pris la chose si fort à coeur qu'il y a intéressé celui de Vienne» (M.S., 30 déc.).Un pamphlet anonyme (0) ironisait alors sur l'échec des journaux de B. : «Les Flamands sont des esprits bornés [qui] ne font aucun cas de mon journal, qui est excellent, de la Gazette de Bruxelles, et qu'ils n'ont plus voulu de mon Gazetin». De son côté, le rédacteur du Courrier du Bas-Rhin écrivait, un peu plus tôt : «Vous avez passé successivement du métier de charlatan, quand vous faisiez l'Elixir littéraire, à celui de moraliste ennuyeux [...]. Vous avez voulu vous donner ensuite l'air d'un homme qui pense, mais vous avez quitté ce rôle, parce que le public a trouvé que vous ne le jouerez jamais de bonne grâce» (17 oct. 1761 ; K).

En Italie, B. cherchait encore à fonder un nouveau périodique, la Gazette universelle : sa requête au Conseil suprême du gouvernement (3 fév. 1791) fut présentée à la «session» du 14 février 1792, mais son projet ne fut reconnu «utile» que peu avant sa mort (23 déc. 1797) (V).

Cependant, la plus grande entreprise de B. fut certainement la Bibliothèque universelle des romans, publiée sans interruption de juillet 1775 à juin 1789 ; par bien des aspects, elle s'apparente à une entreprise journalistique ; 224 volumes, 926 titres. Lancée par B. avec le marquis de Paulmy et le comte de Tressan, à la suite de démêlés avec Paulmy (M.S., 30 déc. 1778) elle reposa entièrement sur lui et il fit appel à de nombreux collaborateurs (Poirier, p. 22, 30 : appel aux «gens de lettres», avril 1780). Privilège accordé à B. «pour six ans à partir du 15 juin 1775» et enregistré le 27 avril (f.fr. 22002 ; Poirier, p. 19, note 35).

7. Publications diverses

Voir Cior 18. Rectifier : Le Temple des arts, ou le Cabinet de M. Braancamp, Amsterdam, Marc-Michel Rey, in‑4°.

Les Aventures de Victoire Ponty. – Les Réflexions philosophiques sur la marche de nos idées «A Yverdun» [sic], «de l'imprimerie du Professeur de Félice», in-8°, 1769 (B.M. Grenoble, F 19979), sont l'oeuvre de Verlac de la Bastide «avocat et membre de l'Académie de Milhaud, né en 1741 «à Ségur, diocèse de Rodez» (Quérard, La France littéraire, p. 115-116), comme l'a montré G. Menant-Artigas (V.T.B.).

Ajouter : Mémoires apologétiques de M. de Bastide, ouvrage fait en cinq jours par la nécessité des circonstances, Bruxelles, 1766, ainsi que les livres édités par Bastide : Rousseau, J.J., Extrait du projet de paix perpétuelle, s.l., 1761. – Choiseul, E.F. de, Mémoires historique de la négociation de la France et de l'Angleterre depuis le 26 mars 1761 jusqu'au 20 septembre de la même année, Paris, Imprimerie Royale, 1761, in-8°. – Mopinot de la Chapotte, A.R., La Morale de l'histoire, Bruxelles, Imprimerie Royale, 1769, 3 vol. in-l2. – Blondel, J.F., L'Homme éclairé par les arts, Amsterdam et Paris, 1774, 2 vol. in-8°.

Attributions possibles : Les Mémoires de Madame la baronne de Saint-Clair, La Haye, 1753, 2 parties en un vol. in 12 (voir R.Mauzi, L'Idée du bonheur et L. Versini, Laclos et la tradition littéraire).- Les Refus, 1772 (voir Versini, Laclos et la tradition, p. 128, note 210).

8. Bibliographie

M.S., 7 janv., 12 et 13 août 1763, 10 juin, 13 et 25 oct. 1764, 13 juin 1765 – C.L., 1er juin et 15 déc. 1764. – (A) A.D. des Bouches-du-Rhône, registres de la paroisse des Accoules, Marseille ; Enregistrement des contrats de mariage de la Sénéchaussée de Marseille : contrat passé devant Me Maurin le 30 juin 1721. – (B) Achard, Histoire des hommes illustres de la Provence, Marseille, Mossy, 1787, t. 1, p. 62, citant l'éloge de J.J. de Bastide par La Visclède. – (C) A.D. des Bouches-du-Rhône, registres de la paroisse de Saint-Martin, Marseille.- (D) Artefeuil, Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence, Avignon, Veuve Girard, 1757, t. II, p. 545. – (E) A.N. 399, f° 207. et Y 442, f° 45 – (F) B.N., f.fr. 22158, f. 121.- – (G) Milan, Archivio di Stato : Atti di Governo Popolazione, cart. 192 ; 1798, n° XXVII : nota delle persone morte dal 13 al 19 Messidoro anno VI Republicano. – (H) B.N., n.a.fr. 10781, f° 23 (texte cité par Leigh, n° 1284, note). – (I) Arsenal, ms. 12727, f° 41. – (J) A.N. 01 400, f° 490-491 et 01 403, f° 28-29.- (K) Renseignements communiqués par R. Granderoute. – (L) Leigh, t. VII (lettres n° 992, 994 ,1182 , 1184, 1187, 1188, 1196 et 91199) et t. VIII (n° 1227, 1268, 1284, 1285, 1286, 1296, 1299, 1313,1321, 1339, 1357). –– (M) Barbier A., Examen critique et complément des dictionnaires historiques les plus réputés, Paris, Rey et Gravier, 1820, p. 87-90 (notice rédigée d'après le Prospectus des Oeuvres choisies de M. de Bastide (1789), composé par l'auteur et aujourd'hui perdu). – (N) Billet, lettres et mémoire adressés à Cobenzl (août-déc. 1766), Bruxelles, Archives du Royaume, Archives de la Secrétairie d'état et de Guerre, n° 1067, f° 64-76. – (O) Faber F.J., Un Libelliste du XVIIIe siècle, Jean-François de Bastide en Belgique, 1766-1769, Bruxelles, Olivier, 1880.- (P) Lettre du 19 novembre 1792 aux «citoyens municipaux de Marseille» (A.N., AA 45, n° 1352 B, pièce 309). – (Q) B.N., f.fr. 22136, f° 355. – (R) B.N., f.fr. 22134. – (S) B.N., f.fr. 22147.- (T) B.N., f.fr. 22151.- (U) B.N., f.fr. 22143.- (V) Archivio di Stato, Milano, A.S.M. Sezione Storica ; Autografi, cart. 11, fasc. 19 : 23 déc. 1797, 2 janv. 1798 et nota d'ufficio, n° 1068, 9 janv. 1798. ; Sezione Storica ; Autografi, cart. 111, fasc. 19 : requête au Conseil suprême de Gouvernement du 3 février 1792. – (X) Ms. Ars. 11163 (Funck-Brentano, répertoire des archives de la Bastille, 1892) – Poirier R., La Bibliothèque universelle des romans. Rédacteurs, textes, public, Genève, Droz, 1977. – Piot Ch., «Le séjour de J.F. de Bastide à Bruxelles», Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 1882, n° 7, p. 251-271. –Nolte F.O., «The authorship of a curious 18th century drama», P.M.L.A., t. XLV, p. 1032-1034. – Puttemans A., «La censure dans les Pays-Bas autrichiens», Mémoires de l'Académie royale de Belgique (Classe des lettres, t. XXXVII, 1935) – Menant-Artigas G., «Voltaire et les trois Bastide», R.H.L.F., t. LXXXIII, 1983, p. 29-44 (Bibliographie : p. 31, note 40).

Auteurs

9. Additif

État-civil :
Une Marie Trotet a épousé le 27 février 1748 non pas Jean-François mais « Pierre Bastide, maître perruquier » (AN, Y//399, fol. 207v° ; Y//442, f. 45r°), décédé en 1776 (AN, Y//13557) ; Trotet est morte sept ans plus tard,: « Bastide (Marie Trotet, veuve de Pierre) : le mari maître perruquier, décédée le 7 septembre 1783, rue Bourbon-le-Château » (AN, Y//13571) ; inventaire après décès ; le 3 octobre 1783 (AN, MC/ET/LVIII/517).
Bastide emprisonné en 1746 pour espionnage avec une « Mme de Saint-Priest », et contrôlé par la police, est Jean-Antoine Mensat de la Bastide et non Jean-François (BnF, Ms 11603, fasc. « La Bastide (Jean-Antoine Mensat de) 1746, Bastille, dossier Saint-Priest »). Originaire de Tulle, Mensat de la Bastide a fait son testament le 17 juillet 1751 (Inventaire sommaire des Archives hospitalières de la Corrèze, série H suppl., Tulle, p. 182 : http://www.archives.cg19.fr/telechargements/hopitaux.pdf).
Une « madame de Valence » qui, en 1753, épouse un « chevalier de la Bastide » (BnF, fr. 22158, f. 121 : fiche de police) ne peut nous intéresser : en 1753, Jean-François est déjà marié et père depuis quelques années. [Fabio Marinai]

Activités journalistiques:
Durant toute l’année 1760, Bastide prolonge la vie de ses Spectators, passant du Nouveau Spectateur au Monde comme il est (mars 1760), puis au Monde en décembre. Mme Riccoboni, qui attendait depuis 1758 de faire paraître une revue comparable sous le nom de L’Abeille, se déclare exaspérée par cette obstination de B. à occuper le terrain. B. publie sa lettre dans le premier numéro du Monde, puis, à titre de compensation, quelques numéros de L’Abeille (voir ce titre dans D.P.1). Cette correspondance, certainement authentique, attire l’attention sur la concurrence que se livrent les spectateurs entre 1740 et 1760. La querelle est relatée par A. Lévrier dans Les Journaux de Marivaux et le monde des « spectateurs » (PUPS, 2007, p. 92-95). L’acharnement de B. à investir le monde des spectateurs s’explique pour des raisons financières. On a un autre exemple de cette obstination dans ses relations avec Jean-Jacques Rousseau : B. tente d’arracher à R. des pages de la Julie, de l’Émile, obtient des extraits du Projet de paix perpétuelle et finit par lasser R. On trouvera un résumé de ces relations dans la notice « Bastide » du Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau (dir. R. Trousson et F. Eigeldinger, Champion ,1996) par A.-M. Thornton (J. S.).

Bibliographie: Lévrier, Alexis, Les Journaux de Marivaux et le monde des « spectateurs », PUPS, 2007. – Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau , dir. R. Trousson et F. Eigeldinger, Champion, 1996 (J. S.).