BOISSY
Numéro
Prénom
Naissance
Décès
1. État-civil
Jean François de Boissy, fils aîné de François Antoine de Boissy, notaire royal et receveur des domaines du roi, est né vers 1704, sans doute à Lamastre, dans le Vivarais ; une note manuscrite de son frère François Antoine donne 1704 ou 1705 (E, p. 10) ; le registre des impôts de La Haye lui donne 46 ans à sa mort (S.M. ; les registres d'état-civil de Lamastre et de l'Ardèche manquent pour cette période). Jean François de Boissy eut un frère cadet, François Antoine, connu comme médecin et comme père de François Antoine de Boissy d'Anglas, président de la Convention ; il eut deux soeurs, Claire et une autre, qui épousa M. de Saint-André, de Lamastre (E, p. 106) ; il mourut le 28 décembre et fut enterré le 2 janvier 1755 (S.M.).
2. Formation
Sa famille était protestante, bien que son père, fonctionnaire royal, ait fait profession de catholicisme. B. se rend à Genève. Il est admis au cours de théologie le 18 mai 1733 et immatriculé le 8 juin (E, p. 11 ; S.-M.) ; il donne des leçons particulières «pour la géographie, l'histoire, le latin, le grec» (lettre à son père, 27 déc. 1735, E, p. 12) ; il est successivement au service de la baronne de La Batie (1733?) et d'Ami Lullin, de 1736 à 1741 (E, p. 13-14). Il quitte Genève vers mars 1741 pour se rendre à Paris.
3. Carrière
Après avoir passé quelques mois à Bourbonne, où il soigne sa santé, puis à Paris, chez son frère médecin, il gagne la Hollande au cours de l'automne 1741. Il arrive à Almeloo le 19 octobre (lettre à Lullin, 21 oct. 1741, E, p. 22) où il entre au service du comte de Rechteren en qualité de précepteur. En 1743, il est à Utrecht où son élève apprend le droit (lettre à F.A. de Boissy, 6 févr. 1743, E, p. 25-26) ; il suit lui-même des cours de droit, de théologie et de médecine ; en 1744, il postule en vain une chaire de professeur à l'Ecole illustre de Deventer ; au cours de l'été 1745, il accompagne la famille de Rechteren à Spa, et suit son élève à la Diète de Francfort en automne. Il rentre à Utrecht au printemps 1746, puis s'inscrit avec le jeune comte de Rechteren à l'Université de Leyde, le 27 septembre 1746 (S.-M.) ; il étudie le droit romain, le droit naturel, I'histoire et la physique (lettre à F.A. de Boissy, 6 oct. 1746, E, p. 52). Son préceptorat s'achève en juillet 1747 ; il trouve d'autres élèves à La Haye où il s'installe en automne 1747, chez Changuion, conseiller à la cour de Brabant (lettre à Lullin, 13 sept. 1747, E, p. 61). Il accompagne les fils Changuion à Leyde où il demeure d'octobre 1748 à juillet 1749. Il fait alors un voyage à Paris et à Genève en vue de régler avec son frère une question d'héritage (E, p. 73-75). A l'automne, il est de nouveau à Leyde. A la fin de 1751, il se charge de l'éducation des fils du baron van Rede Ginkel, comte d'Athlone, à Leyde (E, p. 94). Sa santé s'affaiblit à la fin de 1753 ; il meurt de pleurésie le 28 décembre 1754.
4. Situation de fortune
N'ayant, semble-t-il, jamais obtenu sa part de l'héritage familial (v. lettre à Ranc, fin 1749, E, p. 75), il a vécu de son métier de précepteur aussi bien à Genève qu'en Hollande. Dès septembre 1735, par souci d'indépendance et goût des lettres, il refusait de rentrer en France pour reprendre l'étude du notaire Boissy (lettre à son père, 27 sept. 1735, E, p. 12) ; pour les mêmes raisons, il refusera les offres de son ami Lullin. En 1747, au service des Changuion, il gagne 1600 £ par an, mais se plaint du «prix exorbitant» de la vie (lettre à Claire de Boissy, 18 sept. 1747, E, p. 60). Ce n'est qu'à la fin de sa vie, chez le comte d'Athlone, qu'il parvient à une certaine aisance ; son héritage se monte à 3000 florins, soit 6000 £ (E, p. 107). Le journalisme ne l'a pas enrichi ; il note lui-même que l'«honoraire» du rédacteur de la Bibliothèque germanique n'est pas bien tentant : «sept florins, ou quatorze livres de France par feuille d'impression, savoir seize petites pages» (lettre à F.A. de Boissy, 23 juil. 1751, E, p. 87).
5. Opinions
Inébranlable dans ses convictions calvinistes et fidèle à ses origines, il reste en relations avec sa famille : sa soeur Claire, son frère François Antoine, son beau-frère, M. de Saint-André que leurs sentiments protestants exposent à la répression. Son père spirituel, Ami Lullin, pasteur puis professeur d'histoire ecclésiastique et recteur à l'Université de Genève, restera son appui, son conseiller et son confident pendant toute sa vie (voir les 19 lettres de B. à Lullin, B.P.U. de Genève, Papiers Lullin, dossier C 7). Doué d'une curiosité et d'une largeur d'esprit exceptionnelles, il s'intéresse à la médecine, à la physique, aux mathématiques, aux belles-lettres, lit l'anglais, l'allemand et le hollandais, mais s'intéresse surtout à la philosophie et à la théologie. Il a lu avec attention L. Racine (lettre à F.A. de Boissy, 31 déc. 1743, E., p. 28), Malebranche et Locke (lettre à A. Lullin, 21 avr. 1744, E, p. 29), aussi bien qu'Homère et Cicéron (lettre à A. Lullin, 22 sept. 1744, E., p. 34). Grand lecteur d'ouvrages nouveaux et de journaux, il lit, non sans réticences, Diderot et La Mettrie (lettre à F.A. de Boissy, 23 juil. 1748, E, p. 68-69), mais il admire Montesquieu (E, p. 79-80, 85) et Voltaire (E, p. 100). Sa correspondance, dont la plus grande partie a été éditée par C.E. Engel (E) comprend environ 180 lettres adressées à sa famille, à quelques amis, à Lullin et à Antoine Court. Vers 1750, il est l'ami intime de Péchier et fréquente le pasteur Beaufort.
6. Activités journalistiques
Sur le conseil d'Ami Lullin, il commence, vers 1745, à publier des comptes rendus dans les gazettes françaises de Leyde et d'Amsterdam (E, p. 43). Il écrit d'abord pour la Bibliothèque raisonnée (lettre à Lullin, 4 sept. 1745, E, p. 43), puis pour la Bibliothèque germanique (lettre au même, 16 mai 1747, E, p. 58), dont l'auteur, Samuel Formey est un de ses amis : dans une lettre à F.A. de Boissy, du 23 juillet 1751, B. fait l'éloge de la Bibliothèque impartiale et engage son frère à y contribuer ; en 1750-1751, B. fournit effectivement des nouvelles d'érudition à Formey (Nachlass Formey, renseignement fourni par F. Moureau) ; on peut supposer que sa collaboration a commencé avec le tome IV, au moment où Formey renonce à en assumer seul la rédaction (voir E, p. 87). En 1751, B. s'offre à «faire parler dans une ou deux Bibliothèques» du dernier livre d'Antoine Court (lettre à A. Court, 6 juin 1751, E, p. 96) : des comptes rendus du Patriote impartial paraissent effectivement dans la Bibliothèque raisonnée, dans la Bibliothèque impartiale et dans la Bibliothèque germanique (lettre à A. Court, 28 sept. 1751, E, p. 97-98), en fait la Nouvelle Bibliothèque germanique (1746-1755). On est en droit de croire que jusqu'en 1752, époque où sa santé lui interdit un travail suivi, il a collaboré régulièrement à ces trois journaux. Il lui arrive de faire l'éloge du Journal britannique de Maty, mais il n'est pas prouvé qu'il y ait travaillé.
8. Bibliographie
(E)Les renseignements donnés ci-dessus viennent dans leur quasi-totalité du livre de C.E. Engel : Jean-François de Boissy (1704 - 1754) ; un réfugié francais du XVllle siècle d'après sa correspondance, U. deNeuchâtel, 1941. – Voir également : Berlin, Deutsche Staatsbibliothek, ms., Nachlass Formey, 5 lettres de Boissy, Leyde, 1750- 1751. – (S.M) Le Livre du recteur de l'académie de Genève (1559 - 1878), t. II, Genève, Droz, 1966, p. 246. – Lagarrigue B., Un temple de la culture européenne (1728-1753) : l’histoire externe de la « Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l’Europe », Nimègue, 1993.
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