FOUQUET DE CROISSY

Numéro

312

Prénom

Antoine

Naissance

?

Décès

?

1. État-civil

On ne sait rien des origines de ce personnage, issu apparemment d'une famille noble de Touraine, peut-être allié aux Fouquet de Belle-Ile sans que la preuve puisse en être apportée, connu sous le nom de Fouquet sieur de Croissy, ou parfois seigneur de Marcilly (D.B.F.).

3. Carrière

En 1643, il fait partie de la délégation française au congrès de Münster, conduite par d'Avaux. Le 28 mai 1644, il est envoyé par la Reine auprès de Ragotski, prince de Transylvanie. Il parvient à le rencontrer en janvier 1645 et lui arrache la promesse de continuer la guerre avec l'Autriche contre une pension viagère de 20 000 reichsthalers ; mais le 22 août, Ragotski fait la paix avec l'Autriche. F. est de retour à Munich le 6 mai 1646 (D.B.F., d'après I. Hudita, Histoire des relations diplomatiques entre la France et la Transylvanie, 1927). Il rentre en France au début de 1648 et achète une charge de conseiller à la 3e chambre des Enquêtes. Il se fait connaître en négociant la soumission de Turenne au début de 1651. Introduit auprès du Prince de Conti par son ami Saint-Romain, conseiller aux Enquêtes, et auprès de Mme de Longueville par Honoré Courtin (Retz, p. 1022), il devient l'un des partisans les plus actifs de la Fronde parlementaire. Très lié au cardinal de Retz et au président de Bellièvre, il rédige avec eux le traité de paix préliminaire (Retz, p. 360), anime dans Paris un «levain de parti» (id., p. 530), est l'un des «entremetteurs» du parti auprès de la princesse Palatine (p. 556) et l'auxiliaire de Condé dans la capitale. Après l'amnistie d'octobre 1652, il est relégué, revient en secret, est arrêté le 13 mars 1653, est interné à Vincennes, interrogé par le président Séguier, tandis qu'il communique en secret avec Retz, enfermé comme lui à Vincennes (id., p. 1022). Lors de son procès en janvier 1654, il est secouru opportunément par le président Bellièvre ; il est acquitté, mais doit s'exiler et renoncer à sa charge (p. 1023 ; pièces du procès à la B.N., ms. Joly de Fleury 2396 ; voir également Carrier, t. I, p. 379, note 390). Il se rend à Rome, où il intrigue, avec Retz, contre l'ambassadeur de Lionne (Retz, p. 1023), après quoi l'on perd sa trace.

5. Opinions

Il est l'une des têtes du parti frondeur en milieu parlementaire, constamment associé à la Palatine, à Mme de Lesdiguières, à Mme de Chevreuse, à ses amis Viole, Arnauld de Corbeville, Montreuil, Bellièvre, de Thou, Broussel. Retz le décrit comme «emporté», avec l'esprit «naturellement violent» (p. 554, 639), excessivement indiscret : «un des hommes du monde qui avait le moins de secret» (p. 873). Il est néanmoins utilisé à de nombreuses reprises comme intermédiaire et négociateur, surtout entre le prince de Condé et ses alliés temporaires (la Palatine, Monsieur), ou la reine (p. 658-659). Il fut en tout cas l'un des plus tenaces adversaires de Mazarin.

6. Activités journalistiques

Il publie en août 1649 Le Courrier du tems apportant ce qui se passe de plus secret en la cour des princes de l'Europe (D.P.1 292 ; Carrier, t. I, p. 138, 145), mazarinade qui n'eut qu'un seul numéro et ne fut donc pas périodique, mais qui emprunte la forme de la Gazette : une suite de bulletins envoyés des différentes capitales de l'Europe. Ce pamphlet résume en fait «tous les griefs du public à l'égard de Mazarin : refus de faire la paix, participation à de multiples trafics, goût invétéré pour les oeuvres d'art, fourberie, etc.» (Retz, p. 360, n. 3). Il est directement inspiré par Condé, qui attachait une grande importance à la propagande imprimée et faisait sur ce point confiance à Fouquet (Carrier, t. I, p. 207). Le Courrier du tems connut certainement une large diffusion et plusieurs contrefaçons (Carrier, t. I, p. 184 et II, p. 473).

7. Publications diverses

On attribue également à Fouquet la Déclaration de Monseigneur le duc d'Orléans et de Monsieur le prince de Condé du 2 septembre 1652 (Carrier, t. II, p. 378-379) et un Manifeste de Monsieur le Prince, répandu au début de 1653 (Carrier, t. I, p. 107 et 145).

8. Bibliographie

D.B.F. – Retz, cardinal de, Oeuvres, éd. M.T. Hipp et M. Pernot, Pléiade, 1984. – Carrier H., Les Mazarinades, Genève, Droz, 1989 et 1991, 2 vol.

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