LE CAT

Numéro

479

Prénom

Claude

Naissance

1700

Décès

1768

1. État-civil

«Le septième septembre 1700 fut baptisé Claude Nicolas, fils de M. Claude Le Cat, chirurgien, et de Marie Anne Meresse sa femme, l'enfant nay du jour précédent» (Catalogue). Sa mère était fille de chirurgien et toute la famille habitait Blérancourt, bourg des confins picards (actuellement dépt. de l'Aisne). La famille avait été noble mais Le Cat ne s'est jamais soucié de rechercher les preuves. Il épousa en 1742 Marguerite Champossin, fille d'un marchand de Rouen originaire de Nice (« précis »). Sa femme, qui l'aida dans ses travaux et s'occupait de l'école de dessin de Rouen mourut en 1803. Ils eurent une fille unique Charlotte Bonne qui épousa Jean Pierre David, chirurgien (ce dernier succéda à Le Cat dans toutes ses charges).

Il mourut le 21 août 1768 «sur les quatre heures du matin» et fut inhumé le lendemain en l'église nouvelle de l'Hôtel-Dieu (Af.N. du 26 août 1768).

D'après la F.L., L. a écrit sous le pseudonyme de «Ramazzini». Notons enfin qu'il faut chercher à «Cat» dans de nombreux dictionnaires d'époque.

2. Formation

Il fit ses études chez les Oratoriens de Soissons puis de Rennes. Il porta le petit collet mais ne prononça aucun voeu. Revenu dans sa famille, vers 1722. Selon les biographes, la famille l'aurait destiné à l'état ecclésiastique et il y aurait répugné ; selon d'autres son père le destinait à son état de chirurgien et il contraignit son fils à renoncer à la théologie. L. se mit à étudier l'architecture militaire et finalement partit à Reims pour étudier la médecine et la chirurgie. Il vint en 1725 à Paris suivre les cours de Winslow à l'Ecole de Médecine et ceux de Boudou à l'Hôtel-Dieu (D.S.B.). Il fut recu docteur en médecine à Reims le 29 janvier 1733, obtint sa maîtrise en chirurgie à Reims, puis à Rouen en 1734 (Boucher). Il avait suivi aussi des cours de mathématiques au collège Mazarin (BD).

L. a appartenu à de nombreuses Académies : Londres, Madrid, Porto, Berlin, Lyon, l'Académie Impériale des Curieux de la Nature (on l'y a surnommé Pleistonicus), Saint-Pétersbourg, Bologne. Il était Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen et correspondant de l'Académie des Sciences de Paris. Il devint doyen des associés régnicoles de l'Académie Royale de Chirurgie de Paris.

3. Carrière

Dès 1729, L. était médecin-chirurgien de Mgr de Tressan, archevêque de Rouen et en 1731, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen, où il résidait. Ayant remporté tous les prix proposés par l'Académie de chirurgie de Paris, on lui demanda de ne plus concourir (BD).

En 1736, il fonda une école d'anatomie et de chirurgie et eut de nombreux étudiants de France et de l'étranger (surtout anglais). Il eut de grandes difficultés à se faire attribuer un amphithéâtre, mais parvint à continuer ses cours publics d'anatomie malgré le mécontentement des religieuses. Il ouvrit un cours public de physique expérimentale où les femmes étaient admises et fonda l'Académie de Rouen (Catalogue, DB).

Il refusa de venir à Paris où on lui offrait un poste (BD).

L. a certainement beaucoup voyagé sans qu'on ait sur ce point des renseignements précis. En France d'abord, en Angleterre où sa présence est attestée vers la fin de sa vie (BD, p. 70).

4. Situation de fortune

Peu de renseignements sur les émoluments ou honoraires de L. En 1740 son traitement était de 1000 £, puis monta à 1800, 3800, 5200 £. (Boucher). Il avait une pension du Roi de 2000 £ sur les Octrois (« précis ») et reçut une gratification de 6000 £ en 1766 ainsi qu'une pension de 1200 £. de Bertin, ministre de la province de Normandie (DB). Boucher écrit qu'il est mort dans la misère, ce qui n'est relevé par aucun contemporain. Il avait une clientèle nombreuse.

5. Opinions

D'après Ballière le caractère principal de L. était «l'amour de la gloire et l'amour de l'humanité». Ami de Fontenelle, de l'abbé Nollet, de Voltaire, contre Rousseau, il se lançait souvent dans des polémiques scientifiques (en particulier sur l'opération de la taille contre le frère Cosme). Il resta cartésien, mais était à l'affût d'idées nouvelles et ne reculait pas devant des expériences longues : par exemple il fit construire un «tuyau de 127 pieds» qui abritait un pendule et notait ses observations trois fois par jour. Il lutta pour obtenir la possibilité de disséquer des cadavres afin de faire progresser l'anatomie. Il fut très soucieux de ses malades et opérait «six pierreux en 16 mn. 5 s... un 7e en 2 mn» et «tous les 7 sont en bon état» (Af.N.du 5 oct. 1764). En effet ses malades «ne mouraient pas», ce qui faisait l'admiration de tous.

Il était d'une «vivacité franche» et «ne se modérait pas toujours dans la dispute et dans la chaleur de la conversation, mais s'en apercevait et avait le courage de réparer sur-le-champ» (DB, p. 70). De santé délicate (et pourtant quelle activité!), sa maison «était le rendez-vous de tous les gens de Lettres, de tous les Savants, de tous les Etrangers. Le curieux y trouvait un Cabinet d'Histoire naturelle, le chirurgien, une salle d'anatomie, le physicien un cabinet de physique, le savant une riche bibliothèque» (DB). Tout cela avant l'incendie de 1762, mais L. reconstitua en partie ses collections.

Il ne semble pas avoir eu de querelles idéologiques. Bon catholique, le roi le récompensa par des lettres d'anoblissement en janvier 1762. Ses armoiries : un chat et un caducée (rappelons qu'en normand et en picard «chat» se dit «cat»). Ces lettres sont transcrites dans Margry.

Voici un exemple de son souci de précision et en même temps de son goût pour la «mise au point» publique (il s'agit d'un de ses derniers articles, sinon le dernier, dans les Af.N. du 15 janv. 1768) : «Il y a erreur M. dans votre dernière feuille où l'on dit que le froid du 5 de ce mois a été de deux degrés plus grand que celui de 1709. Deux excellents thermomètres de ma connaissance, l'un à Boisguillaume, l'autre à Rouen assez près de la rivière, tous deux à l'air, se sont accordés à ne descendre dans le plus grand froid qu'à un degré et demi au-dessus de celui de 1709. Je crois que c'est à quoi le public doit se fixer sur le plus grand froid».

Il reste de nombreux manuscrits de L. (B.M. Rouen, Caen, Bordeaux, B.N., Faculté de Médecine, Paris, etc.). Plusieurs lettres manuscrites, principalement à Grandjean de Fouchy, dans le dossier «Le Cat» des Archives des Sciences ; certaines lettres sont transcrites dans Margry.

6. Activités journalistiques

«Si nous voulions faire mention de tous les objets d'érudition traités par cette plume intarissable, il faudrait citer tous les ouvrages périodiques». «La feuille périodique des Affiches, annonces et avis divers de Haute et Basse Normandie était pour ainsi dire un bureau de correspondance entre le public et M. Le Cat qui était consulté comme l'oracle universel» (BD, p. 58-59). En fait il répondait sur les sujets les plus divers et avec promptitude (ses réponses paraissaient le plus souvent dans le numéro suivant (BD. Chouillet). Il est impossible d'énumérer tous ses articles dans ce périodique. On peut dire qu'il l'a fait vivre. Après sa mort, on revient aux sujets habituels dans les Affiches de province.

On trouve aussi dans les Annonces, Affiches et avis divers pour la ville de Bordeaux, des «Lettres» ou «Réponses» de M. Le Cat : 1762, n° 37-40, 51 ; 1764, n° 13-15 ; 1765, n° 12, 37 ; 1767, n° 7 (sur l'apoplexie, les grossesses extraordinaires, le sommeil, etc.).

Dans la presse officielle, L. a aussi écrit (l'inventaire n'est pas exhaustif). Dans le Mercure de France, sur les pressentiments, sur la fascination (fév. 1741), sur la gangrène (déc. 1735/fév. 1747).

Dans le Journal des Savants, sur le lithotome et la taille de la pierre en 1749 (p. 169, 395, 466) et 1750 (p. 692 et suiv.).

Dans le Journal de Verdun : nombreux articles, sur la génération, le flux et le reflux, la gangrène, l'influence de la lune, en mars, avril, mai, sept, nov. 1736, fév., mai 1736, juin 1740, déc. 1741, juil. 1742, août 1746.

Dans la Bibliothèque française : sur le flux et le reflux ; «Discours d'ouverture du cours d'anatomie», t. 25, 26 en 1737.

Dans les Mémoires de Trévoux : «Réfutation [...] de M. Newton sur la lumière et les couleurs» (avril 1761, p. 821-829), sur l'opération de la cataracte, août 1766, sur la taille, déc. 1749, oct. 1766, etc.

Dans le Nouveau Magazin françois ou Bibliothèque instructive et amusante (de Mme Leprince de Beaumont à Londres) : nombreux articles en 1751 et 1752 ou plutôt «mémoires», «pour servir à l'histoire physique de la terre» (janv., fév.) ; «pour servir à l'histoire des géants» (mars, avril, mai 1751) ; «sur l'électricité» (juin à sept. 1751, janv.-fév. 1752) ; «Diverses remarques chirurgicales» (mai, juil.-sept. 1752) ; «Physiologie [...] du corps humain» (sept. à nov. 1752). «Réfutation du Discours du Citoyen de Genève...» et «Lettre d'un des XXIV à Diderot» (sept., oct. 1751). Voir également, dans l'index des auteurs cités de D.P.1, l'entrée «Le Cat».

7. Publications diverses

Son premier écrit, Sur le balancement d'un arc-boutant de l'église Saint-Nicaise, Reims, 1724, fut suivi de nombreux mémoires et ouvrages concernant la physique, la médecine, la chirurgie. Son oeuvre la plus célèbre est le Traité des sens..., Rouen, 1740. Voir liste dans F.L. 1758, 1769 ; D.S.B. Le 26 décembre 1762, un incendie détruisit une grande partie de sa bibliothèque et un Mémorial en 3 vol. auquel il travaillait depuis longtemps (Af.N.). On n'a pas retrouvé sa Description d'un homme automate, ouvrage présenté à l'Académie de Rouen en 1744.

8. Bibliographie

F.L. 1755, 1758, 1769, B.Un., N.B.G., D.S B. – (Af.N.) Affiches de Haute et Basse Normandie, Rouen, 1762-1784. - (« précis ») «Précis de la vie & des travaux de M. Le Cat, écuyer», Journal des Beaux-Arts, t. IV, 1768, p. 312-340. – Dossier «Le Cat», Archives de l'Académie des Sciences. – (BD) Baillère-Delaisment, Eloge de Monsieur Le Cat, Rouen, 1769. – Valentin M., du Collège royal de chirurgie de Paris, Eloge de M. Le Cat, Londres, 1769 (ne contient pas de renseignements de première main). – «Eloge de Monsieur Le Cat», Mercure de France, 2 avril 1769. – Boucher L., Notice sur les débuts de Claude Nicolas Lecat, Rouen, Cagnard, 1901. – Margry A., «Un correspondant de Voltaire, C.N. Le Cat», Comptes rendus et mémoires. Comité archéologique de Senlis, 4e série, t. IX, 1906, p. 317-320. – Catalogue de l'exposition Le Cat, Rouen, 1968, notice de J. Hossard. - Chouillet A.M., «Les Sciences», dans La Presse provinciale au XVIIIe siècle, Grenoble, 1983, p. 99-106.