TRONCHIN DUBREUIL

Numéro

780

Prénom

Jean

Naissance

1641

Décès

1721

1. État-civil

Jean Tronchin Dubreuil est né à Genève le 9 février 1641 de Jacques Tronchin et de Jeanne de Tudert (V, t. IV, p. 143). Il se marie avec Anne Marie Bastonnet, qui meurt à Balk (West-Frise) vers 1684. II eut d'elle plusieurs enfants dont deux fils, César (1683-1740) et Charles (1684-1727), qui lui succédèrent à la tête de la Gazette d'Amsterdam (voir ces noms). Il devient membre de l'église wallonne le 23 juillet 1690 en même temps que son frère Pierre (V, t. IV, p. 143). Il mourut à Amsterdam le 17 octobre 1721 et fut enterré à la Westerkerk le 21.

2. Formation

Selon H. de Limiers, son biographe, il se montra si précoce qu'à dix ans, il savait le latin et le grec ; on l'envoya à Saumur, où il fut nommé maître ès arts à l'âge de quinze ans et demi ; il commença aussitôt l'étude de l'hébreu. Malade des yeux, il se rendit à Paris où il fut remarqué par Colbert et Bossuet ; mais il refusa de se convertir et quitta Paris deux ans avant la Révocation.

4. Situation de fortune

Le 30 avril 1694, il reçoit 400 florins pour une correspondance secrète avec la France ; le 21 janvier 1695, il reçoit 185 florins pour avoir fourni des nouvelles pendant trois mois (ibid.).

6. Activités journalistiques

Dès son arrivée à Amsterdam, les magistrats cherchèrent à s'assurer ses services et à lui obtenir le privilège de la Gazette (Limiers, p. 692). Il publia, à l'occasion de la Révolution d'Angleterre, les Lettres sur les matières du temps, qui parurent de février 1688 à décembre 1690 (D.P.1 837). Bayle écrit à Minutoli, le 14 mars 1690 : «Mr. Tronchin Du Breuil qui faisoit autrefois les Lettres sur les matières du tems, a obtenu le privilège de faire une gazette» (cité par V, t. IV, p. 143).

T. est le fondateur de la seconde Gazette d'Amsterdam, qui paraîtra sous plusieurs titres jusqu'à sa mort et sera continuée par ses descendants jusqu'à la fin du XVIIIe siècle (D.P.1 495). Selon Limiers, la gazette de T. fut aussitôt appréciée, mais T. ne devint que difficilement propriétaire du privilège. Il publie d'abord le Nouveau Journal universel, édité chez Claude Jordan de 1688 à 1690 ; à partir du 20 mars 1690, époque à laquelle se réfère Bayle dans la lettre citée ci-dessus, le titre devient Gazette d'Amsterdam, mais la publication est interrompue peu après. Claude Jordan, qui possédait un privilège de quinze ans pour l'impression de l'Histoire abrégée de l'Europe, tente d'éditer la Gazette sous le titre de l'Histoire abrégée, mais la publication est interdite le 8 mai 1691 ; Jordan repart en France et T., qui venait d'obtenir un privilège pour le Recueil des nouvelles (1er août 1691), reste seul titulaire de la gazette, qui, à partir de 1693, paraîtra sans titre.

La Gazette, imprimée à Amsterdam chez «J.T. du Breuil», paraît tous les lundis et jeudis à partir du mois d'août 1691 (voir Amsterdamse courant du 30 août 1691), avec privilège des Etats de Hollande et de West-Frise (V, t. II, p. 38-40). H.P. de Limiers écrit dans le Journal des savants : « il commença la gazette en 1691 et son nom ne servit qu'à la faire rechercher davantage. Sur tout les recapitulations qu'il publioit à la fin de chaque année, où dans une demi-feuille il rappeloit d'une manière claire et concise tout ce que l'année avoit de plus important, feront à jamais et l'admiration du public, et le plus parfait modèle qu'on puisse se proposer en ce genre » (t. LXX, p. 689, cité par V, t. IV, p. 144).

7. Publications diverses

Limiers lui attribue : Entrée du Roi de la Grande Bretagne à La Haye, l'an 1691. – Relation de la campagne de Flandre et du siège de Namur en l'année 1695, La Haye, Bulderen, s.d. – Dialogues sur les matières du tems, D. Pain, 1700. – Remarques sur la lettre pastorale de M. l'Archevêque de Paris,

s.d.

8. Bibliographie

L'essentiel de ce que nous savons de T. vient de l'Eloge publié par H. Limiers dans le Journal des savants, éd. de Hollande, déc. 1721, p. 689-696. – Haag. – (V) Van Eeghen I.H., De Amsterdamse boekhhandel (1680-1715), Amsterdam, 1960-1967, t. IV.

Auteurs

9. Additif

Deux articles simultanés traitent en 1999 de la carrière de Jean Tronchin Dubreuil : la notice de DP2 par J.S. et l’article d’Éric Briggs dans Gazettes et information politique sous l’Ancien Régime : « La famille Tronchin et Jean Tronchin, ; gazetier » (p. 87-96).

État-civil : L’adjonction de « du Breuil » à son patronyme pourrait provenir d’un remariage avec une Du Breuil vers 1686

Formation : E.B., dans son article, étudie l’origine des Tronchin, évoque les études de J.T. à Saumur avec Moyse Amyrant, son arrivée aux Pays-Bas et ses débuts littéraires, « tribut enthousiaste à Guillaume d’Orange » en 1692 et 1695 (p. 91).

Carrière : J.T. devient bourgeois d’Amsterdam le 2 novembre 1689, est admis au temple le 23 juillet 1690. Devenu informateur du gouvernement sur la politique française, il reçoit en juillet 1694 une pension annuelle de 400 florins, mais E.B. exclut qu’il ait été agent double.

Opinions : Trois extraits de ses rapports au Grand Pensionnaire en 1709 et 1713 (p. 95) illustrent une pensée très nuancée à la fois sur la France et sur la Grande-Bretagne(J.S.).