ALEMAND

Numéro

004

Prénom

Louis

Naissance

1655?

Décès

1728

1. État-civil

Louis Augustin Alemand est né en 1655 à Grenoble ; son extrait mortuaire lui donne 73 ans en 1728 (mais Moreri suivi par Rochas indique 1653). Il était fils de Claude Alemand, procureur protestant (Rochas) et de Lucrèce Guichard de Perozat (Hamon). Son frère Jacques Thomas, né vers 1656 et mort le 30 juillet 1722 (A.M. Grenoble, GG 103) fut avocat à Grenoble. Louis Augustin Alemand épousa Claudine Coffran dont il eut une fille, Claudine Dorothée, baptisée à Grenoble le 6 juin 1695 (A.M. Grenoble, GG 96). Il a été enterré à Grenoble le 14 avril 1728 (A.M. Grenoble, GG 104).

2. Formation

Il fut élevé dans la religion réformée, fit des études juridiques à Valence, abjura le protestantisme en 1676, en même temps que son frère, et devint, la même année, avocat au Parlement de Grenoble (Moreri). Lucrèce Alemand déshérita ses deux fils et institua Alexandre Eustache, notaire à La Mure, son héritier (Hamon). A. se rend ensuite à Paris, où, avec la protection de Pellisson, il tente la carrière des lettres (Rochas).

3. Carrière

Il publie en novembre 1688 les Nouvelles Observations ou Guerre civile des Français sur la langue qui suscitent une violente polémique (voir la liste des comptes rendus dans Conlon, Prélude au siècle des lumières, t. I, Droz, 1970, n° 3772) ; l'Académie s'oppose à la publication du second volume. Son édition des Nouvelles remarques de M. de Vaugelas en 1690 est vivement contestée et lui vaut la rancune de Bouhours (cf. Goujet, Bibliothèque française, t. I, p. 142-143 ; d'Artigny, Nouveaux Mémoires, t. I, art. 23). Découragé, A. se tourne vers la médecine, est reçu docteur de la faculté d'Aix en 1693, publie en 1694 un traité sur La Science de la respiration, puis sollicite le poste de chirurgien de la marine. Evincé, il revient à la littérature et publie le Journal historique de l'Europe (1695) mais sans parvenir à obtenir un privilège. Il regagne Lyon, où il est donné comme «résidant» en 1695 (acte de naissance de Claudine Dorothée), puis Grenoble où il exerce jusqu'à sa mort la profession d'avocat.

5. Opinions

Contrairement à son frère, qui publie en 1688 un Préservatif contre les protestants, il garde des sympathies pour la religion réformée et annonce dans son journal un «Traité pour prouver que les protestants ne sont pas inutiles à la religion catholique», traité qui ne parut pas (Rochas).

6. Activités journalistiques

Journal historique de l'Europe pour l'année 1694, par L.A.D., Strasbourg [Lyon], 1695, in-12. A. se proposait de réunir dans un volume annuel l'essentiel de ce qui se publiait dans «50 volumes de périodiques en cours» (voir H.P.L.P., t. II, p. 259-260 ; B.H.C., p. 34-35 ; D.P.1 745). Il se heurte à l'opposition du Journal des savants, jaloux de son privilège, doit imprimer son premier volume sous rubrique de Strasbourg et n'ayant pu obtenir de permission pour le second volume, renonce à son entreprise. Le Journal historique de l'Europe semble avoir été publié à Lyon, où A. résidait alors ; dans la «Liste sur toutes sortes de matières» publiée en fin de volume, on trouve de nombreuses rééditions et réimpressions d'ouvrages parus à Paris (renseignement fourni par F. Moureau).

Alemaniana, un numéro de 7 p. publié en 1708 (D.P.1 75) : A., irrité des critiques de Bouhours contre son édition des Nouvelles remarques de Vaugelas, s'efforce de prouver, dans une publication en principe périodique, ses connaissances sur les Faber de Vaugelas, en même temps que la noblesse de sa propre maison, issue des Alemand de Dauphiné et de Savoie. Il se proposait de faire paraître un n° 2, «ou Lettre à M*** au sujet de la branche des Alemands de Rochechinard» (Hamon).

7. Publications diverses

Nouvelles Observations ou Guerre civile des Français sur la langue, Paris, J.B. Langlois, 1688 (privilège du 30 avr. 1688). Nouvelles Remarques de M. de Vaugelas, Paris, 1690. Histoire monastique d'Irlande, Paris, Ch. Lucas, 1690, (privilège du 29 avr. 1690), traduction anglaise en 1692 (Monasticon hibernicum). Science de la transpiration ou médecine statique, trad. de Sanctorius, Lyon, 1694.

8. Bibliographie

Moreri, H.P.L.P, B.H.C. – A.M. Grenoble, série GG 96, 103, 104. – Rochas A., Biographie du Dauphiné, Paris, 1856-1860. – Sternischa H., Deux grammairiens de la fin du XVIIe siècle : L.A. Alemand et Andry de Boisregard, 1913. – Hamon P., Nouvelle biographie du Dauphiné, t. I, Grenoble, 1980.

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