BEFFROY DE REIGNY

Numéro

054

Prénom

Louis

Naissance

1757

Décès

1811

1. État-civil

Louis Abel Beffroy de Reigny est né à Laon, le 6 novembre 1757. On a peu de renseignements sur ses ascendants. Sa famille paternelle était distinguée mais sans fortune. Il épouse, en 1780, à Saint-Amand, Justine Verlez (D.L.F.), dont il a deux filles. Il meurt le 19 décembre 1811 à Charenton.

2. Formation

Envoyé jeune à Paris où il acheva ses études, il fut élève au Collège Louis-le-Grand avec Robespierre et Camille Desmoulins ; il fut aspirant chez les Lazaristes, resta à l'Oratoire au collège de Pontlevoy, quelques semaines (D.B.F.) ; abbé un peu papillonnant, professeur d'éloquence à Laon (D.L.F.), il est bon causeur, joueur de guitare. Il se présente lui-même : «Ecuyer, du Musée de Paris ; membre de l'Académie d'Arras et de Bretagne». Son pseudonyme de «Cousin Jacques» lui aurait été donné au jeu par de jeunes femmes.

3. Carrière

Jusqu'en 1780 et avant son mariage, il se consacre à l'enseignement ; chargé, chez les Lazaristes, du cours de philosophie et de rhétorique, il renonce au petit collet après avoir enseigné les humanités, pour se vouer aux Muses. A Paris, il entre comme principal au Collège de Beauvais où il édite quelques pièces, encouragé par Voltaire et l'abbé Aubert (B.Un.) ; il entre au collège d'Anchin, à Douai (B.Un.). Après son mariage, il quitte la pédagogie, s'installe à Chevregny (D.B.F.), publie des oeuvres burlesques. Après 1783, il reprend, à Paris, son métier de professeur, se lance dans le journalisme, le lyrisme et le théâtre ; en 1790, il aborde la politique. En 1792, il se retire à Vincelles-la-Rue, près d'Auxerre (D.B.F.), rentre à Paris où il continue d'écrire et connaît quelques difficultés. En 1800, il fut mis en vedette par son Dictionnaire néologique des hommes et des choses de la Révolution (15 cahiers) qui fut mis à l'index. A sa mort, il était tombé dans l'oubli, pauvre et besogneux.

4. Situation de fortune

De situation très modeste, il enseigna dans les ordres religieux ou donna des leçons à Paris, pour vivre. En 1788, professeur et écrivain, il lance un périodique bi-mensuel, «pour créer des ressources permanentes».

5. Opinions

Professeur, auteur dramatique, journaliste engagé à ses débuts dans le lyrisme et le théâtre, il a l'esprit ouvert et facétieux, le caractère enjoué. Il fut embastillé en 1783, pour avoir fait paraître Les Petites Maisons du Parnasse, autobiographie, sans privilège. Entraîné par la foule comme «reporter» à la prise de la Bastille, il fut classé comme patriote, bien que partisan du roi. Il n'aborde la politique qu'en octobre 1790, dans un esprit polémique : Nouvelles Lunes, Défenseur du Peuple, et, le 3 janvier 1792 : Le Consolateur ou Journal des honnêtes gens, une feuille anti-jacobine. Il fut incarcéré de novembre 1793 jusqu'au 26 janvier 1794 et se montra courageux devant Robespierre et Camille Desmoulins. Ses pièces et couplets révèlent des sentiments honnêtes, ont un but moral et réveillent les émotions populaires.

6. Activités journalistiques

Auteur lyrique et dramatique, il a l'idée d'un périodique facétieux et cocasse (dont le premier souscripteur fut Montgolfier), Les Lunes du Cousin Jacques, journal mensuel, 1erjuin 1785 - mars 1787, 36 numéros, 13 volumes.

Le Courrier des planètes ou Correspondance du Cousin Jacques avec le firmament, «folie périodique dédiée à la Lune» (janv. 1788 - 16 déc. 1789), 74 numéros, Paris, Belin, 11 vol. in-12 (D.P.1 285).

Le Cousin Jacques ou Courrier de la lune et des planètes, 1er janv.-30 sept. 1790, 113 numéros, Paris, Belin, 1790, 3 volumes in-12. Ce journal devint Les Nouvelles Lunes du Cousin Jacques, janv. 1791-juill. 1791.

Dès 1790, il aborde la politique : Le Lendemain ou esprit des feuilles de la veille, 10 oct. 1790-19 juin 1791, Paris, Troullé, 1790-1791, 3 volumes in-8°.

Le Défenseur du peuple, par le cousin Jacques, 9 juill. – 29 sept. 1791, 83 numéros in-8°.

Le Consolateur ou Journal des honnêtes gens, 3 janv.-7 août 1792, Paris, 63 numéros, 3 vol. in-12, feuille antijacobine éphémère. Il collabore à la Feuille de Flandre (D.L.F., D.P.1455).

7. Publications diverses

Liste des œuvres dans Cior 18 (n°10944-10988) et dans D.L.F..

8. Bibliographie

B.Un., H.P.L.P., H.G.P. Bulletin de la Société de l'Académie de Laon, t. XX, 478.– Bulletin archéologique, historique et scientifique, Soissons, t. III, Série II, art. de R. Barroux, X-134, p. 165-165.

Auteurs

9. Additif

État-civil: Louis Abel Beffroy de Reigny est né le 6 novembre 1757 à Laon, d’Étienne Nicolas de R. (mort en 1758) et de Marie Joseph Fromage (mariage le 3 février 1751). Il a épousé, le 13 novembre 1780 à Saint-Amand-les-Eaux, Marie Justine Virlez. Ils ont deux filles ; Marie-Jeanne Rose est baptisée le 2 décembre 1782 (source Geneanet) . Louis Abel B. a eu deux frères : Louis Étienne Beffroy de Beauvoir, né à Soissons en 1754, qui fut député aux États généraux, député à la Convention, commissaire aux armées, membre du Conseil des Cinq-Cents, expulsé de France en 1816 comme conventionnel régicide, mort en 1825 ; le second, François Geneviève Beffroy de Jisompré (1756-1801?), est nommé par Monselet (Les Oubliés et les dédaignés, Alençon, Poulet-Malassis, 1857, t. 1, p. 178), mais n’a pas laissé de trace, sinon dans la notice qui lui est consacrée dans le Dictionnaire néologique des hommes et des choses. Selon la tradition, B. serait mort à Charenton le 17 décembre 1811, mais selon Monselet, qui affirme avoir fait relever son acte de décès, il est mort à son domicile de la rue de Sèvres (Les Oubliés, p. 231).

La famille Beffroy est attestée depuis le début du XVIe siècle ; Monselet nomme B. « écuyer », ce qui le ferait de petite noblesse.

Formation: Charles Monselet rapporte qu’il partit très tôt pour Paris, où il fit ses études au collège Louis-le-Grand ; il aurait été le condisciple de Desmoulins et de Robespierre ; pour ce dernier, qui est né en 1758, la rencontre est probable, mais la monographie de Monselet (Les Oubliés et les dédaignés, « Le cousin Jacques », p. 177 et suiv.), bien informée mais romancée, doit être prise avec prudence. À dix-huit ans (en 1775), il prend l’habit de clerc dans la congrégation de Saint-Vincent ; il rappelle au début du Courrier des planètes, qu’il y a passé « les plus heureux jours de sa vie » (cité par les Mémoires secrets du 20 novembre 1787), mais il ne semble pas y être resté longtemps. En août 1785, après avoir produit quelques poèmes dans le Mercure, il lance les Lunes du cousin Jacques, « journal bizarre » commenté avec scepticisme par les Mémoires secrets du 24 mai 1786, mais dont on reconnaît la vogue et la gaieté. La Correspondance littéraire  de Grimm signale, en août 1785 que B., « assez bien né, mais sans fortune », était protégé par l’abbé Aubert. Le 25 mai 1787, il est reçu dans la Société des Rosati d’Arras, à laquelle appartenaient Robespierre et Carnot ; il y prononce, pour sa réception quelques vers galants qu’on a souvent attribués à Robespierre (Voir A.J. Paris, La Jeunesse de Robespierre, p. 178, note 1).

Carrière: Au début de la Révolution, il fréquente assidûment le salon Carnot au « petit Luxembourg ». Les Mémoires sur Carnot, publiés par son fils (éd. Pagnierre, Paris, t. II, 1863, p. 85 et suiv.) évoquent l’influence de ce salon sur B., en minimisant ses convictions révolutionnaires : « Bien qu’ancien condisciple de Robespierre, il se montrait fort peu ami de la Révolution, il n’hésitait pas à se dire aristocrate » (p. 89). Ruiné par la banqueroute à la fin de la publication des Lunes du cousin Jacques en 1787, il aurait, selon Monselet, été sauvé de la pauvreté par le succès extraordinaire de Nicodème dans la lune « ou la révolution pacifique », joué en novembre 1790, et qui aurait connu 400 représentations. Arrêté le 26 novembre  1793, il fut sauvé par son frère, Bertrand de Beauvoir et libéré le 26 janvier 1794 (Voir Monselet, p. 217 et suiv.).

Bibliographie: Bibliographie dans le Dictionnaire des lettres françaises, éd. revue sous la dir. de François Moureau, Fayard, 1995, notice de Beffroy de Reigny par R. Barroux ; Louis Abel Beffroy de Reigny, Dictionnaire néologique des hommes et des choses, t. 1, 1801, s. v. Beffroy.

(J.S. et D. R.)