CATROU

Numéro

149

Prénom

François

Naissance

1659

Décès

1737

1. État-civil

François Catrou est né le 8 décembre 1659 (Eloge, Mémoires de Trévoux, avril 1738, p. 651-664) à Paris, de Mathurin Catrou, conseiller secrétaire du roi, et de Marthe de Luber. Il est mort à Paris, le 18 octobre 1737 (E.).

2. Formation

Brillant élève dans ses classes d'Humanités et de Philosophie, il renonça aux avantages temporels que lui offrait son oncle, M. de Luber, trésorier général de la Marine, pour entrer au noviciat des Jésuites à l'automne 1677 (Moreri, Supplément, t. I, 1749, p. 258 et Dictionnaire de théologie catholique, t. II, 2e partie, 1923, p. 2012), ou le 28 octobre 1678 d'après C. Sommervogel (Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. II, p. 882). Moreri écrit qu'«il fit la profession solennelle des quatre vœux le 15 août 1694 au collège de Bourges où il demeurait alors».

3. Carrière

Il passa un certain nombre d'années à étudier et à professer selon l'usage de sa Société, notamment au collège de Rouen qui «lui vit faire ses preuves en genre de littérature» (E.). Ses supérieurs le destinèrent ensuite à la chaire ; il prêcha pendant six ans (E., p. 655) avec succès dans différentes villes de France, réussissant surtout dans les panégyriques (B.Un., p. 415). Puis il renonça à la prédication, regrettant le temps que l'exercice de sa mémoire faisait perdre à son esprit (E., p. 655). «Appliqué successivement aux collèges de Rouen, Rennes, Bourges, Eu, Compiègne, La Flèche, Tours, Orléans» (Dictionnaire de théologie catholique, t. II, 2e partie, 1923, p. 2012), il fut enfin retenu à Paris pour commencer, avec les Pères C. Buffier, A. Despineul et J. Hardouin, les Mémoires de Trévoux (E. et Eloge de la Bibliothèque française, t. XXIX, p. 31) : «Les M.T. lui doivent en partie leur naissance et leur progrès» (E.).

5. Opinions

D'après H. Chérot, C. «fâcheusement impressionné par les excès des camisards, dans les Cévennes, applaudit à la révocation de l'édit de Nantes» (D.T.C., p. 2013).

6. Activités journalistiques

Il est difficile de préciser la durée de la collaboration du Père C. aux Mémoires de Trévoux, car les sources divergent à ce sujet. Pour Sommervogel, C. cesse de faire partie de la rédaction dès 1712 (Essai historique sur les M.T., p. XLI), mais l'Eloge des M.T. indique qu'il fournit des extraits et des dissertations pendant plus de douze ans. D'après le Journal des Savants, «il travailla constamment pendant les douze premières années ; il fut ensuite trois ans sans y avoir aucune part. Il recommença en 1715 et n'a cessé jusqu'à sa mort arrivée en 1737, d'y fournir non seulement des extraits, mais même des dissertations et des pièces particulières» (Table du J.S., t. X, p. 671). Une Lettre au Père Catrou, écrite de Brest sur un phénomène par M. Deslandes, membre de l'Académie des sciences, et insérée dans les M.T. en octobre 1716 (p. 1935), pourrait indiquer qu'il fait toujours partie de l'équipe de rédaction à cette date.

L'identification de ses articles est plus délicate encore, en raison du parti pris d'anonymat de la production journalistique dans le journal de Trévoux. G. Dumas (p. 193) ne lui attribue qu'un seul extrait : celui de la Traduction des Eglogues de Virgile (M.T., mai 1708, p. 841), ce qui laisserait supposer que C. aurait rendu compte de son propre ouvrage. La lecture de cet article ne permet en rien de confirmer cette hypothèse.

C. se forgea une réputation de bon critique (B.Un.), mais fut cependant, avec les Pères Du Cerceau et De Courbeville, en butte aux attaques de l'abbé Desfontaines (Sommervogel, Essai historique, p. LIII). «On lui reprochait un style quelquefois pompeux, certains tours de phrases hasardés ou fastueux, des expressions trop brillantes» écrit Camusat dans la Bibliothèque française (t. IV, 2e partie, p. 172). L'abbé Desfontaines railla le style novateur des M.T. dans son Dictionnaire néologique à l'usage des beaux esprits du siècle (1726), où l'Histoire romaine et la traduction des Eglogues de Virgile sont souvent mentionnées.

7. Publications diverses

Ecrivain habile, C. exerça ses talents dans plusieurs domaines : il prononça à Rennes un discours en latin sur une parole de Louis XIV «In illam Ludovici Magni vocem», qui fut publié en 1690, in-12 (Catalogue de la Bibliothèque de Rennes, 2e partie, 6938). Il commença son œuvre d'historien avec l'Histoire des Anabaptistes (Paris, 1695 et Amsterdam, 1699, augmentée en 1700, Paris) ; deux nouvelles éditions de l'ouvrage parurent en 1705, l'une sous le même titre, l'autre intitulée Histoire du fanatisme dans la religion protestante. C'est sous ce dernier titre que furent imprimées les éditions ultérieures (1706, et 1733, édition augmentée, en trois volumes, comprenant l'Histoire des Anabaptistes, du Davidisme et l'Histoire des Trembleurs ; 1738 ; 1740) [Sommervoge, t. II, p. 882]. L'Histoire générale de l'empire du Mogol, depuis sa fondation (sur les mémoires portugais de M. Manouchi, vénitien) vit le jour en 1702 (E) et fut rééditée en 1705-1715 en deux tomes. L'Histoire de la vie et du règne d'Orangzeb (s.d.) est, d'après le cat.B.N., constituée des chapitres V à VIII de l'Histoire générale du Mogol. «Son principal ouvrage, celui qui lui a fait un nom dans la République des Lettres, et qui a occupé seul les dernières années de sa vie, est sa grande Histoire romaine» (Bibliothèque française, t. XXIX, p. 33). C. s'associa au Père Julien Rouillé pour écrire cette Histoire dont les vingt premiers volumes parurent de 1724 à 1737. Elle fut réimprimée en 1737 (en 24 volumes), traduite en anglais en 1728-1737, en italien (B.Un., p. 416), en espagnol et en allemand (N.B.G.). On doit le vingt et unième volume au Père Bernard Routh qui ne put achever complètement l'entreprise de ses collèges. C. traduisit les Œuvres de Virgile : il fit d'abord paraître les Eglogues en 1708, qui furent réimprimées avec les Géorgiques et l'Enéide en 1716 (6 vol), puis en 1729 (4 vol.). Sa traduction fut vivement attaquée par l'abbé Desfontaines qui critiqua son manque de fidélité au texte original (B.Un., Sommervogel).

8. Bibliographie

D.P.1 889 ; Moreri, 1759 ; Q. ; B.Un. ; N.B.G. ; Sommervogel C., t. II, p. 882 et suiv., t. IX, p. 11-12, t. XI, p. 1640 ; D.T.C.,. t. II, 2e partie, p. 2012-2013 ; D.B.F. ; Cior 18, n 16196-16206 ; D.B.F., t. VII. – Sommervogel C., Table méthodique des Mémoires de Trévoux, précédée d'un Essai historique, Paris, Durand, 1864. – Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t. XI, éd. Baudrillart et Von Cauwenbergh, 1948, col. 1524. – (E) Eloge anonyme du Père Catrou, Mémoires de Trévoux, avril 1738, p. 651-664. – Bibliothèque française, t. IV, 2e partie, p. 172 et Lettre à M.D.S. contenant un éloge historique du Père Catrou, t. XXIX, p. 31. – Journal des Savants, Table, t. X, p. 671. – Delattre P., Les Etablissements jésuites en France, t. III, Ehghien, 1953, col. 1204. – Dumas G., Histoire du Journal de Trévoux depuis 1701 jusqu'en 1762, Paris, Boivin, 1936. – Faux J.M., «La Fondation et les premiers rédacteurs des Mémoires de Trévoux (1701-1739)», Archivum historicum Societatis Jesu, t. XXIII, janvier-juin 1954, , p. 131-151. – Sgard J., «Chronologie des Mémoires de Trévoux», D.H.S., t. VIII, p. 189 et suiv.