SAUTREAU DE MARSY

Numéro

740

Prénom

Claude

Naissance

1740

Décès

1815

1. État-civil

Claude Sixte Sautreau (ou Sautereau) de Marsy est né à Paris en 1740 et mort dans cette même ville le 5 août 1815.

2. Formation

En 1766, il participe au concours proposé par l'Académie française sur le sujet : « Eloge de Charles V ». Mais son ouvrage n'est pas couronné ; c'est La Harpe qui remporte le prix. S. en appelle au public en publiant, l'année suivante, son Discours.

3. Carrière

Sa vie tend à se confondre avec son activité de compilateur. Dans la lettre 62 du t. IV de L'Espion anglais (p. 339), il est présenté comme un homme de lettres peu connu. Ce qui n'étonne pas dans la mesure où la plupart de ses productions sont des compilations publiées anonymement. En 1781, il fait partie de la «petite coterie littéraire» qui se réunit le mercredi autour de Mme Catherine Pannelier, femme d'un ancien receveur général des Domaines et Bois (M.S.). Pendant la Révolution, il observe une attitude prudente et réservée, tout en continuant à éditer divers recueils.

5. Opinions

Apprécié pour ses qualités d'amabilité et de politesse. Non dénué de connaissances, sinon de goût. Membre du clan Fréron contre Voltaire. Hostile aux principes de la Révolution.

6. Activités journalistiques

Dès 1765, il entreprend avec Mathon de La Cour l'Almanach des Muses (Paris, Delalain, 1765-1833, 69 t. in-12, annuel). C'est un recueil de pièces fugitives qui ont paru (ou non) dans l'année. Destiné surtout aux provinces, «où l'on est avide des productions de la capitale», il est fondé sur un choix qui n'a pas paru toujours heureux (LH2). Des notes critiques sont mises au bas de chaque pièce, qui suscitent des réserves ou des épigrammes. La Harpe estime ridicule que les talents soient ainsi jugés «jusque dans les Almanachs» et ce en une ligne ou deux. Masson de Morvilliers compose ces vers piquants : «Qu'il est petit ce petit éditeur / Qui, tous les ans, de petites notices / Flanque un recueil dont il est rédacteur» (LH2). Car sont critiquées aussi, pour leur laconisme ou leur partialité, les notices finales consacrées à tous les ouvrages de poésie qui ont paru dans l'année (LH2). En 1773, S. supprime les notes mais non les notices, sous le prétexte que celles-ci «ont trouvé moins de censeurs» que celles-là. Cependant, en dépit des jugements mêlés et des plaisanteries dont elle est l'objet, la collection où S. insère ses propres poésies et celles de ses amis (Fréron) se soutient et se poursuit jusqu'en 1789. Elle est alors continuée par Vigée jusqu'en 1820 et dure jusqu'en 1833. Signalons qu'en 1781 paraît un recueil intitulé Pièces échappées aux seize premiers Almanachs des Muses, Paris, Vve Duchesne, in-12 (Q.). Pour compléter L'Almanach des Muses et joindre aux pièces fugitives «qui méritent d'être conservées» une histoire fidèle de la poésie française depuis l'origine jusqu'en 1764 (Prospectus), S. lance, en 1778, une nouvelle collection avec Imbert et d'autres journalistes : les Annales poétiques, Paris, Delalain, 1778-1788, 40 vol. in-12, Prospectus du 18 octobre 1777, Privilège du 29 avril 1778 registre le 2 mai, annoncé comme mensuel (12 vol. par an, 24 £ pour Paris et 30 £ pour la province). Soixante volumes sont initialement prévus qui contiendront des extraits des plus anciens poètes français avec une notice de leur vie et de leurs ouvrages (LH1). Selon Beuchot (Journal de la librairie, 1815, p. 396), les t. XLI et XLII ont été imprimés depuis 1789, mais l'éditeur n'a pas jugé bon de les livrer au public.

De 1754 à 1776, S. collabore activement à L'Année littéraire (Q.).

A partir de septembre 1764 et jusqu'en 1778 (ibid.), il collabore également au Journal des dames (Paris, 1759-1778). Quand il se charge de la rédaction, le Journal, commencé en 1759, interrompu pendant deux ans, puis repris, n'aurait eu que sept souscripteurs. Il lui redonne vie, aidé de Mathon de La Cour et grâce à Mme de Maisonneuve au nom de qui est le privilège (H.P.L.P. ; Gelbart, p. 157-159).

Il travaille au Journal de Paris qui commence à paraître le 1er janvier 1777 (Prospectus daté du 11 oct. 1776), quotidien. Il en assure la partie littéraire avec Corancez « à la satisfaction du public éclairé» (Barbier et Desessarts). «De nature à être assez en vogue» (LH1), le Journal de Paris se voit à plusieurs reprises suspendu. C'est ainsi que, le 19 juin 1781, il est «arrêté» à la suite du compte rendu que fait S. de l'Oraison funèbre de l'impératrice-reine prononcée au Louvre par l'abbé de Boismont. Mais la suspension ne dure que 24 heures, le rédacteur ayant prouvé qu'il s'était « renfermé dans les bornes d'une critique purement littéraire » (M. S.).

7. Publications diverses

Q. ; Cior 18, n° 59655-59669. Il a peu publié d'écrits qui lui soient propres.

8. Bibliographie

F.L. ; Ersch, t. III ; Desessarts, t. VI, p. 77 ; B.Un. ; N.B.G. ; H.P.L.P., t. II, p. 18-34, 216 ; B.H.C.;D.O.A.;D.L.F. – CL, t. X, p. 332 ; t. XIV, p. 214 ; t. XV, p. 480. – M.S., t. XVII. 19 et 20 juin 1781 ; t. XVIII, 6 déc. 1781. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman, D20481, 20684, 20689. – Barbier A. et Desessarts N.L.M., Nouvelle bibliothèque d'un homme de goût, Paris, Duminis-Lesueur, 1810, t. II, p. 377 et t. V., p. 188, 201, 220-21, 299. – La Harpe J.F., Œuvres, Paris, Verdière, 1821 : (LHi) t. X-XIII, Correspondance littéraire, lettres 38, 61, 62, 122, 129, 141, 179, 190, 197, 202, 271 ; (LH2) t. XIV, Littérature et critique, p. 81-84, 317-320, 375-380. - – Gelbart N., Féminine and opposition journalism in old régime France : le Journal des dames, Berkeley. U. of California Press, 1987.