FRAGUIER

Numéro

313

Prénom

Claude

Naissance

1666

Décès

1728

1. État-civil

Claude François Fraguier naquit à Paris le 28 (E. ; M. ; B.Un.) ou le 27 août 1666 (Baker), second fils de Florimond Fraguier, comte de Dennemarie et d'Elisabeth Brisard. Son père était capitaine aux Gardes et sa mère issue de la robe parisienne (B.). Il mourut le 3 mai 1728 (Nicéron, Sommervogel) et non le 31 (B.Un., etc.).

2. Formation

Entré à huit ans au collège Louis-le-Grand (B.), il y fit des études brillantes sous les PP. Labaune, Rapin, de Jouvency, La Rue et Commire (Olivet) ; il entra le 18 août 1683 comme novice dans la Compagnie de Jésus (Sommervogel), qu'il quitta en 1694, sans doute parce que la perspective d'enseigner la théologie ne lui souriait guère. Membre de l'Académie des Inscriptions en 1705 et de l'Académie française en 1707 après une élection difficile et contestée (B., voir aussi le Discours prononcé dans l'Académie francaise à la réception de M. l'abbé Mongin et de M. l'abbé Fraguier, Paris, Coignard, 1708).

3. Carrière

D'abord professeur de belles-lettres au collège jésuite de Caen, F. se rendit indépendant en quittant la Compagnie. Il mena une vie d'érudit uniquement préoccupé de littérature antique et participa activement aux travaux de l'Académie des Inscriptions (voir les Mémoires de littérature de l'Académie). L'abbé Bignon lui fit donner un poste de censeur royal. Sa santé fragile et une paralysie qui le tint enfermé les dernières années de sa vie amenèrent l'Académie des Inscriptions à tenir chez lui ses assemblées sur les médailles (B.).

4. Situation de fortune

D'une famille aisée, mais cadet, F. vécut d'abord comme professeur dans le sein de la Compagnie de Jésus ; à sa rupture avec elle, il fut entretenu par M. Rémond, «ami fidèle et généreux», et de surcroît bibliophile (B.). Il composa l'épitaphe latine de son autre ami, Antoine Watteau, en 1721 (Moureau), et hébergea, pendant la Régence, Antoine de La Roque, qui fut directeur du Mercure et le premier biographe du peintre (Correspondance du président Bouhier, éd. H. Duranton, n° 7, p. 139). Vers la fin de sa vie, il hérita de son frère, le comte de Dennemarie, mais, pour avoir mal géré sa fortune, il mourut ruiné (B.).

5. Opinions

F. était un spécialiste des littératures antiques, et d'Homère qu'il découvrit à Caen auprès de ses amis Huet et Segrais (B.). Mais il n'ignorait rien de la littérature nouvelle et même du monde : on le voit fréquenter assidûment, par exemple, Mme de Lafayette et Ninon de Lenclos (Olivet, Nicéron). Sa rupture avec la Compagnie de Jésus doit être attribuée à son goût pour l'étude et à sa santé.

Correspondance : plusieurs lettres à Desmaizeaux, B.L. Sloane ms. 4283, f° 24589 ; Inst., ms. 534, 531 ; B.N., f.fr. 24417, 24420, n.a.fr. 3543 (Correspondance du président Bouhier, éd. H. Duranton, n° 8, 1980).

6. Activités journalistiques

En 1706, l'abbé Bignon nomma F. à l'assemblée du Journal des Savants en remplacement de Pouchard (B., Nicéron ; Discours de réception, 1708, p. 19). Ce travailleur infatigable fut chargé du secteur de l'érudition antique et occupa l'équivalent du poste de rédacteur en chef, Bignon conservant la haute main sur la politique du journal. Il s'intéressait aussi à des domaines dont il connaissait la langue : anglais, espagnol, italien. La participation de F. au Journal des Savants s'étend de 1706 à 1728.

7. Publications diverses

F. est un poète néo-latin de qualité et un traducteur excellent. Ses Dissertations érudites sont insérées dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions.

8. Bibliographie

Listes de ses ouvrages dans Nicéron ; Sommervogel, t. III, p. 920-921 ; B.Un. – Backer A. de, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, Liège et Paris, 1869, t. I, col. 1933-1934. – (B.) Boze C. Gros de, «Eloge de Fraguier», Histoire de l'Académie royale des Inscriptions, 1733, t. VII, p. 394-399. – Nicéron, t. XVIII, p. 269-277. – Olivet P.J. d', Préface aux Carmina de Fraguier, 1729. – Sabatier de Castres A., Les Trois Siècles de la littérature, 1772, t. II, p. 50-51. – Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, Catalogue des écrivains. – Moureau F., «Watteau dans son temps», catalogue de l'exposition Watteau (1684-1721), Paris, éd. de le R.M.N., 1984, p. 504-505.