ANGLIVlEL

Numéro

012

Prénom

Jean

Naissance

1723

Décès

1811

1. État-civil

Jean Angliviel naquit à Valleraugue, dans les Cévennes, le 13 février 1723. Il était le frère aîné de La Beaumelle (voir ce nom). Il épousa le 12 janvier 1757 Marie Anne Pieyre, qui mourut sans enfant en mars 1763, et il se remaria en 1771 avec Suzanne Carle (L, p. 14 et 16, n. 16). Les nombreux descendants actuels de la famille Angliviel de La Beaumelle sont issus de ce second mariage. Jean Angliviel mourut à Valleraugue le 5 novembre 1811.

2. Formation

Il fit ses études au collège de l'enfant Jésus à Alais (Alès) de 1734 à 1739, puis, après un séjour chez un notaire de Nîmes, il partit en 1742 à Toulouse faire son droit. Après avoir surmonté les difficultés que rencontrait un huguenot voulant devenir avocat, il prêta serment le 23 août 1745 (L., p. 16, n. 16). Il revint à Valleraugue en 1749. Il portait le titre d'«avocat au Parlement de Toulouse».

3. Carrière

De 1749 à sa mort il vécut toujours à Valleraugue. Il séjourna pourtant à Paris d'août 1750 à juillet 1752. Après le mariage de La Beaumelle en 1764 avec la fille de l'avocat Lavaysse, il fit quelques voyages à Mazères et à Toulouse. Il passa encore neuf mois à Paris avec son frère de janvier à septembre 1771. Il échangea de 1740 à 1773 une correspondance avec La Beaumelle qui lui portait une grande confiance, le chargeait de la défense de ses intérêts lorsqu'il se trouvait à l'étranger ou à la Bastille, mais supportait difficilement les conseils de cet aîné toujours réfléchi et raisonnable.

4. Situation de fortune

Etudiant à Toulouse, il vivait chichement de l'argent paternel et de menus travaux chez des hommes de loi. Durant son premier séjour à Paris, il était entretenu par son père, mais il tirait quelque argent de ses activités de journaliste et de commissions sur l'achat de livres (il était le correspondant de son frère alors au Danemark, puis en Allemagne). Il servit aussi d'agent à M.M. Rey d'Amsterdam. En juillet 1751 il reçut 650 £ de son frère pour sa collaboration à la Gazette de la Cour, de la Ville et du Parnasse (L., p. 231-232 et n. 112). Ses deux mariages et l'héritage de son père l'ayant mis à l'aise, il exerça son métier gratuitement, suivant une tradition familiale, et mourut entouré de la vénération de ses compatriotes.

5. Opinions

Il était huguenot, de naissance et de conviction. Attiré par la franc-maçonnerie quand il étudiait à Toulouse, il entra dans la «Société de l'Etoile» à Paris en 1751. A Toulouse, il était un familier de la maison du célèbre avocat Lavaysse. A Paris, les relations de son frère devinrent les siennes. Il fréquentait La Condamine, Montesquieu, Secondat, Méhégan. Il connaissait Fréron, Raynal, Boissy, L. Racine et de nombreux libraires. La défense des intérêts de La Beaumelle le mit en rapport avec des gens importants (Malesherbes, Berryer). Il logeait dans la maison du café Procope.

6. Activités journalistiques

Grand amateur de littérature, crédité par son frère d'un goût très sûr, il fut au centre des projets journalistiques de La Beaumelle en 1750-1751 (voir art. «Angliviel de La Beaumelle»). Si le projet d'une feuille de «nouvelles littéraires» en association avec M.M. Rey devait échouer, malgré les efforts qu'il déploya à Paris pour l'organiser (D.P.1, n° 1042), il fournit régulièrement la matière de nouvelles à la main, la «Gazette de la Cour, de la Ville et du Parnasse», que La Beaumelle distribuait au Danemark en 1751. On a conservé les feuilles qu'il adressa à son frère du 27 novembre 1750 au 27 novembre 1751, plus quelques autres datant d'avril, mai et juin 1752. On a encore ses brouillons correspondant aux feuilles du début février jusqu'au 8 décembre 1751.

7. Publications diverses

J.A. ne publia rien. Mais il laissa des cahiers manuscrits où il consignait ses impressions et ses analyses concernant l'actualité littéraire et politique. Sa correspondance avec La Beaumelle est en grande partie conservée.

8. Bibliographie

Taphanel A., La Beaumelle et Saint-Cyr, Paris, 1898.– (L) Lauriol C., La Beaumelle. Un protestant cévenol entre Montesquieu et Voltaire, Genève, Droz, 1978 (nombreuses références dans l'index, p. 572).