DU BELLAY DU RESNEL

Numéro

248

Prénom

Jean François

Naissance

1692

Décès

1761

1. État-civil

Jean François Du Bellay Du Resnel naquit à Rouen, le 29 juin 1692, d'un ancien capitaine d'infanterie, François seigneur Du Bellay, qui avait épousé une fille de commerçants dont il eut au moins un autre fils. D. mourut le 25 février 1761, à Paris où il demeurait rue Saint-Pierre, quartier Saint-Eustache en 1752 comme en 1756 (D5153 etD6739).

2. Formation

Après le collège de Rouen, ayant perdu son père en 1705, D. entra en 1710 dans la compagnie de l'Oratoire, suivi par son frère, l'abbé de Saint-Pierre. Après un an de formation à Paris il fit sa théologie à Saumur, puis étudia le droit à Boulogne-sur-Mer où il enseignait, et fut reçu docteur utroque juro. Pendant ce séjour, il fréquenta des réfugiés jacobites auprès desquels il apprit l'anglais.

3. Carrière

A partir de 1713, D. enseigna dans les diverses classes du collège de Boulogne-sur-Mer dont l'évêque, son parent, le pourvut en 1720 d'un canonicat. Ce bénéfice fournit à D. l'impulsion pour une carrière dans les institutions littéraires et ecclésiastiques : grâce à son échange contre un siège au chapitre de Saint-Jacques-de-l'Hôpital (rue Mauconseil) en 1724, il put s'installer à Paris où la faiblesse de ses bronches entrava ses essais comme prédicateur. En revanche il commença à fréquenter les milieux mondains, noua des relations avec Voltaire dès son retour d'Angleterre et publia en 1730 une traduction en vers de Pope qui lui valut plusieurs charges officielles. D. fut choisi en 1731 par l'Académie des Inscriptions, comme associé en remplacement de l'abbé François Paris radié pour absentéisme ; en 1742, il fut élu à l'Académie française ; enfin il devint pensionnaire aux Inscriptions en 1756. Ces distinctions honoraient autant le traducteur que l'agent de la direction de la Librairie, où il était entré comme censeur, avant de participer à la rédaction du Journal des savants en 1731. Des charges ecclésiastiques s'ajoutèrent à ces fonctions éditoriales et académiques : il obtint l'abbaye de Sept fontaines au diocèse de Reims, en décembre 1733, par la protection du duc d'Orléans, et le prieuré de Saint-Pierre de Brégy : l'évêque de Toulon le nomma vicaire général et il fut conseiller-commissaire d'une chambre ecclésiastique.

4. Situation de fortune

Homme «qui cherche à faire sa fortune» selon Voltaire (D916, 22 sept. 1735), D. réunit diverses pensions : du duc d'Orléans à la suite de sa traduction de Pope, de l'Académie des Inscriptions, du bureau de la censure, du Journal des savants, de l'Académie française, sans compter ses bénéfices ecclésiastiques.

5. Opinions

Manifestant la sagesse et «l'esprit de tolérantisme» propres à charmer Voltaire, D. fut attaqué à la suite de sa traduction des Principes de la morale et du goût de Pope. « Le péché originel ne trouve pas son compte dans cet ouvrage», écrivait Voltaire (D916), qui soutint vivement un ami, censeur complaisant (D609 ; 5153).

6. Activités journalistiques

En 1731, l'abbé Bignon appela D. à la rédaction du Journal des savants pour remplacer Louis Mangenot. Il lui aurait été recommandé par le P. Rouillé, par la suite responsable des Mémoires de Trévoux. D. collabora avec Andry, Burette et Héricourt, survivants de l'équipe animée par Jean Paul Bignon entre 1702 et 1714 ; ses capacités semblent l'avoir désigné pour les extraits des livres en anglais, des ouvrages religieux et peut-être de belles-lettres. L'abandon de « ce quart de gloire» (Voltaire, D771) en 1736, pourrait résulter de la réduction de la pension versée par le libraire Chaubert à la rédaction, 1800 £ au lieu de 2400. Le témoignage de Le Beau dans son Eloge de deux participations successives de D. au Journal, trouve confirmation dans une lettre où Voltaire le remercie pour un extrait des Eléments de la philosophie de Newton dans le Journal de juin i738 (Di559) : D. y conserva ses entrées, ou collabora comme surnuméraire après son départ de la rédaction.

7. Publications diverses

Seuls un panégyrique de Saint Louis de 1732, et un autre du duc de Berwick prononcé la même année à l'Académie française, témoignent de la carrière oratoire de D., qui se distingua par trois traductions de Pope. La première, L’Essai sur la critique, parut en 1730 à Paris ; Voltaire qui en avait corrigé la version (D367) l'annonça dans la 22e Lettre anglaise. La deuxième, celle de L’Essai sur l'homme, sortit en 1731 de presses d'Utrecht. Enfin, les Principes de la morale et du goût, publiés à Paris en 1737, suscitèrent une longue polémique (voir Audra), aliment d'un succès dont témoigne une impression in-12 cette même année, deux fois rééditée en 1738. Quatre dissertations académiques qu'il consacra à la situation des poètes dans l'Antiquité et à l'utilisation de leurs œuvres pour la divination parurent dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions (t. X, 1731-1738 ; t. XIII, 1734-1737 ; t. XIV, 1738-1740 ; t. XIX, 1744-1746). Enfin L’Extrait de l'Essai sur la peinture, la sculpture et l'architecture en 14 p. in-8° datées de 1751, qui figure au Cat.B.N., n'est qu'un tiré à part de l'article publié sous ce titre dans le Journal des savants de décembre 1751.

8. B.Un. ; D.B.F. ; Cior 18. Gallia christiana, Paris, 1715-1865, réimpr. Farnborough, 1970, t. IX. – Le Beau C, «Eloge de l'abbé Du Resnel», Histoire et Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. XXXI, 1761. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman. – Audra E., Les Traductions françaises de Pope (1717-1823), Paris, 1931. – Barret-Kriegel B., Les Académies de l'histoire, Paris, 1988. – Maury A., L'Ancienne Académie des Inscriptions, Paris, 1864.