FEUDRIX DE BREQUIGNY

Numéro

301

Prénom

Louis

Naissance

1715

Décès

1795

1. État-civil

Louis Georges Oudart Feudrix de Bréquigny naquit, d'après l'état civil retrouvé par Dumont, à Montivilliers, pays de Caux, le 23 février 1715. Les dates de 1714 ou de 1716 et les lieux divers (Gainneville, Granville) signalés ici ou là (P ; R. ; B.Un. ; N.B.G.) sont donc erronés. Il fut baptisé le 27 du même mois. Issu d'une famille d'assez ancienne noblesse ayant acquis en 1499 le fief de Bréquigny (d'Hozier ; B.N., ms. Pièces originales 500), il était fils de Louis Georges, né en 1681, lieutenant civil et criminel au bailliage de Caux et de Geneviève (Dumont), ou Marie Thérèse Claude (Pièces originales), de Chambray, que son père avait épousée le 20 février 1713 (D). Lui-même se maria, à 24 ans (Dumont), avec Charlotte Mallet de Graville (Pièces originales), qu'il perdit au bout de dix ans après qu'elle lui eut donné trois enfants : un fils, mort en bas âge (Dumont), deux filles, connues à sa mort sous les noms de Mmes Despictières et de Bruce (D). Il mourut d'une rétention d'urine, dans la maison de Mme Du Boccage, à Paris, le 3 juillet 1795 (R. ; P ; B.Un.) et non en 1794, comme la plupart des biographes l'assurent depuis Dacier, pourtant corrigé par son éditeur dès 1836 (F.L. ; Frère ; Dumont).

2. Formation

Les rudiments reçus au Havre, B. se rendit à Paris au collège Louis-le-Grand où il fut remarqué par le P. Tournemine (D) ; puis il fit des études de droit tout en se perfectionnant dans les langues : grec, hébreu, arabe (Dumont). En 1759, il devint membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres et, en 1772, à la suite d'une élection tumultueuse, de l'Académie française (CL. ; M.S., 25 mai 1772). L'Académie de Rouen se l'était associé dès 1746 {Académie de Rouen : liste de ses 13 contributions de 1746 à 1763).

3. Carrière

La grande activité de B. fut de rassembler les témoignages de l'histoire du droit français médiéval. Ami du ministre Bertin, le créateur du Dépôt des Chartes (D), collaborateur de J.N. Moreau (voir D. Gembicki, Histoire et politique à la fin de l'ancien régime : J.N. Moreau, 1717-1803, Paris, 1979), B. contribua à l'organisation de la collecte des documents (M.S., 3 oct. 1782) ; il fit même partie d'une mémorable expédition anglaise en 1764 pour fouiller les fonds français de la Tour de Londres (voir sa Correspondance, 1831 et M, 623 à 733). Doué d'une curiosité universelle pour tout ce qui relevait de l'histoire des sociétés et des croyances, il entreprit, outre son énorme Table chronologique des diplômes, chartes (à partir de 1769), de nombreuses études, dont les plus notables sont une histoire de Mahomet, où il le défendait du reproche d'obscurantisme, et des Mémoires sur les Chinois. En 1790, il devint membre de la Commission des Monuments où il proposa la transformation des églises désaffectées en musées et bibliothèques (P). Il fut actif dans les Académies jusqu'à leur suppression en 1793.

B. vécut une partie de sa vie en province à Bréquigny d'abord, terre qu'il vendit pour s'établir en Touraine dans une propriété proche d'une abbaye bénédictine où il aurait développé son goût pour les Chartes (D). Il s'établit ensuite à Paris, sans doute aux environs de 1750. En 1779 il était domicilié chez Mme Du Boccage, «rue Saint-Honoré, vis-à-vis des Jacobins» (Bré. 63, f° 106 r°), adresse où il mourut.

4. Situation de fortune

B. possédait une fortune personnelle modeste : son seul luxe fut sa bibliothèque qu'il légua à Mouchet son secrétaire et ses manuscrits cédés à Du Theil (D), puis à la B.N.

5. Opinions

Erudit et historien, B. fut fidèle aux divers régimes qui l'employaient et peu enclin à s'intéresser à l'histoire en train de se faire. Il fréquenta surtout ses pareils (voir sa correspondance dans la collection Bréquigny) : Foncemagne, La Curne de Sainte-Palaye, Vilevault (Dumont) ; entretenant de bonnes relations avec Malesherbes (Dumont) et Bertin (D). Son élection à l'Académie française, où il fut choisi sans faire campagne par la majorité du parti philosophique et avec l'agrément du roi, le place parmi les hommes modérés, bien vu de toutes les factions. On le disait plein de « gaieté et d'amabilité» (R.).

Dans une vie totalement consacrée à l'érudition, les activités journalistiques de B. ne pouvaient être que secondaires. On y distingue pourtant deux périodes très différentes :

De 1735 à 1746, collaboration très active à la Bibliothèque française de Du Sauzet (articles de littérature, c.r. de nouveautés, nouvelles littéraires). A ce moment, B. résidait en Normandie. Il semble avoir bénéficié de correspondances littéraires manuscrites et de collaborations, comme celles de «M. de Boyer» (?), petit-neveu de «M. Cajes» (Caignet?) et de «Beyestre de Nimègue» (?), avec qui il forma «des liaisons» (Bré. 24, f° 23). B. a établi la table des 135 articles fournis à la Bibliothèque française entre 1735 et 1746 (Bré. 25, f° 5-12) et conservé les minutes de ses textes, dont certains ne parurent pas (Bré. 24 et 25). B. tenait à ce que sa collaboration fût anonyme (D).

De 1758 au moins à 1784 au moins, collaboration régulière au Journal des savants, où il travaille dans le domaine de l'érudition qui est le sien, mais avec un goût relativement encyclopédique (archéologie, histoire de la musique, etc.). Les minutes de certains de ces articles, et d'intéressantes épreuves corrigées, se trouvent dans Bré. 50 et 63, Moreau 92. Dacier le désigne comme l'«un des plus laborieux coopé-rateurs » du Journal des savants.

D'autre part, B. faisait, pour son usage personnel, des extraits de divers périodiques : Bibliothèque britannique, Bibliothèque germanique, Bibliothèque raisonnée, Journal littéraire (1714), Nouvelles de la République des Lettres (1686), Mercure de France, etc. (Bré. 75).

Ses contributions aux Mémoires de l'Académie des Inscriptions échappent à la définition périodique stricte, on en trouvera la liste dans B.Un., F.L., Dumont, Cior 18, n° 13801-13818.

7. Publications diverses

Voir la liste de ses œuvres dans Cior 1 #, n° 13 793-13818 et dans Dumont, p. 10-13.

8. B.Un. ; N.B.G. ; F.L. 1769, t. I, p. 501-502 : CL. – (Bré.) B.N., ms., Collection Bréquigny, 165 vol. (analyse dans P) : Bréquigny 24, f° 94-210, «Nouvelles littéraires envoyées à l'imprimeur de la Bibliothèque française, et insérées pour la plupart dans le journal de 1736 à 1746», minutes autographes. – Bréquigny 2 5, f0 3-296, « Articles fournis au journal intitulé Bibliothèque française imprimé chez Du Sauzet à Amsterdam» (1740-1746) ; avec aux f° 5-12 la table des articles de B. publiés dans la Bibliothèque française de 1735 à 1745, minutes autographes. – Bréquigny 50, f° 32-35, art. de 1772, sans doute pour le Journal des savants, autographe. – Bréquigny 63, f° 2-171, «Articles que j'ai fournis au Journal des savants» (1758-1791), minutes autographes et quelques placards corrigés. – Bréquigny 75, extraits de presse par B., autographe. – B.N., ms. Carrés d'Hozier 255, art. «Feudry ou Feudrix». – (M) Collection Moreau, passim, dont correspondance et extraits dans Moreau 71, 72, 74. – Moreau 92, f° 54, extrait d'un article de B. {Journal des savants, 1767, p. 605). – B.N., ms. Pièces originales 500, divers documents sur la famille de B. – Inst., ms. 1254, 4501 (XX) : lettres et documents ms. de B. – Archives de l'Institut de France : Académie française, dossier 1 G 12 ; Académie des Inscriptions, dossier C 17. – Inst., lettre de B. au garde des Sceaux, autographe, 27 nov. 1791, ms. 2714. – Ferrières CE. de, «Eloge de M. de Bréquigny», Mélanges de littérature et de morale, Poitiers, 1798. – Dacier, «Notice sur Bréquigny», Mémoires de littérature tirés des registres de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-lettres, 1808, t. L, p. 719-721 (minute autographe de ce texte dans le dossier C 17, cité plus haut). – (D) Id., notice reproduite dans : Bréquigny et Pardessus, Table chronologique des diplômes, chartes, titres et actes imprimés concernant l'histoire de France, Imprimerie royale, 1836, p. XXII-XXIV. – (R.) «Notice sur M. de Bréquigny», Précis analytique des travaux de l'Académie de Rouen, Rouen, 1821, t. V (1781 à 1799), p. 336-338. – Frère E.B., Manuel du bibliophile normand, t. I, Rouen, 1858, p. 147. – Dumont E., Notice sur la vie et les écrits de Louis-Georges-Oudart Feudrix de Bréquigny, Rouen, 1897. – (P) Poupardin R., Catalogue des manuscrits des collections Duchesne et Bréquigny, Leroux, 1905 (introd. biographique, p. XXI-XXVI).