LA BRUNE

Numéro

433

Prénom

Jean de

Naissance

?

Décès

1743?

1. État-civil

Né dans la seconde moitié du XVIIe siècle, à Privas selon Haller (Ecrivains de la Suisse) ; le détail est certainement exact : Jean de La Brune est originaire du Vivarais comme son ami Paul Reboulet, qui l'accompagnera dans son voyage en Suisse. On se reportera à la seconde partie du Voyage en Suisse (7e lettre), qui s'ouvre par une «Lettre escrite de Vivarets le 23 de Février 1686 sur l'estat des nouveaux Convertis de cette Province, à l'occasion de la mort de Mr Reboulet le père» ; elle précise : «Mr Reboulet estoit, comme vous sçavez, le seul Ministre qui fut resté en France. Son âge ne luy avoit pas permi de Se pouvoir retirer hors du Royaume». D'ascendance protestante, L. est pasteur, et probablement fils de pasteur. L'attribution des oeuvres recensées par Barbier a été par ailleurs l'objet de controverses ; Court (ms. de Court, n° 42) fait même d'un certain François de La Brune l'auteur des livres généralement donnés à L. Né à Lunel (entre Montpellier et Nîmes), François de La Brune fait ses études de théologie à Genève, où il est immatriculé en 1640. Il dessert sans doute plusieurs paroisses du Bas-Languedoc, puis est choisi en 1654 par le synode de Montpellier pour être ministre à Florensac ; les tracasseries auxquelles il est soumis le chassent bientôt de cette bourgade. Selon Court, François de La Brune se retire à Amsterdam en 1685 et est suspendu en 1691 «à cause de ses opinions hétérodoxes sur les sorciers». Pour rendre la question plus confuse encore, Adelung attribue à un La Brune, pasteur de Dornick, qu'il distingue du ministre de Schoonoven, les Mélanges historiques que Barbier inscrit dans la liste des ouvrages de Jean de La Brune (voir Haag, qui laissent «à de plus habiles le soin de débrouiller ce chaos»). Doornik est en fait le nom flamand de Tournai où, si l'on en croit l’E.C., L. a été ministre avant d'être appelé à Schoonoven (voir ci-dessous). Le La Brune dont parle Adelung serait donc bien L., et la notice du Haag 2 a le tort de prendre Doornik et Tournai pour deux villes différentes. Quant à François de La Brune, la chronologie se prononce contre lui : il a dû naître vers 1620 et l'on ne saurait admettre -même en tenant compte de publications posthumes- qu'il ait pu composer des oeuvres parues en 1718 (Mélanges historiques...), 1731 (Histoires du Vieux et du Nouveau Testament...) et 1733 (Entretiens historiques et critiques...)! Enfin l'on ne peut ôter à L. le Voyage en Suisse, qui est signé (cf. la dédicace de la seconde partie, «A Monsieur Gautier, Ministre de la Cour de son Altesse Electorale de Brandebourg et de l'Eglise Française de Berlin»). L'on suit donc dans cette notice le sentiment général, qui a toujours reconnu en L. I'auteur -obscur certes- des livres dont l’E.C. énumère les titres. Cf. Haag : «Jean de la Brune, écrivain distingué, n'est guère connu que par ses ouvrages».

3. Carrière

L. est-il ce «Jean La Brune» dont P. Gachon (Quelques préliminaires) nous dit qu'en 1683 les cultes étaient suivis «à Cournonterral, chez la Présidente des Vignolles» par un groupe de protestants de Montpellier? En 1690 le même pasteur La Brune projètera de revenir clandestinement de Hollande en France avec le pasteur Dautun. Selon l’E.C., L. est appelé après la révocation de l'Edit de Nantes comme pasteur à Bâle (le Voyage en Suisse montre qu'il connaît bien cette ville) ; il quitte Bâle pour les Pays-Bas et devient pasteur de l'église wallonne de la garnison de Tournai (Hainaut) ; il se réfugie enfin à Schoonoven (Sud-Hollande) pour y exercer son ministère, sans doute là aussi dans une église wallonne. Si les dates manquent, le Voyage en Suisse fournit quelques points de repère pour les années 1685-86. L. et Reboulet donnent l'itinéraire suivant : Genève, Lausanne, Berne, Soleure, Bâle, Schaffhouse, Stein-am-Rhein, Constance, Zurich, Berne, Neuchâtel. La dédicace de la première partie - «A Monsieur Lullin, Conseiller d'Etat de la République de Genève»- est datée par L. de «Heidelberg ce 15 de juillet 1686» ; était-il déjà en route pour les Pays-Bas? Dans ce cas son séjour à Bâle eût été des plus brefs, et l'on devrait plutôt admettre qu'il y a exercé son ministère avant même 1685, un certain nombre de pasteurs, notons-le, ayant été chassés de France dans les années précédant la révocation de l'Edit de Nantes. Si le renseignement fourni par Adelung est exact, L. se trouvait encore à Tournai vers 1718, lorsque parurent les Mélanges historiques. Il mourut vers 1743 (B.Un.).

6. Activités journalistiques

L. a été un des rédacteurs du Mercure historique et politique, Parme et La Haye, 1687-1779, in-12 (D.P.1 940). Il n'aurait participé qu'aux volumes parus entre juin 1695 et juin 1710.

7. Publications diverses

Voyage en Suisse, relation historique contenue en douze lettres écrites par les sieurs Reboulet et La Brune à un de leurs amis de France, Marbourg, 1685, in-12 ; 2e éd., augm., La Haye, 1686, 2 t. en 1 vol. in-12. – Morale de Confucius, Amsterdam, 1688, in-8°. L'attribution à L. est faite par Jacques Bernard dans les Nouvelles de la République des Lettres, sept. 1710. La B.Un. renchérit et fait de L. l'auteur de la Lettre sur la Morale de Confucius, Paris, 1688. Barbier (E.C.) est d'un tout autre avis ; selon lui, la Morale de Confucius est «un abrégé du grand ouvrage des P.P. Intorcetta et Couplet, intitulé Confucius Sinarum philosophus, etc. Placcius, dans son Theatrum Anonymorum, semblait l'attribuer au P. Couplet. Jacques Bernard, analysant Placcius, dans le mois de septembre de la République des Lettres de 1710, le relève et affirme que l'auteur de la Morale de Confucius est L. Malgré cette assertion, la préface, qui est écrite avec beaucoup de modération, et bien plus dans les principes du catholicisme que dans ceux du protestantisme, porterait à croire que cet abrégé est réellement du président Cousin ; mais l'on ne peut dire la même chose de la Lettre sur la Morale de Confucius : elle est signée des lettres initiales S.F.***, qui sont indubitablement celles de Simon Foucher, chanoine de Dijon, comme le reconnaît la B.Un. elle-même à son article. Cette lettre, revêtue de l'approbation du président Cousin, parut à Paris pour la première fois ; dans plusieurs réimpressions, sous le titre d'Amsterdam, elle se trouve tantôt en tête, et tantôt à la suite de la Morale de Confucius». Ajoutons que la Morale de Confucius a eu plusieurs rééditions : Paris, Valade, 1783, in-12 ; Paris, Caille et Ravier, 1818, in-12 ; Paris, E. Legrand, 1844, in-8°. – La Vie de Charles V, duc de Lorraine et de Bar, Amsterdam (J.Garrel), 1691, in-12 ; «ouvrage estimé» (N.B.G.) ; 2e éd., ibid., in-12, portr. et front. gravés ; 3e éd., ibid., 1691. Voir l'Histoire des ouvrages des savants, oct. 1690, p. 77-80, et le Journal des savants, 26 nov. 1691, p. 446. – Mémoires pour servir à l'histoire de Louis de Bourbon, prince de Condé, Cologne [Amsterdam], P Marteau, 1693, 2 vol. in-12, portr. ; 2e éd., 1693 (ibid., 2 vol. in-12, portr.). Voir Bibliothèque universelle et historique, mars 1693, p. 222-223, et juin 1693, p. 481-491, ainsi que l'Histoire des ouvrages des savants, févr. 1693, p. 284. – Histoire de la vie de Louis de Bourbon, prince de Condé, Cologne, R. Lenclume, 1693, 2 vol. in-12 ; 2e éd. en 1694 (ibid., 2 t. en 2 vol. in-12) ; 3e éd. en 1694, Cologne, P. Marteau, 2 vol. in-8° ; 4e éd. (ibid., 1694, 2 t. en 1 vol. in-8°). – Relation de la campagne d'Irlande en 1691 (signée «De la Brune»), Amsterdam, J. Garrel, 1693, in-12, portr. et tables. – Traité de la justification, par J. Calvin, traduit du livre de son Institution chrétienne, Amsterdam, 1693, in-8° ; 2e éd., ibid., Kuiper, 1705, in-12. – Mélanges historiques recueillis et commentés par M***, Amsterdam, 1718, in-12. – Histoires du Vieux et du Nouveau Testament, en vers, avec des remarques, Amsterdam, 1731, in-8° ; «cet ouvrage avait paru dès 1705, dans l'Histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament de Basnage, in-folio» (E.C.). – Entretiens historiques et critiques de Philarque et de Polidore, sur diverses matières de littérature sacrée, Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1733, 2 vol. petit in-8°. – Méthode que l'on pratique à l'hostel des Invalides pour guérir les soldats de la vérolle, Paris, impr. de F. Muguet, s.d., in-4°, 13 p. ; rééd., s.l.n.d., in-12, 23 p.

8. Bibliographie

Cat.B.N., N.B.G., B.Un., Haag. – Conlon P.M., Prélude au siècle des Lumières en France, Paris-Genève, 1970, t. I. – (E.C.) Barbier A., Examen critique et complément des dictionnaires historiques les plus répandus, t. 1er (A-J), seul publié, Paris, 1820. – Gachon R., Quelques préliminaires à la Révocation de l'Edit de Nantes en Languedoc, Toulouse, 1899. – Adelung J.C. et Rotermund H.W., Fortsetzung und Ergänzungen zu […]Jöcher Allgemeinem Gelerhten-Lexicon, Leipzig, 1784. – Haller, Ecrivains de la Suisse.