LIMIERS
Numéro
Prénom
Naissance
Décès
1. État-civil
Henri Philippe de Limiers est le fils de Henri Philippe de Limiers, mort en 1728. Né dans les dernières années du XVIIe siècle, il est mort en novembre 1758 (A.M. Utrecht). Citoyen d'Utrecht depuis 1734, il avait épousé Sara Amalia Mortier.
5. Opinions
L. et sa mère sont considérés par d'Argens comme des espions catholiques au service de l'ambassadeur, le marquis de Fénelon (B.U. Leyde, March. 2, f° 105, 115-116, vers février 1737 ; S. Larkin, Correspondance entre Prosper Marchand et le marquis d'Argens, S.V.E.C. 222, n° 29 ; voir également n° 31). Ses craintes sont fondées : le 18 juillet 1737, l'ambassadeur apprend au cardinal Fleury que «le Sr. de Limiers et sa mère», auteurs de la gazette française, se sont convertis au catholicisme et se mettent à la disposition du cardinal (A.A.E., CD., Hollande, ms. 432). Le 10 août, il communique au cardinal des lettres, extraits et listes d'adresses de correspondants «bons à connaître, qui servent au passage des livres et écrits des jansénistes, d'Utrecht en France et de France à Utrecht», et il recommande L. (ibid., f° 394 ; les documents ne sont pas joints à la lettre). Le 5 septembre 1737, il fait savoir que L. a des «scrupules à jouer le personnage d'espion » ; il apparaît qu'il souhaite être engagé par la Cour et fera alors beaucoup mieux (ibid., ms. 424, f° 9 et suiv.). Fleury se montre très réticent (ms. 4302, f° 302, 26 juil. 1737). Parallèlement, L. a offert ses services au lieutenant-général de police : une lettre du 22 juillet 1737 dans les archives de la Bastille signifie nettement qu'il est prêt à publier tout ce qu'on lui enverra : «Vous ne me répondez rien sur la demande que je vous ai faite par rapport aux nouvelles de Paris, et aux pièces qui y paraissent. [Pouvez-vous] Monsieur, me faire le plaisir de m'envoyer une espèce de Manifeste de M. Chauvelin qui se voit, dit-on, à Paris?» (ms. Bastille 11364). L. restera finalement en Hollande tout en regrettant les «maisons notables dont [sa] religion et le refuge [l']ont séparé» (lettre à Fagel, 20 sept. 1753, A.M. La Haye, ms. Fagel, 2237).
6. Activités journalistiques
Il succède à son père à la direction de la Gazette d'Utrecht en 1728 et la rédige jusqu'en 1753 au moins : dans sa lettre à Fagel du 20 septembre 1753, il annonce son intention de prendre congé du public et sollicite un emploi de secrétaire-traducteur au greffe de La Haye (ms. Fagel 2237, lettre du 26 sept. 1753). La Gazette d'Utrecht resta, sous sa direction, étroitement contrôlée par la France. En novembre 1757 encore, L. se justifie auprès du maréchal de Belle-Isle au sujet d'une information relative à son neveu ; cette nouvelle lui est venue directement de Paul Lesfilles, du Bureau d'adresse, qui fournit des nouvelles à la Gazette d'Utrecht depuis 1724 (Feyel, t. II. p. 526).
8. Bibliographie
A.A.E., Correspondance diplomatique, Hollande, ms. 432, 424, 4302. – Archives de la Bastille, Ars., ms. 13364. – Feyel G., L'Annonce et la Nouvelle : la presse d'information et son évolution sous l'Ancien Régime 1630-1788, thèse, U. de Paris IV, 1994, t. II, p. 526.
9. Additif
Activités journalistiques: La Gazette d’Utrecht tire en partie ses informations de nouvelles à la main fournies par le Bureau d’adresse de la Gazette de France. Quand en novembre 1757, Henri Philippe de Limiers le fils doit se justifier d’un nouvelle « injurieuse » au sujet du neveu du maréchal de Belle-Isle, il fait état d’un bulletin manuscrit de Paris, qu’il a trouvé exact et qui, « du moins dans le passé était toujours visé par la police ». Le 29 novembre, il envoie ce bulletin à Belle-Isle, lui confirmant qu’il le reçoit depuis 1724. Le 6 juillet 1742, la Gazette d’Utrecht avait publié une lettre de Lesfilles, directeur du Bureau d’adresse de Paris, annonçant que le lieutenant de police venait d’interdire l’envoi des nouvelles aux gazettes de Hollande ; mais Lesfilles semble avoir continué ce commerce pour son compte personnel (Feyel, L’Annonce et la nouvelle, p. 459). (J.S.)
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