BUFFIER
Numéro
Prénom
Naissance
Décès
1. État-civil
Claude Buffier est né en Pologne de parents français le 25 mai 1661. Ses parents retournèrent bientôt en France à Rouen et Buffier fut naturalisé français : «il lui en avait coûté 500 £ pour se faire naturaliser normand» (Eloge, p. 1501-1502).Il est mort à Paris le 17 mai 1737 (Eloge).
2. Formation
Il a fait ses études au collège jésuite de Rouen, puis est entré au noviciat des Jésuites le 9 septembre 1679 (A.R.S.I., Franc. 23, f° 29). Après avoir commencé ses études de jésuite à Rouen, il a enseigné la grammaire et la rhétorique au collège d'Arras de 1685 à 1687. Ensuite, il a passé plusieurs années à Paris pour faire sa théologie et enseigner (A.R.S.I., catalogi breves). Dès 1693, il était de retour à Rouen, assistant du supérieur du séminaire de Joyeuse et professeur de théologie. Il a fait sa profession de foi le 2 février 1695 (A.R.S.I., Gallia 14, f° 333).
3. Carrière
En 1696, il est censé être l'auteur du pamphlet Difficultés proposées à l'archevêque de Rouen attaquant certains livres recommandés au clergé par l'archevêque Colbert, qui était d'inclination janséniste. Il n'en était pas l'auteur, mais devait en prendre la responsabilité pour sauvegarder la réputation du véritable auteur (W, p. 214). Envoyé à Quimper-Corentin, il lui est défendu d'exercer le sacerdoce. Il est fort probable qu'il a été invité à Rome pour recevoir sa grâce du général de l'Ordre. Un janséniste hostile, notant la rentrée de B. le 8 juin 1698, remarque qu'il «n'avoit pas esté jugé propre au sous-secrétariat de leur Général, ni à aucun autre emploi» (Lettres de Germain Vuillart, p. 147). Dès 1700, il est installé au collège Louis-le-Grand à Paris où il passe tranquillement le reste de sa vie. Préfet de chambre et préfet de rhétorique pendant plusieurs annés, il a été scriptor de 1700 jusqu'à sa mort (W, p. 19).
Après des débuts fougueux, B. s'intéresse principalement au succès de ses propres oeuvres. Il défend son Traité des premières vérités contre la critique (Mercure de France, 1724, p. 1949-1955 ; 1725, p. 279-289) et parfois attaque l'oeuvre d'un rival : la Grammaire de Régnier-Desmarais par exemple (Mémoires de Trévoux, 1706, p. 1641-1671).
B. avait «un air de décence et de gayeté, d'enjouement, et de vérité qui l'a fait chérir jusqu'à la mort dans le monde poli et sçavant» (Eloge). Il connaissait Mademoiselle de Scudéry qui l'a félicité de son oeuvre poétique (W, p. 177). Il est en relations épistolaires avec Pierre Desmaizeaux qui l'aide en faisant une critique de sa grammaire (B.L., add. mss. 4281). B. veut savoir comment vendre sa grammaire en Angleterre et comment la rendre utile aux étrangers. Pour faire parvenir sa lettre du 10 mai 1710 à Desmaizeaux, il utilise comme courrier Fraguier (du Journal des Savants), et pour la lettre du 14 novembre 1712, Boureau-Deslandes. Il fréquente le salon de la marquise de Lambert et a sans doute montré ses oeuvres aux autres invités ; il mentionne les remarques faites par La Motte et Saurin au sujet de sa grammaire (B.L., add. mss. 4281, f° 364). A l'invitation de Madame de Lambert, il essaie par son Homère en arbitrage (1715) de réconcilier les deux partis dans la Querelle des Anciens et des Modernes. Très bien reçu «Vous réunissez l'esprit géométrique et l'esprit fin» (Lambert, Oeuvres, t. II, p. 139-140) B. prend une position moyenne, plutôt moderne. Il est aussi parmi les invités du président de Maisons.
6. Activités journalistiques
Il a été un des fondateurs et éditeurs des Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux-arts en 1701. Il a continué à y contribuer jusqu'à sa mort en 1737 (Eloge). Après 1710, à cause d'un désaccord avec les autres éditeurs au sujet d'un article critique sur un certain Mallemans, soit Claude Mallemans dont le Traité physique du monde a été critiqué dans les Mémoires de 1705 et 1706, soit son frère Jean, respecté par les jésuites pour son Histoire de la religion, mais critiqué pour son interprétation d'une partie du Nouveau Testament (sept. et déc. 1708), B. «ne travaille que peu ou point aux mémoires de Trévoux ayant d'ailleurs beaucoup d'occupation» (add.mss. 4281, f° 362).
Dans l'état actuel de nos connaissances, on sait qu'il était surtout responsable des articles sur la grammaire et la musique. Articles identifiés par Sommervogel comme étant de la main de B. dans les Mémoires de Trévoux : «Dictionnaire de musique.[.. ], par S. de Brossard» et «Dissertation touchant le rapport de la musique spéculative et de la musique pratique» (1703, p. 1761-1785 et 2054-2065) ; «Eclaircissement d'une difficulté proposée sur un endroit de la dissertation du P. Buffier» (1704, p. 464-471) ; compte rendu du «Traité de la grammaire française, par M. I'Abbé Régnier des Marais» (1706, p. 1641-1671) ; «Mémoire sur le système d'une nouvelle orthographe» (1707, p. 1259-1266) ; compte rendu des «Odes de M.D. [de La Motte]» (1707, p. 563-581 ; 1709, p. 579-586) ; «Eclaircissement d'un problème de musique pratique» (1718, p. 310-319) ; «Plan d'une orthographe suivie, pour les imprimeurs» (1719, p. 1325-1330) ; compte rendu de la «Nouvelle Grammaire réduite en tables par M. de Grimarest» (1719, p. 1228-1234) ; c. r. de la «Méthode du Sieur Py-Poulain de Launay ou l'art d'apprendre à lire le français et le latin par un nouveau système» (1720, p. 373-376) ; «Lettre à M. l'abbé de Longrue au sujet d'un médaillon» (1722, p. 1295) ; «Observations sur les termes nouveaux et sur l'orthographe de la langue française» (1724, p. 222-234) ; «Nouvel Examen du vers de Lucain : Victrix causa Diis placuit» (1731, p. 833-844) ; «Addition au traité sur les preuves les plus sensibles de la religion» ( 1732, p. 957).
7. Publications diverses
Voir Cior 18, n° 14460-14524 et W, p. 186-217. Oeuvres principales : Examen des préjugés vulgaires, Paris, Mariette, 1704. – Pratique de la mémoire artificielle, Paris, Jollet, 1705. – Grammaire française sur un plan nouveau, Paris, Leclerc, Brunet, Leconte et Montalant, 1709. – Principes du raisonnement, Paris, Witte, 1714. – Géographie universelle, Paris, Giffart, 1715. – Traité des premières vérités, Paris, Nyon, 1724. – Eléments de métaphysique, Paris, Gissart et Mongé, 1725. – Traité de la société civile, Paris, Gissart, 1726. – Traité philosophique et pratique d'éloquence, Paris, Leclerc, Musier et Thiboust, 1728. – Traité philosophique et pratique de poésie, Paris, Leclerc, Musier et Thiboust, 1728. – Cours de sciences, Paris, Cavelier et Gissart, 1732. – Exposition des preuves de la véritable religion, Paris, Rollin, 1732.
8. Bibliographie
Moreri, Cior 18 – (A.R.S.I. ) Archives romaines de la Société de Jésus. – Eloge du père Claude Buffier dans les Mémoires de Trévoux, 1737, p. 1500-1510. – Sommervogel C., Table méthodique des Mémoires de Trévoux (1701-1775), Paris, Durand, 1864-1865. – Lambert Mme de, Oeuvres, Reims, 1747. – Lettres de Germain Vuillart ami de Port-Royal à M. Louis de Préfontaine, éd. R. Clarck, Genève-Lille, Droz-Giard, 1951. – (W) Wilkins K.S., A Study of the works of Claude Buffier, J.S., S.V.E.C. 66 Genève, 1969. – Marcil-Lacoste L., «La logique du paradoxe du P. Buffier» D.H.S. t. VIII, 1976, p. 121-140. – Id., Claude Buffier and Thomas Reid. Two common-sense philosophers, Kingston et Montréal, Mc Gill-Queen's Y.P., 1982. – Branca S., «La phrase : théorie et règles d'usage dans la Grammaire de l'abbé Buffier», dans Recherches sur le français parlé. III, Paris, Champion, 1981, p. 19-26. – Swiggers P., «Grammaire et théorie du langage chez Buffier», D.H.S., t.XV, 1983, p. 285-293. – Mason S., «Buffier and the impossibility of science», Voltaire and his world. Studies presented to W.H. Barber, Oxford, 1985. – Trapnell W., The Treatment of christian doctrine by philosophers of the natural light from Descartes to Berkeley, Oxford, S.V.E.C. 252, p. 164-177.
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