GUILLERAGUES

Numéro

377a

Prénom

Louis La Vergne de

Naissance

1628

Décès

1685

1. État-civil

« Du lundi 4 décembre 1628, Gabriel de Lavergne, fils légitime et naturel de Me Jacques de Lavergne, sieur de Guilleragues, conseiller du roi en la cour et de dame Olive de Mullet, de la paroisse Sainte-Eulalie, a été baptisé et son parrain Monsieur Gabriel de Mullet, sieur de la Tour, et sa marraine, Damoiselle Isabeau de Lavergne ; naquit le samedi dix-huitième novembre dernier à dix heures du matin. [Signé :] Locamus, curé de la Majestat » (extrait baptistaire, paroisse Saint-André de Bordeaux, reproduit par F.D., p. XXIX). Né le 18 novembre 1628, Gabriel Joseph de Lavergne de Guilleragues épousa, le 19 juillet 1658, Marie Anne de Pontac, fille d’un gentilhomme de la Chambre ; il en eut une fille, Marie Anne, future Mme d’O. Il est mort à Constantinople le 27 février 1685.

2. Formation

G. passe son enfance à  Bordeaux et à Guilleragues (près de La Réole), puis entre à Paris au collège de Navarre. Il fait des études de droit, et sera nommé par la suite « avocat au Parlement de Bordeaux ».

3. Carrière

Une première partie de sa carrière se passe au service du prince de Conti, à qui il s’est lié durant la Fronde, et dont il devient secrétaire des commandements en 1654. En 1660, il acquiert la charge de premier président à la Cour des Aides de Bordeaux. Une fois Conti devenu gouverneur du Languedoc, il continue d’être son intendant et l’assiste chaque année aux États du Languedoc. À la mort du prince en 1666, il s’établit à Paris, fréquente les salons de Mme de Sablé, de Mme de Sévigné, de Mme de Lafayette. Commence alors une seconde carrière de G. En octobre 1669, il devient secrétaire ordinaire  de la Chambre et du Cabinet de Louis XIV. Il gagne la confiance du Roi et se voit chargé de contrôler la Gazette. En décembre 1677, il est nommé ambassadeur à Constantinople. Il remplit sa charge avec honneur, est obligé de régler le vif incident de Chio en 1681, négocie un accord avec le Sultan dont il obtient une grande audience en novembre 1684.

4. Situation de fortune

Grâce à la fortune de sa femme, il put acheter la charge de premier président de la Cour des Aides de Bordeaux. La vente de sa charge de secrétaire de la Chambre lui permit de payer les frais de son ambassade, mais il eut constamment, du fait de son train de vie magnifique, des problèmes d’argent, et mourut pauvre.

5. Opinions

En qualité d’ambassadeur, il a fait publier en 1682 une Relation véritable de ce qui s’est passé à Constantinople avec M. de Guilleragues, Ambassadeur de France (à Chio, 1682). Un résident hollandais, Justin Colier, y répondit par une Relation de ce qui s’est passé à Constantinople avec M. de Guilleragues, où on montre les bévues de la Gazette de Paris, s.l. , 1682.

6. Activités journalistiques

Durant l’été 1674, Colbert et le marquis de Seignelay confièrent à Guilleragues et à son ami  Bellinzani la direction de la Gazette ; la  guerre d’Espagne, qui  s’amplifiait depuis 1672 exigeait un contrôle rigoureux de la Gazette. Guilleragues l’assura jusqu’à l’été 1678. Nommé ambassadeur à Constantinople en décembre 1677, il rejoignit son poste en juillet 1679. Le niveau du journal s’était amélioré rapidement. Le 16 mars 1675, Bayle écrivait à Minutoli : « Il y a cinq ou six mois qu’on s’est mis sur le pied au Bureau d’adresse, de ne dire rien que sur de bons mémoires. D’ailleurs le style en est fort beau et fort coulant. On m’a assuré que M. de Guilleragues, secrétaire du cabinet, ou M. de Bellenzani, tous deux beaux esprits, la revoient fort exactement, et en ôtent, non seulement ce qu’il y a de fabuleux, mais aussi ce qui n’est pas assez élégant » (Cité par G. Feyel, p. 445-446). L’abbé Renaudot, détenteur du privilège, pourra lui reprocher plus tard son « esprit », et se flattera d’avoir remis la Gazette « sur un pied sérieux » (Ibid, p. 467). Mme de Sévigné, tout au contraire, apprécie cet esprit : « Guilleragues a fait des merveilles dans sa gazette ; mais je trouve les dernières louanges un peu embarrassées : j’aimerais mieux un style plus naturel et moins recherché » (À Mme de Grignan, 7 août 1675). Il reste néanmoins difficile de dire quelle fut sa part dans la rédaction de la Gazette. F. Deloffre a publié quelques articles qui sont sans doute de sa main, notamment une relation de la mort de Turenne et une relation de la bataille navale de Tabago (F.D., p. 197-218).

7. Publications diverses

La carrière littéraire de G. est restée quasiment secrète. Il fit paraître sans nom d’auteur en 1668-1669 les Valentins, œuvre mineure, et en 1669 les Lettres portugaises, qui sont sans doute de lui,  mais sa correspondance, éditée par les soins de F. Deloffre, n’en fait pas mention. Il fut l’ami de Molière et de Racine, qui ne le considèrent pas comme un écrivain. Seul Antoine Galland, qu’il accueillit dans son palais à Constantinople, garda sa mémoire. Il fut avant tout un gentilhomme et un homme de cour.

8. Bibliographie

« Vie de Guilleragues », dans Lettres portugaises, Valentins et autres oeuvres de Guilleragues, éd. F. Deloffre et J. Rougeot , Classiques Garnier, 1962, p. XXV-LXXXVI (F.D.) ; rééd., Genève, Droz, 1972. - G. Feyel, L’Annonce et la nouvelle, Voltaire Foundation, 2000.

Auteurs