TEISSIER

Numéro

762

Prénom

Antoine

Naissance

1632

Décès

1715

1. État-civil

Antoine Teissier est né à Montpellier le 28 janvier 1632 (Nicéron), dans une famille protestante. Son père était receveur-général de la province de Languedoc ; sa mère était fille de M. Baudran, seigneur de Veistrie et conseiller au Présidial de Nîmes (selon Ménard, Antoine Teissier serait né à Nîmes). Son père, ayant dû remettre au duc de Montmorency l'argent de la généralité, fut destitué en 1632 et mourut peu après. Sa veuve se retira à Nîmes et se consacra à l'éducation de son fils.

2. Formation

A dix-huit ans, il se rend à Lunel «pour apprendre le latin» (Nicéron) ; en 1654, il travaille chez Morus, principal au Collège, et apprend le grec ; après la mort de sa mère, il s'établit à Anduze, où un de ses oncles était ministre. Se destinant lui-même au ministère, il demeure quelque temps à l'académie de Montauban puis passe à celle de Saumur «qui était alors fameuse sous MM. de La Place, Cappel et Amyraut» (Nicéron, p. 259). Il y demeure deux ans puis revient à Nîmes où son grand-oncle, M. de Saint-Veran, conseiller à la chambre d'édits du Languedoc, l'engage à accompagner son petit-fils, le baron de Mellac, à Paris. Il fait alors des études de droit, se fait recevoir avocat, devient avocat au Présidial de Nîmes, fonction qu'il abandonne pour raison de santé. Second voyage à Paris en 1659 ; en 1660, il revient à Nîmes, entre dans le Conseil de la ville et devient, malgré son jeune âge, l'un des « Anciens » du Consistoire des réformés. Le 1er avril 1682, il sera l'un des 26 membres de l'Académie royale de Nîmes, et participe activement à ses travaux (Ménard, p. 255 et suiv.).

3. Carrière

Il venait de se marier avec Mme Despierres, née Suzanne Cambon (Haag) en 1683, quand la Révocation l'oblige à s'exiler. Il quitte Nîmes le 24 septembre 1685 «avec sa femme, laissant un fils âgé de cinq mois», arrive à Genève le 9 ou 10 octobre, passe novembre à Lausanne, décembre à Zurich, où il est secouru par le bourgmestre (Nicéron). En 1689, pour décharger le bourgmestre Escher, il contracte un engagement de deux ans avec « quelques sénateurs de Berne à qui il promit de faire des Gazettes en français» (Nicéron). En avril 1691, «M. Teissier quitta Berne où sa famille s'était augmentée d'un fils ; il retourna à Zurich où il demeura encore 16 mois» (Du Sauzet, p. 141). Pour assurer la carrière de ses enfants, il se rend dans le Brandebourg ; il arrive à Berlin en septembre 1692, l'électeur lui donne le titre de conseiller d'ambassade et d'historiographe, qu'il gardera jusqu'à sa mort, survenue le 7 septembre 1715 (Nicéron).

4. Situation de fortune

La fortune de sa mère semble lui avoir procuré, jusqu'à sa cinquantième année, une relative aisance. Selon Ménard, Teissier abandonne vers 1659 sa charge d'avocat « pour vivre d'une honnête oisiveté». L'exil le laisse dans une «extrême médiocrité». Selon Nicéron, il «reçut alors de France des lettres par lesquelles on le sollicitait d'y retourner, avec promesse d'une pension de cinq cents écus de la part du Roi, et du rétablissement de ses biens, mais ces offres ne firent aucune impression sur son esprit, et ayant honnêtement de quoi vivre par la charité de son bienfaiteur (Escher), il ne songea plus qu'à se rendre utile au public par quelques ouvrages» (Nicéron, p. 264). L'électeur de Brandebourg lui assura à son arrivée à Berlin, une pension de 300 écus qui fut augmentée à plusieurs reprises.

5. Opinions

Durant ses séjours à Paris, avant 1660, il s'est lié avec Pellisson, Conrart, Ménage, l'abbé de Marolles, qui parle de lui dans ses Mémoires (Amsterdam, 1755, t. III, p. 168). Bayle le tenait en haute estime (lettre à Lenfant, 28 mars 1693, Labrousse 859 ; à Minutoli, 6 oct. 1692, Labrousse 835 ; à J. Bernard, mai 1704, Labrousse 1542).

6. Activités journalistiques

6. Nouvelles de divers endroits, premier titre de la Gazette de Berne (D.P.1 500), journal publié à Berne, en français, de 1689 à 1798 {Gazette de Berne, en 1778, Nouvelles politiques, de 1788 à 1798) : T. en fut le fondateur et le premier rédacteur, d'avril 1689 à avril 1691, à la demande des patriciens de Berne. Selon D.H.B.S., T. aurait été réprimandé par le gouvernement à l'instigation de l'ambassadeur de France en 1690 (t. III, p. 338) ; selon Nicéron, T. a rempli exactement les termes d'un contrat de deux ans.

7. Publications diverses

Voir Cior 17, n° 64225-64246. Une première «Liste des ouvrages de M. Teissier» a paru dans les Nouvelles littéraires de Du Sauzet, t. IV, 22 août 1716, p. 158-160. Ménard mentionne différentes traductions restées manuscrites. Haag signale deux traductions de Chrysostome publiées, mais qui n'ont pas laissé de trace (t. IX, p. 349, cat. I et II). L'ouvrage le plus important de T., les Eloges, a fait l'objet d'une étude particulière dans ses rapports avec l'histoire des périodiques (voir Cristin).

8. Bibliographie

Nicéron, t. V, p. 256-272 ; B.Un. ; Haag. – (D.H.B.S.) Dictionaire historique et biographique de la Suisse, Neuchâtel, 1921-1934. – Du Sauzet, Nouvelles littéraires, t. IV, p. 129-144, supplément des Nouvelles du 15 août 1716 : «Eloge de M. Teissier». – Ménard L., Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nîmes, Paris, 1750-1758, 7 vol., livre 24, année 1682, p. 255 et suiv. – Labrousse E., Inventaire critique de la correspondance de Pierre Bayle, Paris, 1961. – Cristin C, «Aux origines de l'histoire littéraire française : les Eloges des Hommes sçavans Tirez de l'Histoire de M. de Thou par Antoine Teissier (1683-1715)», R.H.L.F., mars-avril 1972, p. 234-246.