GRIFFET DE LA BAUME

Numéro

361

Prénom

Antoine

Naissance

1756

Décès

1805

1. État-civil

Antoine Gilbert Griffet de La Baume (ou La Beaume) est né à Moulins le 21 novembre 1756 ; il est mort à Paris le 18 mars 1805. Fils de Philibert seigneur de La Baume et des Clapettes, trésorier général de France à Moulins, et de sa seconde épouse Marguerite Petitjean de La Font, petit-fils de Gabriel, aussi trésorier général de France, cousin lointain des jésuites Henri et Claude Griffet. Marié en 1788 à Marie de Guise dont il a eu un fils, Jean Baptiste, qu'on dit, en 1805, sous-lieutenant d'infanterie.

2. Formation

«Il fit de bonnes études», dit laconiquement la B.Un. La notice de la Décade mentionne des «études avec succès» et ajoute qu'il «savait à fond les langues anciennes, et surtout les langues modernes : l'anglais et l'allemand lui étaient aussi familiers que le français», sans qu'on sache où il les avait appris, ni s'il fit des séjours à l'étranger. Il est dit «venu à Paris» en 1776, selon la B.Un. ; en 1770 selon la Décade. A cette date il n'aurait eu que quatorze ans et aurait dû donc fréquenter un établissement scolaire.

3. Carrière

Sur ses débuts à Paris, nous n'avons aucun renseignement, sinon qu'il écrivit jeune des comédies en vers qui ne furent pas jouées. Il semble avoir vécu à Paris toute sa vie et avoir eu une activité principale de traducteur d'ouvrages anglais ou allemands et de collaboration à divers journaux. Dans la Révolution il met beaucoup d'espoir, mais sans se compromettre. Puis à une date non précisée, qui doit se situer vers 1795, il obtint, sur la recommandation de quelques amis, un emploi dans les bureaux du ministère de l'Intérieur, division de l'Instruction civique. « Se trouvant là pour ainsi dire au milieu de ses pairs, car la plupart de ses collègues étaient des gens de lettres, il coula huit années de sa vie au sein de la paix et du bonheur». Mais pendant cette période, il ne cesse pas de publier des traductions. Ensuite il perd sa place par «un changement de ministère». Il se remet de plus belle à traduire pour survivre, mais, en fait, «depuis la perte de sa place il ne fit que languir [...] et mourut après une maladie assez longue et douloureuse» (Décade).

4. Situation de fortune

Son père était trésorier général de France à Moulins, charge déjà tenue par son père, mais sa famille fut ruinée, nous ne savons comment ; et G. entra lui-même dans l'administration, mais n'y resta pas. Chargé par le ministre François de Neufchâteau de traduire des rapports sur les hospices civils de l'étranger, «il remplit cette tâche», dit encore la notice de la Décade, «avec un zèle et un plaisir inexprimables». Ensuite il perdit sa place qui lui donnait juste ce qu'il fallait pour vivre, et «perdit ainsi toute sa fortune». Puis les libraires qui publiaient ses traductions firent banqueroute. Tableau peut-être dramatisé par l'auteur de la notice. Mais G. semble être mort dans la pauvreté.

5. Opinions

Dans son rôle de rédacteur du Censeur, c'est-à-dire de 1786 à 1788, G. se veut accompagné par une «société de gens de lettres», dont les noms n'apparaissent pas. Il s'annonce aussi, par sa dédicace à Madame, dans la familiarité du cercle de Monsieur, le futur Louis XVIII, qui reçoit des lettrés et des savants au château de Brunoy, cercle très anglophile et libéral. En 1788 G. publie une traduction de l'anglais d'un texte anonyme (dont D.O.A. ne connaît que le traducteur) : Réflexions sur l'abolition de la traite et de l'esclavage des nègres ; et en 1790, la traduction du Sens commun de Thomas Payne, ce qui indique un choix d'esprit. « La Révolution arriva et G. s'imaginant comme toutes les âmes honnêtes que cette révolution pouvait nous rendre plus heureux, en adopta les principes, sans en aimer les conséquences. Il continua à traduire les ouvrages, mais il choisit ceux qui pouvaient le mieux prouver son amour pour les hommes, son esprit philosophique et son patriotisme» (Décade).

6. Activités journalistiques

On connaît sa participation à plusieurs périodiques : Journal encyclopédique. Le Censeur universel anglais. Mercurede France. Le Bulletin de Littérature. Magasin encyclopédique. Décade philosophique (articles sous la lettre L).

Dans le Censeur (1785-1788), où il semble avoir été le rédacteur principal, ses articles sont signés d'un Z. Pour les autres journaux parus avant la Révolution : le Journal encyclopédique et le Mercure de Panckoucke, il ne semble avoir été qu'un collaborateur occasionnel, sans doute en tant que traducteur et spécialiste de l'Angleterre. Les autres journaux sont postérieurs, et ne lui firent pas non plus une place importante.

7. Publications diverses

Voir Cior 18, n° 32422-32450. A part des pièces de théâtre, œuvres de jeunesse et jamais jouées ni imprimées, et Quelques vers, Paris, 1786 et 1801, l'œuvre littéraire de G. se borne à des traductions :

1) de l'anglais : Les Epanchements de l'amitié et de l'amour, de Langhorne, Paris, 1780. – Nouveaux voyages en France, éd. Sterne, 1783. – Suite et fin de la vie et des réflexions de Tristram Shandy, 1785. – Sermons de Sterne, 1786. – Evelina, de Mrs d'Arblay, Paris, 1784. – Réflexions sur l'abolition de la traite, 1788. – Sermons, de Sterne, 1786. – Lettres de Sterne, 1788. – Poèmes d'Ossian, 1788. – Le Fou de qualité, de Brooke, 1789. – Contes orientaux et autres, «traduits de l'allemand et de l'anglais», 1797. – Le Sens commun, de Thomas Payne, 1790. – La Victime de l'imagination, de Tomlins, 1795. – Vie de Daniel de Foë, 1799. – Les Enfants de l'Abbaye, de M.R. Roche, Paris, 1801. – Voyage de Horne-man dans l'Afrique septentrionale, 1803. – Recherches asiatiques, 1805. – Anna Bella, de Mackenzie, 1810.

2) de l'allemand : Daniel, de Moser, 1787. – Les Souffrances maternelles, roman imité de l'allemand, 1795. – Marianne et Charlotte, de Junger, 1795. – Léopoldine, de F. Schultz, 1796. – Peregrinus Protée, de Wieland, 1795. – Tableau du Déluge, de Bodmer, 1797. – Histoire des Suisses, de J. de Muller. – Louise, de Voss, 1800. – Les Abdérites, de Wieland, 1802. – Aperçu statistique des Etats de l'Allemagne, de Hoek, 1802.

Une pièce licencieuse : La Messe de Gnide plusieurs fois rééditée (1794, 1797, 1881 et 1884).

8. Bibliographie

F.L. ; B.Un. Décade philosophique, t. XLV, p. 192. Magasin encyclopédique, avril 1805, p. 414. – Martin, Mylne et Frautschi, Bibliographie du genre romanesque français, 1751-1800, Londres, Mansell, 1977.