MESPLET

Numéro

571

Prénom

Fleury

Naissance

1734

Décès

1794

1. État-civil

Fleury Mesplet est né à Marseille le 10 janvier 1734, d'Antoinette Capeau et de Jean Baptiste Mesplet, imprimeur originaire d'Agen. Il est mort à Montréal le 24 janvier 1794. Il avait épousé Marie Marguerite Piérard à Avignon le 17 août 1756 ; Marie Mirabeau à Lyon vers 1765 ; et Marie Anne Tison à Montréal le 13 avril 1790. Aucune descendance.

2. Formation

Fils et petit-fils de maîtres imprimeurs, M. prit sa formation dans l'atelier de son père, à Lyon, puis il devint «gérant» de l'imprimerie-Librairie de sa tante, Marguerite Capeau-Girard, à Avignon, de 1755 à 1760. Il travaille ensuite comme imprimeur à Lyon jusqu'à son départ pour Londres en 1773. Les Mesplet étaient alliés aux libraires-imprimeurs lyonnais Aimé de La Roche et Jean Deville. Le beau-frère de M., le libraire François de Los Rios, était l'ami de Joseph Vasselier, le principal correspondant de Voltaire à Lyon.

3. Carrière

Le premier livre connu imprimé par M. le fut à Londres en 1773. C'est un ouvrage d'histoire, La Louisiane ensanglantée, dans lequel le chevalier Jean de Champigny appelait l'Angleterre au secours des Louisianais abandonnés aux Espagnols par le gouvernement de Louis XV. Après une année en Grande-Bretagne, M. décidait de gagner Philadelphie où il devint, en 1774, l'imprimeur de langue française du Congrès américain. A ce titre, il imprima trois Lettres des représentants des colonies unies, destinées aux habitants du Québec pour les inciter à se joindre au mouvement de libération du joug de l'Angleterre. A la recommandation de Benjamin Franklin, M. fit partie de la délégation des commissaires envoyés à Montréal pour mettre en branle le processus démocratique dans la province de Québec, alors la seule colonie britannique ayant un régime «féodal». Mais la reconquête du territoire par les troupes britanniques refoula les miliciens américains hors des frontières canadiennes. Restés sur place, l'imprimeur et ses gens furent emprisonnés durant vingt-six jours. Après sa libération, M. commença à imprimer des ouvrages commandés par des seigneurs ecclésiastiques. Le 3 juin 1778, il lançait la Gazette littéraire, le premier journal uniquement en français au Canada, animé par l'avocat Valentin Jautard. L'imprimeur et le journaliste fondèrent aussi en 1778 l'Académie de Montréal, la première société de pensée voltairienne en Amérique. A la requête du seigneur sulpicien de Montréal, Etienne Montgolfier, et du juge René Ovide Hertel de Rouville, le gouverneur général Frédéric Haldimand supprima le journal en 1779 et emprisonna imprimeur et journaliste durant plus de trois ans, sans permettre de procès. Après sa sortie de prison, M. publiait le 25 août 1785 la Gazette de Montréal - The Montréal Gazette, périodique franco-anglais qu'il dirigea jusqu'à son décès en 1794. Premier imprimeur de langue française au Canada, sa production se monta à 96 titres de livres et de brochures entre 1776 et 1794. Il imprima le premier livre illustré au Canada et le premier almanach en français en Amérique.

4. Situation de fortune

A son décès, le relevé de ses biens montre que M. jouissait de l'aisance d'un bourgeois de cette ville. Dans sa carrière en Amérique, il avait pu compter sur un généreux bailleur de fonds, Charles Berger, un compatriote qu'il s'était associé à Philadelphie en 1774. Endetté envers des marchands de Montréal en raison de son long emprisonnement, il tenta de se faire rembourser par le Congrès les frais de son installation comme imprimeur officiel des colonies unies dans la province. Il n'obtint qu'une compensation dérisoire et ses biens furent vendus à l'encan en 1785. Mais il ne fut jamais emprisonné pour dettes et les marchands montréalais ne lui retirèrent en aucun temps leur appui publicitaire.

5. Opinions

La Gazette littéraire de Montréal fut le premier organe des Lumières au Canada. Par le biais de la critique littéraire, ce journal diffusa les idées de Voltaire en matière de liberté d'expression et de tolérance. La Gazette de Montréal prit la relève de la Gazette littéraire, mais à titre de périodique d'information. Cette feuille entreprit des campagnes pour une nouvelle constitution, contre le régime seigneurial, pour un enseignement public, contre les formes superstitieuses de la religion, pour le théâtre, pour une réforme judiciaire et contre l'esclavage. Le contexte de la Révolution française éclairait et avivait ces combats. La Gazette de Montréal transmit une image exacte de la phase du mouvement révolutionnaire où Voltaire était exalté aux côtés de la Liberté. Avec la Révolution française, la diffusion des idées philosophiques s'était accélérée dans la province de Québec. L'ensemble de l'imprimerie de la colonie y contribuait par des prises de position convergentes des éditeurs de journaux. L'atelier de M. resta toutefois le centre de rayonnement des idéaux de la France de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen.

6. Activités journalistiques

6. Gazette du commerce et littéraire, puis Gazette littéraire de Montréal, hebd., 3 juin 1778 - 2 juin 1779 (D.P.1 556).

Gazette de Montréal - The Montreal Gazette, hebd., 25 août 1785 - 16 janv. 1794 (D.P.1 519). Après le décès de M., Marie-Anne Tison-Mesplet publia six numéros. Le maître de poste E. Edwards reprit le titre l'année suivante, et fut l'éditeur du journal jusqu'en 1816. Ce fut le banquier Thomas-Andrew Turner qui en fit un périodique uniquement de langue anglaise en 1822.

8. Bibliographie

8. Dictionnaire biographique du Canada, Québec, Presses de l'U. Laval, art. «Fleury Mesplet». – Fauteux A., «Fleury Mesplet : une étude sur les commencements de l'imprimerie dans la ville de Montréal », Papers of the Bibliographical Society of America, t. XXVIII, n° 2, 1934, p. 164-193. – Morin V., Fleury Mesplet, pionnier de l'imprimerie à Montréal, Montréal, Papier Rolland, 1939. – Trudel M.. L'Influence de Voltaire au Canada, Montréal, Fides, 1945,1.1. – Brunet M., «Les idées politiques de la Gazette littéraire de Montréal, 1778-1779», Canadian Historical Association Report, 1951, p. 43-50. – Tremarne M., A bibliography of Canadian imprints 1751-1800, U. of Toronto Press, 1952. – Fauteux A., L'Introduction de l'imprimerie au Canada : les premiers imprimeurs dans le district de Montréal, Montréal, Papier Rolland, 1957. – Vachon G.A., «Une littérature de combat, 1778-1810 : les débuts du journalisme canadien français», Etudes françaises, Montréal, t. V, n° 3, 1969, p. 249-475. – Lagrave J.P. de, L'Exercice du droit de l'information au Québec, des origines à 1840, thèse, U. de Paris, 1972. – Beaulieu A. et Hamelin J., La Presse québécoise des origines à nos jours, t. I, 1764-1859, Québec, Presses de l'U. Laval, 1973. – Wallot J.P., «Révolution et réformisme dans le Bas-Canada (1773-1815)», Annales historiques de la Révolution française, n° 213, juil.-sept. 1973, p. 344-406. – Greig P.E., Fleury Mesplet (1734-1794), the first French printer in the Dominion of Canada, mémoire de maîtrise, U. de Leeds, 1974. – Lagrave J.P. de, Les Origines de la presse au Québec, Montréal, LG, 1975. – Id., Histoire de l'information au Québec, Montréal, Ed. La Presse, 1980. – Hare J., La Pensée socio-politique au Québec (1784-1812) : analyse sémantique, Ottawa, Ed. de l'U. d'Ottawa, 1977. – Buono Y., Imprimerie et diffusion de l'imprimé à Montréal (1776-1820), mémoire de maîtrise, U. de Montréal, 1980. – Collard A., «Naissance d'un journal dans une ville aux abords du Nouveau Monde», Montréal, The Gazette, 1983, 9. – Id., «Lyon-Montréal : Fleury Mesplet (1734-1794), imprimeur franco-canadien», Centre Presqu'île (Lyon), n° 11, 1985, p. 23-25. – Lagrave J.P. de, Fleury Mesplet, diffuseur des Lumières au Québec, thèse, U. de Montréal, 1985. – Id., Fleury Mesplet ( 1734-1794), imprimeur, éditeur, libraire, journaliste, Montréal, Patenaude Editeur, 1985.

9. Additif

Bibliographie : Lagrave, Jean-Paul de, et Ruelland, Jacques, L’Imprimeur des libertés : Fleury Mesplet (1734-1794). Roman historique, Québec, Éditions Point de fuite, 2001 (J.S.).