MERCIER DE SAINT-LEGER

Numéro

569

Prénom

Barthélemy

Naissance

1734

Décès

1799

1. État-civil

Barthélémy Mercier est né à Lyon le 4 avril 1734 ; il était le fils de Jean Baptiste Mercier, employé dans la marine, et d'Antoinette Roche (A.M. Lyon, reg. par. Saint-Nizier). Devenu abbé de Saint-Léger en 1767, il est parfois dénommé ainsi, ou encore Mercier de Saint-Léger. Il meurt à Paris le 13 mai 1799.

2. Formation

En 1749, il entre au noviciat de la congrégation des chanoines de Sainte-Geneviève à Paris : les génovéfains jouent un rôle important dans la vie religieuse de Lyon au XVIIIe siècle. Il prononce ses vœux en 1750. Le roi, qui apprécie sa science lors d'une visite à la bibliothèque Sainte-Geneviève, lui accorde le bénéfice de l'abbaye de Saint-Léger de Soissons le 1er novembre 1767 (et non pas en 1764 ; voir Gazette de France, 7 nov. 1767). A la Révolution, il détient encore l'aumônerie de la Grande Fauconnerie de France et le prieuré de Saint-Pierre de Montluçon (D.L.F.).

3. Carrière

Après ses années lyonnaises (jusqu'en 1749), puis son séjour à Paris en 1749-1750, il se rend à l'abbaye de Chaînées en Champagne pour y enseigner la rhétorique et la philosophie. Il retourne à Paris en 1754 pour devenir l'adjoint de Pingré, bibliothécaire de Sainte-Geneviève, avec qui il se forme avant de lui succéder en 1760 ; il garde cette fonction jusqu'en 1772, date à laquelle il l'abandonne à la suite de tracasseries dont il est l'objet. Il fait alors un voyage en Hollande pour rassembler des documents et des informations destinés à la publication d'un ouvrage de bibliographie. De 1772 à sa mort, il ne semble pas avoir quitté Paris. Sous la Révolution, à laquelle il n'est qu'indirectement mêlé, il vit retiré ; ayant vu un ami, l'abbé Royer, sur une charrette en route vers l'échafaud parmi 67 condamnés à mort, le 19 messidor an II (7 juil. 1794), il ne sort plus de son petit appartement du faubourg Saint-Jacques, où il habite avec une amie peut-être intéressée.

4. Situation de fortune

Il a pour revenu principal le bénéfice de son abbaye. Quand la Révolution le prive de telles ressources, il perd également les revenus de 24 000 francs placés en rente viagère sur son ami Anisson-Duperron. Il continue cependant ses recherches. Membre de la commission des Monuments du 18 octobre 1792 au 29 frimaire an II (19 déc. 1793), il s'attache à protéger les fonds des bibliothèques durant les troubles sans recevoir d'émoluments pour cette mission ; la Convention ne lui accorde que 1500 francs en assignats le 14 nivôse an III (3 janv. 1795). Ce n'est qu'après avoir refusé le poste de conservateur de la bibliothèque de Bruxelles qu'il va recevoir, peu avant sa mort le 15 ventôse an VII (15 mars 1799), grâce au ministre François de Neuf-château, une pension de 2400 francs payée d'avance (Chardon de La Rochette, «Notice», p. 12-14, 17- 19-20). La famille de M. avait la conviction qu'il avait été circonvenu par une «bonne amie», une «femme complaisante», attentive à l'écarter des siens «pour le spolier plus sûrement» et «s'approprier les débris de sa fortune».

5. Opinions

Les Mémoires de Trévoux (1763) gardent le témoignage de démêlés entre M. et Debure, auteur de la Bibliographie instructive (voir B.Un., «Debure»).

6. Activités journalistiques

M. accède à la direction des Mémoires de Trévoux en octobre 1764 (M.S., t. II, p. 75, 173, 335 ; t. XVI, p. 224) alors qu'il a déjà collaboré à plusieurs périodiques. Jusqu'en octobre 1765, il est aidé par Pingré et par l'abbé Guyot, aumônier du duc d'Orléans, membre de la Société royale de Nancy. Mais il abandonne sa tâche en mai ou juin 1766, découragé peut-être de n'avoir pas obtenu des génofévains le concours qu'il en escomptait (Sommervogel, Table méthodique des Mémoires de Trévoux, Paris, 1864,1.1, p. XCVII).

Collaborations diverses, en particulier sous la forme de lettres aux journaux (d'après Chênedollé) : Journal encyclopédique, 1760, puis 1783-1785 ; Mercure de France, 1762 ; Mémoires de Trévoux, 1762-1766 ; L'Année littéraire, 1764, 1768, 1771, 1774-1776, 1782, 1786-1789 ; Journal de Verdun, 1776 ; Journal des savants, à partir de 1776 ; Journal de Paris, 1777-1778 ; Journal historique et littéraire de Luxembourg, 1778 ; Esprit des Journaux, 1779-1780 ; Affiches de Paris, 1780 ; Journal des Deux-Ponts, 1784 ; Journal Général de France, 1785-1789 ; Analyse des Papiers anglais, 1788 ; Journal ecclésiastique, 1788 ; Journal de la Ville, 1789 ; Annales patriotiques et littéraires de la France, 1789 ; de nombreux autres titres, entre 1790 et 1793 ; Magasin encyclopédique, 1795-1797.

7. Publications diverses

On doit à M. un grand nombre d'ouvrages savants, sur­tout de bibliographie (cf. Cat.B.N. ; Chênedollé). Mentionnons surtout le Supplément à l'Histoire de l'origine et des progrès de l'imprimerie de Prosper Marchand (Paris, P.D. Pierres, 1772, in-40 ; éd. revue, 1775). Restent en manuscrit des notices sur les poètes latins du moyen-âge jusqu'à l'an 1520 et d'autres notes érudites. On n'est pas assuré de sa participation à l'édition du De tribus impostoribus par le duc de La Vallière en 175 3 (J.C. Brunet, Manuel du libraire et de l'amateur des livres, Paris, 1860-1865, t. HI, P- 335)- Le texte du Voyage de Robertson aux terres australes (Amsterdam, 1767, in-12, 474 p.) a été modifié par M. pour Hérissant fils, afin d'en permettre l'entrée en France (D.O.A., t. IV, col. 1078).

8. Bibliographie

A.M. Lyon, reg. par. Saint-Nizier. – Gazette de France, 7 nov. 1767. – Péricaud, notes biographiques, A.D. Rhône, fonds Galle, ms. 83. L'essentiel de ces notes est extrait de la «Notice sur la vie et les écrits de Mercier de Saint-Léger», composée par Chardon de La Rochette (Magasin encyclopé­dique, Ve année, t. II, messidor an VII [1799], in-8°, 30 p.). La B.M. de Lyon en possède un exemplaire annoté de la main d'un parent de M. (356.078) ; ce dernier atteste la véracité des renseignements biographiques, mais il insiste sur le rôle néfaste de la «créature complaisante qui sous le voile de la religion s'est emparé de l'esprit de M. de Saint-Léger» et de ses dernières ressources. – Bibliographie de M. dans : Chênedollé C. de, Notice raisonnée des ouvrages, lettres, disserta­tions, etc. publiés [...] par Mercier de Saint-Léger depuis 1760 jusqu'en 1799, rédigée en partie par lui-même, Bruxelles, F. Heussner, 1853, in-8°, 80 p. : tiré à part du Bulletin du bibliophile belge, 1852-1853.

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