STRUBE de PIERMONT

Numéro

758

Prénom

Frédéric

Naissance

1704

Décès

1790?

1. État-civil

Frédéric Henri Strube de Piermont est né en 1704 dans l'état de Hanovre, peut-être à Pyrmont (Bade Pyrmont), dont il semble avoir voulu franciser le nom pour l'ajouter à son patronyme, ou à Springe ; son père, Johann Friedrich Strube, fonctionnaire dans cette dernière ville à partir de 1717, avait pour femme Katharina Hedwig Ludewig. S. épousa à Saint-Pétersbourg, le 28 mai 1739, Sybilla Franciska Duvernoi, baptisée à Tûbingen le 14 mars 1722(L.R.). Il est mort vers 1790.

2. Formation

S. parle avec un certain dédain de l'enseignement du jurisconsulte Thomasius qu'il aurait suivi à Halle, selon ce qu'il affirme dans Recherche nouvelle de l'origine [...] du droit de la nature (1740), mais son nom ne figure pas sur les registres de cette université. Il est certain en revanche qu'il a étudié à Helmstedt, en Basse-Saxe, où il a été immatriculé le 1er octobre 1725 et a soutenu une thèse le 17 mai 1727, sous la direction de Polykarp Leyser (L.R. ; R1).

3. Carrière

A partir de 1730, S. aurait servi comme secrétaire d'ambassade en Autriche, en Angleterre et en Pologne (Rousski biografitcheski slovar). Secrétaire d'Ernst Johann Biron, duc de Courlande, il l'accompagne en Russie ; son protecteur est le tout puissant favori de la tsarine Anne qui règne de 1730 à 1740. En 1738, il entre à l'Académie des sciences de Pétersbourg comme professeur de jurisprudence et de politique. De 1746 à 1749, il est secrétaire de l'Académie (Amburger). En 1754, sous Elisabeth, il est chargé avec sept autres juristes de préparer un nouveau code (ibid.), puis, en 1756, de diriger une édition française de la Gazette de Saint-Pétersbourg qui réponde aux visées de politique étrangère de l'impératrice ; peu satisfait de la situation de dépendance où il est placé, il abandonne cette fonction l'année suivante et doit quitter l'Académie (Petarski ; L.R. ; R1). De 1757à 1775, il occupe un poste au collège des Affaires étrangères. En 1771, l'Académie le désigne pour décrire les lois russes dans des articles destinés aux Suppléments de l'Encyclopédie, projet qui n'aura pas de suite (Protokoly, t. III, p. 26 ; un document relatif à cette entreprise avortée à été considéré à tort comme le plan d'une encyclopédie russe : voir G. Dulac, «L'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg et les Suppléments de l'Encyclopédie», à paraître). Promu conseiller d'Etat en 1775, il se serait retiré à cette date près de Pétersbourg, dans une propriété offerte par le comte Nikita Panine (R1).

4. Situation de fortune

S. est issu d'une famille tombée dans la gêne, sinon dans la misère à la suite de la disgrâce du père (1722 ?). Outre les fonctions qu'il occupa comme diplomate, académicien puis fonctionnaire, il eut semble-t-il plusieurs protecteurs, de Biron à Nikita Panine (L.R. ; R1).

5. Opinions

En 1733, Jean Rousset de Missy insère dans son ouvrage, Les Intérêts présents des puissances de l'Europe publié à La Haye, un essai de S., Réflexions d'un patriote allemand et impartial sur la demande de la garantie de la Pragmatique impériale, qu'il fait suivre d'une réfutation et de la réponse de S., intitulée Lettre du patriote allemand (R2). En 1756, dans un discours solennel consacré aux lois russes, S. s'en prend à Montesquieu, et dans ses Lettres russiennes publiées à Pétersbourg en 1760, il entreprend de réfuter les vues avancées sur la Russie par l'auteur de l'Esprit des lois : il critique sa définition du despotisme, qu'il juge confuse, et justifie théoriquement le pouvoir absolu et l'esclavage, avant de faire l'apologie du régime politique et social de la Russie. La future Catherine II a annoté l'ouvrage en reprochant à l'auteur d'avoir fait «l'éloge de la servitude». Elle l'écartera des travaux de la Grande Commission réunie en 1767 (L.R.).

6. Activités journalistiques

S. fut le premier rédacteur de la Gazette de Saint-Pétersbourg publiée en français par l'Académie des sciences sur l'ordre de l'impératrice Elisabeth (D.P.1 524). Il n'assura semble-t-il cette fonction qu'à contrecoeur, et seulement du 26 octobre 1756 (n° 1) au 30 juillet 175 7 : elle consistait principalement à traduire ou faire traduire des articles des gazettes allemandes et russes, à l'intention des alliés français de la Russie pendant la guerre de Sept Ans (L.R.).

7. Publications diverses

S. n'a publié qu'en français et parfois en latin (L.R. ; Svodny katalog) : Dissertation sur la raison de la guerre et le droit de bienséance, par F.H. Strube (s.I.), 1734. – Recherche nouvelle de l'origine et des fondements du droit de la nature, par F.H. Strube de Piermont ; Dissertation sur la raison de guerre et le droit de bienséance, Saint-Pétersbourg, Académie des sciences, 1740. – Ebauche des lois naturelles et du droit primitif, par F.H. Strube de Piermont, nouv. éd., Amsterdam, 1744. – Programma, quo aequalem armorum atque legum studii rationem ac usum ostendit, Saint-Pétersbourg, 1748. Discours sur l'origine et les changements des lois russiennes. Lu dans l'assemblée publique de l'Académie impériale des sciences le 6 septembre 1756, par Mr Strube de Piermont, Saint-Pétersbourg, [1756]. – Lettres russiennes, Saint-Pétersbourg, Académie des sciences, 1760. – Introduction à la jurisprudence naturelle, Saint-Pétersbourg, 1767. – Catéchisme de la nature, Saint-Pétersbourg, 1774. – Dissertation sur les anciens russes, Saint-Pétersbourg, 1785.

8. Bibliographie

Petarski P., Istoria imp. Akademii naouk [Histoire de l'Académie impériale des sciences], Saint-Pétersbourg, 1.1, 1870,

p. 671-689. – Protokoly zasedani Konferentsi imp. Akademii naouk [Procès verbaux des séances de l'Académie impériale des sciences depuis sa fondation jusqu'en 1803], Saint-Pétersbourg, 1900, t. II-III. – Rousski biografltcheski slovar [Dictionnaire biographique russe], Moscou, Saint-Pétersbourg, 1896-1918. – Amburger E., Geschichte der Behördenorganisation Russlands von Peter dem Grossen bis 1917, Leyde, Brill, 1966. – (L.R.) S., Lettres russiennes, éd. C. Rosso, Pise, 1978. – (R1) Rosso C, «Un ennemi de Montesquieu en Russie : Strube de Piermont», dans Mythe de l'Egalité et rayonnement des Lumières, Pise, 1980, p. 121-144. – (R2) Id., «Ancora su di un nemico di Montesquieu in Russia», dans Pagine al vento, Rome, 1982, p. 153-168. Svodny Katalog knig na inostrannykh iazykakh izdannykh v Rossii v XVIII veky [Catalogue général des livres en langues étrangères publiés en Russie au XVIIIe siècle], Leningrad, Nauka, t. III, 1986 ; on pourra également consulter le t. IV, à paraître, consacré aux périodiques.

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