LAMBERTY

Numéro

447

Prénom

Guillaume de

Naissance

1660?

Décès

1733

1. État-civil

Guillaume de Lamberty (ou Lamberti) serait né dans les Grisons vers 1660 d'une famille d'origine italienne. Fasso le croit né à Milan. Son véritable nom serait Giovanni Gerolamo Arconati Lamberti de Saint Leo, mort en 1733 (voir Fasso, p. 273-318), Guillaume de Lamberty est mort en 1742 à Nyon.

3. Carrière

Il commence sa carrière à Milan et à Rome où il est mêlé à de nombreuses escroqueries et à trois meurtres. Il compose des libelles scandaleux, diffusés sous forme manuscrite. Mis en prison, il s'en échappe ; entre 1674 et 1685, on le retrouve à Genève où il tente vainement d'être reçu dans la Réforme calviniste. En 1682, il a le statut «d'habitant» de Genève. Ses activités d'espionnage le font soupçonner d'être un agent double au service de l'Espagne et de la France. Il propose à l'ambassadeur de France, Gravel, puis à son successeur Tambonneau, de faire du renseignement en Dauphiné et dans le Milanais. En 1685, il disparaît de Genève et arrive à Amsterdam. Selon Dedieu, il aurait dirigé les services d'espionnage anglais en Hollande de 1690 à 1715 ; mais Rosenberg (p. 230) n'a rien trouvé dans les archives anglaises. Il est vers 1692 secrétaire de lord Portland, ambassadeur d'Angleterre en Hollande, et de divers diplomates (Bayle à Minutolti, Lettres, t. II, p. 458). Rosenberg signale que L. fut, à La Haye, agent correspondant de Hanovre (1706-1718). En 1704 (p. 231), L. envoie une «correspondance» hebdomadaire à Stockholm. En 1718, selon Fasso, L. eut permission de vivre dans le canton de Vaud. Il est nommé en 1723 résident à Berne et à Genève du landgrave de Hesse-Cassel et du roi de Suède. En 1730-1731, il fait en cette qualité une visite officielle à Genève. De retour en Suisse à la fin de sa vie, il s'installe à Nyon où il passe ses dernières années en compilant les traités publics publiés en Europe depuis la mort de Charles II d'Espagne.

5. Opinions

De sensibilité réformée et fort opposé à l'absolutisme français, il prend le parti de l'Angleterre.

6. Activités journalistiques

Séjournant à La Haye en 1686, il propose à Bayle de traduire en italien les Nouvelles de la République des Lettres. Son libraire refuse (Bayle, Choix ; id., lettre à Minutoli).

Il dirige et rédige, à la place de Gueudeville, L'Esprit des Cours de l'Europe, de mai à juillet 1701 (D.P.1 393). Il tente de faire oublier à l'ambassadeur de France, le comte d'Avaux, qui s'en était plaint au Pensionnaire, les piques anti-françaises de son prédécesseur ; mais s'il atténue la satire, il conserve la ligne du journal. Pendant sa direction, le périodique paraît sous le titre de Nouvelles des Cours de l'Europe.

7. Publications diverses

Mémoires pour servir à l'histoire du XVIIIe siècle, La Haye, 1724-1734, 12 volumes. – Mémoires de la Révolution d'Angleterre, 1702.

8. Bibliographie

B.Un., N.B.G. – Bayle P., Lettres, Amsterdam, 1729, t. II, p. 458 : lettre à Minutoli du 6 octobre 1692 ; t. III, p. 861 : lettre à Marais du 6 mars 1702. – Id., Choix de correspondance inédite de Pierre Bayle, 1670-1706, éd. E. Gigas, Copenhague, Gad., 1890, t. 1, p. X. – Dedieu J., Le Rôle politique des Protestants français, Paris, Bloud et Gay, 1920, p. 244-247. – Fasso L., Avventurieri della penna del seicento, Florence, Le Monnier, 1923. – Labrousse, E., Inventaire critique de la correspondance de P. Bayle, Paris, Vrin, 1961. – Rosenberg A., Nicolas Gueudeville and his work (1652-1720), La Haye, Nijhoff, 1982.

9. Additif

Activités journalistiques: Grâce à une lettre de L. à la sœur de John Cutts, en date du 15 août 1713, il est désormais possible d’affirmer que L. a participé à la rédaction des Lettres historiques et de plusieurs gazettes. « Il est vrai que dans le temps de ces affaires là [à savoir la guerre de succession d’Espagne], j’ai eu soin de faire publier plusieurs choses dans les gazettes et un temps dans les lettres historiques qui se font ici chaque mois. » (British Library, Londres, Ad. Ms. 69379. Papiers Dropmore, f° 73-74).

Les lettres de nouvelles citées par J. Dedieu, non retrouvées par A. Rosenberg, se trouvent aux National Archives de Londres, désormais sous la cote NA-SP 101/64, f° 320-414, 60-98. D’autres documents du même fond attestent de son action au service de l’Angleterre mais, à notre connaissance, rien ne permet d’affirmer qu’il aurait été le « chef » de l’espionnage anglais en Hollande.

En 1703-1704, L. entretient (sous le pseudonyme « Le Connu ») une lettre de nouvelles avec John Cutts, lieutenant-général anglais sous les ordres de Marlborough pendant la Guerre de Succession d’Espagne (British Library, Londres, Ad. Ms. 69379. Papiers Dropmore, f° 41-72) Il est également question de l’espion Le Connu dans les papiers Walpole (British Library, Londres, Ad. Ms. 7399).

Il est question de L. comme nouvelliste à la main et informateur politique dans la correspondance d’Anthonie Heinsius (Nationaal Archief, La Haye, 3.01.19, 944, 1221, 1233, 1330, 1437, 1450, 1725, 1969). (Marion BRÉTÉCHÉ)