VEYSSIERE DE LA CROZE

Numéro

803

Prénom

Mathurin

Naissance

1661

Décès

1739

Mathurin Veyssière de La Croze est né le 4 décembre 1661, à Nantes, de Léger Veyssière et de Jeanne de L'Attoué. Marié le 21 novembre 1697à Elisabeth Rose. Il meurt sans postérité, le 21 mai 1739. Ne pas le confondre avec Cornand de La Crose.

2. Formation

Première formation assurée par son père, négociant lettré, puis par des précepteurs. A quatorze ans, il s'embarque pour les Antilles, participe à un combat naval, séjourne à la Guadeloupe et apprend à cette occasion l'anglais, l'espagnol et le portugais. De retour à Nantes en 1677, il envisage de devenir médecin, mais se décide à entrer dans la Congrégation de Saint-Maur. Noviciat à Saumur en 1677 ; puis il est, à Marmoutier, le disciple de Dom Jacques Lopin et fait sa théologie à Saint-Vincent du Mans sous Dom Michel Piette. Mauriste en 1682, il travaille principalement sur Grégoire de Naziance et Clément d'Alexandrie (Formey). Il est particulièrement associé aux travaux de l'Histoire de Bretagne des Bénédictins et à ceux de Baluze, ce qui lui donna l'occasion de voir «une foule de chartes authentiques» (Formey).

3. Carrière

Il abjure à Bâle, au printemps de 1696, après avoir quitté la Congrégation de Saint-Maur, où ses positions menacent de le conduire en prison. Il séjourne quatre mois à Bâle. Il part pour Berlin en septembre 1696. Son séjour dans cette ville n'est plus dès lors interrompu que par des voyages littéraires ; à Brandebourg, en 169 7 ; à Hambourg, en 1713 ; à Leipzig, en 1715.

4. Situation de fortune

Sa vie est presque toujours difficile après son départ de France, en 1696, année où il quitte son Ordre. Il vit de préceptorats auprès de grandes familles allemandes. Le 1er février 1697, il est nommé bibliothécaire à Berlin, mais les 200 risdales de pension ne lui permettent pas de se passer du revenu des préceptorats. En 1714, la fin du préceptorat du margrave de Schwedt compromet gravement ses ressources. Leibniz lui fait proposer un emploi de professeur à Helmstedt. Il refuse parce qu'on y met la condition de souscrire à la Confession d'Augsbourg. Sa situation se trouve améliorée en 1715 par un gain à une loterie de Hollande, puis par une chaire de philosophie au Collège français de Berlin, à partir de 1724. En 1731, Dom Bernard Pez lui suggère de revenir dans l'Eglise catholique, et lui propose « une place fort avantageuse dans l'abbaye de Gottwic, en Autriche» (Formey). Nouveau refus. A sa mort, ses livres et ses manuscrits passent à Jordan, puis sont dispersés après la mort de ce dernier.

5. Opinions

Il est en relation avec un grand nombre de savants européens : Gaignières est «son ami particulier» ; il est aussi lié à Bernoulli, G. Cuper, Fabricius, Leibniz, Werenfels (voir sa correspondance : Thesauri epistolici Lacroziani, éd. J.L. Uhle, Leipzig, 1742-1746, 3 vol.). Son tempérament vif et mordant l'entraîne dans des querelles d'érudition, principalement contre le « système » hypercritique du P. Hardouin. Il s'oppose également à Heumann sur la question de l'athéisme de Giordano Bruno. Il rabroue le P. Le Nourry à propos de Lactance. Il nie l'authenticité du verset des trois témoins célestes (I Jean, V, 7) ; voir «Missy, César de». Orientaliste avant tout, il s'intéresse avec un jugement sûr à des domaines alors neufs : copte, syriaque, slavon, arménien, ouïgour, tzigane, et au chinois sur les instances de Leibniz.

6. Activités journalistiques

Barbeyrac avait donné des « Remarques diverses sur plusieurs choses qui concernent les belles lettres» {Nouvelles de la République des Lettres, janv. 1702, p. 24 et suiv.) où il suggérait des leçons pour deux textes, l'un de Cicéron, l'autre, d'Aristophane. V. y répond par sa «Lettre de M. Alcozer à l'auteur de ces Nouvelles, contenant quelques remarques de littérature» (N.R.L., avril 1702, p. 391-396). La discussion se poursuit avec la «Lettre de Mr Jean B* à l'auteur de ces Nouvelles pour répondre à celles que M. Alcozer a écrites contre lui» (N.R.L., août 1702, p. 139-156), et l'on peut observer, notamment à l'occasion de la mince dispute sur le vers 38 des Nuées d'Aristophane, la vivacité de ton de V. – «Lettre de Mr La Croze à l'auteur de ces Nouvelles contenant diverses remarques de littérature» (N.R.L., sept. 1704, p. 278-296). V. discute une lettre de Ruchat parue dans les N.R.L., mai 1704, p. 518-537 : les Pères de l'Eglise n'ont rien produit que d'excellent. Le P était connu des Hébreux. V. réfute ces deux positions, il se réfère pour la question du P, non seulement à l'hébreu, mais aux langues voisines : arabe, éthiopien, copte : «les Turcs et les Persans qui se servent de caractères arabes pour écrire les mots de leur langue, ont été obligés d'inventer un nouveau point diacritique qui change les B arabes en P turc ou persan». V. revient ensuite à son débat de 1702 avec Barbeyrac. – «Lettre d'un scavant de Berlin à un ami d'Utrecht, où l'on trouve une pièce chinoise assez curieuse» (Histoire critique de la République des Lettres, t. III, 1713, p. 272-276). V. donne l'oraison dominicale dans la langue de la province Chio-Chiu tirée du ms. du P. Diaz (voir Miscellanea Berolinensia, 1710, p. 84­88, art. de V. sur le ms. chinois du P. Diaz conservé à la Staatsbibliothek de Berlin). – «Réflexions sur la nouvelle édition du Traité de la mort des persécuteurs, imprimé avec une dissertation de Dom Nicolas Le Nourry, moine bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, à Paris chez Jean Baptiste de l'Epine, l'an 1710» (Journal littéraire, t. VII, 1715, p. 1­29). Le P. Le Nourry avait soutenu que le traité De mortibus persecutorum n'était pas de Lactance. V. entreprend de le réfuter avec sa rudesse habituelle : «D. Le Nourry n'entend assez ni le latin, ni l'antiquité, ni le grec pour s'ériger en juge d'une pièce de cette conséquence [...], sa dissertation ne doit faire aucune impression sur l'esprit de ceux qui en la lisant attentivement n'auront aucun autre but que la découverte de la vérité». – «Lettre de M. La Croze sur les deux lettres arméniennes qu'on trouve dans le tome X de l'Hist. crit. de la Répub. des Lettres» (Journal littéraire, 1716, 1er part., 1716, p. 76-81). V. indique que les deux lettres arméniennes qu'avait publiées Wilkins, l'une de l'Eglise de Corinthe à Paul et l'autre de Paul à cette église sont des apocryphes rédigés au Xe siècle contre les hérésiarques Pauliciens. – «Défense de la mémoire de feu M. Ludolf, contre les accusations que Mr. l'abbé Renaudot lui a intentées dans son Histoire des Patriarches d'Alexandrie et dans les deux volumes de son recueil de Liturgies orientales» (Journal littéraire, t. IX, 1717, p.217-235). – « Examen désintéressé du livre que Mr. 1' abbé Renaudot a mis au jour sous le titre de Défense de l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie, et de la Collection des Liturgies orientales, contre un écrit intitulé : Défense de la mémoire de feu M. Ludolf etc. imprimé à Paris, 1717» (Europe savante, t. X, 2e part., art. VI, p. 230-280). – «Suite de l'examen désintéressé» (ibid., t. IX, 1er part., art. III, p. 28-69). – « Extrait d'une dissertation de M. de La Croze, adressée au roi de Prusse, sur un Priape que l'on observe dans son cabinet » (dans Recueil de littérature, de philosophie, et d'histoire, Amsterdam, 1730, p. 62-65). Des remarques ethnographiques complètent la recherche historique.

Dans L'Europe savante, V. a publié un article : «Examen désintéressé du livre que M. l'abbé Renaudot a mis au jour sous le titre de Défense de l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie, et de la Collection des liturgies orientales, contre un écrit intitulé Défense de la mémoire de feu M. Ludolfe», août 1719, art. 6, t. X, p. 231-280 ; suite dans le t. XI, p. 28-69 ; voirie mémoire manuscrit de la Maz. A 15447, de Lévesque de Burigny.

Dans la Bibliothèque germanique, t. XXXII, 1735, p. 116-126 (B.N., Z 43194), substance d'une lettre à Jordan sur le système du P. Hardouin. La lettre se retrouve dans le Voyage littéraire de Jordan. – «Lettre [...] à M. de Beausobre sur l'extrait que les Journalistes de Trévoux ont donné de son Histoire du manichéisme dans leur mois de février 1735» (Bibliothèque germanique, t. XXXV, p. 127-129). V. prend la défense de Beausobre contre les Jésuites de Trévoux qualifiés d'«insolents et malins», le journaliste d'«impudent et malicieux faussaire», de «franc ignorant», etc. – «Lettre de Mr. La Croze à Monsieur de Beausobre sur le premier article du

t. XXIV de la Bibliothèque françoise» (Bibliothèque germanique, t. XXXVIII, 1737, p. 142-152). «Nous voyons enfin plus clair que jamais le but et les motifs du système du P. Hardouin ». V. rappelle qu'il a écrit contre le système du P. Hardouin trente ans auparavant : «Mon principal but [...] était de faire voir que la Société des Jésuites haïssait de tout temps les monuments ecclésiastiques sur lesquels on appuyé les principales vérités de la religion. Comme le P. Hardouin avait forgé dans son cerveau une prétendue officine ou boutique, où dans le XIIe ou le XIIIe siècle, il disoit qu'il avoit fabriqué la plupart de ces prétendus monuments sous la direction d'une personne qu'il nommoit Severus Archontius, [...] j'ai découvert le premier que ce nom de Severus Archontius étoit pris de Vopiscus». – «Remarques sur Tiran le Blanc» (Mercure et Minerve, 1737, n° IX).

7. Publications diverses

Voir Cior 18, n° 35502-35513, ajouter une lettre de V. sur la version arménienne du Nouveau Testament, dans Beausobre et Lenfant, Le Nouveau Testament, Amsterdam, 1718,2 vol., in-40, p. CCXI-CCXII. V. note avec force l'importance de la version arménienne du Nouveau Testament : « selon moi la reine de toutes les versions du Nouveau Testament». Voir l'Epître A Monsieur de La Croze Bibliothécaire de Sa Majesté Prussienne, dans Œuvres mêlées, de Mr. De R[oseI] B[eaumont], Amsterdam, 1727, p. 46-58.

8. Bibliographie

8. Cior 18 («La Croze, Mathurin Veyssière de»). – Formey, Eloge de M. de La Croze, dans Eloges des académiciens de Berlin, Berlin, 1757, t. II, p. 63-79. – Jordan CE., Histoire de la vie et des ouvrages de M. La Croze, Amsterdam, 1741.

SIMON

Numéro

749

Prénom

Edouard

Naissance

1740

Décès

1818

Edouard Thomas Simon est né le 16 octobre 1740 à Troyes d'un père notaire. Il a trois enfants d'un premier mariage en 1766. Veuf en 1784 il se remarie en l'an VI. Il est mort le 4 avril 1818.

2. Formation

Etudes à l'Oratoire de Troyes. Il renonce au notariat qui avait été prévu pour lui puis se rend à Paris où il suit pendant trois ans l'enseignement de chirurgie du fameux frère Cosme. Il revient à Troyes en 1765, il y est reçu maître en chirurgie en 1766. En 1783 il est reçu licencié ès lois et avocat au Parlement de Paris, et docteur en médecine en 1785. Il était « membre ou associé de plusieurs académies et sociétés savantes telles que l'Académie des Arcades de Rome, l'Académie de Besançon pour laquelle il a fait plusieurs rapports» (Simon).

3. Carrière

S., qui habitait Paris depuis 1786, devient en 1790 secrétaire général du Comité de salubrité, puis de ceux de mendicité et de secours public. En l'an IV il est nommé premier conservateur d'une bibliothèque commune au Conseil des Anciens et à celui des Cinq-Cents, il exercera les mêmes fonctions à la bibliothèque du Tribunat jusqu'à la suppression de ce corps. Il est alors nommé censeur des études au lycée de Nancy. En 1810 il est envoyé à Besançon, comme professeur d'éloquence latine à l'académie universitaire de cette ville.

5. Opinions

S. «appelait de tous ses vœux» la Révolution. Il fut cependant accusé en 1792 de conspirer pour la royauté. Il évite les accusations en partant pour la Normandie avec le représentant en mission Bouret jusqu'au 9 thermidor. Il ralliera ensuite tous les régimes successifs en leur prodiguant les écrits de circonstance qu'appelle l'actualité.

6. Activités journalistiques

S. fut «le fondateur et le principal rédacteur» (Socard) des Annonces, Affiches et Avis divers de la ville de Troyes, capitale de la Champagne, imprimées d'abord chez Garnier le jeune puis chez Sainton (D.P.1 71). Elles paraissent tous les mercredis jusqu'au 14 brumaire an IV au moins. Elles deviennent : Affiches de Troyes au début de 1783 ; Journal de Troyes et de la Champagne méridionale à la fin de la même année ; Journal du département de l'Aube et districts voisins en 1790 ; Journal du département de l'Aube du 14 nivôse an III jusqu'à la fin (Socard ; Corrard de Breban). S. dirige la publication jusqu'en 1789 selon son fils. De 1776 à 1787 il rédige, avec Courtalon de Laistre, L’Almanach de Troyes, qui continuait les Ephémérides de Grosley.

7. Publications diverses

Beuchot a donné une liste (« trop longue pour être répétée» écrit-il dans son article de B.Un.) des ouvrages de S. dans la Bibliographie de la France, année 1825, p. 207, 222, 279, liste à laquelle on se reportera. Retenons-en seulement, à côté d'un grand nombre d'œuvres liées à des intentions politiques, d'œuvres de circonstance et de pièces fugitives une Notice sur [...] Grosley, en 1787 et une traduction des Contes de Morlini.

8. B.Un. – Simon (le général baron), Notice sur Edouard Thomas Simon, dans Traduction [...] de M. Val. Martial par E.T. Simon [...] publiée par le Général Baron Simon, son fils, Paris, 1819, 3 vol., t. I, p. XXXI-XL. – Socard E., «Le journalisme à Troyes», Revue de Champagne et de Brie, t. I, janv.-juin 1876, p. 235-241. – Corrard de Breban, Recherches sur [...] l'imprimerie à Troyes, Paris, 1873, p. 74-75.

ROUSSEL

Numéro

714

Prénom

Pierre

Naissance

1742

Décès

1803

Pierre Roussel est né à Dax le 29 septembre 1742, et mort à Châteaudun le 19 septembre 1802.

2. Formation

Docteur en médecine de Montpellier, disciple et ami de Bordeu (B.N.C.).

6. Activités journalistiques

6. B.Un. : «forcé par la médiocrité de sa fortune de se créer des ressources, il devint en 1778 l'un des rédacteurs du Journal des Beaux Arts [D.P.1 713] et ensuite de la Clef du Cabinet des souverains [D.P.1 214], et il répandit dans ces recueils une foule de morceaux qui sont comme enfouis». Alibert : «une multitude de morceaux détachés qui sont perdus pour la science parce qu'ils sont épars dans des recueils [...] ; comme la modicité de sa fortune l'obligeait à coopérer à la confection des journaux, il y dissipait en quelque sorte la richesse de son esprit. On l'a vu souvent refaire en quelque sorte un livre qu'il était chargé d'analyser, surtout quand l'intérêt des matières le captivait».

7. Publications diverses

7. Système physique et moral de la femme, Paris, 1775, réédité à plusieurs reprises jusqu'en 1845. – Eloge historique de M. Théophile de Bordeu, Paris, 1778. – De la femme considérée au physique et au moral, Paris, 1788-1789, 2 vol. – Médecine domestique ou moyens simples de conserver sa santé, Paris, 1790-1792, 3 vol. – Notice sur la veuve Helvétius, née Ligniville, Paris, an VIII (1800).

8. Bibliographie

8. B.N.C. ; B.Un. – Alibert J.L., Eloge historique de Pierre Roussel, dans Pierre Roussel, Système physique et moral de la femme, 2e éd., Paris, 1809, p. V-XXXVI. – Notice biographique de R. par le dr Cerise en tête de l'édition de 1845 du

Système physique et moral de la femme.

ROSEL BEAUMONT

Numéro

706

Prénom

Jacques de

Naissance

1647?

Décès

1729

Jacques de Rosel Beaumont est né en 1647 ou 1652 à Castres. Mort le 23 novembre 1729 à Berlin. On rencontre également Rosel de Beaumont, Beaumon, etc.

3. Carrière

Réfugié en Prusse, il y devient conseiller d'ambassade au service du roi.

5. Opinions

Il prend part à la querelle qui s'était élevée sur Horace entre Dacier et Masson. Détail de cette querelle dans l'abbé Goujet, Bibliothèque française, t. V, p. 380 et suiv.

6. Activités journalistiques

Il écrit dans l'Histoire critique de la République des Lettres (H.C.R.L.), le Journal littéraire et les Nouvelles de la République des Lettres (N.R.L.) des articles de philologie : «Lettre de M. de Rosel Beaumont [...] contenant des remarques sur quelques passages d'Horace» (N.R.L., juil. 1710, p. 40-50) qui lui attire une «Lettre de M. Coste [...] servant de réponse à celle de M. de Rosel Beaumon insérée dans les Nouvelles de juillet 1710» (N.R.L., nov. 1710, p. 505-527). – Une autre «Lettre» dans N.R.L., oct. 1710, p. 461-479 ; dans Journal littéraire, juil.-août 1713, p. 454-459. –Des «Remarques» parues dans H.C.R.L., t. VI, 1714, p. 253-279, répondaient à une «Explication [...] d'Horace» {ibid., t. V, 1714, p. 203-242) parue anonymement. Sauf indication contraire, les articles de R. portent tous sur Horace : t. VII, 1714, p. 90-130 ; t. VIII, 1715, p. 118-160. Il publie une «Lettre [...] au sujet du plan d'un nouveau Commentaire sur les Œuvres de M. Despreaux, qui fait l'Article IX du tome précédent de cette Histoire» (t. VIII, 1715, p. 359-363) et revient à Horace : t. IX, 1715, p. 64-128 ; p. 269-288 ; t. X, p. 84-147 ; t. XII, 1716, p. 102-120 ; t. XIV, 1717, p. 84-144 et t. XV, 1718,

p. 111-178.

8. Bibliographie

Nayral M., Biographie castraise, Castres, 1833-1837, t. III, P- 345-357.

RENAUDOT

Numéro

676

Prénom

Eusèbe

Naissance

1648

Décès

1720

Eusèbe Renaudot est né le 22 juillet 1648 à Paris. Petit-fils de Théophraste Renaudot (voir ce nom). Fils d'Eusèbe Renaudot, premier médecin du Dauphin, et de Marie d'Aicq. Une tante, Marie Renaudot ( ?-1657), religieuse à Port-Royal, une autre à l'abbaye bénédictine de Faremoutiers. Mort à Paris le 1er septembre 1720.

2. Formation

Elève du collège de Saint-Charles, dépendant de la mission en 1655-1656. II entre ensuite chez les Jésuites qu'il quitte rapidement. Il soutient ses thèses de philosophie grecque et latine au collège d'Harcourt, le 27 juillet 1664, devenant ainsi maître ès arts. Il commence des études de théologie, puis entre à l'Oratoire en juin 1665. Il reçoit les quatre ordres mineurs en 1666 et se rend à la fin de la même année à Saumur pour étudier la théologie positive et les langues orientales. Il y reste deux ans, puis s'engage dans une vie savante marquée par de très vastes travaux d'orientaliste (on lui attribue la connaissance de dix-sept langues) et fréquente alors les érudits les plus en vue du temps. Cette existence studieuse ne le tient pas pour autant à l'écart de la meilleure société où sa famille est depuis longtemps introduite. A partir de 1672, son état de santé l'oblige à quitter l'Oratoire. Il retourne alors dans sa famille, et dirige la Gazette à partir de 1679. Membre de l'Académie française, de celle des inscriptions et belles-lettres («Petite Académie»), de l'Académie du Luxembourg, de l'Accademia délia Crusca.

3. Carrière

Jusqu'aux années 1679-1683 où il devient directeur de la Gazette, il mène parallèlement une vie d'étude et une vie de cour. Il est, en particulier, le commensal des Condé et participe au préceptorat des princes de Conti et de La Roche-sur-Yon, et à celui du Grand Dauphin. Il ne quitte Paris et sa région qu'en deux occasions : ses études à Saumur et son voyage à Rome et Florence, en 1700-1701, comme conclaviste du cardinal de Noailles. Le séjour à Rome, que R. appelle sa «mission», a pour but de s'occuper de diverses affaires religieuses alors en cours. Le fait d'être très introduit auprès de Clément XI fit croire à R. qu'il obtiendrait du pape la condamnation des Jésuites dans l'affaire de la Chine. Il échoua dans ce dessein et dut quitter Rome en hâte. Le séjour à Florence fut plus fructueux. Il accorda aux mondanités d'usage la place qui leur revenait, mais dressa, en outre, un catalogue des manuscrits orientaux du grand-duc, fit une visite à Magliabecchi, fut reçu à l'Academia délia Crusca. Sur le chemin du retour, il est également accueilli avec la plus grande faveur par Charles Colbert, évêque de Montpellier. R. exerça aussi la fonction de censeur de la Librairie, celle de vicaire général du diocèse de Lisieux. II reçut en commande les deux bénéfices de Frossay au diocèse de Nantes et de Chateaufort au diocèse de Versailles, qu'il ne consentit à accepter qu'à cause de la modicité de leur revenu. Ajoutons que, sans titre particulier, R. eut la charge officieuse, pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg, des rapports avec la petite cour en exil de Saint-Germain-en-Laye et avec les jacobites d'Angleterre. Il essaie, sans succès, d'empêcher cette cour d'être trop exclusivement catholique. Il est aussi à l'origine de négociations entre les jacobites d'Angleterre et Jacques II, tendant à l'établissement d'«articles» (correspondant dans leur esprit au Bill of rights) qui auraient permis la restauration de Jacques II. Cette tentative échoua également.

4. Situation de fortune

Fils d'un médecin fortuné, R. est très à l'aise : «la Gazette de France lui avait valu pendant vingt ans 12 000 £ de rente toutes les années» (Luynes). Elle aurait rapporté 15 000 £ par an autour de 1640 (B.N., f.fr. 22804, f° 22 v°). Il reçoit une pension royale de 500 écus en 1692. Il touche de 1715 à 1719 2100 £ par an de gratification comme académicien. Il possède une terre à Jaulnes (en Brie) qui lui sert de maison de campagne. Il lègue à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés 7600 volumes dont 316 manuscrits orientaux.

5. Opinions

Pour Mathieu Marais, R. est « un des plus grands jansénistes qu'il y eût et des plus ennemis de la Constitution Unigenitus». Il participe comme très jeune savant de grande réputation à la Perpétuité de la fou d'Arnauld et Nicole, un des monuments d'érudition du «parti». Il est un des «rabbins» du « Petit concile » autour de Bossuet pendant les années de préceptorat du Grand Dauphin. Des fonctions de censeur de R., on doit retenir son affrontement avec Pierre Bayle dont il interdit le Dictionnaire pour ses «impiétés» et «obscénités». Jurieu publie le rapport de R. sur le Dictionnaire ; le consistoire de l'Eglise wallone de Rotterdam reprenant les mêmes griefs blâme Bayle, qui se justifie dans quatre Eclaircissements (1702). Des amis de Bayle et de R. (dont le libraire Leers) s'interposent et les deux hommes en arrivent à un armistice. Il n'en est pas de même avec Richard Simon, dont R. dénonce en juillet 1710 la Bibliothèque critique, après avoir déjà collaboré à l'interdiction de l'Histoire critique du Vieux Testament (Auvray, p. 148-149). Il est aussi, avec Bossuet, à l'origine de l'interdiction du De Romani pontificis authoritate de Rocaberti (1695). En revanche, il sauve de la suppression l'Etat de l'Empire de l'abbé de Vayrac, mais réprouve le Traité historique de l'année jubilaire de Mallemans de Messanges, et ne ménage pas ses sarcasmes au P. Thomassin. En 1709, le réformé Aymon donne ses Monuments authentiques des Grecs contre R., qui y répond par une Défense de la Perpétuité de la fou. Il a ensuite une dispute avec Veyssière de La Croze qui donne une Défense de la mémoire de M. Ludolfe (Journal littéraire, 1717) dirigée contre l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie et la Collection des Liturgies orientales. R. réplique par une Défense de l'Histoire des Patriarches d'Alexandrie (1717) que Veyssière de La Croze combat dans l'Europe Savante (1717 et 1719) par un Examen désintéressé du livre que M. l'abbé Renaudot a mis au jour et une Suite de l'examen désintéressé. C'est dans le même cadre d'une érudition de combat qu'il faut situer les Anciennes relations des Indes et de la Chine, publiées par R. pour montrer, contre les Jésuites, que la philosophie des Chinois est celle d'un peuple primitif, que leur physique n'est guère plus raisonnable, qu'ils ne connaissaient pas la boussole avant les Européens. Les Anciennes relations attirèrent des réponses, restées manuscrites, des Jésuites Slavicek (1723) et Dentrecolles (1724). Ajoutons que R. fut un adversaire de Fénelon : il raillait les invraisemblances du Télémaque et fut un de ses adversaires dans l'affaire du quiétisme. On note principalement les relations épistolaires de R. avec Bossuet, Brisacier, F. de Callières, le pape Clément XI, le Grand Condé et ses neveux, les princes de Conti et de La Roche-sur-Yon, Cosme III, grand-duc de Toscane, le comte Fédé, Giusto Fontanini, Gualteri, John Locke, Louvois et l'abbé de Louvois, les Noailles, le cardinal Ottoboni, Passionei, Pontchartrain, Pasquier Quesnel, le cardinal Quirini, Nicolas Toinard et Torcy. Ami de Boileau et ami très proche de Racine, il voit en revanche dans Locke qu'il a rencontré « un bon petit homme, mais un vrai athée, rebelle déclaré contre son Roi». Saint-Evremont est pour lui un «impie de profession » et Bayle « un autre athée qui avait changé de religion deux ou trois fois et qui est mort manichéen».

6. Activités journalistiques

R. dirige la Gazette de 1679 jusqu'à sa mort en 1720. Son frère, François, titulaire avant lui du privilège, s'était désisté en sa faveur pour se faire genovéfain. La conservation et la transmission du privilège ne se firent pas sans alarmes. En 1676, Primi Visconti avait voulu donner un «recueil hebdomadaire de tout ce qui arrivait à Paris», et le roi lui avait fait abandonner son projet sur les instances des Renaudot. Le père de R. parle, à propos de la confirmation du privilège obtenue en 1679, d'arrêter «par ces moyens les prétentions de plusieurs qui essayaient de se l'approprier». Les 9/19 juillet 1680, Ezéchiel Spanheim écrit à Berlin : «L'abbé Dangeau, qui depuis quelque temps avoit la commission d'écrire la Gazette Françoise de ce lieu, en a esté déchargé, sur ce que l'abbé Renaudot, qui tirait le principal profit de ces gazettes, craignit qu'à la longue l'abbé Dangeau ne l'attirât à lui, et en fit parler à Sa Majesté par le Prince de Conti, laquelle se chargea d'en parler elle-même à l'abbé Dangeau, pour savoir s'il y vouloit renoncer volontairement, à quoi ledit Abbé se montra tout disposé, comme n'en ayant eu jusques ici que de la peine et de la dépense ». C'est à l'issue de ces péripéties que R. écrivait avec enjouement à son ami Toinard : «Mon affaire qui a enfin été terminée à mon avantage, m'a tant donné d'affaires que je n'ai pu presque y suffire. Je vous en dirai les particularités demain [...], la principale est que j'ai présentement besoin du secours de mes amis pour avoir des nouvelles, et je vous conjure d'employer vos soins à m'en procurer. Il m'est important d'en avoir d'Espagne et de Portugal, et je vous prie de penser aux moyens de m'en faire avoir [...]. Si nous faisons bien pendant un mois, j'espère que nous serons dans un grand repos, et que je me ferai un petit bien philosophique qui pourra me mettre hors d'inquiétude. Vous verrez par le récit que je vous ferai que je n'ai pas été mauvais négociateur». On doit toutefois retenir que la direction de plein exercice de la Gazette par R. est plutôt à situer en 1683-1684 (voir Feyel, p. 82­83 et n° 150). C'est en effet l'époque où R. ne peut plus compter sur l'abbé Bernou, son collaborateur, parti pour Rome, et celle aussi où il ne réussit pas à se faire désigner comme garde de la Bibliothèque du Roi, nomination qui l'aurait enlevé au journalisme. En 1717, l'abbé transmet le privilège à son neveu, Chaspoux de Verneuil. On note une seule interruption de son activité de journaliste : lors de son voyage à Rome entre octobre 1700 et décembre 1701. Pendant cette période, il délègue la direction du journal à Bardou et Bernou. Le fait même qu'une interruption d'un an ait été possible indique que l'abbé ne rédigeait pas entièrement la Gazette. On connaît mal ses collaborateurs et la part qui leur incombait dans la rédaction. Citons Nicolas Bardou et l'abbé Bernou (cf. Feyel), Bellinzani et Guilleragues dans les premières années (id., p. 82-83), Cabart de Villermont, très certainement François de Callières, l'abbé de Gondi, Massiac de Sainte-Colombe, Robinet de Saint-Jean, l'abbé Vittorio Siri et, sans doute aussi, Nicolas Toinard, ces hom­mes étant à la fois rédacteurs occasionnels de la Gazette et «officieux» des ministres. Sur la diffusion de la Gazette, qui en faisait un organe d'audience nationale (voir Feyel, passim). Rappelons que, parallèlement, les gazettes étrangères étaient elles aussi diffusées en France (arrêt du Conseil du 18 octobre 1675 rendu en faveur de Louvois : l'arrêt du 8 octobre 1675 rendu à la requête de François Renaudot : « ne pourra nuire ni préjudicier à la liberté que tous ceux qui font venir des gazettes des Pays étrangers ont eu jusqu'à présent [...], ils pourront continuer ce trafic tout ainsi qu'ils faisaient»). Quant à son contenu, la Gazette est un organe officiel de la puissance publique. On se souvient de Richelieu écrivant à Sourdis en 1635 : «La Gazette fera son devoir ou Renaudot sera privé des pensions dont il a joui jusqu'à présent». On sait que Louis XIII y a écrit personnellement. Vauban (lettre à Louvois, 1674) a la même doctrine que Richelieu : «Je veux bien qu'elle soit sincère mais il n'est pas défendu [...] de donner une bonne nouvelle, non plus que d'en adoucir une mauvaise». Au temps de R., Louis XIV «approuve» tel article avant l'impression. Louvois conduit les affaires de presse en écrivant à R. : «Je vous prie de vouloir mieux vous expliquer [...], ce sont des expressions ridicules [...]. Je vous ai déjà fait dire de ne vous point mêler de nommer les troupes qui sont dans les armées, et je vous prie que ce soit la dernière fois que cela vous arrive» (2 avril 1691). Pontchartrain partage les mêmes vues, si son ton est moins rude : «J'ai trouvé dans votre dernière Gazette un article considérable sur la Martinique et le retour des sauvages et nègres fugitifs de St Vincent [...], comme il peut y avoir souvent dans les circonstances que vous détaillez, des choses dont il ne convient pas que le public soit si bien informé vous ne devriez rien comprendre dans vos Gazettes concernant la Marine que je ne l'eusse vu. J'ai de ma part un soin particulier de vous envoyer tout ce qui me vient lorsque rien ne m'empêche de vous le donner» (15 févr. 1708). Spanheim va dans le même sens : «la Gazette [...] qu'on examine toujours dans le Bureau du Secrétaire d'Etat, le marquis de Torcy, avant qu'on la publie» (7/17 nov. 1698). Autant qu'il en est besoin, des billets portant les textes à publier quittent les bureaux des ministres et l'on constate quelques jours après leur parution dans la Gazette. Ce sont les bureaux de la Guerre qui recourent le plus à cette pratique, mais, pour l'essentiel, en 1690 et 1691 seulement. Il s'agit de nouvelles propres à démoraliser l'ennemi (ou à montrer en France qu'il est découragé). On fait, par exemple, imprimer dans l'article «de La Haye» : «ceux qui nous gouvernent présentement n'ont plus aucun égard au bien du particulier et ne songent qu'à le perdre dans la crainte d'être punis de tout ce qu'ils ont fait pour le mettre en l'état où il est» (Guerre A1 1022, f° 210 et v°, devenu Gazette, 1691, p. 41, «De La Haye le 22 janvier 1691 »). Ces pratiques, connues des «renseignés» de l'époque, ont pour résultat que la Gazette est lue de fort près, parce que l'on pense que rien n'y paraît fortuitement ou sans intention. Sourches (Mémoires, Paris, 1882-1893, t. I, p. 285-286) voit «un ordre particulier de la Cour» dans la confusion faite entre M. de Turenne et les «domestiques» des princes de Conti et de La Roche-sur-Yon. Une gazette à la main (B.N., f.fr. 10625, f° 8 v°, 10 avril 1682) remarque de même : « Il y a à s'étonner de ce que la Gazette n'a point parlé de la levée du blocus de Luxembourg, ces choses là ne se faisant pas sans ordre». La même gazette relève l'omission d'un fait défavorable : «La Gazette a bien marqué qu'un parti polonais a enlevé un convoi de bœufs et de munitions [...] mais elle a oublié de dire comme il a été secouru d'un autre des Turcs et des Tartares plus fort qui l'a ramené dans Caminietz». Cette lecture très attentive, y compris par «ce qui compte» à l'étranger, est sans doute à l'origine des précautions que prend la Gazette dans ses informations géné­rales en pratiquant les errata ou la «clause de l'attente de la confirmation». Si elle invente ou surtout aménage le plus favorablement tout ce qui est politique et militaire, la Gazette est un très bon annuaire mondain, mais Saint-Simon parle de sa «fadeur» et Sourches, en 1712, d'un jour où la Gazette était « assez fertile en nouvelles contre son ordinaire ». Rappe­lons encore, pour l'anecdote, la parution, le 31 décembre 1683, d'une Gazette dont le G du titre avait été passé au rouge en une nuit. « Cette lettre rouge avait été demandée à M. le chancelier Le Tellier par l'abbé Blache comme une preuve que le chancelier avait reçu les instructions [...] concernant la conspiration formée par les Jésuites et M. de Harlay [...] contre Louis XIV. Cette conspiration devait réussir par le moyen des odeurs dont Louis XIV faisait beaucoup d'usage et les quatre articles de 1682 en furent le motif». Outre l'évocation de l'obscure affaire Blache, on achèvera cet «esprit de la Gazette» en citant longuement R., dans une lettre à Chamillart (Guerre, A1 1064, f° 145, 21 sept. 1702) : «J'ai reçu les mémoires [...] et ils seront employés suivant vos ordres [...]. J'ose vous répondre de cet article [le style] qui est convenable à un Académicien et encore plus de l'exactitude pour les faits. On commence à imprimer dès le lundi matin : ainsi quand les mémoires sont de quelque détail, il serait difficile de mettre en l'état [...] s'ils n'étaient reçus que le jeudi au soir. Cependant quand il y aura quelque nouvelle importante qu'on annonce ordinairement en peu de mots, on la peut insérer quand même, on ne la recevrait que le vendredi du matin. Lorsqu'on peut avoir les mémoires plus tôt, ils sont en meilleur état, puisque quand le temps manque souvent [...], il échappe des fautes [...]. Je comprends qu'il est quelquefois difficile de faire des extraits surtout quand des relations sont longues : en ces occasions-là, feu M. de Louvois m'en a souvent fait envoyer que je renvoyais après. M. de Seignelay en a fait de même pour la marine et M. de Pontchartrain le fait [...]. A l'égard des écrits en réponse aux Lardons et aux autres infamies de Hollande, je vous dis Monseigneur [...] qu'il ne me paraissait pas convenir à la dignité du Roi de les faire réfuter, que si cependant S.M. l'ordonnait [...], je ferais de mon mieux : mais à condition que je ne paraîtrais pas ne croyant pas devoir me commettre avec des misérables comme les auteurs de ces écrits. Mais que le plus court moyen était d'empêcher qu'ils ne courussent Paris et tout le Royaume avec une liberté effrénée, en telle sorte qu'on les distribue à tous les bureaux de poste, et que même on les a souvent imprimés dans les provinces. Nous voyons mieux que MM. les ministres [...] le terrible effet que cela produit dans le Royaume et rien n'est si aise que de les supprimer. C'est l'avis dans lequel je persiste encore, d'autant plus que nos ennemis sont d'une vigilance extraordinaire contre les Ecrits qui peuvent détromper leurs peuples et qu'il irait de la vie en Hollande et en Angleterre d'en distribuer de pareils, même la Gazette de France, pendant qu'on crie publiquement, ici celle de Hollande». Après un passage sur l'inutilité, à ses yeux, des «contredits» (nos démentis) qui ont discrédité la Gazette, R. ajoute : «Si j'ai fait quelque bien, c'est qu'en quelques années je l'ai remise sur un pied sérieux et qu'elle a présentement acquis créance et autorité dans les pays estrangers par la simplicité de la vérité ». Ce fut. pendant 40 ans, l'habileté de R. que de mélanger, tout en étant fort lu, la propagande et les nouvelles jusqu'à les rendre indissociables.

7. Publications diverses

Aux oeuvres recensées par le Cat.B.N. et Cior 17, ajouter : Avertissement touchant la dixième réflexion sur Longin (dans Boileau-Despréaux, Œuvres, Paris, 1713 ; publié de nouveau dans l'éd. Brossette et Saint-Marc, 1747). – Mémoire sur les versions syriaques et arabes d'Hippocrate, dans A. Dacier, Les Œuvres d'Hippocrate traduites en françois avec des remarques, Paris, 1717 ; le texte de R., sans titre, t. I, n.p. [14 p.]. – Epistola clarissimi viri Theophrasti [sic] Renaudoti ad Andream Dacerium De exiguo operae pretio quod ex versionibus Syriacis et Arabicis ferri potest ad emendandum et illustrandum Hippocratem aliosque scriptores Graecos, praesertim Medicos (dans Fabricius, Bibliotheca Graeca, Hambourg, 1718, t. I, 861-865). – Du Prête-Jean ou Prêtre-Jean (dans Pierre Le Brun, Explication litérale, historique et dogmatique, des prières et des cérémonies de la Messe, Paris, 1726, t. II, p. 554 et suiv. Au t. III, p. 468-486, Le Brun publie en parallèle la Liturgie des Chrétiens du Malabar traduite dans le païs même et la Liturgie ordinaire des Nestoriens chaldéens, trad. par R.). – Mémoire de M. l'abbé Renaudot [sur la lettre du négus Yasous à Louis XIV]

dans Le Grand, Relation historique d'Abissinie du R.P. Jérôme Lobo, Paris, 1728, in-40, p. 421-427. – Mémoire que feu M. l'abbé Renaudot a écrit quelques jours avant sa mort (dans Supplément au nécrologue de l'abbaie de Notre-Dame de Port-Royal des Champs, ordre de Citeau, s.l., 1735, p. 204-206, B.N., 40 Ld 383 ; le Supplément est attribué à Le Febvre de Saint-Marc). – V.G. Eusebii Renaudoti, de Barbarias Aristotelis librorum Versionibus disquisitio ad virum eruditissimum Antonium Mariam Salvinium (dans Fabricius, Bibliotheca Graeca, t. XII, p. 246-261). – [De scripturae versionibus quae apud orientales in usu sunt] ; [De sacrae scripturae versionibus arabi­cis] ; [De scripturae sacrae libris et variis eorum versionibus orientalibus] ; [De librorum sacrorum antiquitate et authentia], dans Migne, Scripturae sacrae cursus completus, t. I, col. 589­734, Paris, 1837. – Vita Athanasi ex arabico versa ; dans Migne, Patrologie grecque, t. XXV, col. CCXLVI-CCLI, Paris, 1857. – Deux lettres de R. à Bossuet, 10 juil. et 13 oct. 1687, dans Bossuet, Œuvres complètes, éd. F. Lâchât, Paris, 1865, t. XXX, p. 508-519. Voir aussi Bossuet, Correspondance, éd. Urbain et Levesque, Paris, 1900-1923, passim. – Bertin G., «Le testament de l'abbé Renaudot», Intermédiaire des chercheurs et des curieux, n° 10, 10 janv. 1884, col. 26-29. – Jovy E., Guillaume Prousteau fondateur de la Bibliothèque publique d'Orléans et ses lettres inédites à Nicolas Thoynard, Paris, 1888 (quatre lettres de R. à Thoynard éditées en appendice). – Du Boys E., «Une page inédite de la chronique des élections à l'Académie française. Succession de l'abbé Paul Tallemant 1712», Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1891, p. 433-438 : un texte de R. – Graffin R., «Ordination du prêtre dans le rite jacobite», Revue de l'Orient chrétien, 1896, p. 1-36 : publie la trad. latine par R. du ms. B.N., Syriaque 112. – Vanel J.B., Les Bénédictins de Saint-Maur à Saint-Germain-des-Prés 1630-1792. Nécrologe des religieux de la Congrégation de Saint-Maur décédés à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1896 : reproduit une partie du testament de R. que ne donne pas Bertin. – Nau F., «Dans quelle mesure les Jacobites sont-ils monophysites?», Revue de l'Orient chrétien, 1905, p. 112-134 : publie la trad. par R. du ms. B.N., Arabe 173.– Delpuch A., «Mémoire d'Eusèbe Renaudot sur les missions adressé au Pape Clé­ment XI», Bessarione, 1906, p. 223-231 et 1907, p. 227­233-– Nau F., «Le calendrier d'Aboul-Barakat traduit en latin par Renaudot», Revue de l'Orient chrétien, 1908, p. 113-133. –Denis P., «Lettres inédites de Pierre Bayle», R.H.L.F., 1912, p. 422-453 et 916-936 et 1913, p. 430-449 : publie, p. 444-445, Lettre de l'abbé Renaudot à un religieux de l'ordre de Fontevrault, sur la dissertation apologétique pour le P. Robert d'Arbrissel adressée à Bayle par le P. Soris, 1701, in-8°. – Sgreccia E., Corrispondenze dell'abate Eusebio Renaudot con Mons. Guido Passiona e con l'abate Domenico Passionei negli anni 1708-1709, Studia picena, t. XXXII, 1964, p. 91-140. The Correspondence ofjohn Locke, Oxford, 1976, t. II, deux lettres de R. à John Locke, 1679, lettres 480 et 493. – Burger P., «Spymaster to Louis XIV : a study of the papers of the abbé Eusèbe Renaudot», Ideology and conspiracy : aspects of Jacobitism, 1689-1759, éd. E. Cruickshanks, Edinburgh, 1982 ; p. 111-137 : édite quatre mémoires de R. sur les affaires d'Angleterre.

On a indiqué que R. s'était occupé des affaires d'Angleterre en 1688-1697. II fut amené par là à rédiger de petits libelles de propagande qu'on peut lui attribuer en confrontant l'imprimé avec les manuscrits du fonds Renaudot de la B.N. On a, jusqu'à présent, pu faire de R. l'auteur des libelles suivants, au moins : Lettre d'un gentilhomme français à un de ses amis réfugié en Angleterre sur la Harangue du Président de la Tour, 1er janv. 1691 (A.N., Ne 1542). – Remarques sur la réponse faite par le Roi d'Espagne à un bref écrit par Sa Sainteté pour l'exhorteràlaPaix, 10mai 1692 (Florence : ArchiviodiStato, Mediceo 4787). – Lettre d'un Français à un seigneur flamand sur le changement des affaires des Pays Bas par la nomination de M. l'électeur de Bavière pour en être Gouverneur Général, 10 févr. 1692.

R. rend des services analogues dans d'autres affaires et il fait alors imprimer anonymement : Lettre à Madame de Lionne sur le Libelle des Jésuites contre M. l'Evesque de Rosalie son fils (1701) : sur les affaires de Chine. – Lettre de Monseigneur l'Archevêque Prince d'Ambrun à Monseigneur l'Evêque-Comte de Gap (B.N., Ld 660, 1711) : sur le jansénisme ; et Réponse du Cardinal de Noailles au mémoire que le Roy lui a fait l'honneur de luy présenter (affaires du jansénisme), interdit par arrêt du Parlement du 15 juin 1712. R. est un des héros de Bordelon, Dialogue des vivans, Paris, 1717 (dialogue XVIII, Tiberge et R., p. 282-288).

8. Bibliographie

Archives de la D.D.R., Merseburg, Rep. XI.89, Fasc. 29. – A.A.E., C.P. Angleterre 172 et 173 ; Guerre, A1 1022, 1064. – R., Journal, éd. H. Omont, Nogent-le-Rotrou, 1888. – Journal de Dangeau ; mémoires de Sourches, de Luynes, de P. Visconti, de M. Marais, de Vauban. – Auvray P., Richard Simon (1638-1712) : étude bio-bibliographique, Paris, P.U.F., 1974. – Berthelot J., «Un duel royal en cour de Rome», Revue d'histoire de l'Eglise, t. XLVI, p. 595-623. – Feyel G., La Gazette en province à travers ses réimpressions, 1631-1752, Amsterdam, Maarssen, APA-U.P. Holland, 1982. – Piel, Inventaire historique des actes transcrites aux insinuations ecclésiastiques du diocèse de Lisieux [...] 1692­1790, Lisieux, 1890-1895.

REGNAULD

Numéro

670

Prénom

Louis

Naissance

1696

Décès

1755

Louis Regnauld est né le 2 février 1696, à Sainte-Menehould. II est mort à Châlons-sur-Marne, le 26 décembre 1755. On rencontre aussi son nom sous les formes Renaud et Regnaud.

2. Formation

La réforme des troupes du 31 mai 1721 l'oblige à quitter la carrière militaire qu'il avait embrassée en 1719. Il apprend l'horlogerie à Paris avec un nommé Gilbert. Il s'établit en 1725, à Châlons (Tablettes).

6. Activités journalistiques

«Plusieurs mémoires sur l'horlogerie qui sont répandus dans les Mercures» (Tablettes).

7. Publications diverses

R. «donna successivement divers ouvrages estimés des gens de l'art [...] insérés dans le traité de l'horlogerie mécanique et pratique, approuvé par l'Académie royale des sciences, imprimé à Paris en 1741, 2 vol. gd. octavo avec figures» (Tablettes).

8. Bibliographie

8. Tablettes historiques topographiques et physiques de la ville et du diocèse de Châlons-sur-Marne pour l'année 1757, p. 74-75 (B.N., Lk 1762).

RAZOUX

Numéro

667

Prénom

Jean

Naissance

?

Décès

?

Jean Razoux est né à Nîmes le 6 juin 1723. Il est mort à Nîmes en 1798 (B.N.C. ; B.Un.).

2. Formation

Docteur en médecine de la faculté de Montpellier, membre de l'Académie royale de Nîmes, dont il fut le secrétaire perpétuel, correspondant de l'Académie des sciences de Paris et de celles de Montpellier et de Toulouse.

6. Activités journalistiques

II donna plusieurs mémoires dans les Recueils de l'Académie royale de Nîmes : sur les Volces arécomiques, sur les consécra­tions des animaux, sur les grands chemins des Romains, et plusieurs articles dans le Journal de médecine : voir les t. V, VII, IX, XVIII, XXI, XXII, XXIII, XXXVII, XLIV. Il a publié une dissertation dans le Journal encyclopédique en 1762.

7. Publications diverses

Aux œuvres mentionnées par le Cat.B.N. ajouter Lettre à M. de Belletête sur les inoculations faites à Nîmes, Nîmes, 1764, in-40 (Dezeimeris).

8. Bibliographie

8. B.U.C. ; B.Un. – Dezeimeris, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, Paris, 1836, t. III.

POLLUCHE

Numéro

649

Prénom

Daniel

Naissance

1689

Décès

1768

Daniel Polluche est né le 4 octobre 1689 à Orléans, de Michel Daniel Polluche et de Marie Florence Jousse. Epouse Anne Pitoin. Mort le 5 mars 1768à Orléans.

2. Formation

Etudes chez les Jésuites en 1699, puis philosophie à Paris sous le célèbre Dagoumer.

4. Situation de fortune

Revenu à Orléans après ses études, il hérite du commerce familial qu'il quitte ultérieurement.

5. Opinions

P. s'est demandé avec les érudits de son temps si l'ancienne Genabum était Gien ou Orléans ; il a cherché à établir que Jeanne d'Arc n'avait pas été brûlée à Rouen.

6. Activités journalistiques

Il est l'auteur d'articles d'érudition dans le Mercure de France, 1722 et 1724 ; févr. 1726, juil. 1731, avril, mai, juin, août 1732, janv., févr., juil. 1733, janv. 1734, mai, sept., déc. 1735 (2e vol.), sept. 1742, mars, juil. 1745, nov. 1746, déc. 1747 (1er vol.), juil. 1749, mai 1750, 1765 et dans le Journal de Verdun, oct. 1749.

7. Publications diverses

Liste de ses oeuvres dans Cior 18, n° 50924-50929.

8. Bibliographie

8. B.Un. – Beauvais de Préau, notice sur P., dans P., Essais historiques sur Orléans, Orléans, 1778, in-8°. – Brainne C, Débarbouiller J. et Lapierre CF., Les Hommes illustres de l'Orléanais, 1852. – Loiseleur J. Les Archives de l'Académie d'Orléans, Orléans, 1872 (B.N., Z.53755).

PINGERON

Numéro

644

Prénom

Jean Claude

Naissance

1730?

Décès

1795

Jean Claude Pingeron est né vers 1730 à Lyon. Mort en 1795 a Versailles.

2. Formation

P. fut le premier secrétaire du Musée de Paris (B.Un.).

3. Carrière

Capitaine d'artillerie et ingénieur dans l'armée polonaise, puis attaché au bureau des bâtiments du roi à Versailles. Il fit de grands voyages et séjours à Rome, à Naples, dans le Levant.

6. Activités journalistiques

P. a été en 1768-1769 l'un des collaborateurs de la Gazette littéraire et universelle de l'Europe (D.P.1 575). Il a collaboré, à partir de 1779, au Journal de l'agriculture : mars 1780, p. 155-171 ; avril 1780, p. 178-190 ; mai 1780, p. 136-142 ; juin 1780, p. 188-191 ; juil. 1780, p. 186-191 ; sept. 1780, p. 183-189 ; nov. 1780, p. 174-184, etc. Il a également écrit dans la Bibliothèque physico-économique : 1786, t. I, p. 359 ; 1787, t. I, p. 226 et 229-230 ; 1789, t. II, p. 414-418 ; 1790, t. II, p. 292-294.

7. Publications diverses

Voir Quérard, t. VII, p. 179 et Cior 18, n° 50294-50310.

8. Bibliographie

8. B.Un. ; D.L.F.

PEYSSONNEL

Numéro

633

Prénom

Jean

Naissance

1694

Décès

1759

Jean André Peyssonnel est né le 19 juin 1694 à Marseille, fils de Charles Peyssonnel, médecin à Marseille, et d'Anne Isoard (ou Isouard). II est mort le 24 décembre 1759 à la Guadeloupe (R, p. 323 et 327). Charles Claude Peysonnel (1727-1790) est son neveu, fils de son frère cadet, Charles Peysonnel, qui fut avocat au barreau de Marseille.

2. Formation

D'après l'Eloge de Charles P. (le père), celui-ci est mort lors de la peste de Marseille en 1720 : «Le Souverain récompensa ce noble sacrifice, par une pension qu'il accorda à Jean André Peyssonnel, son fils aîné, héritier de la profession et du mérite de son père». P. fit ses études chez les Pères de l'Oratoire de Marseille, puis ses études de médecine à Aix. Revenu à Marseille pour exercer sa profession, il forme avec son frère Charles et quelques amis le projet de fonder à Marseille une Académie des sciences ; ce projet échoue, du fait du petit nombre de savants concernés. Soutenu par Bignon, il tente d'obtenir la création d'une chaire de «professeur en matière médicamenteuse » à l'usage des chirurgiens naviguants (Traduction, p. 119), mais la disgrâce de Bignon et son remplacement par Le Bret ruinent ses efforts. Le 23 août 1723, il est nommé correspondant de l'Académie des sciences de Paris. En 1756, il signera sa Traduction des titres suivants : «Jean André Peyssonnel, Ecuyer, Docteur en Médecine des Académies royales des Sciences de Paris et de Montpellier, membre de celle de Marseille, ci-devant envoyé par Sa Majesté aux Côtes de la Barbarie pour la recherche sur l'Histoire naturelle, Médecin entretenu dans l'Isle Guadeloupe».

3. Carrière

La Traduction rappelle en 1756 les grandes lignes de sa carrière : après ses études de médecine, il accomplit différents voyages sur les côtes d'Afrique, à Saint-Domingue, au Mississippi, en Egypte et ailleurs (p. 12), puis en Barbarie sur les ordres du roi de France vers 1725 (p. 33). II est nommé par le Roi médecin-botaniste en Guadeloupe en 1726 (p. 44), poursuit ses observations pendant trois mois sur les côtes de Barbarie, envoie en 1727 le détail de ses découvertes à l'Académie des sciences, qui n'y prête pas attention (p. 78). Ses « observations sur les courants de la mer dans les isles de l'Amérique», jointes à la même Traduction témoignent d'une véritable passion pour la connaissance de la mer, depuis ses premières enquêtes auprès des marins du port de Marseille jusqu'à son travail de médecin à la Guadeloupe où il passa le reste de sa vie.

4. Situation de fortune

A la fin de sa vie, il propose à l'Académie de Marseille de fonder un prix d'histoire naturelle de la mer et s'offre à déposer un fonds de 5000 £ dont le revenu financerait les récompenses. L'Académie refuse cette proposition le 1er décembre 1756, faute de spécialistes pour attribuer les prix, et de crédits pour publier les travaux (Traduction, p. 90).

6. Activités journalistiques

La carrière de P., qui à strictement parler n'a jamais publié dans la presse française, se résume en un long et vain combat pour faire connaître ses recherches sur l'histoire naturelle de la mer. Il a découvert très tôt la nature animale du corail. Réaumur avait fait paraître dans les Mémoires de l'Académie des sciences dès 1713 une dissertation dans laquelle il considérait le corail comme une plante «pierreuse» ; il refusera pendant 20 ans de revenir sur son opinion ; des quatorze mémoires qui paraissent sur la question dans les Mémoires de l'Académie des sciences, aucun ne mentionne P. Celui-ci ne s'est jamais avoué battu. Il rassemble en 1744 toutes ses observations sur le corail et les adresse au Journal des savants, qui ne les publiera pas : on trouve mention, dans la Table méthodique du Journal des savants de Cocheris d'un Traité du corail « écrit en 1744 » et envoyé par P., manuscrit appartenant depuis à la Bibliothèque du Museum, où il s'est d'ailleurs égaré (R., p. 325). P. prendra le parti, en 1750, d'adresser à la Royal Society of Sciences de Londres un «curieux traité» de plus de 400 pages, résultat de 30 années d'observations (Traduction, p. 6), car il s'aperçoit qu'en France, on commence à piller ses découvertes. Ce traité, résumé et traduit par G. Watson, de la Royal Society, a paru dans les Philosophical transactions de 1752à 1759. On trouvera donc dans les Philosophical transactions, résumées et réparties en différents articles, ses principales dissertations : «An Account of a manuscript treatise, presented to the Royal Society, intituled, Traité du Corail» (vol. XLVII, 1753, p. 445469). – «Observations made upon the Brin-Stone-Hill (in French La Souffrière) in the Island of Guadeloupa. By John Andrew Peyssonnel» (vol. XLLX, part. II, 1757, p. 564-579). – «An account of a visitation of the leprous persons in the isle of Guadaloupe» (vol. L, part. I, 1758, p. 38-48. – « Observations on the Limax non cochleata Purpur ferens » (vol. L, part. II, 1759, p. 585-589). – «New Observations upon the Worms that form Sponges» (ibid., p. 590-594, mémoire daté du 1er mars 1757). – «Observations on the Alga Marina latifolia» (ibid., p. 631-635, p. 38-48). – «Observations upon a slight Earth-quake » (vol. L, part. II, 1759. p.645-648). – «Singular observations upon the Manchenille Apple» (ibid., p. 772-773). – «Observations upon the Corona Solis Marina Americana» (ibid., p. 843845). – «Observations upon the Sea Scolopendre, or Sea Millipedes » (vol. LI, part. I, 1760, p. 35-37). P. publie lui-même à Londres en 1756 un «extrait» de ces dix dissertations, augmentées de diverses pièces sur son projet de prix littéraire, sur le refus de l'Académie de Marseille, sur son appel à Buffon et Daubenton, etc. L'ensemble de ce dossier a paru sous le titre de Traduction d'un article des Transactions philosophiques sur le corail ; il fait clairement apparaître les efforts de P. pour faire connaître ses découvertes sous quelque forme que ce soit, il manifeste aussi le silence des institutions et de la presse françaises et l'accueil favorable que leur réserve une nation maritime comme l'Angleterre.

7. Publications diverses

P. a publié très tôt quelques traités de médecine : ses thèses de médecine, Quaestio medica (Aix, Adibert, 17178) et Quaestiones medicae-theoretico-practicae (Marseille, Brebion, 1718), ainsi que La Contagion de la peste expliquée (s.l., 1722). – Essai de physique, ou conjectures fondées sur quelques observations qui peuvent conduire à la formation des courants de la mer Méditerranée (Marseille, 1726). – La dissertation sur le corail avait été, comme on l'a dit, envoyée sans succès au Journal des savants ; elle a été résumée par P. et jointe à diverses pièces dans la Traduction d'un article des Transactions philosophiques sur le Corail. Projet proposé à l'Académie de Marseille. Pour l'établissement d'un Prix pour une Dissertation sur l'Histoire naturelle de la Mer, avec la réponse de l'Académie, et une Lettre sur cette réponse. Diverses Observations sur les courans de la Mer, faites en différens endroits, Londres, 1756. Rampai mentionne également un certain nombre de communications à l'Académie de Marseille entre 1726 et 1735, mais l'Académie ne possède pas encore de mémoires imprimés à cette époque. Dans le «Projet proposé à l'Académie de Marseille», P. affirme qu'il a rédigé, en collaboration avec son frère Charles, avocat, une Histoire de la juridiction de la Mer.

8. Bibliographie

8. (Traduction) Traduction d'un article des Transactions philosophiques sur le Corail, Londres, 1756. – (R) Rampai A., «Une relation inédite du voyage en Barbarie du médecin naturaliste marseillais Peyssonnel», Bulletin de géographie, 1907, p. 317-340. – Id., «La correspondance de Barbarie de J.A. Peyssonnel et le but véritable de son voyage», Revue tunisienne, t. XXIII, 1917, p. 388-399.