GAULTIER

Numéro

337a

Prénom

Jean-Baptiste

Naissance

1685

Décès

1755

1. État-civil

Jean-Baptiste Gaultier est né à Louviers en 1685. Il est mort accidentellement, au retour d’un séjour à Louviers, le 30 octobre 1755 (N. et registre paroissial de Louviers, difficilement lisible)

2. Formation

Il fait ses études au séminaire janséniste de Saint-Magloire,  et sa théologie et sa licence « és lois » à la Sorbonne, mais évite de prendre un grade pour éviter d’avoir à signer le formulaire. C’est Pierre de Langle, évêque janséniste de Boulogne qui lui confère la prêtrise, puis le nomme promoteur et vicaire-général. G. lui consacrera en 1724 la Relation de ce qui s’est passé durant la maladie de M. de Langle

3. Carrière

À la mort de Mgr. de Langle, il  passe au service de l’évêque de Montpellier, Colbert de Croissy, dont il devient le « bibliothécaire », en fait le secrétaire particulier jusqu’à sa mort en 1737. Il écrira sa biographie dans une « préface historique » à l’édition de sa correspondance en 1740. Il revient alors à Saint-Magloire, pour y faire partie de la « première équipe figuriste » (C. Maire, p. 119). Il parvint à faire passer à l’église janséniste d’Utrecht les correspondances de Langle et de Colbert (Gazier, Histoire générale du mouvement  janséniste, p. 36).

5. Opinions

Il se fait connaître comme polémiste et apologiste par Le poème de Pope intitulé : Essay sur l’homme, convaincu d’impiété, lettres pour prémunir les fidèles contre l’irréligion (La Haye, 1746). Il y attaque le déisme et la religion naturelle, confondus par lui avec le spinozisme. Il favorise. les thèses parlementaires au moment de l’affaire des billets de confession, par sa Lettre à un duc et pair (26 octobre 1753), ouvrage qui est condamné au feu à Rouen le 20 février 1754. Par la suite, il attaque les jésuites, et notamment le P. Berruyer et le P. Hardouin, dans ses Lettres théologiques, ouvrage posthume (1756), le seul qu’il ait signé de son nom. Pierre Rétat l’a identifié comme l’auteur des articles des Nouvelles ecclésiastiques consacrés à la critique de L’Esprit des lois ; Gaultier s’y  réfère à plusieurs reprises à sa critique de Pope, y cite Spinoza, selon son habitude, et utilise des arguments qu’il reprendra dans Les Lettres persanes convaincues d’impiété en 1751 (Oeuvres complètes de Montesquieu, t. 7, Défense de l’Esprit des lois, E.N.S.- Classiques Garnier, 2010, p. 18).

6. Activités journalistiques

Les Nouvelles ecclésiastiques considèrent qu’il eut « une part singulière » à la rédaction des feuilles, en particulier lors de la crise parlementaire dans les années 1750 (cité par C. Maire, p.126). Les numéros consacrés à la critique de L’Esprit des lois dans le n° du 9 octobre 1749, puis du 24 avril 1750, en réponse à la Défense de l’Esprit des lois, constituent une réfutation minutieuse, en deux numéros entiers des N.E., pratique inhabituelle chez les rédacteurs, et  un exposé doctrinal complet. Montesquieu, constamment accusé de spinozisme et d’athéisme caché, devient une cible privilégiée, au moment où les jansénistes décident d’attaquer l’impiété mondaine. On trouvera dans le tome 7 des Oeuvres complètes de Montesquieu (éd. P. Rétat, 2010) une édition critique de ces deux numéros.

7. Publications diverses

L’étude de C. Maire comporte, p. 650-651, notes 21 et 22, une bibliographie complète de l’oeuvre de Jean-Baptiste Gaultier.

8. Bibliographie

Nouvelles ecclésiastiques, 14 mai 1756, p. 81-84 (N.E.). – Nécrologe  de Cerveau, t. II, p. 349 (N.). – Dictionnaire de théologie catholique, t.VI, p. 1167.- Maire, Catherine, De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Le jansénisme au XVIIIe siècle, Gallimard, 1998. - Oeuvres complètes de Montesquieu, t. 7, Défense de l’Esprit des lois, éd. Pierre Rétat, E.N.S.- Classiques Garnier, 2010). (J.S.)

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