PINEL

Numéro

643

Prénom

Philippe

Naissance

1745

Décès

1826

1. État-civil

Philippe Pinel, fils d'un maître chirurgien exerçant à Saint-Paul-Cap-de-Joux, près de Castres est né le 20 avril 1745, mort à Paris le 25 octobre 1826. Il s'était marié tard (1792), et l'un de ses fils, Scipion Pinel se spécialisa également dans l'étude des maladies mentales.

2. Formation

Il fut élevé au collège des Doctrinaires de la Foi à Lavaur, puis au collège de l'Esquille à Toulouse, où il acquit une solide formation en mathématiques. Il chercha d'ailleurs à appliquer ses connaissances à l'anatomie humaine. Il s'inscrivit à la faculté de théologie de Toulouse en 1767, puis, renonçant à l'état ecclésiastique en 1770, à la faculté de médecine et reçut le titre de docteur en 1773. L'année suivante, il alla à Montpellier pour y continuer l'étude de la médecine et y fréquenter les hôpitaux, et c'est là en particulier qu'il noua des liens d'amitié avec Chaptal et apprit l'anglais ; c'est à Montpellier qu'il puisa l'inspiration vitaliste qui anime tous ses écrits ultérieurs. Il y resta jusqu'en 1778, date à laquelle il arriva à Paris, muni d'une lettre de recommandation pour le géomètre Jacques Cousin. Comme il était sans fortune, il donna des leçons de mathématiques et collabora à plusieurs journaux pour vivre. En 1785, il écrivait à son ami naturaliste Desfontaines, qu'il avait renoncé à son départ pour l'Amérique, ayant assez de leçons pour vivre honorablement. Il profitait de son temps libre pour lire et fréquenter les hôpitaux, en particulier le service de P.J. Desault à l'Hôtel-Dieu.

3. Carrière

L'essentiel de sa carrière institutionnelle se déroule à partir de la Révolution : après avoir accumulé des observations sur les insensés à la pension Belhomme pendant cinq ans, à la fin de 1792, il est nommé à l'hospice de Bicêtre, où il bénéficie de l'expérience de Pussin, et à partir de 1795 à La Salpêtrière. C'est aussi en l'an III qu'il est nommé professeur adjoint de physique médicale, puis presque aussitôt professeur de pathologie interne à l'Ecole de santé. Caille, rédacteur du Journal de Médecine, fut son concurrent malheureux à cette chaire.

P. était lié à Vicq d'Azyr et concourut pour un prix à la Société royale de médecine, appartint à la Société médicale d'émulation, qui rassemblait l'élite de la profession médicale, tous âges confondus, et à la Société d'histoire naturelle de Paris. Il devint membre de l'Institut en 1803, médecin consultant de l'Empereur en 1805, membre de l'Académie de médecine dès sa création, mais fut un des onze professeurs frappés par l'épuration de l'Université en 1822. Il finit sa vie sans avoir beaucoup d'aisance.

5. Opinions

P. avait été élevé dans les idées des encyclopédistes. A son arrivée à Paris, il se lia avec le groupe qui fréquentait chez Mme Helvétius et entretint des relations d'amitié avec le groupe des Idéologues, Cabanis, Roussel, Thouret, Fourcroy, et Chaptal ; on dit même qu'il contribua à cacher Condorcet. En tant que garde national, il semble avoir assisté à l'exécution de Louis XVI, puis avoir pris ses distances au moment de la Terreur. Les témoignages de son fils et de son neveu, qui datent tous de la Restauration semblent peu fiables sur cette période. C'est en raison de ses opinions libérales qu'il fut démis de ses fonctions de professeur en 1822.

6. Activités journalistiques

Son activité de journaliste s'étend de son arrivée à Paris jusqu'à la Révolution : à travers elle, c'est moins l'activité de l'aliéniste que celle du clinicien, du nosographe et de l'hygiéniste qui apparaît. Comme souvent à cette époque, traduction et journalisme allaient de pair : P. traduisit les Institutions de Médecine pratique de Sydenham, qui lui rapportèrent 1000 francs, les Eléments de Médecine pratique de Cullen (1785) et participa à la traduction en édition abrégée, des Philosophical transactions, pour la septième partie (Médecine et Chirurgie) (1790), et pour la huitième (Matière médicale et Pharmacie) (1791), en collaboration avec Bosquillon. Cette bonne connaissance de la médecine anglaise se retrouve dans l'orientation qu'il a donnée à la Gazette de Santé et dans ses autres travaux. P., qui avait déjà collaboré au Journal de Paris, auquel il donna plusieurs articles de «physique», de médecine et de philosophie, et publié dans le Journal de Physique, dirigea la Gazette de Santé de 1784 à 1789, date de sa fusion avec le Journal de Médecine, et il y publia plusieurs articles d'hygiène, au point que ses biographes, Etienne Pariset (p. 216-217), Casimir Pinel, son neveu, indiquent que l'ensemble constituait un véritable Traité d'hygiène. Bien que non signés la plupart du temps, ses articles sont aisément reconnaissables par leur facture et leur qualité. Enfin, en 1791, il devint le collaborateur de Fourcroy pour la Médecine éclairée par les Sciences physiques, un périodique de courte durée, dans lequel il publia également des articles d'anatomie comparée et de physique médicale.

7. Publications diverses

La production de P. est considérable si l'on tient compte des multiples publications dans des périodiques, de sa contribution à l'Encyclopédie méthodique (Médecine) et surtout au Dictionnaire des Sciences médicales de Panckoucke, ainsi que des diverses éditions de ses œuvres qui comportent à chaque fois d'importants remaniements. Signalons celui qui lui valut d'abord la célébrité, sa Nosographie Philosophique, ou Méthode de l'analyse appliquée à la Médecine, Paris, Maradan, an VI, 2 vol., qui connut 6 éditions (1818). – Traité Médico-philosophique sur l'aliénation mentale ou la manie, Paris, Richard, an X (2e éd. 1809). – La Médecine Clinique rendue plus précise et plus exacte par l'application de l'analyse, Paris, Brosson, Gabon et Cie, an X (3e éd., 1815).

8. Bibliographie

8. D.S.B. – Pariset E., «Eloge de M. Pinel», lu à la séance du 20 août 1827, dans Histoire des membres de l'Académie royale de médecine, Paris, J.B. Baillière, 1845, t. I, p. 209-259. – Pinel C, Lettres de Pinel, précédées d'une notice plus étendue sur sa vie, extrait de la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, Paris, Masson, 1859. – Le meilleur spécialiste actuel de P. est Dora B. Weiner, qui prépare une biographie et a publié de très nombreux articles, entre autres «Mind and body in the clinic : Philippe Pinel, Alexander Crighton, Dominique Esquirol, and the birth of psychiatry », dans The Languages of psyche : mind and body in Enlightenment thought, éd. G.S. Rousseau, Berkeley, U. of California Press, 1990, p. 331-402 (avec bibliographie). – Huguet F., Les Professeurs de la faculté de médecine de Paris : dictionnaire biographique 1794-1839, INRP/CNRS. 1991, p. 366-369.

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