TURGOT

Auteurs

Numéro

787

Prénom

Jacques

Naissance

1727

Décès

1781

Anne Robert Jacques Turgot, né à Paris en mai 1727, porta dans sa jeunesse les noms de Sousmont puis de Bru-court ; il était le troisième enfant de Michel Etienne Turgot, prévôt des marchands de 1729 à 1740 (décédé en 1751) et de Françoise Madeleine Martineau de Brétignoles (décédée en 1764). Les Turgot étaient d'une antique et illustre noblesse normande. Leur famille compta de nombreux magistrats et plusieurs intendants aux XVIIe et XVIIIe siècles. T. appartenait à la troisième branche, celle des Turgot de Sousmont.

2. Formation

T. passa sa jeunesse à Paris ; il fit ses études au collège Duplessis, puis au collège de Bourgogne, et, à seize ans, commença sa théologie ; après un bref passage au séminaire de Saint-Sulpice, il entra en 1749 à la Maison de Sorbonne. Parmi ses condisciples : les deux Champion de Cicé, Boisgelin, de Cucé, Loménie de Brienne, Morellet, l'abbé de Veri. Ayant perdu la foi, T. renonça à l'état ecclésiastique en 1751 (O.).

3. Carrière

En 1752, T. devint substitut du procureur général au Parlement, puis conseiller à l'une des chambres des requêtes. Le 28 mai 1753, il fut nommé maître des requêtes ; la même année, en plein conflit parlementaire, il fut membre de la commission des vacations, instituée d'office par le gouvernement, et de la Chambre royale qui fut substituée au Parlement pendant son exil (déc. 1753 - août 1754) : ces fonctions lui valurent, du moins à son avis, l'hostilité durable des parlementaires. En 1755, il accompagna Vincent de Gournay, intendant du commerce, dans ses tournées. En 1760, il fit un voyage en Suisse, alla visiter Voltaire à Ferney et séjourna chez La Michodière, intendant de Lyon. Choiseul le nomma intendant de Limoges en 1761 : poste de début, peu recherché, où il resta jusqu'en 1774, passant chaque année plusieurs mois à Paris. Le 20 juillet 1774, il fut nommé secrétaire d'Etat à la Marine, avec le titre de ministre, puis le mois suivant, contrôleur général. II reçut l'ordre de démissionner le 12 mai 1776 et vécut dès lors dans la retraite (O.).

4. Situation de fortune

T. écrivait en 1762 : «Je n'ai ni terres, ni tenancier, parce que je suis né cadet dans une province où les aînés emportent tout» (O., t. II, p. 242). En 1766, il acquit la terre de Laune (Manche) pour 222 400 £.

5. Opinions

T. perdit la foi catholique, mais resta déiste. Il se montra très hostile au matérialisme d'Helvétius. Après avoir collaboré anonymement à l'Encyclopédie (t. VI et VII), il renonça à fournir des articles quand le privilège fut supprimé : il fut toujours soucieux de ne paraître attaché à aucune secte, même à celle des «économistes» dont il fut très proche, tout en rejetant leur théorie de 1'« autorité tutélaire» et du « despotisme légal » ; il était peu enclin à faire confiance aux souverains, même éclairés. II était très hostile aux parlements. T. correspondit activement avec André Morellet, qu'il protégeait et conseillait (Morellet), avec Du Pont de Nemours à partir de 1764, avec Condorcet à partir de 1770, avec son secrétaire Caillard et, épisodiquement, avec Voltaire, Diderot, Hume, l'abbé de Veri. Dans le cadre de ses fonctions, il adressa des lettres importantes à Trudaine de Montigny, à Laverdy et à l'abbé Terray (O. ; W1 ; W2).

6. Activités journalistiques

Eloge de Vincent de Gournay. Extrait dans le Mercure de France d'août 1759. – «Lettres sur les poésies erses», Journal étranger (puis dans les Variétés littéraires, 1.1, 1768, p. 219, 267). – Programme d'un concours sur l'impôt indirect envoyé à plusieurs journaux en 1765-1766 : le Mercure, le Journal de Verdun, le Journal encyclopédique, le Journal de l'agriculture, du commerce et des finances, les Ephémérides du citoyen (O., t. II, p. 430 et 516).

A partir de 1765, T. conseilla régulièrement Du Pont, secrétaire de la rédaction au Journal de l'agriculture, du commerce et des finances, puis directeur des Ephémérides du citoyen. Il s'occupa aussi de recueillir des souscriptions pour les Ephémérides (O., t. III, p. 387). Les contributions qu'il envoya au journal des économistes furent signées (C) de 1767 à 1769 : «Des caractères de la grande et de la petite culture» (extrait du Mémoire au Conseil sur la surcharge des impositions dans la généralité et sur la fraude et la petite culture, 1766), Ephémérides, 1767, t. VII, signé C (O., t. II, p. 445). – «Extrait d'un mémoire de M.C. » (Mémoire sur les mines et les carrières, 1764 ; O., t. II, p. 354), Ephémérides, 1767, t. VII, p. 32. – « Circulaire aux officiers de police des villes » (sur le commerce des grains ; O., t. II, p. 469), Ephémérides, 1768, t. VIL – Note de T. sur la corvée, insérée au milieu d'un article de Du Pont (lettre à M.N.) : Schelle (O., t. III, p. 67 et 99) n'a pu distinguer cette note du texte de l'article ; Ephémérides, 1769, t. VIII. – Réflexions sur la formation et la distribution des richesses par M.X. : écrite par T. en 1766, cette œuvre fut publiée par Du Pont avec de nombreuses modifications dans la première partie. L'auteur protesta vivement (lettres de T. à Du Pont, févr.-mars 1770). Ephémérides, 1769, t. XI et XII et 1770,1.1 (O., t. II, p. 533). – Résumé (par Du Pont) des Instructions générales par les ateliers de charité, rédigées par T. en 1770, Ephémérides, 1772, t. II, p. 195 (O., t. III, p. 229). – Préambule de la Déclaration royale approbative (sur l'abolition des contraintes solidaires), Journal historique, 13 févr. 1775 (O., t. IV, p. 338).

7. Publications diverses

7. Réflexions sur un livre intitulé : Pensées philosophiques [de Diderot] (1747). – Recherches sur les causes des progrès et de la décadence des sciences et des arts ou réflexions sur l'histoire des progrès de l'esprit humain (1748). Texte repris en partie dans deux Discours sur l'histoire universelle et sur les progrès de l'esprit humain. Remarques critiques sur les Réflexions philosophiques de Maupertuis sur l'origine des langues et la signification des mots (1750). – Tableau philosophique des progrès successifs de l'esprit humain (1750). – Lettres à un grand vicaire sur la tolérance (1753-1754). – Questions importantes sur le commerce, de Josiah Tucker, Londres, 1755 : trad. et notes par T. ; le premier travail de T. publié de son vivant. – Articles de L'Encyclopédie : «Etymologie», «Existence», «Expansibilité», «Foire», «Fondation» (1756-175 7). – Gessner S., Idylles et poèmes champêtres, trad. par M. Huber, Lyon, 1762 (T. a collaboré à la trad.). – Observations sur un projet d'édit remplaçant les vingtièmes par une imposition territoriale (1763). – Les Trente-sept vérités opposées aux trente-sept impiétés de Bélisaire, par un bachelier ubiquiste, Paris, 1767. – Réflexions rédigées à l'occasion du mémoire sur la manière dont la France et l'Espagne doivent envisager la querelle entre la Grande-Bretagne et ses colonies (daté de 1776). – Lettre à M. le docteur Price sur les constitutions américaines (Paris, 22 mars 1778).

8. Bibliographie

(O.) Œuvres de Turgot et documents le concernant, éd. G. Schelle, Paris, 1913-1923, 5 vol. – Morellet A., Lettres, éd.

D. Medlin, J.C. David et P. LeClerc, 1.1, Oxford, 1991. – (W1) Weulersse G., Le Mouvement physiocratique en France (de 175 6 à 1770), Paris, 1910. – (W2) Id., La Physiocratie à la fin du règne de Louis XV, 1770-1774, Paris, 1959. – Id., La Physiocratie de Turgot et de Necker, Paris, 1950.

STRUBE de PIERMONT

Auteurs

Numéro

758

Prénom

Frédéric

Naissance

1704

Décès

1790?

Frédéric Henri Strube de Piermont est né en 1704 dans l'état de Hanovre, peut-être à Pyrmont (Bade Pyrmont), dont il semble avoir voulu franciser le nom pour l'ajouter à son patronyme, ou à Springe ; son père, Johann Friedrich Strube, fonctionnaire dans cette dernière ville à partir de 1717, avait pour femme Katharina Hedwig Ludewig. S. épousa à Saint-Pétersbourg, le 28 mai 1739, Sybilla Franciska Duvernoi, baptisée à Tûbingen le 14 mars 1722(L.R.). Il est mort vers 1790.

2. Formation

S. parle avec un certain dédain de l'enseignement du jurisconsulte Thomasius qu'il aurait suivi à Halle, selon ce qu'il affirme dans Recherche nouvelle de l'origine [...] du droit de la nature (1740), mais son nom ne figure pas sur les registres de cette université. Il est certain en revanche qu'il a étudié à Helmstedt, en Basse-Saxe, où il a été immatriculé le 1er octobre 1725 et a soutenu une thèse le 17 mai 1727, sous la direction de Polykarp Leyser (L.R. ; R1).

3. Carrière

A partir de 1730, S. aurait servi comme secrétaire d'ambassade en Autriche, en Angleterre et en Pologne (Rousski biografitcheski slovar). Secrétaire d'Ernst Johann Biron, duc de Courlande, il l'accompagne en Russie ; son protecteur est le tout puissant favori de la tsarine Anne qui règne de 1730 à 1740. En 1738, il entre à l'Académie des sciences de Pétersbourg comme professeur de jurisprudence et de politique. De 1746 à 1749, il est secrétaire de l'Académie (Amburger). En 1754, sous Elisabeth, il est chargé avec sept autres juristes de préparer un nouveau code (ibid.), puis, en 1756, de diriger une édition française de la Gazette de Saint-Pétersbourg qui réponde aux visées de politique étrangère de l'impératrice ; peu satisfait de la situation de dépendance où il est placé, il abandonne cette fonction l'année suivante et doit quitter l'Académie (Petarski ; L.R. ; R1). De 1757à 1775, il occupe un poste au collège des Affaires étrangères. En 1771, l'Académie le désigne pour décrire les lois russes dans des articles destinés aux Suppléments de l'Encyclopédie, projet qui n'aura pas de suite (Protokoly, t. III, p. 26 ; un document relatif à cette entreprise avortée à été considéré à tort comme le plan d'une encyclopédie russe : voir G. Dulac, «L'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg et les Suppléments de l'Encyclopédie», à paraître). Promu conseiller d'Etat en 1775, il se serait retiré à cette date près de Pétersbourg, dans une propriété offerte par le comte Nikita Panine (R1).

4. Situation de fortune

S. est issu d'une famille tombée dans la gêne, sinon dans la misère à la suite de la disgrâce du père (1722 ?). Outre les fonctions qu'il occupa comme diplomate, académicien puis fonctionnaire, il eut semble-t-il plusieurs protecteurs, de Biron à Nikita Panine (L.R. ; R1).

5. Opinions

En 1733, Jean Rousset de Missy insère dans son ouvrage, Les Intérêts présents des puissances de l'Europe publié à La Haye, un essai de S., Réflexions d'un patriote allemand et impartial sur la demande de la garantie de la Pragmatique impériale, qu'il fait suivre d'une réfutation et de la réponse de S., intitulée Lettre du patriote allemand (R2). En 1756, dans un discours solennel consacré aux lois russes, S. s'en prend à Montesquieu, et dans ses Lettres russiennes publiées à Pétersbourg en 1760, il entreprend de réfuter les vues avancées sur la Russie par l'auteur de l'Esprit des lois : il critique sa définition du despotisme, qu'il juge confuse, et justifie théoriquement le pouvoir absolu et l'esclavage, avant de faire l'apologie du régime politique et social de la Russie. La future Catherine II a annoté l'ouvrage en reprochant à l'auteur d'avoir fait «l'éloge de la servitude». Elle l'écartera des travaux de la Grande Commission réunie en 1767 (L.R.).

6. Activités journalistiques

S. fut le premier rédacteur de la Gazette de Saint-Pétersbourg publiée en français par l'Académie des sciences sur l'ordre de l'impératrice Elisabeth (D.P.1 524). Il n'assura semble-t-il cette fonction qu'à contrecoeur, et seulement du 26 octobre 1756 (n° 1) au 30 juillet 175 7 : elle consistait principalement à traduire ou faire traduire des articles des gazettes allemandes et russes, à l'intention des alliés français de la Russie pendant la guerre de Sept Ans (L.R.).

7. Publications diverses

S. n'a publié qu'en français et parfois en latin (L.R. ; Svodny katalog) : Dissertation sur la raison de la guerre et le droit de bienséance, par F.H. Strube (s.I.), 1734. – Recherche nouvelle de l'origine et des fondements du droit de la nature, par F.H. Strube de Piermont ; Dissertation sur la raison de guerre et le droit de bienséance, Saint-Pétersbourg, Académie des sciences, 1740. – Ebauche des lois naturelles et du droit primitif, par F.H. Strube de Piermont, nouv. éd., Amsterdam, 1744. – Programma, quo aequalem armorum atque legum studii rationem ac usum ostendit, Saint-Pétersbourg, 1748. Discours sur l'origine et les changements des lois russiennes. Lu dans l'assemblée publique de l'Académie impériale des sciences le 6 septembre 1756, par Mr Strube de Piermont, Saint-Pétersbourg, [1756]. – Lettres russiennes, Saint-Pétersbourg, Académie des sciences, 1760. – Introduction à la jurisprudence naturelle, Saint-Pétersbourg, 1767. – Catéchisme de la nature, Saint-Pétersbourg, 1774. – Dissertation sur les anciens russes, Saint-Pétersbourg, 1785.

8. Bibliographie

Petarski P., Istoria imp. Akademii naouk [Histoire de l'Académie impériale des sciences], Saint-Pétersbourg, 1.1, 1870,

p. 671-689. – Protokoly zasedani Konferentsi imp. Akademii naouk [Procès verbaux des séances de l'Académie impériale des sciences depuis sa fondation jusqu'en 1803], Saint-Pétersbourg, 1900, t. II-III. – Rousski biografltcheski slovar [Dictionnaire biographique russe], Moscou, Saint-Pétersbourg, 1896-1918. – Amburger E., Geschichte der Behördenorganisation Russlands von Peter dem Grossen bis 1917, Leyde, Brill, 1966. – (L.R.) S., Lettres russiennes, éd. C. Rosso, Pise, 1978. – (R1) Rosso C, «Un ennemi de Montesquieu en Russie : Strube de Piermont», dans Mythe de l'Egalité et rayonnement des Lumières, Pise, 1980, p. 121-144. – (R2) Id., «Ancora su di un nemico di Montesquieu in Russia», dans Pagine al vento, Rome, 1982, p. 153-168. Svodny Katalog knig na inostrannykh iazykakh izdannykh v Rossii v XVIII veky [Catalogue général des livres en langues étrangères publiés en Russie au XVIIIe siècle], Leningrad, Nauka, t. III, 1986 ; on pourra également consulter le t. IV, à paraître, consacré aux périodiques.

QUESNAY

Auteurs

Numéro

661

Prénom

François

Naissance

1694

Décès

1774

François Quesnay est né le 4 juin 1694 à Méré près de Montfort-l'Amaury. Il était le huitième enfant de Nicolas Quesnay et Louise Giroux, tous deux d'ascendance paysanne. Nicolas Quesnay, laboureur aisé, fut pendant quelques années receveur de l'abbaye de Saint-Magloire. Il mourut le 19 juin 1707 et Louise Giroux le 18 octobre 1730 (H).Q. épousa Jeanne Catherine Dauphin, fille d'un marchand épicier, le 30 janvier 1717 à Paris. De leurs quatre enfants, seuls vécurent le premier, Biaise Guillaume (1717-179 7) et le troisième, Marie Jeanne Nicole (1723-1761). Leur mère mourut en 1728.

2. Formation

Ses parents ne s'occupant guère de son éducation, Q. déploya beaucoup d'énergie pour s'instruire : il apprit le latin et le grec et vers 1711 il s'initia à la chirurgie auprès d'un praticien d'Ecquevilly. Le I e r octobre 1711 il entra en apprentissage pour cinq ans chez Pierre de Rochefort, graveur du roi pour l'Académie des sciences. Il s'inscrivit aux cours de la faculté de médecine et aux cours de chirurgie de Saint-Côme. Après avoir exercé quelque temps la chirurgie à Orgerus, près de Montfort, il fut reçu maître chirurgien à Paris en 1718 (H).

3. Carrière

Q. s'installa comme maître chirurgien à Mantes en 1718 et reçut le titre de chirurgien royal en 1723. Il acquit progressivement une clientèle dans la bourgeoisie puis l'aristocratie de la région. Il collabora avec le chirurgien René Croissant de Garengeot qui le mit en rapport avec La Peyronie, premier chirurgien du roi. En 1734, le duc de Villeroy le prit à son service et l'installa dans son hôtel de la rue de Varennes. Présenté par le duc, Q. devient membre de l'académie de Lyon en 1734. La protection de La Peyronie facilita son ascension, et lui valut en particulier d'être nommé secrétaire de l'Académie de chirurgie en 1739. En 1744 Q. suivit le duc de Villeroy au cours de la campagne des Flandres et se fit recevoir médecin par la faculté de Pont-à-Mousson (Schelle). Au printemps 1749 il s'installa à Versailles comme médecin de Mme de Pompadour et devint médecin consultant du roi. Il acheta ensuite la survivance de la charge de premier médecin ordinaire du roi qui lui revint en 1755. Il devint membre de l'Académie des sciences en 1751 et membre de la Royal Society de Londres l'année suivante. Le roi lui remit ses lettres de noblesse en 1752 (Schelle).

4. Situation de fortune

Lors de son mariage Q. reçut de sa mère 3000 £ et sa femme lui apporta une somme égale. En 1731 il retira 164 £ de rente foncière de la succession de sa mère. A partir de 1739, une charge de commissaire des Guerres lui valut 900 £ d'appointements. La Peyronie, qui mourut en 1747, lui ménagea des avantages considérables par testament. Comme médecin de Mme de Pompadour, Q. recevait 3000 £ et était défrayé de tout. A partir de 1759, il toucha 9000 £ comme médecin consultant du roi. Le roi lui donna une pension de 1000 écus et Mme de Pompadour lui en laissa une de 4000 £ par testament. Ses revenus annuels étaient de 20 000£ environ et sa succession s'éleva à 250 000 £ (H).

5. Opinions

En 1727-1730, une polémique avec J.B. Silva, médecin de la Cour, à propos de la saignée, contribua à faire connaître

Q. A partir de 1736, il joua un rôle important dans la querelle des médecins et des chirurgiens : il polémiqua en particulier avec les médecins Maloet, Astruc et Procope, avec l'appui de l'abbé Desfontaines. Dans sa préface au premier volume des Mémoires de l'Académie de chirurgie (1743), il montrait la nécessité pour le chirurgien d'unir la théorie à la pratique, ce qui supposait qu'il échappât à la situation humiliée qui lui était faite. Q. fut probablement franc-maçon comme son protecteur et ami le duc de Villeroy. Les contemporains lui reconnaissaient généralement un esprit religieux mais il était hostile à l'intolérance et redoutait l'influence des jésuites et des dévots (Schelle). Dans les années 1750, Q. était lié avec d'Alembert, Buffon, Diderot, Duclos, Helvétius et Condillac qui fréquentaient son entresol. Ses premières contributions à l'Encyclopédie parurent dans le t. VI (janv. 1756), mais il cessa de collaborer en 1757. Les relations de Q. avec le marquis de Mirabeau commencèrent en juillet 1757. Gournay, Turgot, Le Mercier de La Rivière et les physiocrates firent également sa connaissance vers cette époque. En 1758 il correspondit avec Véron de Forbonnais (F.Q., t. I) et le diplomate P.M. Hennin qui lui fournissait des notes sur les pays étrangers (H). En 1763 l'école de Q. se renforça de l'adhésion de Court de Gébelin et de Du Pont. Dès 1767, Q. avait la sympathie du nouveau Dauphin. A partir de 1768, son école fut violemment attaquée en particulier par Mably, Linguet, Grimm et Galiani (Wi ; W2). Franklin lui rendit visite pour la première fois à la fin de septembre ou au début d'octobre 1767 (The Papers of Benjamin Franklin).

6. Activités journalistiques

Voir F.Q., t. I et Economie et population.

a) Articles écrits pour défendre les droits des chirurgiens : «Réfutations de la thèse de M. Maloet, Docteur en médecine, par un chirurgien», Observations sur les écrits modernes, t. V, lettre LXV, 1736, p. 97-112. – «Réponse d'un chirurgien à la lettre [de Procope] insérée dans le Mercure de France du mois d'août dernier et adressée aux auteurs des Observations sur les écrits modernes», Mercure de France, oct. 1736, p. 22412262.

b) Dans le Journal de l'agriculture, du commerce et des finances, Paris, Knapen, in-12, deux articles publiés en septembre et novembre 1765 ; douze publiés en 1766, tous anonymes, ou signés M. Nisaque, M.H., N.M. c) Ephémérides du Citoyen ou Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques, Paris, Delalain et Lacombe, in-12 : articles et œuvres (en particulier Despotisme de la Chine) publiés de janvier 1767à juillet 1768, généralement signés

M. Alpha ou M.A. d) Dans les Nouvelles Ephémérides économiques ou Bibliothèque raisonnée de l'histoire, de la morale et de la politique, 1er part., p. 1-17, Paris, Didot, déc. 1774, in-12 : «Maximes générales du gouvernement économique d'un royaume agricole», parM. Quesnay (W1 ; W2).

7. Publications diverses

Œuvres diverses (voir la liste complète dans F.Q.) : Essai physique sur l'œconomïe animale, Paris, Guillaume Cavelier, 1736, in-12 (2e éd. augmentée en 1747). – Articles écrits pour l'Encyclopédie : «Evidence (Métaphysique)» (anonyme),

t. VI (1756) ; «Fermiers (Economie politique)» (signé M. Quesnay, le fils), t. VI (1756) ; «Grains (Economie politique)» (signé M. Quesnay, le fils), t. VII (1757) ; «Hommes», publié par Etienne Bauer dans Revue d'histoire des doctrines économiques et sociales, 1908, n° 1, p. 3-38, Paris, P. Geuthner, in-8° ; «Impôt», publié avec des notes de Turgot par G. Schelle dans Revue d'histoire des doctrines économiques et sociales, 1908, n° 1, p. 137-186, Paris, P. Geuthner, 1908, in-8°. – Tableau économique suivi de l'Extrait des économies royales de M. de Sully, Versailles, 1759, in-40 (la 1er éd., perdue, est de 1758). – Despotisme de la Chine, par M.A. (publié dans les Ephémérides de 1767). – Physiocratie ou constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain, Pékin et Paris, Merlin, 1767, in-8° (recueil publié par Du Pont). – Discussion et développement sur quelques-unes des notions de l'économie politique, pour servir de suite au recueil intitulé : Physiocratie (t. II), Pékin et Paris, Merlin, 1767, in-8°. –Les Œuvres économiques de Q. ont été rééditées sous le titre François Quesnay et la physiocratie, t. II.

8. Bibliographie

Schelle G., Le Docteur Quesnay, Paris, Félix Alcan, 1907. – (W1) Weulersse G., Le Mouvement physiocratique en France de 1756 à 1770, Paris, F. Alcan, 1910, 2 vol. in-8°. – (W2) Id., La Physiocratie à la fin du règne de Louis XV {1770-1774), Paris, 1954. – Economie et population : les doctrines françaises avant 1800, bibliographie générale commentée, Paris, 1956. – (F.Q.), François Quesnay et la physiocratie, Paris, I.N.E.D., 1958 ; en particulier t. I : (H) Hecht J., «La Vie de François Quesnay», p. 211-294. ; «Tableau chronologique des œuvres de François Quesnay » ; « Principaux ouvrages et articles biographiques, médicaux et économiques relatifs à François Quesnay, liste bibliographique commentée par J. Hecht». – Papers of Benjamin Franklin, éd. W. Willcox et al., New Haven, Londres, 1960-, t. XV, etc.

DUPONT DE NEMOURS

Auteurs

Numéro

278

Prénom

Pierre

Naissance

1739

Décès

1817

Pierre Samuel Dupont, né à Paris le 18 décembre 1739 (S), ajouta à son nom la mention «de Nemours» à partir de 1789. Son père Samuel Dupont, horloger, était issu d'une famille calviniste de Rouen ; sa mère, Anne Alexandrine de Montchanin, protestante également, appartenait à une famille noble mais sans fortune, apparentée à celle du marquis de Jaucourt-Epenilles chez qui elle fut élevée (J).

2. Formation

Son éducation, très soignée, dut beaucoup à sa mère (L'Enfance). Amateur de belles-lettres, le jeune D. reçut aussi une formation mathématique et se prépara à une carrière d'ingénieur militaire. A dix-sept ans, brouillé avec son père, il mène une vie difficile, envisage de devenir médecin puis écrit deux tragédies. Il a vingt ans quand il présente à Choiseul un mémoire sur l'agriculture et le commerce ; admis aux audiences privées du ministre, il reste néanmoins sans situation (S).

3. Carrière

En 1763, D. publie une brochure intitulée Réflexions sur l'écrit intitulé : Richesse de l'Etat, qui attire l'attention des Economistes ; admis dans l'entourage de Quesnay, il s'éloigne de Choiseul. Le chevalier Méliand, intendant de Soissons, le prend comme secrétaire ; il devient membre de la Société d'agriculture de la ville. Le ministère le charge de dresser la statistique de la province (S) et il participe avec les Trudaine et Turgot à la préparation de l'édit de 1764 sur la liberté du commerce extérieur des blés (T). Dès lors, et jusqu'à la Révolution, il collaborera avec les différents contrôleurs généraux, sauf Terray et Clugny (Dermigny). En 1773 le margrave de Bade lui donne le titre de conseiller aulique et l'appelle à Karlsruhe (oct.-déc. 1773) (T). L'année suivante, D. part pour Varsovie où il doit diriger l'éducation des enfants du prince Czartoryski, beau-frère de Poniatowski. Celui-ci le nomme secrétaire du Conseil de l'instruction publique. Peu après D. rentre en France à la demande de Turgot : il est nommé inspecteur général des manufactures (20 sept. 1774) et devient le proche collaborateur du contrôleur général (J ; S). Disgracié en même temps que Turgot, D. participe cependant à la préparation du traité d'amitié et de commerce avec les Etats-Unis (1778) (C) et à celle de la nouvelle réglementation des manufactures (1779). Necker le charge également de la révision des états de la balance du commerce. Devenu le collaborateur intime de Vergennes, il intervient dans la préparation des traités de commerce avec l'Angleterre (1786) et la Russie. Il fait partie, avec Lavoisier, du comité consultatif de l'agriculture constitué en 1785. Calonne le fait nommer conseiller d'Etat et il joue un rôle important comme secrétaire de l'Assemblée des notables (1787) (S). Elu député du tiers de Nemours en 1789, il est président de l'Assemblée en 1790. Il doit se cacher après le 10 août 1792. Arrêté peu avant le 9 thermidor, il est assez rapidement libéré. Il entre à l'Institut lors de sa fondation (J). En 1795, il est élu député du Loiret au Conseil des Anciens. Après le coup d'Etat du 18 fructidor, il est emprisonné quelque temps comme suspect de royalisme (sept. 1797). Il part pour les Etats-Unis en septembre 1799 (C). De retour en France en 1802, il joue un rôle de négociateur officieux à propos de la cession de la Louisiane (C). En 1803, il est élu à la Chambre de commerce de Paris (J). Secrétaire du gouvernement provisoire en 1814, il rentre au Conseil d'Etat sous la première Restauration. Il repart pour les Etats-Unis pendant les Cent-Jours.

4. Situation de fortune

D. reçut des traitements élevés pour ses fonctions administratives. De mai à décembre 1768, il rédigea les Ephémérides du citoyen pour le compte de l'abbé Baudeau, à raison de 50 écus par mois (S, p. 103). En 1774, D. reçut 30 000 £ du prince Czartoryski, avec lesquelles il acheta une propriété à Chevannes, dans le baillage de Nemours. Turgot lui fit avancer de quoi rembourser cette somme quand D. rentra en France, à sa demande. De son père il hérita des intérêts chez les armateurs Heutte et fils (Dermigny). En 1788, le cumul de ses diverses fonctions administratives lui assurait 30 000 £ par an (S, p. 296). Après la dissolution de la Constituante il fonda une imprimerie avec le concours financier de son ami Lavoisier et ouvrit une librairie. Cette activité fut peu lucrative. Sous le Directoire, il déclara que sa fortune était réduite à 1000 écus de rente. De 1797 à 1799 il réunit des fonds, en particulier dans l'entourage de Mme de Staël, pour fonder une société par actions aux Etats-Unis. La société de négoce et de banque qu'il créa avec ses fils ne réussit pas, tandis que leur poudrerie de Wellington se développa lentement (Dermigny). Après son retour à Paris en 1802, D. exerça une activité de négoce, sans grand succès. En outre, de 1807 à 1814, il toucha 2400 francs d'appointements annuels comme sous-bibliothécaire de l'Arsenal, sans en assurer les fonctions (J).

5. Opinions

D. fut un des membres les plus actifs de l'école de Quesnay. A partir de 1764, il correspond régulièrement avec Turgot qui l'aide dans son travail de journaliste (T). En 1766 D. refuse d'attaquer La Chalotais et le Parlement de Bretagne. Vers 1767 il est lié avec Diderot et c'est peut-être sur ses conseils qu'il écrit Origines et progrès d'une science nouvelle. Il ne peut rencontrer Franklin quand celui-ci fait la connaissance de Quesnay (automne 1767) ; il lui adresse une première lettre le 10 mai 1768 et lui envoie des publications physiocratiques ; Franklin lui répondra en juillet et ils correspondent à d'assez longs intervalles (The Papers of Benjamin Franklin, t. XV, etc.). A l'automne 1768, D. passe quelques jours à Ferney (Voltaire). Voltaire, qui est abonné aux Ephémérides, le félicitera de son action (Voltaire, 7 juin 1769). En 1769, D. participe à la campagne dirigée contre la Compagnie des Indes, puis, dans les années suivantes, à la polémique sur les blés. Après la suppression des Ephémérides en 1772, Gustave III de Suède et le margrave de Bade demandent à D. de leur adresser une correspondance régulière. Il correspondra avec Jefferson après l'avoir connu à Paris vers 1787 (C). Auprès de Vergennes, D. continue à plaider pour la liberté du commerce. Après l'échec de l'Assemblée des notables, il se montre partisan d'un système de gouvernement inspiré de la constitution américaine, par opposition à tout système représentatif à l'anglaise. A la Constituante, il est un des chefs de la fraction modérée avec Sieyès, Talleyrand et La Fayette. Sous la Législative, il mène campagne contre les Jacobins et le 10 août 1792, il prend les armes pour protéger le roi. Son plan d'éducation publique pour les Etats-Unis, rédigé en 1800 à la demande de Jefferson, prévoit l'obligation, la gratuité (pour les pauvres) et la liberté de l'enseignement (J). L'hostilité de D. à Napoléon resta dissimulée. Son appartenance à la franc-maçonnerie n'est pas prouvée (J).

6. Activités journalistiques

Voir dans S la liste des articles de D.

1764-1766 : articles dans la Gazette du commerce.

Septembre 1765 - novembre 1766 : Journal de l'agriculture, du commerce et des finances, Paris, Knapen, in-12 (D.P. 1 650). D. en fut le rédacteur en chef pendant cette période, sous le contrôle souvent gênant de l'administration. Il est l'auteur des articles signés K (T. t. II, p. 509). Cromot et Mesnard, propriétaires du journal lui en retirèrent la direction quand il refusa de se prononcer contre le Parlement de Bretagne (S).

1767-1772 : Ephémérides du Citoyen ou Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques, Paris, Lacombe, 66 vol. in-12 (D.P.1 377). D. publia des articles dans le t. V de 1767 et les t. II et III en 1768. A partir de mai 1768 (t. VI), il eut la direction effective du journal. Elle devint officielle en janvier 1769. Les articles signés (H) ou «l'auteur des Ephémérides» sont certainement de D. D'autres sont d'attribution douteuse. Sous sa direction le tirage s'éleva à 500 exemplaires (S, p. 124). Les Ephémérides furent supprimées en novembre 1772 (le t. III de 1772 est le dernier). D. n'eut aucune part aux Nouvelles Ephémérides fondées par Baudeau.

Après 1789 D. donna des articles au Journal de la Société de 1789 (en juin et juil. 1790), à la Correspondance patriotique entre les citoyens qui ont été membres de l'Assemblée Constituante, dont il était l'imprimeur (nombreux articles dans les cinq premiers vol., du 9 oct. 1791 au 1er juin 1792), à L'Historien (1796-1797), dirigé et imprimé par lui, et à de nombreux autres journaux.

7. Publications diverses

Bibliographie des œuvres de D. dans S. On peut retenir surtout : De l'Origine et des progrès d'une science nouvelle, Londres et Paris, Desaint, 1768 (paru en déc. 1767). – Table raisonnée des principes d'économie politique, Karlsruhe, Michel Maklot, 1775 (c'est un grand tableau synoptique). Mémoires sur la vie et les ouvrages de M. Turgot, Philadelphie et Paris, Barois l'aîné, 1782, 2 vol. in-8°. – Philosophie de l'Univers, Paris, Du Pont, 1796, in-8°. – Sur l'éducation nationale dans les Etats-Unis d'Amérique, Philadelphie, 1800, in-8°.

8. Bibliographie

(S) Schelle G., Du Pont de Nemours et l'école physiocratique, Paris, 1888 (source principale de la présente notice). – Cari Friedrich von Baden, Brieflicher Verkehr mit Mirabeau und Dupont de Nemours, éd. Carl Knies, Heidelberg, 1892, 2 vol. – Du Pont P.S., L'Enfance et la jeunesse de Du Pont de Nemours racontée par lui-même, Paris, 1906. – (C) The Correspondence of Jefferson and Du Pont de Nemours, éd. G. Chinard, Londres, 1931. – (J) Jolly P., Du Pont de Nemours soldat de la liberté, Paris, 1956. – Dermigny L., «Aux origines de Du Pont de Nemours », Revue d'histoire des colonies, t. XLIV, 1957, 258-310 (n° 156-157). – (T) Turgot A.R., Œuvres, éd. G. Schelle, Paris, Alcan, 1913-1923. – The Papers of Benjamin Franklin, éd. W. Willcox et al, New Haven, Londres, i960-, t. XV, XVI, XXIII, etc. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman.

CLERC

Auteurs

Numéro

181

Prénom

Nicolas

Naissance

1726

Décès

1798

Nicolas Gabriel Clerc prit le nom de Leclerc après avoir reçu des lettres de noblesse, probablement vers 1778 ; il était né à Baumes-les-Dames le 6 octobre 1726. Issu d'une famille de médecin, il était parent de l'abbé Coyer (Abrégé des études, p. 2); il mourut à Versailles le 30 décembre 1798.

3. Carrière

C. fut médecin à l’armée du Bas-Rhin, puis premier médecin des armées du roi en 1757 (B.Un.). En 1759, il suivit l’hetman des cosaques Kyrill Razoumovski et séjourna en particulier en Ukraine (voir Medicus veri amator, publié à Moscou en 1764). D’après un mémoire autographe de 1772 (C.P.R. 90, f° 391), il exerça la médecine six ans en Russie, puis voyagea pendant trois ans en Europe avec l’hetman avant de rentrer en France (B.Un. situe ce retour en 1762, à tort semble-t-il). Nommé médecin du duc d’Orléans, il exerça quelque temps à Villers-Cotterêts puis quitta à nouveau la France pour la Russie en 1769. En 1772, il était médecin du grand-duc Paul et du Corps des Cadets, «conseiller, professeur, membre de l’Académie des sciences et de celle des arts établies dans l’Empire» (C.P.R. 90). Il porta également le titre d’inspecteur de l’hôpital Saint-Paul à Moscou. En 1772, à la demande de l’ambassadeur de France, il aurait contribué à détourner Catherine II d’attaquer le roi de Suède Gustave III (B.Un.), mais c’est là, sans doute, lui prêter une importance politique qu’il n’a jamais eue. D’autre part, C. fournissait à l’ambassade des informations sur la société et l’économie russes. Il rentra en France en août 1775 (Atlas du commerce, p. 94 et C.P.R. 98, f° 424) et s’installa à Baumes-les-Dames d’où il continua à envoyer au ministère des renseignements sur la Russie et la politique de Catherine II (C.P.R. 98). En 1778, il fut nommé président de l’éphémère commission pour la réforme des hôpitaux avec le titre d’inspecteur général. Il vécut ensuite à Versailles jusqu’à sa mort. Il avait reçu le cordon de Saint-Michel et était membre des académies de Besançon, de Rouen et de Saint-Pétersbourg.

4. Situation de fortune

C. déclare avoir quitté la France (en 1769 ?) parce que le discrédit de certains effets royaux avait diminué sa fortune de moitié (C.P.R. 90). En 1772, il jouissait de 20 000 £ d'appointements en qualité de médecin du grand-duc et de 5000 £ de pension, comme fondateur de l'hôpital Saint-Paul de Moscou. A cette date, il faisait passer 10 à 12 000 £ en France chaque année (ibid.). Par la suite, il reçut de la Cour de France une pension de 6000 £ qu'il perdit sous la Révolution (B.Un.).

5. Opinions

C. était un partisan enthousiaste des idées physiocrati-ques. Il insista à plusieurs reprises sur la nécessité d'une éducation nationale. Dans ses mémoires et dans ses lettres à Vergennes, comme plus tard dans son Histoire de la Russie, il met en valeur les conséquences néfastes du despotisme et du servage sous Catherine II. A la demande de l'impératrice, Ivan Boltine répondit à ses critiques dans un ouvrage publié en russe en 1788. C. fut protégé par de Boynes à partir de 1757. Il correspondit avec M.M. Rey (1771-1772), avec Diderot (à partir de 1774), avec Vergennes (à partir de 1775). Il fut en relation étroite avec l'ambassadeur Durand de Distorff (Atlas, p. 94).

6. Activités journalistiques

La Boussole de Terre, «ouvrage périodique dédié à la noblesse russienne par M. Clerc», n° 1, Saint-Pétersbourg, 1770, 38 p. (développe des vues philosophiques et physiocratiques; voir D.P.1 177).

«Lettre à M. Du Pont [...]. De Saint-Pétersbourg, le Ier octobre 1771», dans les Ephémérides du Citoyen, 1772, t. I, p. 202-249 (attribution d'après Betski, Plans et Statuts, 1775, p. 22).

« Mémoire sur une manière particulière de construire dans l'eau» : le mémoire manuscrit inséré dans C.P.R. 93, f° 395-396 et «adressé à M. Rousseau, auteur du Journal encyclopédique» a peut-être été publié, ainsi que d'autres textes de C, dans ce périodique que Catherine II lisait assidûment (d'après C.P.R. 90, 22 déc. 1772).

7. Publications diverses

Mémoire sur la goutte, 1750 [1751], in-12. – Problème donné par l'Académie de Besançon : Le seul amour du devoir peut- il produire d'aussi grands effets que le désir de la gloire ? Dijon, 1756, in-12. – Dissertatio de hydrophobia, 1760, in-4°. – Le Vœu des nations ou le plan du bonheur réciproque, Saint- Pétersbourg, 1760. – Medicus veri amator ad apollineae artis alumnos, Moscou, 1764, in-8°. – Moyen de prévenir la contagion, et d'y remédier, imprimé à Moscou avec l'Histoire des maladies épidémiques qui ont régné en Ukraine en 1760. – Essai sur les maladies contagieuses du bétail, avec les moyens de les prévenir et d'y remédier efficacement, Paris, 1766, in-12. Histoire naturelle de l'homme, considéré dans l'état de maladie ou la Médecine rappelée à sa première simplicité, Paris, 1767, 2 vol. in-8°. – Yu le Grand et Confucius, histoire chinoise, Soissons, 1769, in-4°. – De la contagion, de sa nature, de ses effets, de ses progrès, et des moyens les plus sûrs pour la prévenir et pour y remédier, Saint-Pétersbourg, 1771, in-8°. – Discours prononcé devant le conseil du corps impérial des cadets, Saint- Pétersbourg, 1772. – Réflexions philosophiques sur l'éducation, Saint-Pétersbourg, 1772, in-8°. – L'Art de débuter dans le monde avec succès, dédié à messieurs les cadets du cinquième âge, 1774, in-8°, trad. en russe. – Les Plans et Statuts de différents établissements ordonnés par l'impératrice Catherine II, pour l'éducation de la jeunesse de son royaume (trad. du russe de Betski), Amsterdam, 1775, in-4°, ou 2 vol. in-12, avec une longue préface de C. revue par Diderot. – Education morale et physique des deux sexes, pour les rendre aussi utiles aux autres qu'à eux-mêmes, trad. du russe en français, Besançon, 1777, 2 part., in-4°, avec fig. – La Boussole morale et politique des hommes et des empires, Boston [Neufchâtel, 1779], in-8°. Histoire de la Russie ancienne et moderne, Paris, 1783-1794, 6 vol. in-4°, fig. et atlas in-folio. – Portrait de Henri IV, Paris, 1783, in-8°. – Atlas du commerce, Paris, 1786, in-4°. On trouve à la suite un Examen impartial de la critique des cartes (publiées par C.) de la mer Baltique et du golfe de Finlande. Abrégé des études de l'homme fait, en faveur de l'homme à former, Paris, 1789, 2 vol. in-8°. – Les Maladies du cœur et de l'esprit, Paris, 1793, in-8°. – Le Patriotisme du cœur et de l'esprit, Paris, 1795, in-8°. – Traité des maladies morales qui ont affecté la nation française, Paris, 1798. – O temps, ô mœurs (trad, datant de 1772 d'une comédie publiée en russe par Catherine II) dans : Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français, t. V, Paris, 1827.

8. Bibliographie

B.Un.; N.B.G. A.A.E., CP. Russie (C.P.R.), vol. 90, 93, 94, 48, 108 ; série Mémoires et documents, Russie. – Œuvres de C. (B.N. ; Bibliothèque de l'Etat russe, ex-Lénine, Moscou). – Dulac G., «Diderot éditeur des Plans et Statuts des établis­sements de Catherine», D.H.S., n° 16, 1984, p. 323-344.

BAUDEAU

Auteurs

Numéro

041

Prénom

Nicolas

Naissance

1730

Décès

1792?

Nicolas Baudeau est né à Amboise le 25 avril 1730 (D.B.F.) ; il était issu d'une famille de paysans pauvres (S) ; il s'est suicidé à Paris, probablement en 1792.

2. Formation

On ne sait rien de la jeunesse et de la formation de B., mais il a dû faire des études de théologie.

3. Carrière

Chanoine régulier de l'abbaye de Chancelade où il enseignait la théologie, B. aurait été appelé à Paris par l'archevêque Christophe de Beaumont (D) à une date non précisée, mais sans doute antérieure à 1760. Cette année-là, il présente trois mémoires sur les finances au contrôleur général Bertin (W.1, t. I, p. 103-104). Il fonde les Ephémérides du citoyen à la fin de 1765. Début 1768, le prince Ignace Massalski, évêque de Vilno, qui a apprécié ce qu'il a écrit sur la Pologne (notamment dans une suite d'articles sur l'éducation nationale, en 1765-1766), l'invite à le suivre dans son diocèse de Lituanie et le nomme prévôt mitré de Widzniszki (M.S., t. III, 25 fév. 1768). Cependant son départ est retardé par les troubles que connaît le pays et il est question que Choiseul lui fasse attribuer un bénéfice important ou une pension qui lui permettraient de rester en France (M.S., t. IV, 30 juin 1768). Il part finalement en octobre et effectue un premier séjour en Pologne de novembre 1768 à février 1769 : après avoir débarqué à Dantzig, il se rend en Lituanie puis à Varsovie (janvier 1769). Il gagne ensuite Saint-Pétersbourg (début mars) mais il est expulsé brusquement de Russie en juillet. Il effectue alors un second séjour en Pologne (juillet-août 1769), se rend à Dantzig, rencontre de nouveau Massalski, en Prusse, et s'embarque fin août pour la France (M). Le 18 septembre, Turgot apprend de Dupont son retour (T). Mécontent des projets élaborés par B. pour régler la question polonaise, Choiseul l'aurait alors exilé en province (M). B. est alors prieur commandataire des Augustins de Saint-Lô (F.L. 1769). En octobre 1770, Turgot signale son passage à Limoges, en compagnie du marquis de Mirabeau (T., t. III, p. 389). En septembre 1776, après la suppression des Nouvelles Ephémérides où il a notamment critiqué les expédients financiers utilisés par le pouvoir royal pendant la guerre de Sept Ans, il est exilé quelque temps à Riom (W2, p. 37-38). B. est un des fondateurs de la Société libre d'émulation de Paris (1776) et membre de l'Académie de Bordeaux (D).

4. Situation de fortune

Le bénéfice attribué à B. par l'évêque de Wilno aurait été d'environ 25 000 £. De mai à décembre 1768, il pouvait verser 50 écus par mois à Dupont pour la rédaction des Ephémérides, mais mal géré, le journal était alors très endetté.

5. Opinions

Jusqu'en 1766, B. est un mercantiliste modéré et libéral, qui développe également des idées populationnistes. Son «humanisme» (c'est le mot qu'il emploie), le conduit notamment à demander une éducation nationale pour tous et à combattre l'esclavage des nègres. La critique de ses idées économiques formulée par Le Trosne dans une lettre publiée par le Journal de l'agriculture (mars 1766), la discussion qui s'ensuit, notamment avec Du Pont, l'amènent à se rallier aux thèses physiocratiques au cours de cette même année. En 1766 également, il se prononce en faveur du programme de «civilisation» de la Russie annoncé par Catherine II. A cette époque, il est probablement en relation avec le prince Dimitri Alekseevitch Golitsyn, ministre plénipotentiaire de Russie, et peut-être avec Diderot (G). En 1767, il participe aux mardis économiques du marquis de Mirabeau, rue de Vaugirard. Il est également reçu, avec les autres «économistes», chez la duchesse de La Rochefoucauld d'Anville (W2, t. I, p. 135-136). Dès cette époque, il polémique volontiers contre Forbonnais, contre Graslin, mais il lui arrive de risquer des vues peu orthodoxes que rectifie Dupont (par exemple sur l'impôt et les rentes, W1, t. I, p. 159). Il s'attache surtout à défendre la liberté du commerce des grains établie par les édits de 1763 et 1764, et dénonce l'attitude de certains officiers de police en ce domaine. Ce faisant, il appuie la position des contrôleurs généraux libéraux, Laverdy puis Maynon d'Invau, mais il est particulièrement visé par les accusations formulées au Parlement contre les économistes par le président Le Pelletier de Saint-Fargeau (novembre 1768 ; W1, t. I, p. 183). A son retour de Pologne, il se montre hostile à l'expansionnisme russe et plaide pour les libertés polonaises. Mais il consacre l'essentiel de ses efforts à défendre les idées physiocratiques contre Linguet, Béardé de l'Abbaye et Galiani (1770). Dès le début du ministère de Turgot, il déploie une grande activité en faveur de la politique de réformes, notamment à propos de la liberté du commerce intérieur des blés, du projet de supprimer les corvées, etc. Voltaire, à qui il envoie les Nouvelles Ephémérides, lui adresse en mars ou avril 1775 une lettre qui est publiée en mai dans le Mercure (D19396). Il critique l'Eloge de Colbert, de Necker, et son ouvrage sur le commerce des grains (1775). Cependant son zèle indiscret gêne le contrôleur général qui l'écarte de son entourage. Selon Dupont, il s'en venge en remettant à Maurepas des mémoires contre lui au cours des derniers mois de son ministère (correspondance adressée par Dupont au prince Carl Ludwig von Baden, 15 janv. et 1er fév. 1783, K, t. II, p. 355 et 370). Les financiers de la Caisse de Poissy pour le commerce des viandes, abolie par Turgot, l'attaquent en réparation d'honneur parce qu'il les a taxés d'usure : bien qu'ils soient représentés par le célèbre avocat Gerbier, B. triomphe à son procès (M.S., t. IX, p. 188, 19 juillet 1776). Il s'attire au même moment la haine des fournisseurs des armées accusés de vol dans les Nouvelles Ephémérides. Après la chute de Turgot, l'école physiocratique se disloque mais B. reste fidèle aux idées de Quesnay. Il conserve un goût très vif pour les polémiques : il s'en prend à Bailly, en 1777, à propos des connaissances astronomiques des druides, puis en 1783, à propos de ses Lettres sur l'Atlantide ; à Linguet (1779-1780) et Mallet du Pan (1786, 1788) à propos des doctrines économiques. Ses Principes économiques de Louis XII (1785) sont un pamphlet contre Necker.

6. Activités journalistiques

B.H.C le nomme parmi les auteurs du Journal oeconomique d'Antoine Boudet (1751-1772) mais nous n'avons pu trouver trace de sa collaboration.

En novembre 1765, B. fonde les Ephémérides du citoyen ou Chroniques de l'esprit national dont il est le seul ou le principal rédacteur. Les premiers volumes (1765-1766) contiennent notamment des articles non signés sur «la dépopulation [des] campagnes» (t. I et III), «l'éducation nationale» (l'instruction des paysans, 1766, t. III ; l'éducation des filles, t. IV) ; le développement de la Russie («Du monde politique», 1766, t. II, III, VI) ; les colonies françaises d'Amérique (1766, t. III et V) ; l'esclavage des noirs (1766, t. VI) ; le luxe et le commerce (1766, t. III, IV, VI, etc.). A partir de janvier 1767, le sous-titre du journal devient Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques et B. accueille des contributions de Quesnay et de ses disciples. Lui-même continue à fournir de nombreux articles signés L. ou L.B., notamment sur «la grande culture» (1767, t. I), la liberté du commerce des grains (1767, t. II et 1768, t. I, II, IV, etc.), l'affranchissement des serfs au Danemark, (1768, t. I). Il y publie son Explication du Tableau économique à Mme de ** (1767, t. XI-XII, etc.) : voir dans E. et P. la liste de ses principaux articles. En mai 1768, B. cède la direction du journal à Du Pont mais en conserve le privilège jusqu'au 1er janvier 1769. Il fournit de nombreuses contributions, notamment sur la question des blés, jusqu'à son départ pour la Pologne (oct. 1768), et reprend sa collaboration à son retour : Turgot presse Du Pont de la mettre à profit pour rattraper son retard, qui est alors de plusieurs mois (T., t. III, p. 68, 397). Les Ephémérides publient notamment ses Lettres à l'abbé G[aliani] sur ses dialogues anti-économistes (1769, t. XII, paru en mars 1770), une réfutation d'un ouvrage de Béardé de l'Abbaye (1720, t. VII), des Avis économiques aux Polonais (1770, t. XI ; 1771, t. I).

En décembre 1774, B. publie un volume «pour annonce» des Nouvelles éphémérides économiques dont la publication se poursuivra jusqu'en mai 1776. Il fournit l'essentiel de la rédaction et lui donne un tour souvent polémique (Eclaircissements demandés à M.N. [Necker] sur ses principes économiques, 1775, t. V, également publiés à part ; Observations économiques à M. L'abbé Condillac, 1776, t. IV et V).

En 1788, sous le ministère de Loménie de Brienne, B. relance les Nouvelles éphémérides économiques : il y publie souvent des morceaux anciens, de Quesnay ou de lui-même. Le journal cesse immédiatement quand il devient fou, en juillet 1778 (W3, qui mentionne les principaux textes publiés).

B. a également collaboré au Mercure de France, à partir de sa reprise par Panckoucke (juin 1778) : l'Avertissement placé en tête de cette nouvelle série indique qu'il fournira les articles d'économie politique. Il s'agit de comptes rendus signés, généralement de plusieurs pages, qui sont publiés de loin en loin. Par exemple : Charles Whitworth, Commerce de la Grande-Bretagne (15 juillet 1778) ; Fresnais de Beaumont, Essai pour concilier les avantages de l'exportation des grains avec la subsistance facile (25 novembre 1778) ; Parmentier, Traité de la châtaigne (juillet 1780) ; Réflexion sur l'état actuel de l'agriculture (décembre 1780). Le 8 décembre 1781, le journal donne le plan de l'Encyclopédie méthodique : la présentation des tomes XXI (Economie politique par l'abbé Baudeau) et XXII (Commerce, par les abbés Baudeau et Benoît) semble être de B.

Enfin B. a publié de nombreuses lettres dans le Journal de Paris (voir D.P.1, p. 625), notamment pour critiquer les Lettres sur l'Atlantide de Bailly (sept.-nov. 1783), mais surtout pour polémiquer avec Linguet (déc. 1779, 1780) et Mallet Du Pan (nov.-déc. 1786, 1788).

7. Publications diverses

B. a publié de nombreux ouvrages, à peu près exclusivement sur des questions d'économie politique. On en trouvera la liste dans E. et P. Beaucoup ont paru par ailleurs dans les Ephémérides. Citons, parmi les plus significatifs : Avis au peuple sur son premier besoin [par Baudeau et Du Pont], Amsterdam et Paris, 1768. – Explication du tableau économique à Madame de ***x, Paris, 1776. – Sully, Les Economies royales, nouvelle édition par M. l'abbé Baudeau [...] avec des discours préliminaires [...], des observations [...], Amsterdam et Paris, t. I, 1775 [édition inachevée]. – Idées d'un citoyen sur l'administration des finances du roi, Amsterdam, 1763. – Lettres d'un citoyen à un magistrat sur les vingtièmes et les autres impôts, Amsterdam, 1768. – Nouveaux éléments du commerce, dans Encyclopédie méthodique, commerce, Paris, 1783-1784, 3 vol. – Première introduction à la philosophie économique, Paris, 1771.

8. B.H.C. ; D.B.F. – (D) Daire E, «Notice sur la vie et les travaux de l'abbé Baudeau», dans Collection des principaux économiques, t. II, Physiocrates, Paris, 1846, p. 645-656. – (S) Schelle G., Du Pont de Nemours et l'école physiocratique, Paris, 1888. – (K) Carl Friedrich von Baden, Brieflicher verkehr mit Mirabeau und Du Pont, éd. Carl Knies, Heidelberg, 1892, 2 vol. – (W1) Weulersse G, Le Mouvement physiocratique en France (de 1756 à 1770), Paris, 1910. – (W2) Id., La Physiocratie sous les ministères de Turgot et de Necker (1774-1781), Paris, 1950– Id., La Physiocratie à la fin du règne de Louis XV, 1770-1774, Paris, 1959. – (W3). Id., La Physiocratie à l'aube de la Révolution, 1781-1792, Paris, 1985. – (T) Turgot, Oeuvres, éd. G. Schelle, Paris, 1913-1923, 5 vol. – (E. et P.) Economie et Population. Les Doctrines françaises avant 1800. Bibliographie générale commentée, Paris, 1956. – (M) Morellet A, Lettres d'André Morellet, éd. D. Medlin, J.C. David, P. Leclerc, t. I, Oxford, 1991. – (G) Goggi G., «Diderot et l'abbé Baudeau : les colonies de Saratov et la civilisation de la Russie», Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie n° XIV, 1993, p. 23-83.