ACCARIAS DE SERIONNE

Numéro

002

Prénom

Jacques

Naissance

1706

Décès

1792?

1. État-civil

A Châtillon-en-Diois, «Le neufviesme octobre mil sept cent six jay baptisé Jacques Accarias fils naturel et legitime de sieur Jean Baptiste, bourgeois et de demoiselle Catherine Lagier, né le sixiesme dudit mois» (A, p. 496). Jacques et non Joseph comme l'affirment F.L. et quelques biographes ou catalogues. Jean Baptiste Accarias était le fils aîné d'Antoine A. qui descendait d'une lignée de commerçants installés dans le Glandage (Drôme). Il devint capitaine châtelain de Châtillon à la mort de son père et acheta le petit fief de Sérionne en 1706. Il avait épousé en 1688 une jeune fille d'une des meilleures familles de Die, Catherine Lagier, dont le père, Achille, était avocat à la Cour. Jacques était le quatorzième enfant du couple, qui en eut dix-sept. Jean Baptiste mourut le 27 septembre 1728 ; à cette date, douze enfants étaient vivants. Le frère aîné de Jacques, Pierre, fut avocat à Die ; trois frères, Antoine, Jean Baptiste, Joseph Marie furent ecclésiastiques ; Etienne (qui fut condamné pour duel) était lieutenant d'infanterie et François, sieur de Fégières, lieutenant de cavalerie. Des cinq filles, quatre furent mariées à des notables ; Elisabeth la cinquième resta célibataire (A, p. 497-500). Ils prirent le nom de «Sérionne» après l'achat de la terre.

A. épousa en avril 1746 (contrat du 5 avril) Anne Catherine Balmpain, orpheline âgée de dix-sept ans, protégée d'Elisabeth de Lorraine, princesse d'Epinay ; Catherine mourut sans enfants le 29 janvier 1748 (A, p. 510). En juin 1750, A. se remaria avec Anne Madeleine Prospère Lefranc, fille de Jean Lefranc de Brinpré, écuyer. Ils eurent un fils, Jean Jacques, né à Paris le 15 avril 1751, qui resta en France avec sa mère après l'exil de son père. Ce fils unique devint en 1785 secrétaire dans les bureaux du Contrôle général et était censeur royal pour les Belles-Lettres (A., p. 528 529). On a souvent confondu le père et le fils (N.B.G. pour les deux derniers ouvrages cités et catalogue de la B.N.).

A. serait mort à Vienne en 1792, mais on ne trouve pas son nom dans la Wiener Zeitung, qui relatait les décès (A, p. 524).

2. Formation

Etudes à Die selon la B.Un. (mais il n'y avait pas de Collège à Die à cette époque). Il dut plus tard étudier le droit à l'Université de Valence (A, p. 502).

4. Situation de fortune

Le testament paternel, en 1717, donnait 2500 £ à chaque fille et 1500 à chacun des fils, qui devaient toucher cette somme à l'âge de vingt-cinq ans. La mère, héritière universelle, légua à François le fief de Sérionne (A, p. 500). A. résolut d'aller chercher fortune à Paris «vraisemblablement vers 1732» et «entra dans la maison du Metz de Rosnay en qualité de précepteur, peut être aussi de secrétaire» (A, p. 501). Il était fixé en 1733 auprès de son élève Claude-Gédéon Denis, fils du président de la Chambre des Comptes de Paris, Metz du Rosnay. En 1736, il devint avocat aux Conseils du Roi. Cette charge fut supprimée par l'édit de septembre 1738. Il obtint, après sa soumission, une nouvelle charge, qu'il exerça jusqu'à la fin de 1753 (A, p. 506). Dès 1734 il s'était fait céder par son frère François le fief de Sérionne. Il habitait encore en 1741 «rue des Fossés Montmartre, chez M. le Président du Metz» et passait ses vacances au château d'Eve, près Dammartin, propriété des Metz de Rosnay où il y avait une importante bibliothèque (A, p. 502-504).

La dot de sa première femme se montait à 140 000 £ environ, dot qu'il dut retourner à la mort de celle ci en 1748. Il avait acquis en 1746 une charge de Secrétaire du Roi pour 100 000 £ (pas encore payées en 1758) ; cette charge rapportait 3300 £ et conférait la noblesse (A, p. 509). Sa deuxième femme ne lui apporta que 20 000 £, dot encore impayée en 1752. Il était syndic des Avocats, en 1752, quand il s'associa à Beauvisage de Lavault pour être commissaire aux saisies réelles de Paris (H, p. 160). Il dut contracter des emprunts considérables et à la fin de 1755, il était à découvert de 247 000 £. Il fut entraîné à la faillite par l'insolvabilité de Dupin de Chenonceaux. Poursuivi par ses créanciers, il signa une cession de biens le 18 janvier 1758 et il quitta la France (A, p. 514 et suiv.). Installé à Bruxelles fin 1757 (H, p. 163), il obtint une entrevue avec le ministre plénipotentiaire du gouvernement autrichien, Charles de Cobenzl, qui devint son protecteur (H, p. 162 et suiv.). Il est à Amsterdam en août 1758 (H, p. 163). En 1759, il publie son Journal du commerce ; il obtient la protection de MarieThérèse et reçoit plusieurs gratifications de 100 pistoles (H, p. 165). L'impératrice l'appelait «notre secrétaire titulaire». Après la cessation du journal, A. s'installa à Amsterdam où il resta plusieurs années à étudier l'industrie et le commerce, peut être pour le compte du gouvernement autrichien ou bien comme agent de Cobenzl (il reçut des fonds secrets en 1767 : A, p. 522 et H, p. 167). En 1768, Grimm le dit «expatrié et retiré en Hollande» (C.L., t. VIII, p. 98). A cette date, il quitte la Hollande pour l'Autriche. Il gagne Vienne en compagnie d'un aventurier français, le chevalier Canneau de Beauregard (H, p. 160). Il devient l'homme d'affaires du comte Bathyani de 1769 à 1774 et aurait obtenu en Hongrie un poste financier (A, p. 523). On ne sait pratiquement rien sur la fin de sa vie.

5. Opinions

Les Accarias étaient catholiques. A. avait une lettre de recommandation du comte de La Marck quand il arriva en exil à Bruxelles, ainsi que du prince de Starhemberg, ambassadeur d'Autriche à Paris, qui ne le connaissait pas (H, p. 161-163). Malgré les réticences officielles dues à sa faillite, il fut très estimé de Cobenzl et de l'impératrice Marie Thérèse. Cette protection lui valut les sarcasmes de Chevrier (H, p. 163, 166). Voir l'article de Hervé Hasquin, pour ses prises de position ni mercantilistes ni physiocratiques (H, p. 167 et suiv.).

Des lettres d’A. sont conservées à la B.M. de Grenoble ; sa correspondance avec Cobenzl se trouve aux Archives générales du Royaume, Bruxelles, Secrétairerie d'Etat et de la Guerre, n° 1223.

6. Activités journalistiques

Journal de commerce, puis Journal de commerce et d'agriculture après décembre 1761. Mensuel de janvier 1759 à décembre 1762 (20 vol. seulement à cause d'interruptions), à Bruxelles, chez J. Vanden Berghen. A. «en fut constamment la cheville ouvrière» ; ce journal «n'a pas été l'oeuvre de Le Camus et de l'abbé Roubaud», malgré les attributions fautives (Cat.BN entre autres) ; voir H, p. 164 et D.P.1 643. La participation d’A. est prouvée par les lettres de Cobenzl à Kaunitz (voir aussi C.L., t. VII, p. 258).

7. Publications diverses

Traductions de Etna et des Sentences de Publius Cornelius Severus, 1736. – Mémoires concernant l'exécution du concordat germanique (signé «Me de Sérionne»), Knapen, 1747. – Almanach des négociants, Bruxelles, Jorez, 1762, qui sert de Supplément au journal de commerce, signalé par H., p. 168, mais ne figure pas dans les bibliographies usuelles. – Les Intérêts des nations de l'Europe développés relativement au commerce, 4 vol. in 12, dédiés à Catherine II, Leyde, 1766. Le marquis de Puységur en fit un abrégé, L'Intérêt public, selon Grimm (C.L., t. VII, p. 258). – Le commerce de la Hollande, Amsterdam, 1768. – La Richesse de l'Angleterre, Vienne, 1771. – La vraie Richesse de l'Etat, Vienne, 1774. – Liberté de penser et d'écrire, Vienne, 1775. – La Richesse de la Hollande, Londres, 1778 (avec E. Luzac?) ; trad. hollandaise en 1780-1783. – L'Ordre moral, Augsbourg, 1780. – Situation politique actuelle de l'Europe, considérée relativement à l'ordre moral, Augsbourg, 1781.

8. Bibliographie

B.Un., N.B.G., Feller-Weiss, F.L. 1769, C.L.– (A) Accarias J., «Un publiciste dauphinois du XVIIIe siècle : Jacques Accarias de Sérionne. Sa famille, sa vie, ses ouvrages», Bulletin de l'Académie delphinale, t. III, 1889, p. 487-533 (la partie sur les ouvrages n'a pas paru). – (H) Hasquin H., «Jacques Accarias de Sérionne, économiste et publiciste français au service des Pays Bas autrichiens», Etudes sur le XVIIIe siecle, Bruxelles, 1974, t. I, p. 159-170.