GARCIN

Numéro

329a

Prénom

Jean-Laurent

Naissance

1733

Décès

1781

1. État-civil

Jean-Laurent Garcin est né à Neuchâtel, le 19 mai 1733 et mort le 9 novembre 1781 .à Begnins près de Nyon en Suisse. Enfant unique du médecin et botaniste Laurent Garcin (1683-1752) et de Marguerite Maystre [Meistre] (née en 1704). Le 18 décembre 1771 il épouse Charlotte-Elisabeth Stürler de Berne (1738-1819), fille de Louis Stürler, ancien bailli d’Aubonne. Ils auront un fils, Charles Garcin, qui se marie 14 novembre 1809

2. Formation

Garcin apprend l’allemand et le commerce à Mulhouse, va ensuite au collège à Genève et étudie la philosophie et la théologie à l’académie (1751-55).

3. Carrière

Après avoir été consacré ministre à Genève le 17 août 1757, il est pendant deux ans vicaire du pasteur de Fleurier, dans le Val-de-Travers. A la suite d’un congé maladie (1759) il refuse de réintégrer son poste et devient précepteur de Nicolaas Calkoen (né en 1753) à Amsterdam (1759-1763). Dans une notice autobiographique celui-ci écrit: «Dans l’espace de 4 ans depuis ma première enfance, il m’a formé l’esprit et le cœur». Le 14 septembre 1763 Garcin s’inscrit à l’université de Leiden, avec deux élèves et un de leurs amis, tous les trois membres de familles patriciennes d’Amsterdam: Willem (1743-76) et Gerard (1745-1806) Munter et Nicolaas Warin (1744-1815), qui font des études de droit (Album, col. 1079). Gerard soutient sa thèse de doctorat le 30 octobre 1767, Willem le 16 juillet 1768 (Molhuysen, p. 78*, 80*). D’après Philippe-Sirice Bridel (1757-1845), qui fut initié par Garcin à la poésie et la botanique, ce dernier prêche régulièrement et avec beaucoup de succès dans les églises wallonnes d’Amsterdam, La Haye et Rotterdam (voir aussi MS 102, f. 30, 40). Pendant un voyage (1767) avec ses élèves il fréquente le salon de Mme Necker à Paris (MS 102, f. 43-44). Il termine sa carrière de précepteur par un voyage en France avec Gerard Munter (août? 1768 - mai 1769), puis il retourne en Suisse; en octobre 1769 il écrit à Moultou de Nyon (MS 102, f. 54). Par son mariage il devient seigneur du château de Cottens à Begnins. Il s’occupe de littérature et de musique, il fait du théâtre et de la botanique et fréquente des savants à Nyon et Genève.

4. Situation de fortune

Son père ne lui laisse qu’un petit héritage. Il est obligé de travailler. Sa femme lui apporte le fief de Cottens dans le village de Begnins

6. Activités journalistiques

Il a contribué à plusieurs journaux: Son début littéraire, le poème Sur le pouvoir de l’éloquence, est publié dans l’Année littéraire (1757, iv, p. 63-72) et mentionné dans une note que Le Journal chrétien (1759, novembre, p. 169-70) place en dessous de son Ode tirée du pseaume 100: «Nous avons cru d’autant plus aisément devoir lui en faire l’honneur, que l’usage chrétien qu’il fait, à l’âge de 26 ans, de son très beau talent, nous paraît lui être encore plus glorieux que son talent même». Selon S.D. Norén (p. 236), Garcin collabora à l’Année littéraire et au Mercure de France. Il fut aussi collaborateur du Journal helvétique, du Nouveau journal helvétique et du Journal de Neuchâtel («Du Mercure suisse au Journal de Neuchâtel»).

D’après son ami Bridel, Garcin a coopéré «au Journal étranger de 1761 à 1771, dont tous les articles insérés sans nom d’auteur, à la fin des volumes, sont de lui». Bridel parle ici du Journal étranger combiné avec l’Année littéraire (1762-1764) et de sa suite, la Gazette littéraire de l’Europe (1764-1785), mensuels publiés par Evert van Harrevelt à Amsterdam. Ces deux journaux se concentrent sur la littérature publiée hors de France. En 1764-65 Elie Luzac, dans sa correspondance avec Samuel Formey, parle de Garcin comme rédacteur de ces journaux (Bots et Schillings, p. 368-77; 1764-65). Garcin s’est occupé du Journal étranger dès le début de l’édition d’Amsterdam. Le 23 novembre 1762 il écrit à son ami Paul Moultou: «J’ai donné un extrait du Contrat social de Rousseau, qui est à mon avis un mauvais ouvrage et celui qui me ferait concevoir la plus mince idée de son auteur, mais je me garderai bien d’attaquer Emile» (Rousseau, CC, lettre, 2333). Cet extrait se trouve dans la première livraison du journal. Les livraisons d’avril en de juillet comprennent quelques vers signés «par M. G.....» et dans la livraison d’août, qui paraît fin mai 1763, Garcin insère le conte moral Le Noble de Belle de Zuylen, avec qui en mars 1763 il échange des épîtres en vers (Van Strien, 2005, p. 18-20, 95-106), et qui, en 1771, devient l’épouse de son ami Charles-Emmanuel de Charrière (Van Strien, 2010).

La correspondance avec Moultou comprend aussi quelques références à l’édition d’Amsterdam de la Gazette littéraire de l’Europe. En avril 1764 Moultou écrit à propos de l’Offrande aux autels et à la patrie d’Antoine-Jacques Roustan: «Si tu parles de son livre loue-le jusqu’aux nues, recommande-le aux journalistes que tu connais» (Rousseau, CC, lettre 3225). Une année plus tard Moultou écrit à Rousseau au sujet de Garcin: «Je le prierai de rendre gloire à la vérité dans le journal combiné de Fréron et de la Gazette littéraire, auquel il joint quelquefois des extraits. C’est le moyen d’expier ce qu’il avait dit du Contrat social» (lettre 4103). La main de Garcin se voit aussi dans les additions insérées après la disparition de l’édition de Paris (1 mars 1765). Dans l’extrait des Lettres sur le Dannemarc (V, ii (février 1765), p. 331-45; MS 102, f. 32v) il mentionne un ami de collège: «M. Reverdil, continuateur de cet ouvrage» (p. 334). L’Oculiste, poème de M. le chevalier de Boufflers (X, ii (déc. 1765), p. 351-58) est écrit par un parent du jeune vicomte Louis-Edouard de Boufflers-Rouverel (né en 1746), fils de la femme de lettres Marie-Charlotte-Hippolyte de Campet de Saujon (Rousseau, CC, t. XX, lettre 3402), et camarade des frères Munter à l’université de Leiden. Le 3 novembre 1767 il rappelle à Moultou sa promesse d’écrire un Eloge de M. Abauzit pour la Gazette littéraire: «Tu savais que c’est moi qui fait ce journal, ainsi tu devrais prendre à cœur de l’enrichir. Outre cela, car il m’occupe trop peu, je prépare des Lettres sur le mélodrame» (MS 102, f. 44v). En novembre 1769 il imprime, peut-être par l’intermédiaire de Moultou, La Reine fantasque, «la production d’un des plus beaux génies de ce siècle» [J.-J. Rousseau] (XXXIV, i, p. 58-89).  Est-ce que Garcin a vraiment continué jusqu’en 1771, année de son mariage, comme l’affirme Bridel? Il se peut bien car à commencer de janvier 1772 la Gazette littéraire change de formule en publiant tous les mois une longue lettre de Paris avec des nouvelles littéraires.

7. Publications diverses

Le poème La Ruillière paraît à Paris en 1760. Extraits dans L’Avant Coureur (21-4-1760, p. 226-27), Le Censeur hebdomadaire (1760, II, p. 301), L'Année littéraire (1760, iii, p. 137-42), le Journal encyclopédique (1760, II, iii (mars 1760), p. 145), Nederlandsche Letter-Courant d’Elie Luzac (IV, 57 (15-7-1760), p. 36); mentionné dans la Correspondance littéraire de Grimm (VII, p. 236; 1 sept. 1760).

Odes sacrées ou les Pseaumes de David en vers françois, Traduction nouvelle par divers auteurs, dédié à Lefranc de Pompignan, et comprenant 38 traductions de Garcin, paraît fin octobre 1763 chez Evert van Harrevelt à Amsterdam (Luchtmans, 1761-65 (24-10-1763), f. 57: 6 Odes à 1:12 - 9:12).Précédé d’un prospectus publié dans la Bibliothèque des sciences et des beaux-arts (18, ii (oct.-déc. 1762), p. 471-98 sous le titre : «Lettre de M. Garcin aux auteurs de la Bibliothèque des sciences» (signé: Garcin, ministre. Amsterdam, 1 décembre 1762). Une autre édition paraît à Berne, Société typographique, [c. 1764]. Extraits dans le Journal des Sçavans combiné avec les Mémoires de Trévoux (77, i (sept. 1763), p. 240-52, additions de l'éditeur de Hollande: «Examen du pseaume CV traduit par M. G.***»), L’Année littéraire (1764, III, p. 268-76), Gazette littéraire de l’Europe, édition d’Amsterdam (II (juillet-août 1764), p. 83-91) et le Journal helvétique (novembre 1764, p. 555-63).

Des «fragments de Young». En avril 1764 Moultou lui écrit: «Je voulais montrer à Voltaire tes fragments de Young, mais Voltaire connaissait ta dédicace à Lefranc, et je n’aurais eu que des propos injurieux» (Rousseau, CC, lettre 3225 [v. 20-4-64]). Une partie de cette traduction en prose des passages de Night Thoughts d’Edward Young parut dans la Gazette littéraire de l’Europe sous le titre de «Pensées nocturnes à mon ami» (GLE, 27, ii (oct. 1768), p. 476-79).

En coopération avec Moultou Garcin fut l’éditeur des Œuvres diverses de M. Abauzit (t. I, Londres, 1770; t. II, Amsterdam, E. van Harrevelt 1773). Garcin en parle longuement dans sa correspondance avec Moultou (MS 102, f. 53-80), qui est nommé dans l’avertissement de l’éditeur (t. I, p. vii-viii).

Traité du mélo-drame, ou réflexions sur la musique dramatique, Paris, Vallat-La-Chapelle, 1771. Publié anonymement. Extraits dans le Mercure de France (sept. 1771, p. 133-59: «Observations sur un ouvrage nouveau intitulé Traité [...]»), le Journal encyclopédique (nov. 1771, p. 361-73), Gazette littéraire de l’Europe, 46, i (novembre 1771), p. 77-96 et 46, ii (décembre 1771), p. 343-56 («Observations sur un ouvrage nouveau [...]»). Les Affiches de province (23 sept. 1772, p. 156 renvoient aux «Observations [...]» réimprimées à la fin du tome II de Théâtre lyrique de M. de La J., Paris, 1772).

Quelques poèmes, dont deux traduits du latin de l’abbé Porée: Discours sur les romans et sur le choix des amis dans Jacob Vernès, Choix littéraire, 3, 5, et 22 (1755-60). Le Guet de Nyon, chanson vaudoise, dans le Conservateur suisse, t. VII (1815), p. 464-67. D’après la Biographie neuchâteloise des vers dans le Mercure de France et d’après Bridel plusieurs articles dans l’Encyclopédie d’Yverdon, et «pour obliger son ami Moultou [...] il mit en ordre un chaos de notes incohérentes du Timon genevois [J.-J. Rousseau], qui furent publiées sous le nom pompeux et trompeur de Dictionnaire botanique» (Rousseau, CC, t. XLIV, lettre 7707).

8. Bibliographie

Lausanne, BCU, MS 102: lettres de Garcin to Paul Moultou (1753-81). –Examen critique et complément des dictionnaires historiques les plus répandus, Paris, Rey et Gravier, 1820, I, p. 369. –Biographie universelle [...] en six volumes, Paris, Furne, 1833, II, p. 1193. –Le Conservateur suisse, XIII (1831), p. 108-27), par P.-S. Bridel, texte presque littéralement repris par Biographie neuchâteloise, Locle, E. Courvoisier, 1863 (F.-A.-M. Jeanneret et J.-H. Bonhôte, éds.), I, p. 380-88. –Eugène Mottaz, Dictionnaire historique, géographique et statistique du canton de Vaud, Lausanne / Genève, 1911-82, I, p. 188-89. –S. Stelling-Michaud, Le Livre du recteur de l’Académie de Genève (1559-1878), Genève, Droz, 1959-1980, III, p. 405. –Correspondance complète de Jean Jacques Rousseau, R.A. Leigh (éd.), Genève, 1965-71, Banbury-Oxford, 1972-86, t. V, p. 251 (notice biographique). –F.M. Grimm, Correspondance littéraire, Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, 2006-, t. VII (2012, éd. S.D. Norén). –‘Du Mercure suisse au Journal de Neuchâtel’, sur le site internet de l’Université de Neuchâtel, Institut de littérature française, projet Journal helvétique. –La Haye Nationaal Archief, 1.10.16.01, familie Calkoen, 951, f. 7. Amsterdam, Bibliothèque universitaire, archives Luchtmans (Boekverkopers boeken, 1697-1803, microfiches: Lisse, NMF Publications, 1992-98). –Album Studiosorum Academiae Lugduni-Batavae 1575-1875, 's-Gravenhage, M. Nijhoff, 1875. –P.C. Molhuysen (éd.), Bronnen tot de geschiedenis der Leidsche Universiteit, 's-Gravenhage, M. Nijhoff, 1913-1924, t. VI (1923). –H. Bots et J. Schillings, Lettres d’Elie Luzac à Jean Henri Samuel Formey (1748-1770), Paris, H. Champion, 2001. –R. Geissler (éd.), La correspondance de J.-H-.S. Formey, inventaire alphabétique, Paris, H. Champion, 2003, p. 182. –K. van Strien, Isabelle de Charrière (Belle de Zuylen) New material from Dutch archives, Louvain, Peeters, 2005. K. van Strien, ‘The publication history of Le Noble’, Cahiers Isabelle de Charrière / Belle de Zuylen papers, 5 (2010), p. 27-34.