MORÉNAS
Numéro
Prénom
Naissance
Décès
1. État-civil
François Morénas est né à Avignon le 7 novembre 1702, fils de Etienne Morénas, perruquier, et Esprite Reverdite. Famille originaire du Dauphiné. Le père décède le 12 février 1725, à Avignon, âgé de cinquante-cinq ans, la mère est morte à Avignon le 30 septembre 1709 à trente-six ans. François Morénas se marie le 19 avril 1727 à Avignon avec une veuve de trois ans son aînée, Agathe Blanchard. Mariage forcé : un enfant, Marie Jeanne Agathe naît deux mois après le mariage, le 19 juin 1727. Mort de la première épouse le 13 novembre 1727. Deuxième mariage le 28 novembre 1727 (sic), à Avignon avec Anne Aimée de La Ferté, née à Avignon en 1700, de Anne François de La Ferté, écuyer, sieur de Sommeval et Anne Reynaud (la famille de La Ferté est originaire de Reims). Décès de Anne Aimée de La Ferté en mars 1743. M. qui vivait en concubinage depuis plusieurs mois avec Hélène Olieu et avait quitté Avignon avec elle depuis novembre 1742, doit se disculper de l'accusation d'adultère criminel devant l'officiante et obtient l'autorisation de se remarier. Troisième mariage avec Hélène Olieu le 30 juillet 1743 à Avignon. Enfants de M. : du premier lit, Jeanne Marie Agathe née en 1727 ; du second lit : Marie Thérèse Claire née en 1735 et Anne née en 1739 ; du troisième lit : un enfant adultérin François Charles, né le 12 juin 1743 et légitimé par sentence du vice-légat en 1751 (entrera dans les ordres). Puis quatre autres fils dont trois survivent. L'un d'eux, François Ignace, négociant en soie, est l'auteur de plusieurs pièces de vers, en particulier une « Ode sur l'inauguration du portrait de Louis XVI donné par S.M. à la ville d'Avignon», imprimée en 1783.
M. est mort à Monaco le 3 novembre 1774.
2. Formation
Etudes probablement chez les Jésuites d'Avignon. Il fut pendant trois ans le condisciple du futur évêque de Béziers, Joseph de Beausset de Roquefort. Mis en apprentissage chez un notaire en 1719, M. se serait engagé ensuite dans un régiment d'infanterie. En 1721 il est religieux dans le couvent des Cordeliers d'Avignon. Quitte l'habit au début de 1723 au plus tard.
3. Carrière
Activités inconnues entre 1721 et 1733. En 1729, son frère Benezet Ignace, prêtre, doit intervenir pour sauver son aîné d'une contrainte par corps pour une dette de 200 £ envers un marchand cartier d'Avignon pour fourniture de «marchandises de draperie, papier et autres». M. fonde en 1733 le Courrier connu sous le nom de Courrier d'Avignon, qu'il rédige jusqu'en novembre 1742. Il quitte alors Avignon pendant six mois pour voyager on ne sait où. De retour à Avignon en mars 1743, il y séjourne jusqu'en 1768 ; y publie les Entretiens sur les affaires présentes de l'Europe, imprimés à Avignon de juillet 1743 à novembre 1748 puis à Arles jusqu'au 15 juin 1748. Il publie à Arles le Courrier d'Arles de février à juin 1748, redevient rédacteur du Courrier d'Avignon au début de 1750. Cette feuille est interdite en juillet 1768 après l'occupation d'Avignon par les troupes françaises. M. lance alors une feuille hebdomadaire d'« Affiches Annonces et Avis divers» à partir du 21 novembre 1768. Il se transporte ensuite à Monaco, à partir de janvier 1769 pour devenir rédacteur du Courrier de Monaco qui paraît à partir du 8 février 1769. Il exerce ces fonctions jusqu'à son décès le 3 novembre 1774.
4. Situation de fortune
La fortune de M. était très médiocre et ses entreprises commerciales ont été malheureuses. C'est pour se procurer de l'argent qu'il crée le Courrier. Il partage les bénéfices par moitié avec l'imprimeur de la feuille, Girard en 1733, puis Giroud, mais son départ précipité d'Avignon en 1742 rompt la convention signée en 1733 avec Giroud (Musée Calvet, ms. 2944, f° 337 et suiv.) qui, grâce à un procès gagné en 1744, devient le seul propriétaire de la feuille. A partir de 1750, M. dont les autres entreprises de presse ont échoué, redevient rédacteur du Courrier mais comme salarié et non plus comme associé de Giroud. Ses émoluments ne sont que de 600 à 800 £ par an. Un engagement daté du 29 août 1768 lui assure, pour la rédaction du Courrier de Monaco, 1600 £ payées d'avance, le logement, la nourriture et les frais de voyage (Archives du Palais de Monaco, Di). Sa plume féconde lui assure cependant quelques autres ressources ; il peut acheter quelques terres à Vedène près d'Avignon et sa troisième femme Hélène Olieu hérite de ses parents quelques biens ruraux à Mondragon. Sa situation financière est cependant toujours restée difficile.
5. Opinions
M. ne paraît pas avoir appartenu à aucun clan ou coterie. Hatin accusait le Courrier d'être une feuille entièrement à la dévotion des Jésuites (B.H.C., p. 58) ; en réalité le rédacteur du Courrier est obligé de rester extrêmement prudent pour ne pas déplaire, ni aux autorités pontificales sans l'autorisation desquelles sa feuille ne pourrait pas paraître, ni au gouvernement royal, sans la permission duquel le Courrier ne pourrait pas être diffusé en France où habitent presque tous ses lecteurs. Le Courrier n'est pas un journal d'opinion, mais uniquement d'informations, données la plupart du temps sous forme de dépêches sans commentaires.
6. Activités journalistiques
M. rédige successivement ou simultanément :
Le Courrier, depuis le premier numéro paru le 2 janvier 1733 jusqu'au numéro du 20 novembre 1742, puis de nouveau depuis janvier 1750 jusqu'à l'interdiction de la feuille en juillet 1768 (D.P.1 261). Publication d'abord hebdomadaire, puis, à partir du 7 novembre 1733, bi-hebdomadaire, imprimée chez F. Girard au début puis chez C. Giroud à partir de décembre 1733.
Nouvelles de l'Ordre de la Boisson : 2 numéros parus en janvier et février 1734 (D.P.1 1014), résurrection éphémère d'une feuille qui avait paru sous le même titre avec une périodicité très irrégulière dans les premières années du XVIIIe siècle (1703-1704).
Lettres historiques et politiques, mensuelles, consacrées à l'analyse des événements internationaux, imprimées à Avignon chez Paul Offray. Quérard donne à cet ouvrage la date de 1739, mais M. dit lui-même qu'elles commencèrent à paraître en janvier 1741 (D.P. 1 824). L'entreprise fut rapidement abandonnée sur l'intervention de C. Giroud, l'associé de M. pour le Courrier, qui reprochait à M. de violer la convention signée entre eux en 1733.
Entretiens historiques sur les affaires présentes de l'Europe : premier numéro paru en juillet 1743 (D.P.1 369). Petits opuscules d'une soixantaine de pages consacrés à l'analyse des événements politiques. Un numéro toutes les trois semaines, puis, à partir de novembre 1744, tous les quinze jours. Imprimé à Avignon chez Paul Offray, sous la fausse adresse de La Haye jusqu'en juin 1744, puis, chez ses héritiers, Antoine Georges et Angélique Offray, puis, à partir de novembre 1744, chez François Girard et Dominique Seguin, enfin, à partir de novembre 1747, chez Gaspard Mesnier, à Arles, jusqu'au dernier numéro du 15 juin 1748. Journal des affaires de l'Europe (D.P. 1 693) : quelques numéros publiés à la fin de l'année 1746, comme suite aux Entretiens historiques et toujours pour faire pièce au libraire Giroud. Le Courrier, publié à Arles, chez Gaspard Mesnier, pour essayer de rivaliser avec le Courrier d'Avignon, du 10 février 1748 à juin 1748 (D.P.1 260). Interdit sur ordre de l'intendant de Provence.
Lettres historiques sur la réunion de la ville d'Avignon et du Comtat Venaissin au domaine de la Couronne et Comté de Provence en 1663, 1688 et 1768 : 24 lettres formant un volume in-16 de 395 p., imprimées chez Jouve et Chaillot à Avignon en 1768 (D.P.1 825). Affiches, Annonces et Avis divers, dites Affiches d'Avignon (D.P.1 12) : journal fondé en association avec la veuve Payen ; premier numéro paru le 21 novembre 1768, imprimé chez J. Garrigan, puis, à partir du numéro 5, chez Delorme et Guibert à Avignon. Le Courrier de Monaco : depuis la création de la feuille dont le premier numéro paraît le 8 février 1769 jusqu'au décès de M. Imprimé à Monaco dans une imprimerie achetée spécialement pour cela par Mossy (D.P.1 262). On attribue également à M. un ouvrage dont le titre seul, Le Solitaire, est connu et qui aurait été un périodique publié à Arles en 1745 (F.L.).
7. Publications diverses
M. fut un écrivain infatigable et d'une prodigieuse fécondité. Parmi ses œuvres, on peut citer : Parallèle du ministère du cardinal de Richelieu et de celui du cardinal de Fleury, Avignon, 1743. – Histoire de la présente guerre, Avignon, 1744-1745, 3 vol. – Abrégé de l'histoire ecclésiastique de M. Fleury continuée jusqu'en 1750, Avignon, 1750, 10 vol. – Dissertation sur le commerce, trad. de l'italien de Belloni, Avignon, 1753 et 1756. – Dictionnaire historique portatif de la géographie sacrée ancienne et moderne, Paris, 1759. – Idée de l'alliance de la maison de Bourbon et de la maison d'Autriche, 1759. – Dictionnaire portatif comprenant la géographie, l'histoire universelle, la chronologie, la mythologie, la physique, l'histoire naturelle, etc., Avignon, 1760-1762, 8 vol. – Dictionnaire portatif des cas de conscience, Avignon et Lyon, 1759, 1761 et 1768, 2 vol. ; nouvelle édition augmentée par une société de théologiens, Avignon et Lyon, 1770, 3 vol. Précis du résultat des conférences ecclésiastiques d'Angers, Avignon, 1764, 4 vol. – Histoire de la vie, des miracles et du culte du B.P. de Luxembourg, Luxeuil, 1766. – II avait été nommé en 1750 historiographe de la ville d'Avignon, et pour justifier son titre, il écrivit une histoire d'Avignon en 3 volumes, qui resta manuscrite faute de souscripteurs. Un prospectus imprimé en annonçait la parution en 1751 mais seul le premier chapitre fut publié sous la forme d'une Dissertation historique sur la fondation de la ville d'Avignon et sur ce qui s'y est passé de plus remarquable jusqu'à l'établissement du christianisme. – En outre, il est l'auteur de très nombreuses brochures de circonstance telles que : Abrégé de l'histoire généalogique de la maison d'Acquaviva royale d'Aragon, Avignon, 1744 (à l'occasion de l'arrivée d'un vice-légat membre de cette famille). – Relation de ce qui s'est passé dans la ville d'Avignon à l'arrivée et pendant le séjour du sérénissime infant Don Philippe de Bourbon, gendre du Roy de France au mois de février 1744, Avignon, 1745. – Relation des réjouissances faites dans Avignon pour la convalescence du Roi, Avignon, 1745. – Histoire de ce qui s'est passé en Provence depuis l'entrée des Autrichiens jusqu'à leur retraite, 1747. – Relation des fêtes données à Avignon pour la naissance de M. le Duc de Bourgogne, 1751. – Relation de l'inondation arrivée dans Avignon en 1755, Avignon, 1756. – Relation des fêtes données par la ville d'Avignon pour l'exaltation de N.S. Père le Pape Clément XIII les 27, 28 et 29 août 1758. – Relation du service fait à Avignon pour Mgr le Dauphin, 1766. – Relation de l'horrible meurtre de trois personnes égorgées dans Avignon par Jean Dominique Langlade, 1768. – Exécution du jugement rendu contre Jean Dominique Langlade rompu vif dans Avignon le 13 avril 1768, et bien d'autres encore. Il aurait, paraît-il, prêté volontiers sa plume facile aux prédicateurs débutants pour leur composer leurs sermons.
8. Bibliographie
8. F.L. 1769 ; B.Un. – Barjavel CF.M., Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du département de Vaucluse, Carpentras, 1841. – Mouzin H., «François Morénas», Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 1909, p. 301-312. – Moulinas R., L'Imprimerie, la librairie et la presse à Avignon au XVIIIe siècle, P.U. de Grenoble, 1974.
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