CEINGLEN

Numéro

154

Prénom

Gabriel de

Naissance

1620?

Décès

1684

1. État-civil

Gabriel de Ceinglen ou de Ceinglein (graphie hollandaise) ou de Saint-Glen (version française) est né vers 1620 (Haag), sans doute à Angers ; Desmaizeaux le dit «angevin» (éd. des Œuvres diverses de Bayle, La Haye, Husson, 1725 - 1728, t. IV, p. 574). Selon une conjecture de M. Francès, il serait fils de Julien d'Urvoy et de Rose de Belorient (F, p. 409) ; l'aîné de la famille, Gilles, chevalier de Saint-Glen, aurait servi dans l'armée et serait mort sans postérité ; un second frère, Charles, fut dominicain de la communauté de Dinan. La famille d'Urvoy était de vieille noblesse bretonne, établie dans les Côtes-du-Nord. On ne sait pour quelle raison Gabriel de Saint-Glen passa en Hollande. Il épousa en l'église réformée de La Haye, le 10 juin 1666, Maria Patoillat (F, p. 410 ; van Eeghen, t. III, 62), dont il eut deux fils : Siméon Antoine (1670), qui devient en 1694 docteur en droit d'Utrecht et traducteur-juré (F, p. 416), et Pierre Hannibal (1673), mort avant 1684, car il ne figure pas dans le testament de son père ; l'un et l'autre naquirent à La Haye et furent baptisés dans la religion réformée (F, p. 411). Gabriel de Ceinglen mourut à Amsterdam et fut enterré à la Nieuwe Kerk le 25 février 1684 (F, p. 412). Dans son testament, passé le l9 février 1684 par-devant le notaire Pieter de Wit, il signe «de Ceinglein» (van Eeghen, t. III, p. 62) ; mais on trouve son nom orthographié Saint-Glen, Saint-Glain, Saint-Guislain.

2. Formation

Il fit de solides études classiques et théologiques, peut-être à l'Académie de Saumur (F, p. 409), encore qu'on ignore à quelle date il est devenu protestant.

3. Carrière

Etabli à La Haye en 1669, il poursuit d'abord une carrière d'officier et devient capitaine au service des Etats de Hollande, mais collabore en même temps à la Gazette d'Amsterdam (F, p. 414). Sans doute est-il, dès cette époque, employé à titre de journaliste ou d'informateur par le prince d'Orange. A sa mort en 1684, le Mercure le qualifie de «domestique» du prince (F, p. 411). En raison peut-être des plaintes de l'ambassade de France, il quitte La Haye (après 1673) et s'établit à Amsterdam où il demeure jusqu'à sa mort à Achterburgwal (van Eeghen, t. III, p. 62)

5. Opinions

Protestant «zélé» selon Desmaizeaux, Gabriel de Ceinglen publie, avec prudence et sous le couvert de l'anonymat, des gazettes et des «lardons» défavorables à la Cour de France. Converti au spinozisme par la lecture du Tractatus (1670), il en entreprend la traduction avec la collaboration de Spinoza (F, p. 407-408 ; Vernière, t. I, p. 25). Publiée en 1678 sous trois titres différents, en in-12, sans mention de traducteur, cette première version française jouera un rôle déterminant dans la diffusion du spinozisme en France (V, p. 213). C. passa alors, selon Desmaizeaux, pour un des esprits les plus libres de son temps. Très lié au cercle des disciples de Spinoza, groupés autour de l'éditeur Rieuwertsz d'Amsterdam (V, p. 24 ; F, p. 412), Gabriel de Ceinglen a toujours gardé un anonymat prudent. Bayle ne le connaît pas personnellement (F, p. 417-418). A sa mort en 1684, sa veuve, Maria de Ceinglen tente d'obtenir la collaboration de Bayle et de ses amis pour un ouvrage de polémique. mais se heurte à un refus (ibid. )

6. Activités journalistiques

Selon Desmaizeaux, Gabriel de Ceinglen collabore à la Gazette d'Amsterdam sans doute avant 1680 et sous la direction de La Font (F, p. 414).

Nouvelles solides et choisies : deux lettres de Bayle, du 10 avril 1684 et du 18 janvier 1685, désignent le «Sr. Guislain» puis «Saint Glain» comme directeur de ce journal, publié sans adresse mais sans doute à Amsterdam, de 1683 à 1689 (D.P.1 1059) ; l'existence des Nouvelles solides et choisies est attestée en mars 1683 (F, p. 414) ; la bibliothèque Mazarine en possède une collection pour 1684-1685 ; En février 1684, le journal est repris par Maria de Ceinglen (voir ce nom).

7. Publications diverses

Traduction du Tractatus theologico-politicus sous les titres suivants : La Clé du sanctuaire, Leyde, P. Warnaer, 1678 ; Traité des cérémonies superstitieuses des Juifs, Amsterdam, J. Smith, 1678 ; Réflexions curieuses d'un esprit désintéressé, Cologne, C. Emmanuel, 1678. Peut-être faut-il rendre à Gabriel de Ceinglen Ia Vie de Monsieur Benoît de Spinoza publiée en 1719 dans les Nouvelles littéraires de Du Sauzet et généralement attribuée au médecin J.-M. Lucas ; le doute sur l'attribution apparaît dès 1719 (V, p. 27) ; M. Francès opte pour l'attribution à C. (F, p. 412, 420).

8. Bibliographie

Haag. – (F) Francès M., «Un gazetier français en Hollande : Gabriel de Saint Glen, traducteur de Spinoza», R.S.H., 1955, p. 407-420. – (V) Vernière P., Spinoza et la pensée française avant la Révolution, P.U.F., 1954, t. 1, p. 24-26. – Van Eeghen I.H., De Amsterdamse Bœkhandel (1680-1725), 1960-1967, 4 vol., t. III, p. 62-63.

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