ECOUCHARD-LEBRUN
Numéro
Prénom
Naissance
Décès
1. État-civil
Ponce Denis Ecouchard-Lebrun est né le 10 août 1729 à Paris, fils d'un valet de chambre du prince de Conti. Il s'est marié en 1759 avec Marie Anne de Surcourt qu'il nomme «Fanni» dans ses oeuvres ; cette union sera dissoute en 1781 par un arrêt du parlement de Paris aux dépens du poète. Il meurt le 31 août 1807 à Paris. Il est surnommé par ses contemporains Lebrun-Pindare en signe d'admiration.
2. Formation
Il fait de brillantes études au collège Mazarin jusqu'en 1748 ; il est ensuite élève de Louis Racine et se rattache ainsi à la tradition des écrivains du XVIIe siècle. Il finit membre de l'Institut.
3. Carrière
Il se consacre presque exclusivement à la poésie au point de devenir une sorte de poète officiel. M.J. Chénier, dans son Tableau de la littérature française ne tarit pas d'éloges : «Il est sans émule dans le genre de l'ode» (p. 389) ; «Il a excellé dans l'épigramme et ne fut, dans ce genre, inférieur à aucun modèle» (p. 269). A la naissance de l'Institut national, en l'an IV, Le Brun est l'un des deux membres choisis par le Directoire pour former la section de poésie dans la classe de Littérature et Beaux-Arts. Il est membre de la Légion d'Honneur depuis 1804.
4. Situation de fortune
Il est d'abord secrétaire des commandements à l'hôtel de Conti de 1756 à 1776, ce qui lui permet de vivre largement. Mais à partir de 1776, la pension de 1000 francs qui lui a été promise par l'héritier du prince lui est mal versée. Il se met sous la protection du comte de Vaudreuil qui le recommande au ministre Calonne, au comte d'Artois et à la reine. Le poète reçoit une pension annuelle de 2000 £. Mais sa fortune se trouve considérablement réduite par le jugement de séparation et il place ce qui lui reste, un capital de 18 500 francs chez le prince de Guéméné ; mais cette somme sera engloutie dans la banqueroute du prince en 1782. Sous la Révolution, sa virulence le fait reconnaître comme une sorte de poète officiel et la Convention nationale lui attribue un logement au Louvre. Sous le Consulat, le qualificatif de «nouvel Alexandre» adressé à Napoléon Bonaparte lui vaut une gratification de 3000 francs. En 1806, ce dernier lui fera verser une pension de 6000 francs «pour récompense de ses travaux». Cette pension ainsi que diverses gratifications lui procurent une aisance certaine.
5. Opinions
Sa polémique avec Fréron trouve son origine dans l'adoption de la petite-nièce de Corneille par Voltaire : il l'avait rencontrée en 1760 et la recommanda à Voltaire dans une ode ; celui-ci fut touché et la fit venir auprès de lui. Lebrun publia cette ode et la correspondance échangée à ce sujet avec Voltaire. Fréron en profita pour railler Voltaire et le jeune poète qui lui déclarait son admiration : «Comme apparemment on n'émeut bien les poètes que par des vers, M. Lebrun s'est frotté la tête, a dressé ses cheveux, froncé le sourcil, rongé ses doigts, ébranlé par ses cris les solives de son plancher, et dans un enthousiasme qu'il a pris pour divin, a fait sortir avec effort de son cerveau rebelle une ode de trente-trois strophes seulement, qu'il a envoyée aux Délices». Lebrun réplique dans La Wasprie, et L'Ane littéraire, titre répondant à L'Année littéraire : «Les oreilles d'âne sont attachées pour jamais au chef de ce malheureux Fréron. On a prouvé ses âneries et il y a dans les trois brochures un grand mélange d'agréable et d'utile» (lettre de Voltaire du 11 juillet 1761, D9888). Il échange également des épigrammes avec La Harpe qui avait critiqué l'«Ode à Buffon» dans le Mercure. Après avoir adulé ses nobles protecteurs, il s'engage dans la Révolution, appelle à la mort du roi, à la violation des tombes royales («Que tous les cercueils soient brisés!» 1792), insulte la reine, écrit l'ode fameuse sur le vaisseau «le Vengeur» (1794). Sous le Consulat et l'Empire, il flatte Bonaparte. Il échange encore de vives épigrammes avec le grammairien Domergue et le poète Baour-Lormian qui dit de lui : «Il a Marat pour Apollon,/ La Montagne pour Hélicon,/ Et sa servante pour Pégase.»
6. Activités journalistiques
Sa contribution à L'Ane littéraire, comme à La Renommée littéraire n'est pas absolument certaine ; il semble qu'il faille y voir une collaboration avec son frère Jean Etienne Le Brun de Granville. Les M.S. affirment : «La Renommée littéraire est de Mrs. Le Brun. Ce sont deux frères, dont l'un est déjà connu par ses démêlés avec Fréron. Ces deux Aristarques veulent prendre le sceptre de la Littérature ; ils l'exercent durement sur les auteurs qui ne sont pas de leur avis ; et en particulier M. Colardeau est une de leurs victimes les plus malheureuses» (30 janv. 1763). Mais E. désavoue officiellement cette paternité (cf. D.P.1 104 et 1190).
7. Publications diverses
Voir Cior 18, n° 38156-38194.
8. Bibliographie
B.Un., B.H.C., N.B.G., M.S. – Scarfe F., «Lebrun-Pindare», Eigjteenth Century French studies : literature and the art, éd. E.T. Dubois, Oriel Press, 1969.– Piaggi G. de, «Les Epigrammes d'Ecouchard Lebrun», Annales de la Faculté des Lettres d'Aix-en-Provence, Aix-en-Provence, 1966. – Chénier M. J., Tableau de la littérature française, Paris, 1818. – Ginguené, Notice ds E. Oeuvres, Paris, 1811. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman.
- Se connecter pour publier des commentaires