SAINT-FLOCEL, baron de
Numéro
Naissance
Décès
1. État-civil
Sa date et son lieu de naissance sont inconnus. En 1783, il était réfugié à Londres. D'après Brissot «il fut victime de sa crédulité et mourut martyr de sa frénésie pour l'indépendance», mais ni la date, ni le lieu, ni les circonstances de cette mort ne sont donnés. H.P.L.P. l'appelle Saint-Flocel ou Saint-Flozel. C'est lui qui « sous le nom de Lefèvre fut secrétaire du comte d'Aigremont, ministre de France à Coblentz ». Brissot le nomme Saint-Flomel.
3. Carrière
Un séjour en Allemagne, dont nous ne connaissons pas les dates, semble s'être mal terminé. H.P.L.P., citant des «notes de la police», dit qu'il avait «perdu sa place de secrétaire de d'Aigremont, par sa mauvaise conduite et ses escroqueries». Il passa en Angleterre, grâce à un ancien chapelain du duc des Deux-Ponts, l'abbé Séchamp, un «homme mielleux qui se disait l'ami de toute la France et qui l'avait fait venir à Londres pour l'aider dans le projet qu'il avait formé de publier un journal pour le bien de l'humanité».
4. Situation de fortune
Dans le texte de Brissot, on lit que «économiste outré [...] mais environné d'espions, trompé par des entremetteurs, l'honnête Saint-Flomel fut victime de sa crédulité». Escroc en Allemagne, honnête mais trop crédule en Angleterre, le témoignage reste aussi imprécis que contradictoire.
5. Opinions
Le prospectus du Journal des Princes expose les intentions de son rédacteur, S. : lutter contre le despotisme des tyrans et des prêtres, libérer les consciences par une vraie connaissance des principes du droit naturel, au travers d'un « examen critique des journaux et autres écrits périodiques qui se publient en Europe et ailleurs». Les quelques pages conservées du Journal des Princes ne permettent d'apprécier ni les suites du projet, ni les opinions véritables de l'auteur, elles ne font pas allusion aux autres journaux ni à l'actualité.
6. Activités journalistiques
H.P.L.P. rapporte que S. était un ancien rédacteur du Journal de Bouillon, ou Gazette des gazettes, mais de cet aspect de son activité journalistique, rien ne semble connu. Mais le projet de critique des journaux, principe du Journal de Bouillon, pourrait bien avoir inspiré celui que S. prévoyait de mettre en œuvre dans le Journal des Princes. Assorti de l'ambition humanitaire que H.P.L.P. prête à l'abbé Séchamp (p. 451). «Ce journal devait tendre à rendre les hommes meilleurs... et sans doute l'auteur plus riche. Mais les deux amis ne tardèrent pas à se brouiller et Saint-Hyacinthe poursuivit seul la mise sur pied de ce journal philanthropique», dont, par ailleurs, on ne connaît que le prospectus et une brochure de 195 p. Voir D.P. 1 706 et 547.
8. Bibliographie
H.P.L.P., t. III, p. 450-452. – Brissot de Warville J.P., Mémoires, éd. C. Perroud, Paris, 1910.
9. Additif
Activités journalistiques : Dans la Chronique scandaleuse (1783), Imbert de Boudeaux publie deux notices, l’une sur l’abbé de Séchamp (éd. 1791, p.154-155) et l’autre sur « le sieur de St. Flozel » (p. 156-157), notices qui fournissent la base de nos informations sur S.F. : l’abbé Séchamp, « homme mielleux qui se dit l’ami de toute la France », ancien chapelain du prince des Deux-Ponts, soupçonné d’assassinat sur Bustel, négociant de Nantes, s’est enfui avec son complice, le chirurgien Gallois. « Réfugié à Londres, il a fait venir un de ses amis, le sieur de St. Flozel, pour l’aider dans le projet qu’il a formé de donner le jour à un journal pour le bien de l’humanité... » Au sujet du sieur « St. Flozel », Imbert ne dit presque rien : « C’est sous le nom de Lefèvre qu’il était secrétaire de M. Le comte d’Aigremont, « place qu’il a perdue par sa mauvaise conduite et ses hypocrisies ». Au moment où écrit Imbert, le Journal des Princes doit bientôt voir le jour ; il paraît effectivement en 1783. S.F. a rompu avec Séchamp et « tire de son propre fond les richesses qu’il promet au monde ».
Pierre Louis Manuel consacre un paragraphe de La Police de Paris dévoilée à S.F. (éd. 1794, t. II, p. 244-245) mais il reprend en fait les notices de Imbert sur Séchamp et Saint-Flocel dans la Chronique scandaleuse. Il y ajoute un détail curieux sur Séchamp : « L’abbé de Séchamp est d’intelligence avec Pelporre, Réda, Boissière et le vieux Goudard, pour engager à faire acheter les oeuvres d’iniquité de Pelporre... » (p. 245). Pelporre s’efforçait de monnayer plusieurs libelles, dont Les Passe-temps de la Reine et Le Diable dans un bénitier ; le « vieux Goudar », qui devait mourir à Londres en 1791, était alors en mission confidentielle, peut-être pour racheter ces manuscrits. À défaut de connaître Saint-Flocel, on voit dans quel monde il évoluait. Robert Darnton a mené de nombreuses recherches sur le milieu de la Bohème littéraire et sur le commerce de libelles à Londres avant la Révolution ; voir notamment l’édition des Bohémiens de Pelleport (Mercure de France, 2010) et Le Diable dans un bénitier. L’art de la calomnie, 1650-1800 (Gallimard, 2010). Mais Saint-Flocel, qui fut le plus obscur de ces écrivains, n’y apparaît pas. Brissot, qui rédige ses Mémoires beaucoup plus tard, ne garde qu’un souvenir confus de cet « économiste outré », victime de son radicalisme et de sa « frénésie pour l’indépendance » (éd. Perroud, p. 329).
Les « notes de police » dont parle Hatin dans l’Histoire politique et littéraire de la presse en France (p. 451-452) à propos de Saint-Flocel paraissent se réduire au texte de Manuel.
Dans la notice de Madeleine Fabre, en fin de l’alinéa 6, corriger Saint-Hyacinthe en Saint-Flocel. (J.S.)
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