DUFOURNY DE VILLIERS

Numéro

262

Naissance

Louis 1739

Décès

An V

1. État-civil

Né en 1739, peut-être à Paris, Louis Pierre Dufourny de Villiers serait mort dans le courant de l'an V (Walter et Martin, t. II, p. 146 : D.B.F.).

3. Carrière

D. était ingénieur en chef de la ville de Paris lorsque la Révolution éclata. Mû par des convictions démocratiques avancées, il s'engagea énergiquement dès la première heure dans la vie politique révolutionnaire. Il fut nommé, en 1789, président du district des Mathurins. En 1790, il fut un des fondateurs du «Lycée» (D.B.F.). Membre du club des Cordeliers (à partir de 1790?), il défendit avec force les principes de liberté et d'égalité. Electeur de 1792 (La Grande Encyclopédie), il fit partie, sous la Convention, du directoire du département de Paris et présida même cette assemblée en 1793 (Walter et Martin). Membre de l'administration des poudres et des salpêtres, il rédigea une brochure, Instruction pour tous les citoyens qui voudront exploiter eux-mêmes du salpêtre, qui fut envoyée dans toutes les municipalités par le Comité de salut public (D.B.F.). Il fit partie du Comité des Six qui, prenant prétexte du discours d'Isnard contre la Commune de Paris, organisa l'insurrection du 31 mai 1793 contre les Girondins (Furet et Ozouf). Les hébertistes l'ayant chassé du club des Cordeliers, il déposa contre eux dans leur procès (mars 1794), mais eut le courage de défendre Danton quelques jours plus tard. Exclu du club des Jacobins auquel il s'était rallié, il fut arrêté et traduit au Comité de sûreté générale sur l'ordre de Robespierre. La chute et l'exécution de ce dernier (9 thermidor an II - 27 juil. 1794) lui permit d'échapper à la répression et de recouvrer la liberté. Accusé de terrorisme par Cambon (6 frimaire an III), il fut arrêté à nouveau, puis libéré grâce à l'amnistie du 4 brumaire an IV (B.N.C. ; La Grande Encyclopédie).

6. Activités journalistiques

Au moment de la rédaction des cahiers de doléances, D. conçut le projet d'un journal destiné à faire reconnaître par les députés aux Etats Généraux les droits du quatrième ordre, c'est-à-dire «des infortunés, des infirmes, des indigents», «des journaliers», «des salariés abandonnés de la société», «contraints par la misère à donner tout leur temps, toutes leurs forces, leur santé même pour un salaire qui représente à peine le pain nécessaire pour leur nourriture». Cette publication généreuse intitulée Cahiers du quatrième ordre parut le 25 avril 1789 et n'eut qu'un seul numéro. D. y invitait «les curés, les sociétés philanthropiques, les administrateurs des hôpitaux » à lui faire parvenir des mémoires sur la nature et les causes de la misère dans leur district, qu'il se chargerait de publier. Ainsi alertés, les députés pourraient prendre des mesures pour «la protection, la conservation des faibles de la dernière classe», véritable devoir moral de toute société (D.P.1 192 ; Rétat).

La Gazette nationale du 29 brumaire 1793 publie un discours de D. prononcé devant la Société des Amis de la liberté et de l'égalité, séante aux Jacobins, dans lequel il attaque la moralité de Chabot (Cave et al.).

7. Publications diverses

Les écrits de D. sont étroitement liés à son activité de révolutionnaire. Il est l'auteur de nombreux mémoires, de pamphlets et de discours, qui font connaître sa pensée sur les événements. Plusieurs brochures consacrées au « meilleur plan de municipalité», aux assignats, aux «droits des Avignonnais à la plus entière liberté» parurent en 1790. La même année, il défendit l'institution patriarcale du gâteau des rois et appela les nantis à associer les indigents à toutes leurs entreprises (Le Gâteau des rois, impr. de Châlon, 1790, in-8°, 8p.). Champion du principe de liberté, il lança plusieurs appels «aux hommes dignes de la liberté», à propos de la formation de l'armée et sur le culte de la liberté (Pétition présentée à l'Assemblée nationale le 10 juil. 1792). D'autres textes manifestent son combat en faveur de l'égalité : Invitation à tous les citoyens assemblés en sections à manifester leur reconnaissance pour l'Assemblée qui vient de supprimer les droits d'entrée. – Invitation aux districts à former des comités fraternels. Adversaire du fédéralisme, il s'adressa à l'opinion publique afin qu'elle participe à l'élaboration des lois économiques et commerciales (1er sept. 1793) et réclama dans une pétition du 11 décembre 1793 des mesures révolutionnaires, et notamment l'envoi au tribunal de la sœur de Capet. Il voulut régulariser les arrestations (9 vendémiaire an II), mais célébra la mort de Robespierre et mit en garde ses concitoyens contre de nouvelles tyrannies (30 fructidor an II, L.P. Dufourny, à ses concitoyens). Il s'opposa aux fédéralistes dans un pamphlet Sentinelle, prends garde à toi du 10 brumaire an III et aux robespierristes dans «Allégeance! Justice! Vengeance!» (3 germinal an III). Il écrivit aussi une Suite de principes fondamentaux sur la source et les limites de la souveraineté propre de chaque individu (Walter et Martin ; Tuetey, t. I, n° 466 et 477 ; t. IV, n° 1286 ; Tourneux, t. II, n° 5473, 6523, 9183, 9420, 9834 et t. III, n° 17288 et 19862 ; Cat.B.N. ; D.B.F.).

8. Bibliographie

B.N.C. ; D.B.F. ; Cat.B.N. – Walter G. et Martin A., Catalogue de l'histoire de la Révolution française, Paris, 1936-1943, t. II, p. 147. – La Grande Encyclopédie, t. XV, p. 16. – Lavisse E., Histoire de France contemporaine, Paris, 1920-1932, t. I, p. 288 et t. II, p. 96, 153. 188. – Furet F. et Ozouf M., Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, 1988, p. 120. – Tourneux M., Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Révolution, Paris, 1890-1913, t. II et III. – Tuetey A., Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française, Paris, 1890-1914,1.1 et IV. – Rétat P., Les Journaux de 1789, C.N.R.S., 1988, p. 51. – Cave C. et al., 1793, L'Esprit des journaux, U. de Saint-Etienne, 1993, p. 287-288.