LECLERC DE LA BRUERE

Numéro

483

Prénom

Charles

Naissance

1716

Décès

1754

1. État-civil

Charles Antoine Le Clerc (ou Leclerc) de La Bruère est né selon les uns a Paris en 1715 (B.Un.), selon D.L.F. et Cior 18 à Crépy-en-Valois en 1716. Il est mort à Rome, de la petite vérole, le 18 septembre 1754. Collé écrit en octobre : «M. de la Bruère est mort à Rome dans le commencement de ce mois-ci ; je le connaissais anciennement, et sans être son ami en aucune manière, j'avais conservé toujours cependant avec lui quelques relations [...]. Il laisse au pape cinq mille livres, au cardinal Valentini une tabatière de prix, à la princesse Colonne un autre bijou, tandis qu'il a ici deux frères qui n'ont point de fortune» (Collé, t. 1, p. 435).

3. Carrière

Protégé par le duc de Nivernais, chez qui il réside, il fréquente les milieux littéraires de Paris, connaît C. Crébillon et le poète Bernard, et entre en relations avec Voltaire par l'intermédiaire de Berger, secrétaire du prince de Carignan (voir les lettres de Voltaire à Berger de juil. 1736 et du 10 sept. 1736). Voltaire ne tarit pas d'éloges sur le «gentil La Bruère», un des «jeunes gens de Paris» dont il a la «meilleure opinion» (avril 1738) ; il corrige les vers de Dardanus en 1738 (10 déc. 1738). Il se proposera de le placer auprès du Roi de Prusse (9 oct. 1742). Mais L. doit suivre le duc de Nivernais, nommé ambassadeur à Rome en 1743. Secrétaire de l'ambassade, il restera chargé d'affaires à Rome après le départ de l'ambassadeur.

6. Activités journalistiques

Grâce à ses protections, il obtient le brevet du Mercure, en association avec Fuzelier, le 31 octobre 1744 (lettres patentes en nov. ; privilège du 10 déc. 1744) ; il le garde jusqu'à l'entrée en fonction de Raynal en juillet 1750 («Mémoire historique...», p. 129-130 ) ; après le 2e volume de 1748, la rédaction proprement dite est confiée à Clèves Darnicourt puis à Rémond de Sainte-Albine (E. Deville, Index du Mercure ; Mercure de février 1748, p. 214).

Bien qu'absent le plus souvent de Paris, L. veille sur le respect de son privilège (B.Un.) et s'efforce de publier dans son journal des textes de valeur. Voltaire intervient auprès de lui pour l'empêcher de publier un inédit de Vauvenargues contre le gré de celui-ci (Voltaire à Vauvenargues, 7 janv. 1745). Collé écrit à sa mort : «Ses véritables héritiers sont ceux qui viennent de partager après lui ce privilège du Mercure. Boissy l'a en son nom, mais chargé des pensions suivantes, savoir : à l'abbé Raynal, deux mille francs ; à Marmontel, deux mille francs ; à un frère de La Bruère, mille francs ; à Lagarde (jadis abbé) deux mille francs ; à Piron, douze cents francs ; à Lironcourt, deux mille francs ; j'en oublie encore un ou deux. Le total de ces pensions, à ce qu'on dit, monte à douze mille et quatre cents livres, en sorte qu'il pourra rester à Boissy, si le débit du livre ne baisse pas entre ses mains, neuf mille livres et plus même. M. Davoust m'a assuré que tous frais faits, y compris une pension de deux mille livres à Cahusac, que j'ai omise, le produit net montait à vingt et un ou vingt deux mille livres ; et M. Davoust le sait bien, puisque depuis deux ou trois ans, c'est lui qui a eu la bonté de conduire cette affaire pour La Bruère» (J., p. 437). Louis de Boissy, son successeur à la tête du Mercure, lui a rendu hommage dans le numéro de janvier 1755 (p. VII-VIII).

7. Publications diverses

L. s'est fait connaître d'abord par une comédie, Les Mécontents (1735) et par des vers ; le marquis de Calvière dit de lui au moment de son entrée au Mercure : «...M. de la Bruère qui a beaucoup d'esprit et fait des vers avec grande facilité» (à Bertin du Rocheret, 11 déc. 1744, f.fr. 15175, f° 37). Il a surtout écrit des livrets d'opéra : Les Voyages de l'amour (1736, musique de Bodin de Boismortier), Dardanus (1739, musique de Rameau) ; il a publié en 1745 une Histoire de Charlemagne en 2 vol. Liste de ses oeuvres dans Cio 18, n° 38351-38359 (art. «Le Clerc») ; voir également Brenner, n° 7533-7541.

8. Bibliographie

B.Un., D.L.F., Cior 18. – Voltaire, Correspondence, éd. Bestermann. – Courcel G. de, «Mémoire historique et détaillé pour la connaissance exacte des auteurs qui ont travaillé au Mercure de France», Bulletin du Bibliophile, Paris, Techener, 1902, p. 309 ; rééd. du Mémoire publié dans le Mercure de mai 1760, p. 127 et suiv. (voir notamment p. 129). – Collé C., Journal et Mémoires, éd. H. Bonhomme, Paris, Didot, 1868, t. I, p. 435-437.