PEYSSONNEL

Numéro

633

Prénom

Jean

Naissance

1694

Décès

1759

1. État-civil

Jean André Peyssonnel est né le 19 juin 1694 à Marseille, fils de Charles Peyssonnel, médecin à Marseille, et d'Anne Isoard (ou Isouard). II est mort le 24 décembre 1759 à la Guadeloupe (R, p. 323 et 327). Charles Claude Peysonnel (1727-1790) est son neveu, fils de son frère cadet, Charles Peysonnel, qui fut avocat au barreau de Marseille. Il convient donc de distinguer Charles Peysonnel, le père, médecin de son état (1640-1720), ses deux fils, Jean André le naturaliste, et Charles le cadet, avocat et consul à Smyrne (1700-175 7), et, et enfin le fils de celui-ci, Claude, voyageur et archéologue.

P. se maria à la Guadeloupe ; il eut un fils et plusieurs filles dont on ne sait rien (R, p. 325). La famille P. était de petite noblesse : dans la traduction, P. est dit «écuyer» ; un arrêt publié dans le Journal de Verdun en novembre 1745 (p. 350) relève son père de l'omission du titre de noble faite par quelques-uns de ses ancêtres dans leurs actes.

2. Formation

D'après l'Eloge de Charles P. (le père), celui-ci est mort lors de la peste de Marseille en 1720 : «Le Souverain récompensa ce noble sacrifice, par une pension qu'il accorda à Jean André Peyssonnel, son fils aîné, héritier de la profession et du mérite de son père». P. fit ses études chez les Pères de l'Oratoire de Marseille, puis ses études de médecine à Aix. Revenu à Marseille pour exercer sa profession, il forme avec son frère Charles et quelques amis le projet de fonder à Marseille une Académie des sciences ; ce projet échoue, du fait du petit nombre de savants concernés. Soutenu par Bignon, il tente d'obtenir la création d'une chaire de «professeur en matière médicamenteuse » à l'usage des chirurgiens naviguants (Traduction, p. 119), mais la disgrâce de Bignon et son remplacement par Le Bret ruinent ses efforts. Le 23 août 1723, il est nommé correspondant de l'Académie des sciences de Paris. En 1756, il signera sa Traduction des titres suivants : «Jean André Peyssonnel, Ecuyer, Docteur en Médecine des Académies royales des Sciences de Paris et de Montpellier, membre de celle de Marseille, ci-devant envoyé par Sa Majesté aux Côtes de la Barbarie pour la recherche sur l'Histoire naturelle, Médecin entretenu dans l'Isle Guadeloupe».

3. Carrière

La Traduction rappelle en 1756 les grandes lignes de sa carrière : après ses études de médecine, il accomplit différents voyages sur les côtes d'Afrique, à Saint-Domingue, au Mississippi, en Egypte et ailleurs (p. 12), puis en Barbarie sur les ordres du roi de France vers 1725 (p. 33). II est nommé par le Roi médecin-botaniste en Guadeloupe en 1726 (p. 44), poursuit ses observations pendant trois mois sur les côtes de Barbarie, envoie en 1727 le détail de ses découvertes à l'Académie des sciences, qui n'y prête pas attention (p. 78). Ses « observations sur les courants de la mer dans les isles de l'Amérique», jointes à la même Traduction témoignent d'une véritable passion pour la connaissance de la mer, depuis ses premières enquêtes auprès des marins du port de Marseille jusqu'à son travail de médecin à la Guadeloupe où il passa le reste de sa vie.

4. Situation de fortune

A la fin de sa vie, il propose à l'Académie de Marseille de fonder un prix d'histoire naturelle de la mer et s'offre à déposer un fonds de 5000 £ dont le revenu financerait les récompenses. L'Académie refuse cette proposition le 1er décembre 1756, faute de spécialistes pour attribuer les prix, et de crédits pour publier les travaux (Traduction, p. 90).

6. Activités journalistiques

La carrière de P., qui à strictement parler n'a jamais publié dans la presse française, se résume en un long et vain combat pour faire connaître ses recherches sur l'histoire naturelle de la mer. Il a découvert très tôt la nature animale du corail. Réaumur avait fait paraître dans les Mémoires de l'Académie des sciences dès 1713 une dissertation dans laquelle il considérait le corail comme une plante «pierreuse» ; il refusera pendant 20 ans de revenir sur son opinion ; des quatorze mémoires qui paraissent sur la question dans les Mémoires de l'Académie des sciences, aucun ne mentionne P. Celui-ci ne s'est jamais avoué battu. Il rassemble en 1744 toutes ses observations sur le corail et les adresse au Journal des savants, qui ne les publiera pas : on trouve mention, dans la Table méthodique du Journal des savants de Cocheris d'un Traité du corail « écrit en 1744 » et envoyé par P., manuscrit appartenant depuis à la Bibliothèque du Museum, où il s'est d'ailleurs égaré (R., p. 325). P. prendra le parti, en 1750, d'adresser à la Royal Society of Sciences de Londres un «curieux traité» de plus de 400 pages, résultat de 30 années d'observations (Traduction, p. 6), car il s'aperçoit qu'en France, on commence à piller ses découvertes. Ce traité, résumé et traduit par G. Watson, de la Royal Society, a paru dans les Philosophical transactions de 1752à 1759. On trouvera donc dans les Philosophical transactions, résumées et réparties en différents articles, ses principales dissertations : «An Account of a manuscript treatise, presented to the Royal Society, intituled, Traité du Corail» (vol. XLVII, 1753, p. 445469). – «Observations made upon the Brin-Stone-Hill (in French La Souffrière) in the Island of Guadeloupa. By John Andrew Peyssonnel» (vol. XLLX, part. II, 1757, p. 564-579). – «An account of a visitation of the leprous persons in the isle of Guadaloupe» (vol. L, part. I, 1758, p. 38-48. – « Observations on the Limax non cochleata Purpur ferens » (vol. L, part. II, 1759, p. 585-589). – «New Observations upon the Worms that form Sponges» (ibid., p. 590-594, mémoire daté du 1er mars 1757). – «Observations on the Alga Marina latifolia» (ibid., p. 631-635, p. 38-48). – «Observations upon a slight Earth-quake » (vol. L, part. II, 1759. p.645-648). – «Singular observations upon the Manchenille Apple» (ibid., p. 772-773). – «Observations upon the Corona Solis Marina Americana» (ibid., p. 843845). – «Observations upon the Sea Scolopendre, or Sea Millipedes » (vol. LI, part. I, 1760, p. 35-37). P. publie lui-même à Londres en 1756 un «extrait» de ces dix dissertations, augmentées de diverses pièces sur son projet de prix littéraire, sur le refus de l'Académie de Marseille, sur son appel à Buffon et Daubenton, etc. L'ensemble de ce dossier a paru sous le titre de Traduction d'un article des Transactions philosophiques sur le corail ; il fait clairement apparaître les efforts de P. pour faire connaître ses découvertes sous quelque forme que ce soit, il manifeste aussi le silence des institutions et de la presse françaises et l'accueil favorable que leur réserve une nation maritime comme l'Angleterre.

7. Publications diverses

P. a publié très tôt quelques traités de médecine : ses thèses de médecine, Quaestio medica (Aix, Adibert, 17178) et Quaestiones medicae-theoretico-practicae (Marseille, Brebion, 1718), ainsi que La Contagion de la peste expliquée (s.l., 1722). – Essai de physique, ou conjectures fondées sur quelques observations qui peuvent conduire à la formation des courants de la mer Méditerranée (Marseille, 1726). – La dissertation sur le corail avait été, comme on l'a dit, envoyée sans succès au Journal des savants ; elle a été résumée par P. et jointe à diverses pièces dans la Traduction d'un article des Transactions philosophiques sur le Corail. Projet proposé à l'Académie de Marseille. Pour l'établissement d'un Prix pour une Dissertation sur l'Histoire naturelle de la Mer, avec la réponse de l'Académie, et une Lettre sur cette réponse. Diverses Observations sur les courans de la Mer, faites en différens endroits, Londres, 1756. Rampai mentionne également un certain nombre de communications à l'Académie de Marseille entre 1726 et 1735, mais l'Académie ne possède pas encore de mémoires imprimés à cette époque. Dans le «Projet proposé à l'Académie de Marseille», P. affirme qu'il a rédigé, en collaboration avec son frère Charles, avocat, une Histoire de la juridiction de la Mer.

8. Bibliographie

8. (Traduction) Traduction d'un article des Transactions philosophiques sur le Corail, Londres, 1756. – (R) Rampai A., «Une relation inédite du voyage en Barbarie du médecin naturaliste marseillais Peyssonnel», Bulletin de géographie, 1907, p. 317-340. – Id., «La correspondance de Barbarie de J.A. Peyssonnel et le but véritable de son voyage», Revue tunisienne, t. XXIII, 1917, p. 388-399.