MARIN

Numéro

548

Prénom

François

Naissance

1721

Décès

1809

1. État-civil

François Louis Marie Claude Marini, dit Marin, est né à La Ciotat le 6 juin 1721. Il était enfant illégitime (N.B.G.). Dans sa notice sur Michel Ange Marin (169 7-1767), religieux minime, auteur d'ouvrages ascétiques et de romans édifiants, le N.D.H. précise que ce dernier était «d'une famille noble originaire de Gênes et fixée à Toulon des le XIIe siècle. Elle alla s'établir à Marseille vers la fin du XVIe siècle, et y fut distinguée par sa probité et par ses places. Le frère du P. Marin était Commissaire Général de la Marine et faisait les fonctions d'Intendant à la Guadeloupe. M. Marin, Censeur Royal de la Police, homme cher aux Arts, à la Patrie et à l'Humanité, est de la même famille, et il lui a donné un nouveau lustre par ses talents, ses mœurs et sa bienfaisance ». M. n'eut qu'un fils, qui épousa une fille de Grétry (N.B.G.). Il est mort à Paris le 7 juillet 1809.

2. Formation

Il débute comme organiste dans sa paroisse, et se destine à l'état ecclésiastique. Venu à Paris en 1742, il serait devenu avocat en Parlement, selon ses biographes, mais rien ne l'atteste dans les A.R. consultés.

3. Carrière

Il est adjoint de Crébillon comme censeur royal, puis son successeur en 1762. En octobre 1763, il devient secrétaire général de la Librairie, succédant à Sartine qui continuera à le protéger. Il abandonne cette fonction lorsque lui est confiée la direction de la Gazette de France en 1771 (cf. n° du 14 sept. 1771). Il est remplacé à ce poste par l'abbé Aubert en 1774. Certains biographes prétendent qu'il perdit alors sa fonction de censeur, mais rien ne le prouve et Voltaire lui donne toujours ce titre dans ses lettres de 1774 à 1778. A cette date, il achète une charge de lieutenant général de l'Amirauté à La Ciotat où il va s'installer (retour en forme de revanche?). Privé de cette ressource à la Révolution, il revient ruiné à Paris en 1794.

5. Opinions

Les dédicaces de ses premiers ouvrages le montrent attaché à la famille de Rosen, sans doute comme précepteur. Selon Thiériot, qui renseigne Voltaire, «M. Marin a été gouverneur des fils de M. le duc d'Olone, de M. de Crussol Surgères [?]. Il est fort attaché et fort estimé de M. le Comte de Caylus» (30 mars 1758, D7701). Il prend parti contre Rousseau en 1752 dans la querelle du Devin de village, puis en 1763. « Sa rigueur de censeur lui fit des ennemis » (D.L.F.) ; cependant, il était secrètement favorable aux philosophes (Larousse).

Il est embastillé quelques jours en 1763 pour avoir laissé passer quatre vers de Dorât peu respectueux de la majesté royale (lettre de Voltaire aux d'Argental, 25 mars [1763], Du 126). S'étant mêlé à la querelle entre le conseiller Goëzman et Beaumarchais, il est ridiculisé par ce dernier dans ses divers Mémoires de 1773-1774, d'où il reçoit le surnom de Qu'es aco; ne devait-il pas à Maupeou la direction de la Gazette ? Sur les précédents directeurs, Suard et Arnaud, voir le rapport critiquant leur gestion que M. rédige le 26 juillet 1774 (voir art. «Suard»). Sur les longues et parfois délicates relations de M. et de Voltaire, qui remontent à 1758 avec l'envoi au philosophe de l'Histoire de Saladin, utiliser l'index de Voltaire, Correspondence; le 16 janvier 1778, Voltaire l'appellait: «mon ancien ami».

6. Activités journalistiques

A une date inconnue, il demande un privilège pour une gazette littéraire (B.N., f.fr. 22133, f° 80). En 1753, il tra­vaille au Journal étranger «pour les traductions des livres italiens» (f.fr. 22158, f° 105).

Le 1er septembre 1771, il succède à Arnaud et Suard à la tête de la Gazette de France et la rédige avec Collet de Messine jusqu'en septembre 1774. Le 30 octobre, le duc d'Aiguillon rédige un Règlement pour l'administration de la Gazette de France sous la direction de M. Marin (Feyel G., L'Annonce et la Nouvelle: la presse d'information et son évolution sous l'Ancien Régime (1630-1788), thèse, U. de Paris IV, 1994, t. III, p. 849 et suiv.); ses appointements sont fixés à 10 000 £ par an ; M. rend compte de son administration à Vergennes par un Mémoire sur la Gazette de France le 26 juillet 1774. II accorde dans la Gazette une grande place aux faits divers et «événements funestes» et s'en explique dans le numéro du 21 juin 1773 (Feyel, t. III, p. 864) ; cela lui vaudra mauvaise presse auprès des philosophes. « Marinade » était le nom « que l'on donnait aux fausses nouvelles, aux canards, vers la fin du dernier siècle à cause du gazetier M., qui cultivait ce genre d'amusement dans la Gazette de France» (Larousse).

Il aurait également collaboré à L'Année littéraire entre 1754 et 1756 (D.L.F.), mais cela reste à confirmer (nulle mention par Balcou, Fréron...).

7. Publications diverses

Il aborde les lettres par une Dissertation sur la fable ( 1745), puis en traduisant en vers la 6e églogue de Virgile (1748). En 1751, il publie chez Prault un traité sur la politesse et la sociabilité: L'Homme aimable, dédié au marquis de Rosen, avec des Réflexions et pensées diverses (voir R. Mauzi, L'Idée du bonheur dans la littérature et la pensée françaises au XIIIe siècle, A. Colin, 1979, p. 85, 100, 589). Il a composé des pièces de théâtre (Brenner, 8781-8789), des études archéologiques et historiques, en particulier l'Histoire de Saladin (1758 et 1763, 2 vol.), une adaptation d'Ossian, etc. Il a collaboré à l'édition des Œuvres du philosophe bienfaisant (le roi Stanislas) en 1763, du Testament politique de Richelieu en 1764, et de la Bibliothèque du théâtre français en 1768 (3 vol.). Voir Cior 18, n° 42605-42625.

8. Bibliographie

8. N.D.H. ; Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle; N.B.G.; D.L.F. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman.

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