BLONDEAU

Numéro

081

Prénom

Etienne

Naissance

1723 ?

Décès

1783

1. État-civil

Etienne Nicolas Blondeau est né sans doute en 1723. Epoux de Francoise Adry, Etienne Blondeau a huit enfants. Il meurt à Brest le 11 octobre 1783, à l'âge de soixante ans, d'une fièvre putride (A.M. Brest, reg. des décès, par. Saint-Louis, en date du 12 oct. 1783).

2. Formation

Il est membre de l'Académie Royale de Marine, de la Société Royale patriotique de Stockholm et de la Société des Sciences et Belles-Lettres de Gothembourg (voir Journal de marine, 1780).

3. Carrière

D'abord professeur à Calais, il est nommé le 1er octobre 1764 maître de mathématiques à Brest (lettres patentes reçues en 1765). Il demeure dans cette ville et remplit sa fonction d'enseignant jusqu'à sa mort (H.A.M., 5e Part., p. 101).

En 1769, il est l'un des vingt adjoints de l'Académie de Marine qui, fondée en 1752, vient d'être réorganisée par Aymar Joseph, comte de Roquefeuil et de recevoir le titre d'Académie Royale (ibid., 2e Part., p. 14). Il est aussitôt chargé de la rédaction des parties «Hydrographie» et «Astronomie» du Dictionnaire de marine et son activité, dès lors, tend à se confondre avec celle de l'Académie. Il compose de nombreux mémoires, rédige maints rapports (il est souvent nommé commissaire), multiplie les expériences et a le mérite de certaines découvertes. Le 5 novembre 1772, il devient Académicien ordinaire. Sous-secrétaire pour 1773 (il le sera de nouveau pour 1780), il assure, à la suite d'un départ, les fonctions de secrétaire du 4 novembre à fin décembre 1773 (ibid., 3e Part., p. 66). En 1778, il invente des baromètres maritimes et, par une autorisation ministérielle du 8 janvier 1780, est chargé d'en construire tant en verre qu'en fer pour tous les vaisseaux du Roi sous l'inspection de l'Académie (ibid., 5e Part., p. 30 et 44 et M.S., 18 déc. 1780, t. VI, p. 100). Il s'occupe également d'autres instruments utiles à la marine (boussoles, aiguilles aimantées). En 1782, il est nommé ingénieur en chef des arsenaux. Avec l'ingénieur Vial de Clairbois, il entreprend l'Encyclopédie méthodique, partie «Marine» et, le 2 octobre 1783, il fait remettre à l'Académie un exemplaire de la moitié du premier volume, qui sera édité après sa mort (Vial de Clairbois se fera aider par d'autres Académiciens : Duval Le Roy, le chevalier de La Coudraye : H.A.M., 5e Part., p. 84).

4. Situation de fortune

En dépit de son activité inlassable et de ses efforts pour assurer une relative aisance à sa nombreuse famille, B. a, semble-t-il, vécu dans une quasi-indigence. Le 15 novembre 1781, l'Académie de Marine décide de demander en sa faveur au Ministre une somme de 500 £ par an en forme d'appointement pour la fabrication des baromètres maritimes et une somme de 1200 £ d'indemnité pour les services qu'il a antérieurement rendus (ibid., p. 45). Cinq jours après sa mort, le 16 octobre 1783, elle propose de verser un secours de 600 £ à sa famille, cependant que le Ministre, dans une lettre du 4 février 1784, annonce à la Compagnie que la veuve Blondeau a obtenu sur le fonds des Invalides une pension de 400 £ dont la jouissance remonte au 11 octobre 1783. Subsides insuffisants comme le montre la lettre que Mme Blondeau adresse en 1786 au secrétaire de l'Académie de Marine (ibid., p. 101-102).

5. Opinions

Personnage estimable par son exactitude de professeur et son zèle d'académicien, il n'a cessé de chercher à se rendre utile par ses travaux scientifiques.

6. Activités journalistiques

Journal de marine ou Bibliothèque raisonnée de la science du navigateur, dédié à S.A.S. Mgr le Duc de Chartres, Brest, R. Malassis, in-4°, juin 1778 (approbation de la 1re livraison) - décembre 1780. Privilège en date du 14 janvier 1778 registré le 14 avril (B.N., f.fr. 21 967, f° 323-324).

C'est dès le 12 décembre 1771 que le comte de Roquefeuil lance l'idée d'un Journal de marine où seraient consignés les principaux faits relatifs aux choses de la mer (H.A.M., 3e Part., p. 36), Abandonnée, l'idée est reprise par B. dans un mémoire, le 12 octobre 1775. Le prospectus projeté est envoyé le 23 octobre au Ministre de la Marine, Sartine, qui répond favorablement à B. en le priant de consulter l'Académie. Celle-ci suggère la publication de 4 cahiers par an (format in-4°, comme le Journal des savants, et de 8 à 9 feuilles d'impression) et approuve le Prospectus que lit l'auteur dans la séance du 7 décembre. Une autorisation ministérielle est accordée le 24 avril 1776 (ibid., 4e Part., p. 26). Mais, le 20 août, B. informe l'Académie que le prospectus est arrêté à la Chambre syndicale de Paris et que le directeur de la librairie, M. de Neuville, s'oppose à son impression. L'Académie se plaint auprès de Sartine qui, dans une lettre du 30 novembre, se déclare pour B. Le 12 décembre, elle nomme deux censeurs (Duval Le Roy et Fortin). Puis, elle soumet au Ministre la formule d'approbation retenue le 19 décembre (ibid., p. 60). Cependant le 1er cahier ne paraîtra qu'en 1778 (approbation du 25 juin). C'est que Sartine, tout en étant théoriquement partisan d'un périodique consacré à la marine, redoute «de voir révéler au grand jour [les] opérations] de son administration» (L'Espion anglois, Londres, John Adamson, t. IV, Lettre 62, p. 333). Blondeau reçoit d'ailleurs l'ordre de s'abstenir de tout «récit des faits militaires et historiques» (M.S., 22 juin 1781, t. XVII, p. 241). Les documents du dossier A.N. G 145 confirment les M.S. : B. avait, en effet, demandé l'autorisation de parler des faits militaires «comme de l'affaire de la Belle-Poule [...], afin de détruire par le récit circonstancié des faits authentiques l'effet des imputations calomnieuses répandues dans des ouvrages que tout le monde lit», mais elle lui avait été refusée. Un cahier est prévu toutes les six semaines (8 cahiers par an). En réalité, les 7 cahiers qui suivent celui de juin 1778 sont respectivement approuvés les 20 août, 10 novembre 1778, 1er février, 1er mars, 20 juillet et 16 novembre (7e et 8e cahiers) 1779. Huit cahiers paraissent ensuite qui forment la «seconde année» (approbation des 15 février, 4 avril, 25 juillet, 4 septembre, 10 octobre, 4, 20 et 30 décembre 1780). Selon la Bibliographie maritime de Polak, il y aurait eu des livraisons postérieurement à 1780. Chaque cahier est divisé en trois parties conformément au plan exposé dans la Préface (1er Cahier) : «Pièces détachées. Etat actuel de la science du navigateur prise dans toute son étendue» ; «Extraits, analyses et critiques des ouvrages sur la marine» ; «Faits isolés, remarques ou avis utiles à la marine».

Tourné plus vers l'utilité que vers l'agrément, marqué d'une inévitable «sécheresse» (M.S., t. XVII, p. 242), le Journal de B. a pu être recherché par les spécialistes et peut-être aussi par des «nouvellistes curieux de se mettre au fait d'un art très ignoré jusqu'à présent, et devenu depuis la guerre, purement maritime, le sujet de toutes les conversations» (ibid.). Mais son audience ne fut pas vraisemblablement suffisante pour qu'il connût une très longue vie.

B., d'autre part, a collaboré aux Observations sur la physique, sur l'histoire naturelle et sur les arts de Rozier (v. ses «Observations sur le thermomètre» dans la livraison d'oct. 1775).

7. Publications diverses

Voir Cat.B.N.

8. Bibliographie

D.P.1 669, F.L., Ersch, t. 1, p. 145. – Catalogue hebdomadaire ou Liste alphabétique des livres, t. XVI, 1778, n° XXXII, du samedi 8 août 1778. – M.S., t. IX (7 nov. 1776, p. 251-252), XVI (18 déc. 1780, p. 100), XVII (22 juin 1781, p. 241-242), XVIII (7 déc. 1781, p. 173. – Bibliothèque de la Marine (Brest) : ms. 127, lettres patentes nommant B. maître de mathématiques (1765) et Ingénieur en Chef des arsenaux (1782), Ms. 131 : lettres du comte Claret de Fleurieu à B. (Versailles 24 avr. 1780 et 3 juil. 1780). – Règlement pour l'établissement d'une Académie de Marine à Brest, 30 juillet 1752 (Archives de la Guerre, A 13393, pièce 54). – Lalande J. de, Bibliographie astronomique avec l'histoire de l'astronomie depuis 1781 jusqu'à 1802, Paris, impr. de la République, 1803, p. 566. – (H.A.M.) Doneaud Du Plan A., Histoire de l'Académie de Marine, Paris, Berger-Levrault et Cie, 2e-5e Parties, 1879-1881. – Kerviler R., Répertoire général de bio-bibliographie bretonne, Rennes, 1888, Mayenne, 1978, t. I, p. 27. – Polak J. et M., Bibliographie maritime française, Grenoble, Ed. des Qautres Seigneurs, 1976-1983.