GONDOT

Numéro

348

Prénom

René

Naissance

1717

Décès

1799?

1. État-civil

Le nom de Gondot s'écrit quelquefois «Goudot» (lettre de Fréron à d'Hémery, 7 avril 1753, dans Balcou, p. 52) ou «Goudeau» (F.L. 1769,1.1, p. 280-281 ; f.fr. 22159, f° 124). Cependant son acte de baptême et sa signature donnent Gondot. René François Gondot est né à Paris le 16 août 1717 de François Gondot, marchand, et de Geneviève Le Normand. Le ménage habitait rue Saint-Honoré. Son parrain était René Cramail, chef de bouche du Roi et sa marraine Françoise Michelle Léger, femme de Charles Le Normand, marchand bourgeois (A.V.P., V2 E 58). Le Cat.B.N. lui attribue comme prénoms Pierre-Thomas, mais c'est une erreur.

G. était marié (Balcou, p. 52) et eut deux fils «au service». Il avait d'ailleurs sollicité du prince de Montbarey un brevet d'ordonnateur pour faire à l'un d'eux, «bon sujet et déjà employé utilement», sa charge de commissaire des Guerres (A.M.V.).

Un rapport au Directoire fait par le ministre de la Guerre daté du 26 germinal an VII (15 avril 1799) indique qu'il s'est fait admettre à l'Hospice de l'humanité à Rouen, où il est probablement mort, très âgé.

3. Carrière

G. n'a écrit que pour le théâtre. Il composa quelques parades pour le Théâtre-Italien et fit représenter quelques pièces sur des théâtres privés : dans Le Prix de la beauté (1760), «l'auteur [...] n'a cherché qu'à amuser quelques sociétés et s'amuser lui-même» (Avis de l'éditeur). Sa parodie de Castor et Pollux, Les Deux Gémeaux, imprimée depuis 1754, fut représentée en mai 1777, «avec un dégoût général de la part du public» : ainsi G. «après avoir été sifflé aux Italiens dans sa jeunesse veut l'être encore dans sa vieillesse» (M.S., 12 mai 1777, t. X, p. 72). Le Prix de la beauté, en revanche, fut bien accueilli par L'Année littéraire : «Le sujet est simple, galant, délicat, anacréontique [...]. Cet ouvrage fait honneur à M. Gondot» (1760, t. II, p. 85).

Toute la carrière professionnelle de G. s'est déroulée au sein d'une seule institution : l'armée. Il effectua 46 ans de service de 1745 au 25 septembre 1791 et fit trois campagnes (A.M.V.). Il participa notamment à la campagne du maréchal de Saxe (guerre de Succession d'Autriche, 1740-1748). Durant cette longue activité professionnelle, plus de quarante ans d'un «travail incroyable et sans relâche auquel les jours et les nuits suffisaient à peine » (lettre du prince de Montbarey, 20 mai 1778, ibid.), G. eut trois emplois bien distincts. Il fut d'abord commissaire des Guerres (F.L. ; A.M.V.). Puis il fut quinze ans secrétaire général du Régiment des Gardes françaises (ibid.). Il occupait cet emploi en juillet 1755. Seize ans secrétaire général du Tribunal des Maréchaux de France (A.M.V. ; M.S., 12 mai 1777), il était très apprécié de ses supérieurs : dans une lettre du 19 décembre 1777, le prince de Montbarey note que G. «n'a cessé d'obliger toute la noblesse du Royaume, de civiliser des milliers d'affaires et de profiter des occasions de sa place pour faire le bien de l'Etat et faire gagner au Roi des sommes considérables». Pour sa part Gaspard de Clermont, maréchal de France, remarque que G. a accompli sa tâche avec «toute l'intelligence et la distinction possible», qu'«il s'y est acquis l'estime et la considération générale du Tribunal de la Noblesse et des Militaires» (A.M.V.).

G. a été également secrétaire du duc de Biron - il l'était en septembre 1753. Celui-ci lui trouve un appartement à l'Hôtel de Biron, rue de Varenne. Auparavant G. demeurait rue de Bourbon, chez d'Haricourt (Fréron à d'Hémery, 29 sept, et 26 nov. 1753, dans Balcou, p. 101 et 122).

Un rapport du ministre de la Guerre pour le Directoire (15 avril 1799) signale que G. est à Rouen «depuis longtemps».

4. Situation de fortune

En tant que secrétaire général du Tribunal des Maréchaux de France, G. avait un traitement annuel de 6000 £. Le 12 juin 1778, il obtient 2000 £ de «gratification extraordinaire». En avril 1779, le maréchal de Clermont-Tonnerre avait demandé au roi que cette gratification, «payée sur l'extraordinaire des Guerres», fût convertie en pension. Il semble que G. n'ait pas touché cette pension et qu'on se soit contenté, le 1er juin 1779, de lui donner 2000 £ «en considération de ses services» (A.M.V.). En juin 1792, G. était titulaire d'une pension viagère de 3525 £ par an. Mais cette pension ne lui était pas versée, si bien qu'il se trouve à Rouen, écrit le commissaire ordonnateur de la 15e division militaire, «dans la plus profonde misère». G. aurait accepté de renoncer à sa pension pour bénéficier du traitement accordé aux commissaires réformés.

Il semble qu'auparavant G. ait vécu dans une certaine aisance. En janvier 1761, il va même jusqu'à confier à des hommes d'affaires la somme de 15 000 £. Il eut d'ailleurs des intérêts dans l'impression d'un Boccace pour laquelle il avance 3600 £. Mais l'entreprise tourne court et il écrit à Malesherbes en lui demandant d'intervenir pour récupérer sa mise de fonds (f.fr. 22141, f° 63-64).

G. était bien répandu dans le monde littéraire. Il a même empêché, en avril 1753, un duel entre La Morlière et Mairobert (Fréron à d'Hémery, 7 avril 1753, dans Balcou, p. 52). Il est probable qu'il a été protégé par des gens bien placés, en dehors du monde militaire qu'il connaissait bien. Il dédie en effet Le Prix de la beauté à la princesse Galitzine pour, lui dit-il, «l'estime que vous faites des talents» et «les bontés dont vous voulez bien m'honorer» (Dédicace).

6. Activités journalistiques

En juillet 1755, on signale que Fréron, l'abbé Prévost et G. vont se partager le privilège du Journal étranger (f.fr. 22159, f° 124). Plus tard, le chevalier d'Arcq acheta pour 5000 £ la part de G. au privilège du Journal étranger : G. lui-même l'avait achetée à Douin de Courcelles (f.fr. 22133, f° 305).

7. Publications diverses

Cior 18, n° 31429-31434.

8. Bibliographie

F.L. 1769 ; Desessarts, t. III, p. 280 ; Brenner, n° 7027-7031 ; D.L.F. ; Cior 18, n° 31429-31434. – (A.V.P.) Archives de la Ville de Paris, V2 E 58, copie datée du 8 mars 1779 de l'acte de baptême. – (A.M.V.) Archives militaires de Vincennes, YA 43, Commissaires des Guerres, dossier professionnel contenant quelques lettres autographes (1777-1778). – B.N., f.fr. 22133, f° 305-306 ; f.fr. 22141, f° 62, f° 63-64, f° 65-66 ; f.fr. 22159, f° 124 ; n.a.fr. 3345, f° 359. L'Année littéraire, 1754, t. II, p. 236-238 ; 1760, t. II, p. 79-85. – M.S., 12 mai 1777. – Cohen H., Guide de l'amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, Paris, 1912, col. 747 et 826. – Balcou J., Le Dossier Fréron, Genève, 1975, p. 52, 101, 122.

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