BUFFARDIN

Numéro

130

Prénom

Sextius

Naissance

?

Décès

?

1. État-civil

A son patronyme, Sextius Buffardin ajoute le plus souvent «D'Aix», une référence probable à son pays natal. A la mort de Mirabeau, député d'Aix-en-Provence aux Etats généraux, il se dit son «compatriote» et signe son article «S. B-D'Aix» (F.C., t. I, p. 63).

2. Formation

En 1790, B. est à Saint-Pierre, Martinique, où il collabore à la Gazette de Sainte-Lucie publiée par Jean-Baptiste Thounens. Craignant des représailles pour avoir soutenu les «patriotes» de Saint-Pierre en rébellion ouverte contre le gouverneur et l'Assemblée coloniale de la Martinique, il s'enfuit, en mars 1791, à l'arrivée du nouveau gouverneur, le comte de Béhague, accompagné de quatre commissaires envoyés par la Constituante pour rétablir l'ordre aux îles du Vent, et de six mille hommes de troupe (F.C., prosp. ; Chauleau, p. 157).

3. Carrière

Réfugié à la Dominique, alors possession anglaise, B. continue la lutte contre «les cinq Apôtres» de la Martinique qu'il accuse, dans le Furet colonial, d'avoir partie liée avec les «aristocrates» du «parti planteur» et leurs alliés, les mulâtres, qui s'étaient rangés, au début de 1790, du côté du gouverneur et de l'Assemblée coloniale de l'île.

4. Situation de fortune

Au début de 1793, on retrouve B. en Guadeloupe, où il est, à Pointe-à-Pitre, «imprimeur de la Société patriotique des Amis de l'égalité» (Mém. et Doc., Amérique 18, f° 164-165). En 1796, il est à Paris, où il publie, à compte d'auteur, une tragédie imitée de Shakespeare, Brutus et Cassius. On perd ensuite sa trace.

5. Opinions

Acquis aux idées nouvelles, engagé dans la Révolution, B. n'en reste pas moins prisonnier des ambivalences de la lutte révolutionnaire aux colonies, celle-ci se greffant sur des réalités économiques et sociales particulières. Comme l'a souligné Aimé Césaire : «Il n'y a pas de "Révolution française" dans les colonies. Il y a dans chaque colonie une révolution spécifique, née à l'occasion de la Révolution française, branchée sur elle, mais se déroulant avec ses lois propres et ses objectifs particuliers» (Toussaint, p. 22). Ainsi, être «patriote» à Saint-Pierre en 1790, c'est se réclamer de la Révolution, mais c'est également prendre le parti des «négociants» des villes contre les «planteurs» de la campagne, et aussi, sans parler des esclaves, refuser de reconnaître les droits civiques des «gens de couleur libres». Au début de 1793, par contre, quand B. arrive à la Guadeloupe à la suite du capitaine Lacrosse qui vient rétablir le gouvernement républicain, les «gens de couleur libres» sont alors alliés aux «patriotes» de l'île et jouent un rôle actif dans les sociétés populaires révolutionnaires, comme cette «Société patriotique des Amis de l'égalité» dont B. sera l'imprimeur officiel (Chauleau, p. 147-150, 168-170 ; Pérotin, p. 173, et passim).

6. Activités journalistiques

Avant d'arriver aux Antilles, B. aurait collaboré en France à plusieurs «feuilles périodiques». Il se dit notamment «ancien rédacteur des Affiches d'Anjou» (F.C., prosp.). Après avoir collaboré à la Gazette de Sainte-Lucie (D.P.1 526), il rédige le Furet colonial et Réviseur universel, bi puis tri-hebdomadaire publié à Charlottevile, île de la Dominique, à partir du 10 avril 1791, et qui aurait continué à paraître au moins jusqu'à l'été 1792. «Rédacteur principal de ce journal», Sextius Buffardin-D'Aix est assisté de F.J. Willox, «coopérateur-associé», l'ancien rédacteur du Courrier des Petites-Antilles, hebdomadaire publié à Roseau, Dominique, à partir du 24 juillet 1790 et, au moins jusqu'en janvier 1791 (F.C., t. I, p. 4). A la Guadeloupe, B. entreprend de nouveau, au début de 1793, la publication d'un journal, la Gazette républicaine de la Guadeloupe ou Journal politique de la Pointe-à-Pitre (G.S.L., 1793, p. 28).

7. Publications diverses

7. Brutus et Cassius, ou la Bataille de Philippes, «suite de la Mort de César, tragédie en vers et en deux actes, imitée de l'anglais de Shakespeare», Paris, l'Auteur, an IV (B.N., 8° Yth 2376).

8. Bibliographie

A.A.E., Mémoires et Documents, Amérique 18. (G.S.L.) Gazette de Sainte-Lucie. – (F.C.) Le Furet colonial, A.N./S.O.M., Recueil Col. 2e série 30, Bibl. M. de Saint-Méry 32 (Prospectus ; t. 1, n° 1 à 52, 10 avril.- 28 sept. 1791, inc. ; t. 2, n° 1 à 30, 30 sept.- 7 déc. 1791, inc.). Pérotin-Dumont A., Etre patriote sous les tropiques, Basse-Terre, 1985. Chauleau L. et al., Antilles 1789. La Révolution aux Caraïbes, Paris, 1989.

Auteurs