RENAUDOT

Numéro

676

Prénom

Eusèbe

Naissance

1648

Décès

1720

1. État-civil

Eusèbe Renaudot est né le 22 juillet 1648 à Paris. Petit-fils de Théophraste Renaudot (voir ce nom). Fils d'Eusèbe Renaudot, premier médecin du Dauphin, et de Marie d'Aicq. Une tante, Marie Renaudot ( ?-1657), religieuse à Port-Royal, une autre à l'abbaye bénédictine de Faremoutiers. Mort à Paris le 1er septembre 1720.

2. Formation

Elève du collège de Saint-Charles, dépendant de la mission en 1655-1656. II entre ensuite chez les Jésuites qu'il quitte rapidement. Il soutient ses thèses de philosophie grecque et latine au collège d'Harcourt, le 27 juillet 1664, devenant ainsi maître ès arts. Il commence des études de théologie, puis entre à l'Oratoire en juin 1665. Il reçoit les quatre ordres mineurs en 1666 et se rend à la fin de la même année à Saumur pour étudier la théologie positive et les langues orientales. Il y reste deux ans, puis s'engage dans une vie savante marquée par de très vastes travaux d'orientaliste (on lui attribue la connaissance de dix-sept langues) et fréquente alors les érudits les plus en vue du temps. Cette existence studieuse ne le tient pas pour autant à l'écart de la meilleure société où sa famille est depuis longtemps introduite. A partir de 1672, son état de santé l'oblige à quitter l'Oratoire. Il retourne alors dans sa famille, et dirige la Gazette à partir de 1679. Membre de l'Académie française, de celle des inscriptions et belles-lettres («Petite Académie»), de l'Académie du Luxembourg, de l'Accademia délia Crusca.

3. Carrière

Jusqu'aux années 1679-1683 où il devient directeur de la Gazette, il mène parallèlement une vie d'étude et une vie de cour. Il est, en particulier, le commensal des Condé et participe au préceptorat des princes de Conti et de La Roche-sur-Yon, et à celui du Grand Dauphin. Il ne quitte Paris et sa région qu'en deux occasions : ses études à Saumur et son voyage à Rome et Florence, en 1700-1701, comme conclaviste du cardinal de Noailles. Le séjour à Rome, que R. appelle sa «mission», a pour but de s'occuper de diverses affaires religieuses alors en cours. Le fait d'être très introduit auprès de Clément XI fit croire à R. qu'il obtiendrait du pape la condamnation des Jésuites dans l'affaire de la Chine. Il échoua dans ce dessein et dut quitter Rome en hâte. Le séjour à Florence fut plus fructueux. Il accorda aux mondanités d'usage la place qui leur revenait, mais dressa, en outre, un catalogue des manuscrits orientaux du grand-duc, fit une visite à Magliabecchi, fut reçu à l'Academia délia Crusca. Sur le chemin du retour, il est également accueilli avec la plus grande faveur par Charles Colbert, évêque de Montpellier. R. exerça aussi la fonction de censeur de la Librairie, celle de vicaire général du diocèse de Lisieux. II reçut en commande les deux bénéfices de Frossay au diocèse de Nantes et de Chateaufort au diocèse de Versailles, qu'il ne consentit à accepter qu'à cause de la modicité de leur revenu. Ajoutons que, sans titre particulier, R. eut la charge officieuse, pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg, des rapports avec la petite cour en exil de Saint-Germain-en-Laye et avec les jacobites d'Angleterre. Il essaie, sans succès, d'empêcher cette cour d'être trop exclusivement catholique. Il est aussi à l'origine de négociations entre les jacobites d'Angleterre et Jacques II, tendant à l'établissement d'«articles» (correspondant dans leur esprit au Bill of rights) qui auraient permis la restauration de Jacques II. Cette tentative échoua également.

4. Situation de fortune

Fils d'un médecin fortuné, R. est très à l'aise : «la Gazette de France lui avait valu pendant vingt ans 12 000 £ de rente toutes les années» (Luynes). Elle aurait rapporté 15 000 £ par an autour de 1640 (B.N., f.fr. 22804, f° 22 v°). Il reçoit une pension royale de 500 écus en 1692. Il touche de 1715 à 1719 2100 £ par an de gratification comme académicien. Il possède une terre à Jaulnes (en Brie) qui lui sert de maison de campagne. Il lègue à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés 7600 volumes dont 316 manuscrits orientaux.

5. Opinions

Pour Mathieu Marais, R. est « un des plus grands jansénistes qu'il y eût et des plus ennemis de la Constitution Unigenitus». Il participe comme très jeune savant de grande réputation à la Perpétuité de la fou d'Arnauld et Nicole, un des monuments d'érudition du «parti». Il est un des «rabbins» du « Petit concile » autour de Bossuet pendant les années de préceptorat du Grand Dauphin. Des fonctions de censeur de R., on doit retenir son affrontement avec Pierre Bayle dont il interdit le Dictionnaire pour ses «impiétés» et «obscénités». Jurieu publie le rapport de R. sur le Dictionnaire ; le consistoire de l'Eglise wallone de Rotterdam reprenant les mêmes griefs blâme Bayle, qui se justifie dans quatre Eclaircissements (1702). Des amis de Bayle et de R. (dont le libraire Leers) s'interposent et les deux hommes en arrivent à un armistice. Il n'en est pas de même avec Richard Simon, dont R. dénonce en juillet 1710 la Bibliothèque critique, après avoir déjà collaboré à l'interdiction de l'Histoire critique du Vieux Testament (Auvray, p. 148-149). Il est aussi, avec Bossuet, à l'origine de l'interdiction du De Romani pontificis authoritate de Rocaberti (1695). En revanche, il sauve de la suppression l'Etat de l'Empire de l'abbé de Vayrac, mais réprouve le Traité historique de l'année jubilaire de Mallemans de Messanges, et ne ménage pas ses sarcasmes au P. Thomassin. En 1709, le réformé Aymon donne ses Monuments authentiques des Grecs contre R., qui y répond par une Défense de la Perpétuité de la fou. Il a ensuite une dispute avec Veyssière de La Croze qui donne une Défense de la mémoire de M. Ludolfe (Journal littéraire, 1717) dirigée contre l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie et la Collection des Liturgies orientales. R. réplique par une Défense de l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie (1717) que Veyssière de La Croze combat dans l'Europe Savante (1717 et 1719) par un Examen désintéressé du livre que M. l'abbé Renaudot a mis au jour et une Suite de l'examen désintéressé. C'est dans le même cadre d'une érudition de combat qu'il faut situer les Anciennes relations des Indes et de la Chine, publiées par R. pour montrer, contre les Jésuites, que la philosophie des Chinois est celle d'un peuple primitif, que leur physique n'est guère plus raisonnable, qu'ils ne connaissaient pas la boussole avant les Européens. Les Anciennes relations attirèrent des réponses, restées manuscrites, des Jésuites Slavicek (1723) et Dentrecolles (1724). Ajoutons que R. fut un adversaire de Fénelon : il raillait les invraisemblances du Télémaque et fut un de ses adversaires dans l'affaire du quiétisme. On note principalement les relations épistolaires de R. avec Bossuet, Brisacier, F. de Callières, le pape Clément XI, le Grand Condé et ses neveux, les princes de Conti et de La Roche-sur-Yon, Cosme III, grand-duc de Toscane, le comte Fédé, Giusto Fontanini, Gualteri, John Locke, Louvois et l'abbé de Louvois, les Noailles, le cardinal Ottoboni, Passionei, Pontchartrain, Pasquier Quesnel, le cardinal Quirini, Nicolas Toinard et Torcy. Ami de Boileau et ami très proche de Racine, il voit en revanche dans Locke qu'il a rencontré « un bon petit homme, mais un vrai athée, rebelle déclaré contre son Roi». Saint-Evremont est pour lui un «impie de profession » et Bayle « un autre athée qui avait changé de religion deux ou trois fois et qui est mort manichéen».

6. Activités journalistiques

R. dirige la Gazette de 1679 jusqu'à sa mort en 1720. Son frère, François, titulaire avant lui du privilège, s'était désisté en sa faveur pour se faire genovéfain. La conservation et la transmission du privilège ne se firent pas sans alarmes. En 1676, Primi Visconti avait voulu donner un «recueil hebdomadaire de tout ce qui arrivait à Paris», et le roi lui avait fait abandonner son projet sur les instances des Renaudot. Le père de R. parle, à propos de la confirmation du privilège obtenue en 1679, d'arrêter «par ces moyens les prétentions de plusieurs qui essayaient de se l'approprier». Les 9/19 juillet 1680, Ezéchiel Spanheim écrit à Berlin : «L'abbé Dangeau, qui depuis quelque temps avoit la commission d'écrire la Gazette Françoise de ce lieu, en a esté déchargé, sur ce que l'abbé Renaudot, qui tirait le principal profit de ces gazettes, craignit qu'à la longue l'abbé Dangeau ne l'attirât à lui, et en fit parler à Sa Majesté par le Prince de Conti, laquelle se chargea d'en parler elle-même à l'abbé Dangeau, pour savoir s'il y vouloit renoncer volontairement, à quoi ledit Abbé se montra tout disposé, comme n'en ayant eu jusques ici que de la peine et de la dépense ». C'est à l'issue de ces péripéties que R. écrivait avec enjouement à son ami Toinard : «Mon affaire qui a enfin été terminée à mon avantage, m'a tant donné d'affaires que je n'ai pu presque y suffire. Je vous en dirai les particularités demain [...], la principale est que j'ai présentement besoin du secours de mes amis pour avoir des nouvelles, et je vous conjure d'employer vos soins à m'en procurer. Il m'est important d'en avoir d'Espagne et de Portugal, et je vous prie de penser aux moyens de m'en faire avoir [...]. Si nous faisons bien pendant un mois, j'espère que nous serons dans un grand repos, et que je me ferai un petit bien philosophique qui pourra me mettre hors d'inquiétude. Vous verrez par le récit que je vous ferai que je n'ai pas été mauvais négociateur». On doit toutefois retenir que la direction de plein exercice de la Gazette par R. est plutôt à situer en 1683-1684 (voir Feyel, p. 82­83 et n° 150). C'est en effet l'époque où R. ne peut plus compter sur l'abbé Bernou, son collaborateur, parti pour Rome, et celle aussi où il ne réussit pas à se faire désigner comme garde de la Bibliothèque du Roi, nomination qui l'aurait enlevé au journalisme. En 1717, l'abbé transmet le privilège à son neveu, Chaspoux de Verneuil. On note une seule interruption de son activité de journaliste : lors de son voyage à Rome entre octobre 1700 et décembre 1701. Pendant cette période, il délègue la direction du journal à Bardou et Bernou. Le fait même qu'une interruption d'un an ait été possible indique que l'abbé ne rédigeait pas entièrement la Gazette. On connaît mal ses collaborateurs et la part qui leur incombait dans la rédaction. Citons Nicolas Bardou et l'abbé Bernou (cf. Feyel), Bellinzani et Guilleragues dans les premières années (id., p. 82-83), Cabart de Villermont, très certainement François de Callières, l'abbé de Gondi, Massiac de Sainte-Colombe, Robinet de Saint-Jean, l'abbé Vittorio Siri et, sans doute aussi, Nicolas Toinard, ces hom­mes étant à la fois rédacteurs occasionnels de la Gazette et «officieux» des ministres. Sur la diffusion de la Gazette, qui en faisait un organe d'audience nationale (voir Feyel, passim). Rappelons que, parallèlement, les gazettes étrangères étaient elles aussi diffusées en France (arrêt du Conseil du 18 octobre 1675 rendu en faveur de Louvois : l'arrêt du 8 octobre 1675 rendu à la requête de François Renaudot : « ne pourra nuire ni préjudicier à la liberté que tous ceux qui font venir des gazettes des Pays étrangers ont eu jusqu'à présent [...], ils pourront continuer ce trafic tout ainsi qu'ils faisaient»). Quant à son contenu, la Gazette est un organe officiel de la puissance publique. On se souvient de Richelieu écrivant à Sourdis en 1635 : «La Gazette fera son devoir ou Renaudot sera privé des pensions dont il a joui jusqu'à présent». On sait que Louis XIII y a écrit personnellement. Vauban (lettre à Louvois, 1674) a la même doctrine que Richelieu : «Je veux bien qu'elle soit sincère mais il n'est pas défendu [...] de donner une bonne nouvelle, non plus que d'en adoucir une mauvaise». Au temps de R., Louis XIV «approuve» tel article avant l'impression. Louvois conduit les affaires de presse en écrivant à R. : «Je vous prie de vouloir mieux vous expliquer [...], ce sont des expressions ridicules [...]. Je vous ai déjà fait dire de ne vous point mêler de nommer les troupes qui sont dans les armées, et je vous prie que ce soit la dernière fois que cela vous arrive» (2 avril 1691). Pontchartrain partage les mêmes vues, si son ton est moins rude : «J'ai trouvé dans votre dernière Gazette un article considérable sur la Martinique et le retour des sauvages et nègres fugitifs de St Vincent [...], comme il peut y avoir souvent dans les circonstances que vous détaillez, des choses dont il ne convient pas que le public soit si bien informé vous ne devriez rien comprendre dans vos Gazettes concernant la Marine que je ne l'eusse vu. J'ai de ma part un soin particulier de vous envoyer tout ce qui me vient lorsque rien ne m'empêche de vous le donner» (15 févr. 1708). Spanheim va dans le même sens : «la Gazette [...] qu'on examine toujours dans le Bureau du Secrétaire d'Etat, le marquis de Torcy, avant qu'on la publie» (7/17 nov. 1698). Autant qu'il en est besoin, des billets portant les textes à publier quittent les bureaux des ministres et l'on constate quelques jours après leur parution dans la Gazette. Ce sont les bureaux de la Guerre qui recourent le plus à cette pratique, mais, pour l'essentiel, en 1690 et 1691 seulement. Il s'agit de nouvelles propres à démoraliser l'ennemi (ou à montrer en France qu'il est découragé). On fait, par exemple, imprimer dans l'article «de La Haye» : «ceux qui nous gouvernent présentement n'ont plus aucun égard au bien du particulier et ne songent qu'à le perdre dans la crainte d'être punis de tout ce qu'ils ont fait pour le mettre en l'état où il est» (Guerre A1 1022, f° 210 et v°, devenu Gazette, 1691, p. 41, «De La Haye le 22 janvier 1691 »). Ces pratiques, connues des «renseignés» de l'époque, ont pour résultat que la Gazette est lue de fort près, parce que l'on pense que rien n'y paraît fortuitement ou sans intention. Sourches (Mémoires, Paris, 1882-1893, t. I, p. 285-286) voit «un ordre particulier de la Cour» dans la confusion faite entre M. de Turenne et les «domestiques» des princes de Conti et de La Roche-sur-Yon. Une gazette à la main (B.N., f.fr. 10625, f° 8 v°, 10 avril 1682) remarque de même : « Il y a à s'étonner de ce que la Gazette n'a point parlé de la levée du blocus de Luxembourg, ces choses là ne se faisant pas sans ordre». La même gazette relève l'omission d'un fait défavorable : «La Gazette a bien marqué qu'un parti polonais a enlevé un convoi de bœufs et de munitions [...] mais elle a oublié de dire comme il a été secouru d'un autre des Turcs et des Tartares plus fort qui l'a ramené dans Caminietz». Cette lecture très attentive, y compris par «ce qui compte» à l'étranger, est sans doute à l'origine des précautions que prend la Gazette dans ses informations géné­rales en pratiquant les errata ou la «clause de l'attente de la confirmation». Si elle invente ou surtout aménage le plus favorablement tout ce qui est politique et militaire, la Gazette est un très bon annuaire mondain, mais Saint-Simon parle de sa «fadeur» et Sourches, en 1712, d'un jour où la Gazette était « assez fertile en nouvelles contre son ordinaire ». Rappe­lons encore, pour l'anecdote, la parution, le 31 décembre 1683, d'une Gazette dont le G du titre avait été passé au rouge en une nuit. « Cette lettre rouge avait été demandée à M. le chancelier Le Tellier par l'abbé Blache comme une preuve que le chancelier avait reçu les instructions [...] concernant la conspiration formée par les Jésuites et M. de Harlay [...] contre Louis XIV. Cette conspiration devait réussir par le moyen des odeurs dont Louis XIV faisait beaucoup d'usage et les quatre articles de 1682 en furent le motif». Outre l'évocation de l'obscure affaire Blache, on achèvera cet «esprit de la Gazette» en citant longuement R., dans une lettre à Chamillart (Guerre, A1 1064, f° 145, 21 sept. 1702) : «J'ai reçu les mémoires [...] et ils seront employés suivant vos ordres [...]. J'ose vous répondre de cet article [le style] qui est convenable à un Académicien et encore plus de l'exactitude pour les faits. On commence à imprimer dès le lundi matin : ainsi quand les mémoires sont de quelque détail, il serait difficile de mettre en l'état [...] s'ils n'étaient reçus que le jeudi au soir. Cependant quand il y aura quelque nouvelle importante qu'on annonce ordinairement en peu de mots, on la peut insérer quand même, on ne la recevrait que le vendredi du matin. Lorsqu'on peut avoir les mémoires plus tôt, ils sont en meilleur état, puisque quand le temps manque souvent [...], il échappe des fautes [...]. Je comprends qu'il est quelquefois difficile de faire des extraits surtout quand des relations sont longues : en ces occasions-là, feu M. de Louvois m'en a souvent fait envoyer que je renvoyais après. M. de Seignelay en a fait de même pour la marine et M. de Pontchartrain le fait [...]. A l'égard des écrits en réponse aux Lardons et aux autres infamies de Hollande, je vous dis Monseigneur [...] qu'il ne me paraissait pas convenir à la dignité du Roi de les faire réfuter, que si cependant S.M. l'ordonnait [...], je ferais de mon mieux : mais à condition que je ne paraîtrais pas ne croyant pas devoir me commettre avec des misérables comme les auteurs de ces écrits. Mais que le plus court moyen était d'empêcher qu'ils ne courussent Paris et tout le Royaume avec une liberté effrénée, en telle sorte qu'on les distribue à tous les bureaux de poste, et que même on les a souvent imprimés dans les provinces. Nous voyons mieux que MM. les ministres [...] le terrible effet que cela produit dans le Royaume et rien n'est si aise que de les supprimer. C'est l'avis dans lequel je persiste encore, d'autant plus que nos ennemis sont d'une vigilance extraordinaire contre les Ecrits qui peuvent détromper leurs peuples et qu'il irait de la vie en Hollande et en Angleterre d'en distribuer de pareils, même la Gazette de France, pendant qu'on crie publiquement, ici celle de Hollande». Après un passage sur l'inutilité, à ses yeux, des «contredits» (nos démentis) qui ont discrédité la Gazette, R. ajoute : «Si j'ai fait quelque bien, c'est qu'en quelques années je l'ai remise sur un pied sérieux et qu'elle a présentement acquis créance et autorité dans les pays estrangers par la simplicité de la vérité ». Ce fut. pendant 40 ans, l'habileté de R. que de mélanger, tout en étant fort lu, la propagande et les nouvelles jusqu'à les rendre indissociables.

7. Publications diverses

Aux oeuvres recensées par le Cat.B.N. et Cior 17, ajouter : Avertissement touchant la dixième réflexion sur Longin (dans Boileau-Despréaux, Œuvres, Paris, 1713 ; publié de nouveau dans l'éd. Brossette et Saint-Marc, 1747). – Mémoire sur les versions syriaques et arabes d'Hippocrate, dans A. Dacier, Les Œuvres d'Hippocrate traduites en françois avec des remarques, Paris, 1717 ; le texte de R., sans titre, t. I, n.p. [14 p.]. – Epistola clarissimi viri Theophrasti [sic] Renaudoti ad Andream Dacerium De exiguo operae pretio quod ex versionibus Syriacis et Arabicis ferri potest ad emendandum et illustrandum Hippocratem aliosque scriptores Graecos, praesertim Medicos (dans Fabricius, Bibliotheca Graeca, Hambourg, 1718, t. I, 861-865). – Du Prête-Jean ou Prêtre-Jean (dans Pierre Le Brun, Explication litérale, historique et dogmatique, des prières et des cérémonies de la Messe, Paris, 1726, t. II, p. 554 et suiv. Au t. III, p. 468-486, Le Brun publie en parallèle la Liturgie des Chrétiens du Malabar traduite dans le païs même et la Liturgie ordinaire des Nestoriens chaldéens, trad. par R.). – Mémoire de M. l'abbé Renaudot [sur la lettre du négus Yasous à Louis XIV]

dans Le Grand, Relation historique d'Abissinie du R.P. Jérôme Lobo, Paris, 1728, in-40, p. 421-427. – Mémoire que feu M. l'abbé Renaudot a écrit quelques jours avant sa mort (dans Supplément au nécrologue de l'abbaie de Notre-Dame de Port-Royal des Champs, ordre de Citeau, s.l., 1735, p. 204-206, B.N., 40 Ld 383 ; le Supplément est attribué à Le Febvre de Saint-Marc). – V.G. Eusebii Renaudoti, de Barbarias Aristotelis librorum Versionibus disquisitio ad virum eruditissimum Antonium Mariam Salvinium (dans Fabricius, Bibliotheca Graeca, t. XII, p. 246-261). – [De scripturae versionibus quae apud orientales in usu sunt] ; [De sacrae scripturae versionibus arabi­cis] ; [De scripturae sacrae libris et variis eorum versionibus orientalibus] ; [De librorum sacrorum antiquitate et authentia], dans Migne, Scripturae sacrae cursus completus, t. I, col. 589­734, Paris, 1837. – Vita Athanasi ex arabico versa ; dans Migne, Patrologie grecque, t. XXV, col. CCXLVI-CCLI, Paris, 1857. – Deux lettres de R. à Bossuet, 10 juil. et 13 oct. 1687, dans Bossuet, Œuvres complètes, éd. F. Lâchât, Paris, 1865, t. XXX, p. 508-519. Voir aussi Bossuet, Correspondance, éd. Urbain et Levesque, Paris, 1900-1923, passim. – Bertin G., «Le testament de l'abbé Renaudot», Intermédiaire des chercheurs et des curieux, n° 10, 10 janv. 1884, col. 26-29. – Jovy E., Guillaume Prousteau fondateur de la Bibliothèque publique d'Orléans et ses lettres inédites à Nicolas Thoynard, Paris, 1888 (quatre lettres de R. à Thoynard éditées en appendice). – Du Boys E., «Une page inédite de la chronique des élections à l'Académie française. Succession de l'abbé Paul Tallemant 1712», Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1891, p. 433-438 : un texte de R. – Graffin R., «Ordination du prêtre dans le rite jacobite», Revue de l'Orient chrétien, 1896, p. 1-36 : publie la trad. latine par R. du ms. B.N., Syriaque 112. – Vanel J.B., Les Bénédictins de Saint-Maur à Saint-Germain-des-Prés 1630-1792. Nécrologe des religieux de la Congrégation de Saint-Maur décédés à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1896 : reproduit une partie du testament de R. que ne donne pas Bertin. – Nau F., «Dans quelle mesure les Jacobites sont-ils monophysites?», Revue de l'Orient chrétien, 1905, p. 112-134 : publie la trad. par R. du ms. B.N., Arabe 173.– Delpuch A., «Mémoire d'Eusèbe Renaudot sur les missions adressé au Pape Clé­ment XI», Bessarione, 1906, p. 223-231 et 1907, p. 227­233-– Nau F., «Le calendrier d'Aboul-Barakat traduit en latin par Renaudot», Revue de l'Orient chrétien, 1908, p. 113-133. –Denis P., «Lettres inédites de Pierre Bayle», R.H.L.F., 1912, p. 422-453 et 916-936 et 1913, p. 430-449 : publie, p. 444-445, Lettre de l'abbé Renaudot à un religieux de l'ordre de Fontevrault, sur la dissertation apologétique pour le P. Robert d'Arbrissel adressée à Bayle par le P. Soris, 1701, in-8°. – Sgreccia E., Corrispondenze dell'abate Eusebio Renaudot con Mons. Guido Passiona e con l'abate Domenico Passionei negli anni 1708-1709, Studia picena, t. XXXII, 1964, p. 91-140. The Correspondence ofjohn Locke, Oxford, 1976, t. II, deux lettres de R. à John Locke, 1679, lettres 480 et 493. – Burger P., «Spymaster to Louis XIV : a study of the papers of the abbé Eusèbe Renaudot», Ideology and conspiracy : aspects of Jacobitism, 1689-1759, éd. E. Cruickshanks, Edinburgh, 1982 ; p. 111-137 : édite quatre mémoires de R. sur les affaires d'Angleterre.

On a indiqué que R. s'était occupé des affaires d'Angleterre en 1688-1697. II fut amené par là à rédiger de petits libelles de propagande qu'on peut lui attribuer en confrontant l'imprimé avec les manuscrits du fonds Renaudot de la B.N. On a, jusqu'à présent, pu faire de R. l'auteur des libelles suivants, au moins : Lettre d'un gentilhomme français à un de ses amis réfugié en Angleterre sur la Harangue du Président de la Tour, 1er janv. 1691 (A.N., Ne 1542). – Remarques sur la réponse faite par le Roi d'Espagne à un bref écrit par Sa Sainteté pour l'exhorteràlaPaix, 10mai 1692 (Florence : ArchiviodiStato, Mediceo 4787). – Lettre d'un Français à un seigneur flamand sur le changement des affaires des Pays Bas par la nomination de M. l'électeur de Bavière pour en être Gouverneur Général, 10 févr. 1692.

R. rend des services analogues dans d'autres affaires et il fait alors imprimer anonymement : Lettre à Madame de Lionne sur le Libelle des Jésuites contre M. l'Evesque de Rosalie son fils (1701) : sur les affaires de Chine. – Lettre de Monseigneur l'Archevêque Prince d'Ambrun à Monseigneur l'Evêque-Comte de Gap (B.N., Ld 660, 1711) : sur le jansénisme ; et Réponse du Cardinal de Noailles au mémoire que le Roy lui a fait l'honneur de luy présenter (affaires du jansénisme), interdit par arrêt du Parlement du 15 juin 1712. R. est un des héros de Bordelon, Dialogue des vivans, Paris, 1717 (dialogue XVIII, Tiberge et R., p. 282-288).

8. Bibliographie

Archives de la D.D.R., Merseburg, Rep. XI.89, Fasc. 29. – A.A.E., C.P. Angleterre 172 et 173 ; Guerre, A1 1022, 1064. – R., Journal, éd. H. Omont, Nogent-le-Rotrou, 1888. – Journal de Dangeau ; mémoires de Sourches, de Luynes, de P. Visconti, de M. Marais, de Vauban. – Auvray P., Richard Simon (1638-1712) : étude bio-bibliographique, Paris, P.U.F., 1974. – Berthelot J., «Un duel royal en cour de Rome», Revue d'histoire de l'Eglise, t. XLVI, p. 595-623. – Feyel G., La Gazette en province à travers ses réimpressions, 1631-1752, Amsterdam, Maarssen, APA-U.P. Holland, 1982. – Piel, Inventaire historique des actes transcrites aux insinuations ecclésiastiques du diocèse de Lisieux [...] 1692­1790, Lisieux, 1890-1895.