RICCOBONI

Numéro

685

Prénom

Marie Jeanne

Naissance

1713

Décès

1792

1. État-civil

Marie Jeanne Riccoboni, née La Boras de Mézières. Née à Paris le 25 octobre 1713, mariée le 7 juillet 1734 avec Antoine François Riccoboni (directeur du Théâtre-Italien, fils de Louis André Riccoboni) dont elle a vécu séparée à partir de 1761 environ, pour vivre avec Marie Thérèse Biancolelli. Morte à Paris le 7 décembre 1792 (Crosby).

2. Formation

R. n'eut pas de formation proprement dite, comme ce fut le cas pour la plupart des femmes. Ce manque a été thématisé plus tard dans ses romans. S'étant mariée avec l'acteur Riccoboni, elle fit du théâtre pendant vingt-cinq ans, sans beaucoup de succès. Pour pouvoir abandonner la scène, elle s'est consacrée à l'écriture (Crosby) et commença, vers 1758, par s'essayer au journalisme (J.F. de Bastide, Le Monde, 1761, à la suite du Monde comme il est, t. III, n° 1), mais très vite elle passa au genre romanesque, considéré comme plus convenable pour des femmes.

3. Carrière

La carrière journalistique de R. a été courte, ou plutôt n'a guère eu l'occasion de commencer. Selon ses propres dires (ibid., p. 9-10) elle s'était mise à la rédaction d'un journal en forme de «spectateur» : L'Abeille. Mais elle l'aurait abandonné en apprenant que son projet avait été devancé par Jean François de Bastide qui publia alors Le Nouveau Spectateur (D.P.1 990), puis Le Monde comme il est (D.P.1 961). Quelques années plus tard, ayant publié ses premiers romans, c'est dans son Monde (D.P.1 960) qu'elle a fait insérer par morceaux sa propre Abeille.

4. Situation de fortune

N'étant pas riche par elle-même, elle eut besoin de se trouver un moyen de subsistance au moment de quitter, en 1761, le théâtre où elle était entrée six semaines après son mariage. Elle le quitta avec la pension de 1000 £ par an ; elle s'établit ensuite avec son amie Marie Thérèse Biancolelli qui disposait de la même pension (Crosby). L'insertion de son Abeille dans le Monde n'a pas dû lui rapporter d'argent. Par contre, ses succès de romancière complétèrent son indépendance financière. Elle continua d'écrire des romans jusqu'au moment où financièrement elle n'en eut plus besoin. Elle aurait peut-être préféré changer de genre et fit aussi de la traduction. En 1772 elle acquit son indépendance par la mort de son mari, dont elle hérita, ainsi que par une pension de 2000 £ (Nicholls).

5. Opinions

Son sujet principal a toujours été la condition féminine. Le genre romanesque lui a donné évidemment l'occasion de montrer en action le fonctionnement d'une morale double, qu'elle faisait dénoncer par ses personnages féminins. Elle vivait apparemment très retirée, mais était en contact avec Diderot, avec qui elle discutait ses projets de roman (Correspondance). Elle a dû rencontrer Marie Claudine de Saint-Aubin en 1759, à l'époque où toutes deux, avant de se tourner vers le roman, s'intéressaient au journalisme (Genlis, t. I, p. 78-80).

6. Activités journalistiques

6. L'Abeille : périodique en forme de «spectateur», composé probablement autour de 1758, intégré dans quelques livraisons du Monde de Bastide : t. III et IV de 1761, n°I : p. 16-42, n° II : p. 121-218, n° IV : p. 38-68, avec une correspondance Riccoboni-Bastide dans le n° III : p. 287-291. Fait partie de cette Abeille : une première ébauche de ce qui est devenu plus tard les Lettres de la Comtesse de Sancerre (1767). Les autres morceaux constituant L'Abeille, dont la Continuation de la Vie de Marianne, ont été repris dans le Recueil de Pièces détachées de 1765.

On peut bien sûr discuter si R. mérite le titre de journaliste. Cependant, à en croire sa déclaration citée plus haut, son objectif, après sa « venue à l'écriture » avec un roman considéré souvent comme autobiographique : Les Lettres de Mistriss Fanni Butlerd (1757), avait été d'être journaliste, et de suivre l'exemple d'Addison. C'est pleine de dépit qu'elle aurait renoncé à cet idéal. Toute sa vie elle a eu un intérêt marqué pour le journalisme : la dernière lettre de son premier «roman» avait été insérée, avant la publication du volume, dans le Mercure. Plus tard (il y en a des traces pour 1772), elle envoyait de temps en temps des contributions pour le London Magazine auquel collaborait son ami Robert Liston (Nicholls).

7. Publications diverses

Voir Cior 18, n° 53031-53062.

8. Bibliographie

Crosby E.A., Madame Riccoboni, une romancière oubliée, Paris, 1924. – Genlis S.F. de, Mémoires inédits pour servir à l'histoire du XVIIIe et du XIXe siècle, Paris, Londres, 1825,1.1. – Nicholls J.C. (éd.), Mme Riccoboni's Letters to David Hume, David Garrick and Sir Robert Liston : 1764-1783, S.V.E.C. 149, 1976. – Diderot, Correspondance, éd. Roth-Varloot, t. I-IV.