LAUNAY

Numéro

465

Prénom

Louis

Naissance

?

Décès

1782

1. État-civil

D'après un «Extrait des Registres Mortuaires de l'Eglise Royale Et Paroissiale de Saint Paul, à Paris, pour l'année mil sept cent quatre-vingt-deux» : «Le Vendredi vingt Septembre est décédé au château de la Bastille, Loüis Claude César Delaunay âgé d'Environ quarante cinq ans et le mesme jour a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse». Louis de Launay est mort dans son lit à la suite d'une hémorragie. (Ars. ms. Bastille 12453, année 1782, f° 68, 66)

2. Formation

Dans une lettre conservée (ibid. f° 63) L. se présente lui-même ainsi : «Le Chevalier De Launay, Docteur en Médecine, Censeur Royal en la Chancelerie de France, Et Membre de plusieurs academies de Sciences et Belles-lettres.» Cette lettre est adressée «A Monsieur le Bourgemaitre de Middelbourg pour l'année 1781». Il est docteur en médecine de la faculté d'Avignon.

3. Carrière

En février 1780, L. avait rencontré l'Ecossais Samuel Swinton, propriétaire du Courier de l'Europe et du Courier du Nord. L. avait accepté de travailler pour lui comme rédacteur du Courier du Nord à Maastricht pendant six mois, le temps nécessaire pour savoir si ce journal réussirait à avoir 800 abonnés, nombre indispensable pour couvrir les dépenses courantes. L. devait passer près de neuf mois dans cette ville, où, sur l'invitation de Swinton, il avait dû changer de nom ; il s'appelait de Bernizay. Le titre de son journal est changé en Gazette anglo-françoise ou en Gazette anglo-françoise américaine (D.P.1 536). Dans une lettre datée du 29 septembre 1780 (ms. de la Bastille 12453), Swinton informe son rédacteur que son journal sera interrompu à partir du 3 octobre. Après cette date les abonnés de la gazette devaient recevoir, en échange, le Courier de l'Europe par la poste de Londres. On ne voulut cependant pas de lui, un catholique.

Avant de regagner Paris, L. passa par Amsterdam, où il se lia avec des libellistes, ce qui lui valut de finir ses jours à la Bastille. On trouve dans la Bastille dévoilée les renseignements suivants : «Ce papier [la Gazette anglo-américaine] s'imprimoit à Maestricht pour le compte d'un Anglois. Une querelle élevée entre eux causa sa perte : il passa à Amsterdam où il se lia avec les auteurs des libelles tant recherchés par le Receveur, qui en 1781, y fut envoyé secrètement par le lieutenant de police. Le duc de La Vauguyon requit le magistrat d'Amsterdam, qui prêta sur le champ main-forte à l'inspecteur de police ; il se rendit chez les imprimeurs, tira d'eux les noms des gens qui envoyoient les ouvrages, vint les enlever à Bruxelles, partit dans l'instant pour Paris et y arrêta [...] De Launay» (t. I, p. 55-57, repris par Funck-Brentano dans Les Lettres de cachet...).

4. Situation de fortune

Si L. a accepté de quitter Paris pour se charger à Maastricht du journal de Swinton, c'est parce qu'il se trouvait dans une situation critique : il était sans ressources. L'avarice et la rusticité de Swinton lui firent connaître de rudes épreuves. A Maastricht, il gagnait seulement 1800 francs par an.

5. Opinions

La collaboration entre le propriétaire de la feuille et son rédacteur se révéla vite très problématique. Aux yeux de L., Swinton est «un marin ignare et rustre [...] qui veut, ligne par ligne, diriger la marche de votre plume» (Proschwitz, t. I, p. 101).

6. Activités journalistiques

L. avait une rude besogne à abattre. Le journal comportait quatre feuilles grand-in 4° par semaine. L. était lui seul chargé de la rédaction, de la refonte des mauvaises traductions, de la correction et révision des épreuves. Il devait souvent travailler toute la nuit, car les postes n'arrivaient à Maastricht que le soir. Il fallait en plus donner la gazette au public le lendemain matin. Il s'agissait pour la gazette de ne pas être en retard sur ses concurrents, les gazettes de Cologne, de Leyde, d'Utrecht et d'Amsterdam. Toutes ces feuilles avaient en commun les mêmes nouvelles à la main livrées par le même correspondant à Paris. Le travail rédactionnel nocturne coûtait cher au rédacteur. Il se plaint d'avoir été obligé de brûler de la chandelle et d'avoir du feu toutes les nuits.

Quand Swinton décide de fermer boutique à Maastricht, L. veut continuer d'éditer le journal pour son propre compte sous le nom de Courier de la Meuse (cf. A.J. Havé, L'Homme-sans-façon ou Lettres d'un voyageur allant de Paris à Spa, s.l., 1786, p. 53). Sans ressources, L. ne peut donner suite à son projet. Il tenta en vain d'être agrégé au collège de médecine de Middelbourg.

7. Publications diverses

A l'Arsenal, on trouve réunie la principale documentation relative à L. Il y est conservé «Esther / Tragedie lyrique / Par / Mr Le Ch. Delaunay / Ecuyer censeur royal» et «Français chez les Hurons, 1780 ou La Vertu de La Baguette / Comédie en Deux actes / melée d'ariettes / Par Le Chevalier De Launay / Censeur Royal» (ms. 6798).

8. Bibliographie

Voir Proschwitz G. & M. von, Beaumarchais et le Courier de l'Europe. Documents inédits ou peu connus, S.V.E.C. 273-274, 1990.