GUILLART

Numéro

377

Prénom

(ou Guillard)

Naissance

?

Décès

1694

1. État-civil

Guillart serait né, probablement autour de 1630, à Montfort l'Amaury, fils d'un officier de justice. Il mourut à Paris en 1694, avant le mois d'août (A.N., M 759).

2. Formation

On ne sait rien des études qui permirent à G. de posséder outre le latin, l'allemand et l'espagnol, une connaissance assez approfondie de l'histoire et de la géographie, assez approfondie pour en faire un spécialiste des matières diplomatiques.

3. Carrière

Employé par plusieurs grandes familles comme précepteur et mentor pour leurs fils, G. voyagea dans divers pays d'Europe d'où il rapporta de nombreux livres. La plus importante de ces missions le mena au Portugal en 1684, en compagnie de Jean-Baptiste Colbert marquis de Torcy chargé de féliciter Alphonse VI pour son accession au trône.

Les relations et les liens ainsi noués l'introduisirent parmi les plumes ministérielles et dans les cercles savants et elles le conduisirent, à la fin de 1687, au nouveau comité de rédaction du Journal des Savants. Ainsi pourvu de lettres de naturalité dans la République des Lettres, Guillart, auquel l'abbé Dubois avait demandé (entre 1687 et 1689) des mémoires sur l'histoire de l'Allemagne pour l'instruction du duc de Chartres, fut appelé en 1692 à l'académie privée de l'abbé de Choisy qui réunissait chaque mardi au Petit Luxembourg douze érudits, académiciens ou cadets de familles nobles, comme les abbés de Caumartin et de Dangeau, Fontenelle, D'Herbelot ou Charles Perrault. L'un des piliers de ces assemblées (il «y fournit seul plus que toute la Toscane» écrivait Choisy) Guillart y contribua notamment par un extrait de Grégoire de Tours, des remarques critiques sur l'Histoire de Henri II d'Antoine Varillas (sa bête noire) et une dissertation sur les ducs. Cette académie se sépara en août 1692.

4. Situation de fortune

G. aurait possédé «quelque petit bien» à Montfort l'Amaury auquel s'ajoutèrent ses émoluments de précepteur (50 pistoles pour ses mémoires destinés au duc de Chartres), une pension de 200 £ de Georges de La Feuillade, archevêque d'Embrun puis évêque de Metz, qu'il avait accompagné à l'étranger et qu'il fournissait en nouvelles de Paris, et enfin 600 £ du Chancelier Boucherat pour sa collaboration au Journal des Savants. Mais comme le notait le P. Léonard, toujours sensible aux questions d'argent, la fréquentation des grands ne conduisit pas G. à la fortune.

6. Activités journalistiques

Ignoré des histoires de la presse et des dictionnaires biographiques, Guillart a pourtant participé directement à la rédaction du Journal des Savants pendant plusieurs années. Après d'assez longues tractations au cours desquelles furent pressentis des familiers des Colbert et de Pontchartrain, le Chancelier Boucherat constitua en octobre 1687 un comité de quatre rédacteurs qui reprirent la publication du J.S. interrompue depuis janvier précédent. Aux côtés de l'abbé de La Roque, du philosophe cartésien Pierre Sylvain Régis et de Louis Cousin Président en la Cour des monnaies, Guillart se chargea des extraits des ouvrages historiques pour lesquels Cousin se serait déclaré trop peu compétent. Si dans le Journal de 1688 l'histoire fut représentée par deux fois plus de titres qu'en 1686, sa place ne changea pas par rapport aux autres matières et les extraits demeurèrent prudents : selon le P. Léonard, on reprochait à G. de ne pas publier les fautes qu'il avait relevées chez Varillas. La critique, refusée des auteurs, restait bannie des extraits.

A la mort de l'abbé de La Roque, en septembre 1691, le libraire Jean Cusson s'entendit avec le Président Cousin et reçut le privilège du Journal au début de 1692 ; sans doute défavorisé par cet arrangement, G. cessa de collaborer au périodique en septembre de la même année. Ainsi, familier de plusieurs grandes maisons et gravitant dans les cercles ministériels où il remplissait peut-être quelque office de plume, Guillart dut à son érudition et à ces patronages de devenir rédacteur du J.S. au moment où le pouvoir voulait en améliorer la qualité et renforcer son emprise sur la rédaction : sa courte expérience de journaliste porte le cachet officiel de la désignation et de la pension qui l'assimilent à un fonctionnaire de la plume.

7. Publications diverses

A part ses articles, G. ne publia pas d'ouvrage de son vivant mais il compila un gros recueil de ses corrections sur l'Histoire de Varillas qu'il offrit à Pontchartrain, et outre sa dissertation sur les ducs, et ses notes généalogiques publiées en 1861, il aurait laissé des matériaux sur la géographie ancienne et moderne qui enrichirent les portefeuilles de Gaignières et sans doute d'autres érudits.

8. Bibliographie

8. A.N., M 759 : Recueil de notes historiques et critiques (par le P. Léonard).– B.N., f.fr. 22581 : Recueil de plusieurs auteurs qui ont donné des ouvrages au public (par le P. Léonard), f° 105 ; f.fr. 24471 : Recueil de quelques nouvelles journalières de la République des lettres (par le P. Léonard), f° 13 ; f.fr. 25187 : Remarques sur les généalogies des grandes familles du règne de Louis XIV (écrites par G. en 1689, selon Robert de Gaignières).– Ars., ms. 3186 : Ouvrages de M. de Choisy qui n'ont pas été imprimés, tome Ier, f° 175 et suiv., «Journal de l'assemblée du Luxembourg», 1692.– Guillart, Les Généalogies du sieur Guillard. Suivies de Examen et réfutation par le marquis D., Paris, 1861 (publication des Remarques de B.N. f.fr. 25187).