LA METHERIE

Numéro

449

Prénom

Jean Claude de

Naissance

1743

Décès

1817

1. État-civil

Jean Claude de La Métherie (ou Delamétherie) est né à La Clayette, en Mâconnais, le 4 septembre 1743 et a été baptisé le 5 (A.D. Saône-et-Loire, reg. par. de La Clayte ou La Clayette). Il était fils de François de La Métherie, docteur en médecine, et de Claudine Constantin ; son parrain, Jean Constantin, était curé de Chavigny La Garde ; sa famille paternelle avait compté plusieurs médecins (B, p. 80), sa famille maternelle plusieurs prêtres. L. eut au moins deux frères ; son frère aîné, reçu médecin en 1761, mourut vers 1765 ; son frère cadet, Antoine, médecin lui aussi, fut député de Mâcon aux Etats-Généraux, membre de l'Assemblée Constituante, puis du Corps Législatif. Jean Claude le sauva de la ruine vers 1792 (B, p. 87-88). Il est mort à Paris le 1er juillet 1817 d'une rechute d'apoplexie (B, p. 89).

2. Formation

Il fit ses premières études à Thel, dans la campagne mâconnaise, sous la conduite de précepteurs. Son caractère studieux et «mélancolique» semblant le destiner à la carrière ecclésiastique, il fut envoyé, à l'âge de quinze ans, dans une «espèce de séminaire» à Thiers (B, p. 80). Il y resta trois ans puis se rendit à Paris avec son frère aîné qui achevait alors ses études de médecine. Il suit les cours de théologie de la Sorbonne et reçoit au séminaire Saint-Louis les quatre ordres mineurs (ibid.). A vingt-deux ans, la mort de son frère le décide à revenir à la médecine et à prendre la succession de son père. Reçu médecin en 1770, il s'installe à La Clayette où il exercera jusqu'en 1780. Il avait entrepris, dès l'âge de seize ans, sous l'influence des Principes mathématiques de Madame du Châtelet, des Principes de la philosophie naturelle ; il les achève en 1776 et les publie à Genève en 1778. Il décide alors de se consacrer à la recherche ; il abandonne à son frère Antoine son cabinet médical et sa part d'héritage -leur père étant mort vers 1780- et s'installe à Paris.

3. Carrière

Dès 1780, il fréquente le monde scientifique, rencontre Diderot et d'Alembert (B, p. 82), publie les Vues physiologiques et plusieurs mémoires dans les Observations sur la physique, dont il prend la direction en 1785. Sa vie est dès lors entièrement consacrée à son journal et à ses oeuvres scientifiques. Il présente en 1799 sa candidature au Collège de France, qui lui préfère Cuvier, mais il obtient en 1801 une chaire de professeur-adjoint en minéralogie et géologie. Il est atteint en 1812 par une première crise d'apoplexie ; il est soigné et guéri par Pinel ; H. de Blainville, à qui nous devons l'excellente Notice historique du Journal de physique le supplée au Collège de France et à la direction du journal. Victime d'une seconde crise en juin 1817, il meurt le 1er juillet.

4. Situation de fortune

A la mort de son père, qui jouissait d'une «honnête» fortune (B, p. 80), il abandonne à son frère Antoine sa part d'aîné et ne garde pour lui qu'une pension de 2400 F. (B, p. 82). La direction des Observations améliore «considérablement» ses revenus (ibid.). Il acquiert la propriété du journal qu'il refusera toujours de vendre à un libraire (B, p. 89). La ruine de son frère Antoine, à qui il évite la faillite, le réduit à une situation précaire. Grâce à Cuvier, il obtient la totalité du salaire de professeur titulaire au Collège de France en 1801 (B, p. 88).

5. Opinions

Disciple, dès sa jeunesse, de Newton et de Locke, sensualiste convaincu, il évolue vers un matérialisme radical et verra dans la cristallisation le principe de la reproduction universelle. Il s'est surtout illustré par une polémique aussi longue que vaine avec Lavoisier. En 1789, il est d'abord favorable à la Révolution, mais il en dénonce les excès ; les «Réflexions sur la Révolution française» qu'il publie de 1789 à 1792 dans le Journal de physique et son hostilité à la Constitution du 10 août 1792 lui valent d'être arrêté. Il échappe à la condamnation grâce à l'intervention d'un voisin, tailleur de son état et membre du comité de sa section (B, p. 101).

6. Activités journalistiques

Observations sur l'histoire naturelle, la physique, et la peinture ou Journal de physique : d'abord collaborateur du Journal de physique, L. en devient le directeur en mai 1785, au moment où Jean-André Mongez en abandonne la direction pour suivre l'expédition de La Pérouse (D.P.1 1089). De mars 1785 à février 1817, L. y publie une centaine de communications sur ses propres recherches ; il publie également des comptes rendus, des extraits, des dissertations originales, faisant une large part aux contributions étrangères et attaquant volontiers les gloires établies. Chaque année, à partir de 1786, il publie également, au mois de janvier, un «Discours préliminaire» dans lequel il fait l'historique des progrès scientifiques de l'année écoulée.

7. Publications diverses

On trouvera dans B, p. 102-107, la liste des oeuvres de L. Parmi les plus importantes, on peut citer : Essai sur les principes de la philosophie naturelle, Genève, 1778, réédité sous le titre de : Principes de la philosophie naturelle, Genève, 1787. – Vues physiologiques sur l'organisation animale et végétale, Amsterdam et Paris, 1780. – Théorie de la terre, Paris, 1795, 3 vol. ; rééd. augm., Paris, 1797, 5 vol. – De l'homme considéré moralement, Paris, 1802, 2 vol. – Considérations sur les êtres organisés, Paris, 1804, 2 vol. – Leçons de minéralogie données au Collège de France, Paris, 1812, 2 vol. – Leçons de géologie données au Collège de France, Paris, 1816, 3 vol.

8. Bibliographie

B.Un. (art. de Cuvier) ; D.S.B. – (B) Blainville H. de, «Notice historique sur la vie et les écrits de J.C. Delamétherie», Journal de physique, 1817, p. 78-107 : source des autres notices biographiques. – Lemay E., Dictionnaire des Constituants, Paris, 1991.