SUARD

Numéro

759

Prénom

Jean Baptiste

Naissance

1732

Décès

1817

1. État-civil

Jean Baptiste Antoine Suard est né le 15 janvier 1732à Besançon, d'Edme Suard et de Charlotte Deschambaux, son épouse (A.D. Doubs, reg. par. Saint-Pierre). Son père était secrétaire de l'Université de Besançon. Le 17 janvier 1766, il épouse Marie Amélie Joseph Panckoucke, sœur de l'éditeur Charles Joseph Panckoucke (Diderot à Sophie Volland, 18 janv. 1766). Contrat du 14 janvier (M.C., LXXXIII, 516 ; voir Tucoo-Chala). Née le 12 mai 1743 (A.M. Lille, reg. par. Saint-Etienne), elle vivra jusqu'en 1830. Ils n'ont d'autre enfant qu'une fille morte en bas âge. S. meurt le 20 juillet 1817 à Paris. Il a été témoin au mariage de C.J. Panckoucke et de Thérèse Couret de Villeneuve en 1766. Parrain de son fils Charles Louis Fleury, né en 1780 (Catalogue de la vente des livres appartenant à Panckoucke, mars 1826, p. 6).

2. Formation

Il a dans sa ville natale la réputation d'un brillant élève. En fin d'études, il participe à un duel dans lequel il sert de témoin à un camarade. L'adversaire, neveu du ministre de la Guerre d'Argenson, est grièvement blessé (14 févr. 1749, Druhen). Condamné à trois mois de prison, S. est en réalité incarcéré par lettre de cachet à Sainte-Marguerite (Iles de Lérins) pendant dix-huit mois. Il se rend ensuite à Paris où il vivra de sa plume. Sa connaissance de la langue anglaise est remarquable pour un homme du monde de son temps.

3. Carrière

Hormis quelques séjours dans les résidences provinciales d'amis aristocrates (Montigny), trois voyages en Angleterre (été 1768, mai 1773, 13 avril-2 juin 1776), un voyage en Suisse en juillet-août 1784 (David), sa disparition nécessaire aux environs de Paris en vendémiaire an IV (Auteuil, Cernay, Passy) et sa longue proscription loin de France, du 18 fructidor au 18 brumaire (Coppet, Morat, Tûbingen, Anspach), S. reste parisien. Son élection à l'Académie française (7 mai 1772) est refusée par Louis XV, à cause des amitiés du candidat avec les encyclopédistes. En 1774, sa seconde élection est validée. Son discours de réception (4 août) est surtout un éloge de la philosophie et de Voltaire. La même année, il devient censeur royal ; il est plus tard « censeur de tous les spectacles» (E., p. 176) et remplit ces fonctions jusqu'en 1789. En 1814, on lui décerne le titre de « Censeur honoraire des ouvrages dramatiques» (Nisard, p. 201). Entre temps il participe à l'organisation de l'Institut (3 pluviôse an XV, 24 janv. 1803). Il devient secrétaire perpétuel pour la classe de littérature et de langue française. Louis XVIII lui décerne le cordon de Saint-Michel.

4. Situation de fortune

Il est à peu près sans fortune au départ, gêné encore par son mariage : «nous n'avions au moment de mon mariage que mille écus de rente, le logement et le feu» (E., p. 154). Précisions dans Tucoo-Chala sur la famille Panckoucke : «Suard apportait sept mille livres tant en habits, linge que bibliothèque et Amélie trois mille plus quatre cents livres de rente faite par son frère» (voir M.C., LXXXIII, 516). Le «petit ménage» est aidé par de puissants amis qui lui offrent le logement (Mme de Marchais et d'Angiviller au pavillon de Flore) et pourvoient à sa table. Devenu rédacteur de la Gazette de France avec son ami l'abbé François Arnaud, il reçoit un traitement de 2500 f. Grâce à Mme de Tessé et à la duchesse de Grammont, les deux amis deviennent sous Choiseul-Praslin «fermiers» de la Gazette (lettres patentes d'août 1762), ce qui leur rapporte 10 000 £ chacun. S'ils abandonnent entre temps la rédaction de la Gazette littéraire de l'Europe, c'est parce que «le produit le plus net se partageait entre le valet de chambre, la maîtresse et le portier du ministre» (Garât, t. II, p. 275). Chassés des bureaux de la Gazette par le duc d'Aiguillon, ils conservent chacun, grâce à l'intervention du duc de Nivernois, une pension de 2500 £ (encore payée en 1787 : AN.DX 1, dossier 2). S'y ajoute une indemnité de 4600 £ répartie sur trois ans. «Nous aurons donc quatre mille francs de rentes» (Mme S. à Condorcet, B.N., n.a.fr. 23639, f° 108). S., pressé par d'Holbach, accepte aussi la pension de 800 £, anonyme d'abord, que Necker lui propose. En 1777 (Hunter) il obtient une pension de 1200 £ sur l'A.R. (E., p. 171). La vente d'une partie de sa bibliothèque anglaise au duc de Coigny lui rapporte 12 000 £, avec lesquels il s'achète une maison de campagne. En 1785, il supervise et censure le Journal de Paris, préalablement suspendu, ce qui lui vaut une forte pension sur ce journal (probablement 12 000 £ : E., p. 178). La censure des spectacles lui procure à cette époque 2400 £ par an (AN.DX 1, 5e dossier). En 1773, S. reçoit 12 000 £ pour la traduction des trois volumes in-4° du Voyage de Banks et Solander, plus trente exemplaires brochés (900 £ environ). Panckoucke propose à S. de participer financièrement à l'édition des Suppléments à l'Encyclopédie (B.P.U., ms., suppl. 148, dossier Ch. Panckoucke, f° 73, 75, 76, 77) et le paie 5000 £ pour la copie d'un volume. S. est intéressé pour un douzième à la refonte de l'édition de l'Encyclopédie de Diderot, refonte qu'il dirige, et il est payé par Panckoucke de 1776 à 1779 (voir dossiers sur participation à la refonte de l'Encyclopédie de Diderot et Catalogue de vente des livres de Panckoucke, 1926). S. souscrit des parts au Journal de Genève (ibid.). En 1779, il fait partie de la société mise sur pied par Panckoucke pour vendre l'Histoire naturelle de Buffon (M.C., XCIV, 438, 11 mai 1779). Il acquiert un seizième des parts avec L. Digeon. En 1779, il acquiert avec son beau-père le privilège du Calendrier de la Flandre, Hainaut et du Cambresis (B.N., f.fr. 21968, f° 129, 28 avril 1779). Ce privilège est cédé en 1780 à J.B. Henri, imprimeur à Lille (B.N., f.fr. 21968, f° 379) pour 300 £ (renseignements fournis par S. Tucoo-Chala). D'autres revenus lui ont été procurés par ses traductions d'ouvrages anglais : 12 000 £ pour ses Voyages (contrat avec Panckoucke, Nisard, n° 71). Enfin, de 1787 à la Révolution, sa pension sur les Affaires étrangères est de 3700 £ plus 1200 £ pour Mme S. (E., p. 190). Académicien, censeur, journaliste, S. est, à la veille de la Révolution, un homme «arrivé». Sa femme est fière du salon qu'elle anime, de sa jolie maison de campagne, et du cabriolet personnel qui transporte son mari jusqu'à elle. La plupart de ces ressources disparaissent avec la Révolution. Au lendemain du 10 août, les Suard ne conservent que Fontenay, leur bibliothèque, 700 francs en assignats et 2000 écus en argent. La situation s'améliore grâce à l'achat d'une part des Nouvelles politiques, nationales et étrangères (le futur Publiciste) valant 10 000 francs et payée moitié comptant, moitié sur les bénéfices à venir (nov. 1792). A partir de 1803, le traitement de secrétaire perpétuel à l'Institut lui vaut 6000 francs.

5. Opinions

Protégé au début de sa carrière par Mme Geoffrin, il se lie ensuite avec Mme Necker, Mlle de Lespinasse, Mme d'Houdetot. Il est l'ami plus intime de Mme Devaines. Parmi les «philosophes modérés» qui l'estiment : d'Alembert, Saurin, La Harpe, Delille, Thomas, Saint-Lambert, Morellet. Il correspond avec Voltaire et, en compagnie de C.J. Panckoucke, sa femme fait le pèlerinage de Ferney (1-12 juin 1775). Mais il fréquente aussi Helvétius, Diderot et surtout d'Holbach. Le «petit ménage», installé rue Louis-le-Grand, loge un temps Condorcet, dont le radicalisme les effraie ensuite. Par prudence, S. refuse de l'abriter sous Robespierre et lui promet seulement un passeport (E. et R. Badinter, Condorcet, Paris, Fayard, 1988, p. 608-613) : c'est au sortir de Fontenay que Condorcet est arrêté dans une auberge de Clamart (mars 1794). Avant la Révolution, S. est en rapport avec de nombreux étrangers : le Danois Gleckem, le comte de Creutz, Hume, Lord Stormont, l'abbé Galiani, Alfieri, le duc de Bragance (Garât). A partir de 1763, il correspond activement avec l'acteur Garrick et l'homme politique Wilkes. Séduisant, dilettante, paresseux, souvent malade, S. est d'un naturel optimiste : «Otez la douleur physique, l'existence est fort bonne et tout est bien» (à Wilkes, 20 sept. 1773). Défenseur du «bon goût» en littérature, méfiant comme Voltaire à l'égard de Shakespeare (« son génie est comme l'or encroûté dans la mine » : à Garrick, dans Hunter, p. 49), il est consulté sur les problèmes de style par d'Holbach dans sa jeunesse, par Mme de Staël en ses dernières années. Il aime la musique : ses Petites lettres de l'anonyme de Vaugirard, écrites sous la pression d'Arnaud et qui, en 1777, l'éloignent de La Harpe et de Saint-Lambert, veulent être des Provinciales gluckistes. En religion, il est déiste, répand la foi voltairienne, envoie à ses correspondants étrangers la Mélanie et Le Camaldule de La Harpe, mais s'oppose à la « déplorable doctrine » d'Holbach (Corr. litt., 15 janv. 1773). En politique, il souhaite une «monarchie limitée par ses propres lois, tempérée surtout par les mœurs» (discours de réception), avec un exécutif fort (1789). Il se dit heureux de l'arrivée de Turgot au pouvoir (Corr. Litt., 30 août 1774) ; en réalité, il préférera Necker. Ses idées libérales évoluent avec le temps, l'argent, et peut-être les honneurs (le 16 août 1770, le ministre de la Maison du Roi le complimente pour un discours à l'Académie des belles-lettres, A.N., O 1589, 376). Il proteste, début 1774 (Corr. Litt.), contre la censure qui «empêche d'imprimer en France aucun ouvrage raisonnable sur aucun sujet intéressant, excepté de la poésie et de la simple littérature » ; censeur lui-même, il donne un avis défavorable sur l'Homme dangereux de Palissot. Mais, «vil insecte de la nuit» (Beaumarchais), il refuse plus tard d'approuver le Mariage de Figaro (1782) et Charles IX (polémique avec M.J. Chénier dans le Journal de Paris, août-oct. 1789). Le despotisme impérial l'afflige autant que les tendances jacobines du Directoire. S'il écrit à Bonaparte : «Je respecte tout gouvernement par cela seul qu'il est établi» (Nisard, p. 34), il refuse de «redresser l'opinion» après l'exécution du duc d'Enghien et le procès du général Moreau (E., p. 250). Il accueille la Restauration avec joie.

6. Activités journalistiques

Selon Hatin (B.H.C., p. 32), qui se fonde sur Barbier, S. aurait fait ses débuts dans la presse en 1758 avec le Supplément aux Journaux des savants (D.P.1 1239). Après avoir traduit (1759) des extraits de feuilles anglaises pour les Papiers anglais de Palissot (Hunter), il reprend, en compagnie de l'abbé Arnaud, le titre du Journal étranger, illustré naguère par Prévost, Fréron, Deleyre (15 janv. 1760 - sept. 1762. Privilège attribué à Arnaud le 27 juin 1760, malgré la concurrence du chevalier d'Arcq ; voir art. «Saint-Foy»). Du 7 mars 1764 à février 1766, la Gazette littéraire de l'Europe prend la relève. Elle est rattachée au ministère des Affaires étrangères, car Arnaud et S. sont entre temps devenus rédacteurs puis «fermiers» de la Gazette de France (collaboration annoncée par la Gazette de France du 1er oct. 1762). L'H.G.P. cite un rapport de Marin du 26 juil. 1774 (A.A.E., Notes et Documents de France, 1377, f° 9-14) qui témoigne de leur mauvaise gestion, responsable d'un déficit de 33 000 £. Ils sont remplacés par Marin, sur l'ordre du duc d'Aiguillon, nouveau ministre, pour avoir signalé le mariage du duc de Gloucester avec la comtesse de Waldegrave dans le numéro du 23 août 1771 (changement annoncé le 27 sept.). La collaboration de S. et Arnaud s'était entretemps développée avec les Variétés littéraires, qu'ils dirigèrent conjointement en 1768-1769 (D.P.11258).

Journal étranger et Gazette littéraire font connaître surtout la littérature anglaise (reproduction d'articles de périodiques : Monthly review, London chronicle, etc., traductions de poèmes : Gray, Young, Ossian (avant Letourneur) ; collaborateurs de talent : Diderot (Eloge de Richardson, «Enterrement de Clarisse»), Turgot (Ossian), Voltaire (mais le c.r. des poèmes de Churchill, avril 1764, n'est pas de lui), Saint-Lambert. L'Allemagne n'est pas négligée : Gottsched, Kleist, Gessner, KIopstock. L'Italie est plus rarement présente (Métastase ; Goldoni ; Deleyre, correspondant à Parme). L'Espagne est délaissée (juil. 1764 : «Anecdotes» de Voltaire sur le Cid).

Du 15 janvier 1773 au 16 novembre 1775, S. envoie une correspondance littéraire manuscrite (57 lettres) à Christian Frédéric Charles de Brandenbourg, margrave d'Anspach et de Baireuth, qu'il avait connu chez le baron d'Holbach. D'après une affirmation de Meister (CL., t. X, p. 374), S. et La Harpe auraient assumé la direction complète de la Gazette et L’Avant-Coureur de la littérature, publiée par Panckoucke (79 numéros, 11 janv. - 11 oct. 1774, devenue Gazette de littérature à partir du 25 janv.). Le nombre important d'anecdotes tirées des Papiers anglais et de comptes rendus d'ouvrages étrangers pourrait confirmer la collaboration de S. En tout cas, sa participation au Mercure de La Harpe (annoncée le 25 juin 1778) semble peu active ou purement nominale (voir La Harpe, Œuvres, 1821, t. XI, p. 55 n.). Après le départ de La Harpe, S. écrit pour ce périodique les articles sur l'opéra (articles signés M. S**, à partir du 25 mai 1779).

Quand le garde des sceaux Miromesnil lui confie la surveillance du Journal de Paris (1785), qui avait fait naguère connaître ses petites lettres de l'Anonyme de Vaugirard (mars, avril, oct. 1777), il y insère des morceaux de littérature. Il y publie encore après 1789 (c.r. d'oeuvres de Necker, 9 mai 1791,17 juil. 1792). Sans doute écrit-il aussi pour Montmorin et Sainte-Croix dans les Indépendants (bi-hebd., 2 avril - 18 juin 1791: B.Un. ; N.B.G. ; B.U.C). Une lettre non signée, datée «8 pluviôse», adressée à Emery, et encartée dans la collection de ce périodique, B.N., LC2 572, émane d'un journaliste qui affirme : «la moitié de ce recueil est de moi» et donne le détail de sa participation. L'écriture ressemble fortement à celle de S., sans qu'il y ait certitude.

Dans le Mercure devenu provisoirement quotidien (15 déc. 1792-27 mars 1793), il est chargé de « la littérature anglaise et étrangère». Mais son activité principale est la publication (15 nov. 1792), en collaboration avec Dupont de Nemours, Lacretelle jeune, Morellet, et plus tard Barante, Guizot, Pauline de Meulan, des Nouvelles politiques nationales et étrangères qui, interrompues au 18 fructidor, reparaissent sous les titres successifs de Le Nouvelliste, Le Narrateur universel, Le Narrateur politique, puis Le Publiciste (7 nivôse an VI). Il y cède la place le 1er vendémiaire an XIV (23 sept. 1805) à Lacretelle aîné sur l'ordre de Fouché : par ses comptes rendus des ouvrages de Necker (fin 1799 et févr.-mars 1805), par ses réponses aux attaques de Fiévée sur l'«anglomanie» (lettres signées L.P., 27 août - 22 sept. 1802), S. avait trop défendu l'«esprit philosophique». De janvier 1804 au 17 mars 1808, il patronne l'entreprise trimestrielle des Archives littéraires de l'Europe. Degérando, Schweighaeuser et surtout Vanderbourg font le travail effectif - 500 abonnés dès mars 1804. La place privilégiée y est cette fois réservée à l'Allemagne.

Journal de politique et de littérature contenant les principaux événements de toutes les cours. Rédigé par La Harpe et Dubois-Fontanelle, avec la collaboration de Fontanes et de S., 5 janv. 1778 - févr. 1781, 3 vol., in-8° (D.P.1 684).

Rédacteur au Journal de Bruxelles (lancé par Panckoucke) après Linguet, à partir d'août 1776. Voir Brissot, p. 62 et 599. S., beau-frère de Panckoucke, intrigua de son côté près du libraire : «Il [Linguet] sentit bien qu'il y avait là-dessous plus qu'une vengeance d'amour-propre, mais une spéculation à son détriment ; et le public n'en put douter quand on vit La Harpe et Suard instituer les héritiers de celui qu'ils venaient de dépouiller».

Collaborateur au Mercure de France : 1) S. écrivit quelques articles concernant la philosophie et les arts, probablement après le départ de La Harpe en 1779(H.P.L.P., p. 428), mais il n'obtint pas de Panckoucke la direction du journal comme l'affirme Garât (Mémoires). 2) Au moment où le Mercure de France devient le Mercure français en septembre 1792, et, plus encore, après décembre 1792 au moment où le Mercure français devient quotidien, S. s'occupe avec La Harpe, de la partie littéraire et se spécialise dans la littérature anglaise et étrangère (Catalogue Panckoucke, 1926, p. 6). [Renseignements fournis par S. Tucoo-Chala.]

7. Publications diverses

Cior 18, n° 61146-61187. S. participe à l'édition de la CL. de Grimm en cinq volumes chez Buisson (1813) ; J.T. de Booy a publié les lettres de S. relatives à cette édition (p. 222 et suiv.). S. avait aussi proposé à Panckoucke un projet initial pour L’Encyclopédie méthodique,et travaillé au classement des œuvres de Voltaire en vue de l'édition complète (Tucoo-Chala).

a) Œuvres personnelles : Discours impartial sur les affaires actuelles de la librairie, 1777. – Requête de l'Académie française à l'Assemblée nationale, s.l.n.d. – Apologie de messire Jean-Charles Pierre Lenoir, conseiller d'Etat, Paris, 1789. – De la liberté de la presse, Paris, 1814.

b) Traductions : nombreuses traductions de l'anglais, notamment : Exposé succinct de la contestation qui s'est élevée entre M. Hume et M. Rousseau, Londres, 1766. – Histoire du règne de l'empereur Charles Quint (de Robertson), Paris, 1771 et les récits de «Voyages» (1767, 1774, 1776) : Cior 18, n° 61153, 61159, 61164. –1ervoyage de James Coock, rédigé en anglais par Hawkesworth, Paris, 1774. – 2e voyage de James Coock dans l'hémisphère austral et autour du monde [...] dans lequel on a inséré la relation du capitaine Furneaux et celle de M. Forster, trad. de l'anglais par S., Paris, 1778. – Le Voyage de MM. Banks et Solander dans l'hémisphère austral, entrepris par ordre de S. M. britannique George III, pour faire des découvertes etc., rédigé par John Hawkesworth, 3 vol. in-4°, avec planches et cartes. Acte passé avec Panckoucke pour la traduction, Paris, 12 juin 1773, signalé dans Nisard, p. 71 et B.N., f.fr. 21966, f° 110, privilège général n° 2683. Histoire de l'Amérique de Robertson, trad. par S., avec la collaboration de Morellet, 1778, 2 vol. in-4° ; 1780, 4 vol. in-12.

On ajoutera ses relations d'affaires avec l'éditeur-imprimeur C.J. Panckoucke, son beau-frère : participation à la refonte et à la direction de l'Encyclopédie de Diderot projetée par Panckoucke en 1776 ; voir B.P.U., ms. 1189, f° 332, 336, 362, 378, 380 et ms. 1233, f° 10, 11, 15, 56, ainsi que Tucoo-Chala remis à jour et complété par R. Darnton (L'Aventure de l'Encyclopédie). – Conseils donnés à Panckoucke pour le choix des auteurs de l'Encyclopédie métho­dique ; voir Nisard qui s'étonne que S. ait choisi Naigeon pour la philosophie et parle de «cette collaboration sinistre», p. 67, et Darnton, ibid., p. 324. – Participation au Dictionnaire de musique pour lequel il fait les articles «Abyssin» et «Allemagne». – Conseils qu'il donne au libraire à propos de l'édition de l'Encyclopédie de Lausanne (B.P.U., ms. 1189, f° 361, Paris, 22 déc. 1777). – Travail de censeur : pour le Dictionnaire de peinture et d'architecture dans l'Encyclopédie méthodique ; pour le Journal de Genève. – Participation au recollement et au plan général de la publication de la correspondance de Voltaire achetée par Panckoucke (Bodleian Library, ms. French d 31, 191 - 14, Paris, 8 août 1778). [Renseignements fournis par S. Tucoo-Chala.]

8. Bibliographie

Tucoo-Chala ; CL. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman. – Brissot J.P., Mémoires, Paris, F. Didot, 1877. – Mettra, Correspondance secrète, politique et littéraire, Londres, 1787-1790 (15 juil. 1780, S. au grand Conseil de l'Opéra). – Garât D.J., Mémoires historiques sur Suard et le XVIIIe siècle, Paris, 1820, 2 vol. – (E.) Suard Mme, Essai de mémoires sur la vie de M. Suard, Paris, 1820 (éd. consultée : Lescure, Paris, 1881). – Nisard C, Mémoires et documents historiques et littéraires inédits, Paris, 1858. – Pellisson M., Les Hommes de lettres au XVIIIe, Colin, 1911. – Doumic R., «Lettres d'un philosophe et d'une femme sensible, Condorcet et Mme Suard», Revue des deux mondes, 1911, t. V, p. 302-325, 835­850 et 1912, t. I, p. 57-81. – Druhen M., «Le duel de Suard», Mémoires de l'Académie de Besançon, t. CLXI, 1912, p. 24-43. – Hunter A.C, Un introducteur de la littérature anglaise en France, J.B. Suard, Paris, 1925. – Bonno G., Lettres inédites de Suard à Wilkes, Berkeley, 1932. – (Corr. litt.) Id., Correspondance littéraire de Suard avec le margrave de Bayreuth, U. of California publications in modem philology, t. XVIII, 1934, p. 141-234 (éd. de très larges extraits du ms. 612 de B.M. Besançon). – Boiteux L.A., «Voltaire et le ménage Suard», S.V.E.C. 1, 1955, p. 19-109 (nombreux inédits). – Id., Au temps des cœurs sensibles, Paris, 1948 : ce livre, comme les articles de R. Doumic, s'appuie essentiellement sur les anciennes archives de Talcy (B.N., n.a.fr. 23639). – Booy J.T. de, « Henri Meister et la première édition de la Correspondance littéraire», dans S.V.E.C. 23, 1963, p. 215-269. – Luppé R. de, Mme de Staël et J.B.A. Suard. Correspondance inédite, 1786-1817, Genève, 1970 (très important pour les dernières années de S.). – Darnton R., «The High Enlightenment and low-life literature in prerevolutionary France», Past and présent, t. LI, 1971, p. 81-115 (replace S. dans le contexte des carrières réussies d'Académiciens, et l'oppose aux littérateurs de la « bohème » prérévolutionnaire). – Labriolle M.R. de, «Le Journal étranger dans l'histoire du cosmopolitisme littéraire», S.V.E.C. 56, 1967, P- 783-792. – Mortier R., «Une revue germanisante sous l'Empire : les Archives littéraires de l'Europe 1804-1808», Revue de littérature comparée, janv. 1951, p. 43-54. – Pageard R, « L'Espagne dans le Journal étranger et la Gazette littéraire de l'Europe», Revue de littérature comparée, juil. 1959, p. 377-400. – Darnton R., L'Aventure de l'«Encyclopédie», un best-seller au siècle des Lumières, Paris, 1982. – David J.C, «Un voyage en Suisse en 1784 : quatorze lettres inédites de Jean Baptiste Antoine Suard et de sa femme», S.V.E.C. 292, 1991, p. 367-422.

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