PLESSE

Numéro

646

Prénom

Pierre Joseph

Naissance

1704

Décès

1766

Pierre Joseph Plesse est né à Saint-Brieuc le 23 novembre 1704, et mort à Paris le 1er décembre 1766 (Sommervogel, t. VI, p. 893)

2. Formation

Il entre au noviciat des Jésuites le 8 septembre 1723 (Sommervogel).

3. Carrière

Il enseigne successivement la grammaire, les humanités et la rhétorique, cinq ans la philosophie et sept ans la théologie, dans les diocèses de Saint-Brieuc et de Caen (Sommervogel). A partir de janvier 1745, il est membre de l'équipe de rédacteurs des Mémoires de Trévoux, sous la direction du P. Berthier (Pappas, p. 22). Le 30 septembre 1761, il est nommé recteur du collège de Caen (Delattre).

5. Opinions

Après la publication de L'Esprit des lois, P. insère dans les Mémoires de Trévoux (avril 1749, p. 718-741) une attaque de l'ouvrage sous la forme d'une «Lettre anonyme au P.B.J. [Berthier] sur le livre intitulé l'Esprit des lois» (D.T.C., art. «Montesquieu» ; Derathé, p. XVIII ; Desgraves). Il reproche essentiellement à Montesquieu d'avoir porté atteinte à la religion, et l'invite à produire une réponse. Une seconde « Lettre au P.B.J. sur un article de la brochure intitulée Défense de l'Esprit des lois», plus anodine, publiée en février 1750 (M.T., p. 532 et suiv.), peut aussi lui être attribuée. P. collabore avec le P. Berthier et le fermier général C. Dupin aux Observations sur un livre intitulé l'Esprit des lois, s.l.n.d. [Paris, Guérin, 1750-1751], 3 vol. in-8°, rééd. 1757-1758 selon D.O.A. et Desgraves. Cette réfutation est une nouvelle version des Réflexions sur quelques parties d'un livre intitulé De l'Esprit des lois (Paris, B. Serpentin, 1749, 2 vol. in-8°) qui n'eut qu'une diffusion restreinte (sur l'histoire de ces deux ouvrages, voir D.O.A., t. II, p. 1128 ; Derathé, p. XXVI-XXVII ; Shackelton, p. 280-281, 285). Il est ami et correspondant d'Helvétius (correspondance publiée par M. Jusselin dans «Helvétius et Madame de Pompadour, à propos du livre et de l'affaire <De l'esprit >», dans La Révolution dans la Sarthe, t. VIII, janv.-mars 1913 ; voir également la Correspondance générale d'Helvétius, où sont republiées deux lettres de P., l'une à Helvétius (2 août 1758), n° 298, et l'autre à Mme de Scieux (n° 448). Les auteurs de la Correspondance générale (t. II, p. 61, n. 1) écartent l'hypothèse selon laquelle P. aurait été le second censeur nommé par Malesherbes pour examiner l'ouvrage d'Helvétius. Le 7 juillet 1762, P. écrivit une lettre et une réclamation pour s'opposer au serment de soumission exigé des Jésuites. La cour du Parlement de Rouen l'assigna à comparaître devant elle pour un interrogatoire, et décida le 20 juillet de refuser la formule de serment qu'il proposait(Arrest et arrestés de la Cour du Parlement séant à Rouen. Pour l'exécution des Arrêts du 12 février, 21 et 28 juin 1762, Rouen, J.J. Le Boulanger, 1762).

6. Activités journalistiques

Il travaille aux Mémoires de Trévoux à partir de janvier 1745 et sans doute jusqu'au départ du P. Berthier en 1762 (Pappas, p. 22 ; Correspondance générale d'Helvétius, p. 62). Seuls les deux articles déjà mentionnés peuvent lui être attribués avec certitude : «Lettre au P.B.J. sur le livre intitulé l'Esprit des lois» (avril 1749, p. 718 à 741) et «Lettre au P.B.J. sur un article de la brochure intitulée Défense de L'Esprit des lois» (févr. 1750, p. 532 et suiv.).

7. Publications diverses

Lettre sur la mort du P. d'Irlande, dans le Recueil manuscrit de la B.M. de Caen (Sommervogel, t. VI, p. 893).

8. Bibliographie

Sommervogel, t. VI, p. 893 et t. XI, p. 1860 ; Q., t. VII et t. II (à Dupin) ; D.O.A., t. II, p. 1128 ; D.T.C., t. X, p. 23862387, art. «Montesquieu», et t. VI, p. 2133, art. «Helvétius».– Mémoires de Trévoux, avril 1749, p. 718 et févr. 1750, p. 532. – Desgraves L., Répertoire des ouvrages et des articles sur Montesquieu, Genève, Droz, 1988, p. 157, n° 1429. – Delattre P., Les Etablissements des Jésuites en France, Enghien, 1940, t. I, p. 1007. – Montesquieu, De l'esprit des Lois, éd. R. Derathé, Paris, Garnier, 1973, p. XVIII, XIX, XXVI et XXVII. – PappasJ., Berthier's Journal de Trévoux and the philosophes, S.V.E.C. 3, 1957. – Shackelton R., Montesquieu : biographie critique, trad. française, P.U. de Grenoble, 1977. – Correspondance générale d'Helvétius, éd. D.W. Smith, t. II, 1757-1760, U. of Toronto Press et Voltaire Foundation, 1984.

9. Additif

État-civil: Les catalogues romains de la Compagnie de Jésus font naître le P. Pierre-Joseph Plesse, le 23 novembre 1704, dans le diocèse de Saint-Brieuc. Le bibliographe Levot, apparemment mieux informé, affirme que le P. Plesse - il ajoute de Saint-Mirel - voit le jour à Plénée, aujourd’hui Plénée-Jugon, paroisse du diocèse de Saint-Brieuc, le 27 novembre 1704. L’acte baptistaire du P. Plesse - c’est ainsi qu’il signe dans les rares documents de sa main que nous possédons - n’a pu être retrouvé ni à Saint-Brieuc, dans les registres subsistants de cette ville, ni à Plénée-Jugon.

Formation: Le 8 septembre 1723, Pierre-Joseph Plesse entre au noviciat de la Province de France, rue du Pot-de-fer à Paris. Il a alors à son actif une seule année de rhétorique, à la différence de la plupart des autres “prosélytes”, qui ont en général deux années de rhétorique à leur entrée au noviciat (A.R.S.I., francia 26, f° 149). A la fin de ses deux années de noviciat, Pierre-Joseph Plesse émet, selon l’usage, ses vœux simples (A.R.S.I., francia 19, f° 312 v°), puis est envoyé à Blois pour y régenter les classes de Quatrième et de Cinquième dans le collège jésuite de cette ville. Dans cet établissement, il a pour collègue Guillaume-François Berthier, dont il sera plus tard le collègue dans la rédaction des Mémoires de Trévoux. En 1727, il est de retour à Paris, où il entame son cursus de philosophie de trois ans (1727-1729), avant de repartir pour la province, où il va enseigner dans différents établissements de la Compagnie. Il passe notamment par Caen (1729-1730), Arras (1732), Rennes (1733), avant de revenir à Paris comme répétiteur de philosophie. En 1735, il commence ses études de métaphysique, qui le retiennent à Louis-le-Grand durant quatre années (1735-1738). Il est ordonné prêtre en 1738 (A.R.S.I. francia 20, f° 406 v°) et devient profès, assez tardivement, trois ans plus tard, le 2 février 1741. Il prononce ses derniers vœux à Rennes, où il enseignait alors la philosophie (A.R.S.I., gal. 22, ff° 67-68, pour la formule autographe de ses vœux).

Carrière: Le P. Plesse est apprécié de ses supérieurs (cf. les catalogues triennaux envoyés à Rome), qui lui confient très rapidement des classes de philosophie, puis de théologie - matières sensibles qu’on attribue à des individus jugés sûrs - dans plusieurs collèges de renom de la Province de France : il enseigne notamment la philosophie à Paris (1742), à Rennes (1743), la théologie à la Flèche (1744) et à Rouen (1747). En 1752, au terme d’une carrière déjà longue d’enseignant au plus haut niveau, le P. Plesse est nommé scriptor à Louis-le-Grand et affecté à la rédaction des Mémoires de Trévoux.

Il conserve ces fonctions jusqu’en 1761. En août de cette année, il apprend avec déplaisir sa nomination à Caen en tant que recteur du collège Du Mont. Il a le sentiment, bien que le poste soit prestigieux, qu’on a voulu le chasser par là de Louis-le-Grand et en conçoit un vif dépit (A.R.S.I., gal 116, Epistolae ad Generalem in tempore suppressionis, f° 34 r°-v°, lettre du P. Provincial de La Croix au P. Général du 11 août 1761). Le P. Plesse est le dernier recteur jésuite du collège de Caen et doit gérer les affaires de cet important établissement dans un contexte difficile : nous sommes entrés dans le temps de la suppression et les rapports déjà tendus avec l’Université de la ville se détériorent encore un peu plus. Le P. Plesse n’est pas épargné dans sa personne : il est accusé de prêter son concours à une sombre affaire de délivrance de diplômes à des élèves des jésuites n’ayant pas passé leurs examens. Il s’agirait d’après nos sources, qui paraissent fort proches du jansénisme, d’une pratique ancienne dans la province de France.

Situation de fortune: Au lendemain de la suppression de la Compagnie dans le ressort du Parlement de Rouen (arrêt du 2 février 1762), le P. Plesse, comme la plupart de ses confrères n’ayant pas été recueillis par un protecteur ou un parent, doit subvenir à ses besoins. Ne pouvant recevoir de bénéfice avec charge d’âmes, il se retrouve rapidement sans ressources et son attitude intransigeante à l’égard des arrêts parlementaires le met dans un grand embarras matériel. Il se signale très tôt, en effet, par son intransigeance et sa résistance à la mise en application des arrêts parlementaires, qu’il s’efforce de tourner. Il formule tout d’abord des réserves de fait et de droit sur les procédures parlementaires, lors de l’inventaire des biens jésuites dressé dans le collège Du Mont (A. M. de Caen, ms. in-4° 96, 22 février 1762 et jours suivants). Il refuse ensuite de se plier aux formalités auxquelles doivent se soumettre les jésuites du ressort du Parlement de Rouen qui demandent à bénéficier d’une pension. La Cour de Rouen exigeait d’eux une déclaration affirmant leur rejet du tyrannicide et leur soumission à la Déclaration du Clergé de 1682 (arrêt du 20 juin 1762). En réponse, le P. Plesse se risque à adresser au Parlement une déclaration, jugée équivoque, au nom de l’ensemble des jésuites de Caen (7 juillet 1762). Cela lui vaut d’être décrété pour prêter interrogatoire, le 15 juillet 1762 (A. D. de Seine-Maritime, 1B 280, Conseil secret du Parlement de Rouen et A.R.S.I., gal 116, lettres du Provincial de La Croix au P. Général, ff° 177 et 180) et de devenir éphémèrement un personnage public. On parle de lui dans les Annonces et Affiches de Normandie (feuille du 30 juillet 1762) et jusque dans la Gazette de Leyde (feuilles des 6, 13 et 20 août 1762).

Après la fermeture du collège de Caen et la dispersion de ses anciens occupants, le P. Plesse est  recueilli, autour de la mi-juillet 1762, par l’évêque de Lisieux, Mgr Jean-Marie de Caritat de Condorcet, un partisan déclaré de la cause des jésuites, auprès duquel il demeure quelque temps (BM. de Caen, Journal de l’avocat Le Mauger, ms. in-fol 73, f. 47 r° et Revue catholique de Normandie, t. VIII, p. 213).

Il gagne ensuite, à une date que nous ignorons, la capitale, où il se trouve à la mi-juillet 1763 (A.R.S.I., gal 116, f° 211 lettre du P. Plesse au P. Général du 16 juillet 1763). Il est fait mention de lui dans les papiers des Joly de Fleury, quelques mois plus tard, en mars 1764, à la suite d’une enquête le visant pour distribution de l’Instruction pastorale de Mgr de Beaumont de 1763, qui soutient les jésuites (BN., Joly de Fleury 403, f° 114 r°). Au mépris des interdits parlementaires ordonnant aux jésuites de s’éloigner de Paris, il habite dans le populeux et pauvre faubourg Saint-Marcel, où se cachent volontiers les individus recherchés de la police. Comme ses confrères ayant refusé de révoquer leurs vœux et ne disposant pas de protections, il est alors probablement privé de toute ressource régulière et vit dans un grand dénuement. Saint-Lambert nous le décrit survivant dans ces années-là “confiné dans un village” et “souffrant dans sa vieillesse la plus extrême pauvreté” (Oeuvres complètes d’Helvétius, Londres 1777, Préface du Bonheur, t. I, p. 127).

Saint-Lambert affirme qu’Helvétius, informé, ferait parvenir au P. Plesse 50 Louis, en exigeant l’anonymat sur sa bonne action. M. Onfray va plus loin et avance que le P. Plesse était un pensionné d’Helvétius (Les ultras des Lumières, Paris, 2007, p. 184). Nous n’avons trouvé aucun document pouvant justifier une telle assertion. Ce qui est certain, c’est que les deux hommes ont été fort proches avant l’affaire du livre de l’Esprit (1758) : le P. Plesse était régulièrement reçu à Voré et appartenait au cercle des proches du Philosophe, dont il fait sans doute la connaissance en début de carrière lors de son séjour à Caen (D. W. Smith, Correspondance générale d’Helvétius).Ce sont les dernières informations que l’on puisse rattacher à la vie du P. Plesse, qui meurt dans l’oubli le plus complet à Paris, le 1er décembre 1766, selon les sources jésuites (A.R.S.I., Hist. Soc 53 a 133 et Sommervogel, qui ne donnent pas d’autres précisions). Les précieux papiers des commissaires du Châtelet demeurent à ce jour muets sur la fin du P. Plesse.

Opinions: Le P. Plesse apparaît comme un esprit original et un homme à la forte personnalité au sein de l’équipe des mémorialistes de Trévoux de la dernière époque. Il serait, selon les confidences inédites du P. André, un des tout premiers journalistes de Trévoux à “ecrire librement en faveur de la philosophie de m. Descartes et du p. Malebranche qu’il voyoit estimée par plusieurs dans la compagnie (…)” (AM. De Caen, ms. In-4° 155, Recueil J, f° 60). Il entrait par là en conflit avec la tendance dominante chez les jésuites du premier XVIIIe siècle. Le P. Plesse manifeste un même esprit d’ouverture à l’égard de Maupertuis, une autre figure considérée avec suspicion au sein de la Compagnie. C’est ce que fait clairement ressortir l’examen attentif d’un extrait qui peut lui être formellement attribué, grâce à une précieuse indication de l’abbé Trublet (Correspondance passive de Formey, Genève, 1996, p. 306, lettre du 24 novembre 1760). Cet extrait, paru dans le numéro des Mémoires de Trévoux du mois d’août 1756 (art. LXXXVII, pp. 2066-2092) s’emploie à justifier Maupertuis et à le présenter comme un philosophe chrétien. Comme le relève l’abbé Trublet, cet article est bien plus favorable à Maupertuis que l’article CX de l’année 1760 portant sur le même sujet, qui est du P. Berthier (ibid.). Notons encore que dans la bibliothèque personnelle du P. Plesse au collège Du Mont à Caen, on trouve, en 1761, une édition du Dictionnaire de Bayle (B.M. de Caen, ms. in-4° 96, inventaire des meubles…)

Pour autant, le P. Plesse n’est manifestement pas gagné à l’esprit des Lumières. Selon A.-A. Barbier, il participerait avec le P. Berthier à la rédaction des Observations sur “L’Esprit des Lois” du financier Dupin, critique mort-née du livre de Montesquieu (E. Carcassonne, p. 129-131). Helvétius et ses amis lui attribuent également un fort vilain rôle dans l’affaire du livre de l’Esprit. Le P. Plesse jouerait en cette occasion double jeu et pousserait Helvétius à signer les fameuses rétractations, qui n’auraient pour but que de faire valoir la Compagnie auprès des milieux de cour. Helvétius associe aussi son ancien ami aux sévères critiques de son ouvrage parues dans les Mémoires de Trévoux (Correspondance générale d’Helvétius). Dans le cadre de cette affaire, Helvétius nous décrit le P. Plesse comme un homme équivoque tentant de le manipuler en utilisant sa relation avec une certaine Madame de Scieux, présentée comme une mère maquerelle (M. Jusselin, op. cit.).

L’examen de l’ensemble des pièces du dossier conduit à s’interroger sur le rôle exact du P. Plesse et au-delà de la Compagnie dans cette affaire plus complexe qu’on ne l’a dit. Il semble qu’il faille en particulier nuancer la dureté des jugements portés par Helvétius sur son ancien ami. En définitive, il est difficile d’établir clairement les responsabilités du P. Plesse. Ce dernier semble très tôt écarté de la conduite des opérations dans cette affaire (La correspondance de l’abbé Trublet, éd. J. Jacquart, Paris, 1926, p. 114, lettre à La Beaumelle du 27 décembre 1758 et C. Albertan).

Activités journalistiques: Selon le P. André, le P. Plesse rejoint l’équipe du P. Berthier, dernier directeur jésuite de la revue, contre l’avis de ce dernier qui, travaillant comme quatre, “ne vouloit point d’aide” (B. M. de Caen, ms. in-4° 155, Recueil J, f° 60). Il fait d’emblée partie des rédacteurs officiels de la revue (cf. différentes éditions de la France littéraire) et reste en poste jusqu’à l’été 1761. Il serait, selon le P. André, responsable de l’évolution du P. Berthier qui finirait par adhérer au cartésianisme le jugeant efficace dans la lutte contre l’irréligion (B. M. de Caen, ms. in-4° 155, Recueil J, ff° 59-60).

Publications diverses: Le P. Plesse n’est l’auteur déclaré d’aucun ouvrage. Les Mémoires de Trévoux sont la seule publication à laquelle le P. Plesse ait contribué de manière certaine. Il a peut-être également collaboré à la rédaction des Obesrvations sur l’Esprit des Lois de Dupin. En tant que scriptor, il a sans doute laissé d’autres écrits dont nous ne savons rien.

Bibliographie: Archives romaines de la Société de Jésus (A.R.S.I.), catalogues triennaux, registre des vœux (gal. 22), correspondance avec le P. Général (gal 116) — Archives françaises de la Compagnie de Jésus (A.F.C.J.), catalogues annuels, copies de lettres du P. Plesse — B. M. de Caen, ms. in-4° 96, inventaire des meubles, titres et papiers des jésuites de Caen ; ms. In-4° 155, Recueil J. (anecdotes du P. André) ; Journal de l’avocat Le Mauger, ms. in-fol 73 — Arrest de la Cour du Parlement qui ordonne que le sr Plesse… (arrêts des 12, 13, 15 et 20 juillet 1762), Rouen, 1762, in-12, 21 pp. — Helvétius, Oeuvres complètes d’Helvétius, Londres 1777 — Helvétius, Correspondance générale, éd. D. W. Smith, Oxford, 1984 et sq. — Correspondance passive de Formey (lettres de l’abbé Trublet), éd. M. Fontius et alii, Genève, 1996— Correspondance politique et administrative de Miromesnil,éd. P. Le Verdier, Rouen, 1900, t. II (contexte) —E. Carcassonne, Montesquieu et le problème de la constitution française au XVIIIe siècle, Genève, 1970 (reprints) — Jozsef Fejér s.j., Defuncti tertii saeculi Societatis Jesu, Romae, 1988 — M. Jusselin, Helvétius et Madame de Pompadour, Le Mans, 1913 (reproduction d’un billet de la main du P. Plesse aujourd’hui disparu) —A. Keim, Helvétius. Sa vie et son œuvre, Paris, 1970 (reprints)Levot, Biographie bretonne, Vannes, 1852-1857 — C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. VI, col. 893 — C. Albertan, Apogée et fin d’un périodique jésuite : les Mémoires de Trévoux (1751-1762) [à paraître]. (Christian Albertan)

CATROU

Numéro

149

Prénom

François

Naissance

1659

Décès

1737

François Catrou est né le 8 décembre 1659 (Eloge, Mémoires de Trévoux, avril 1738, p. 651-664) à Paris, de Mathurin Catrou, conseiller secrétaire du roi, et de Marthe de Luber. Il est mort à Paris, le 18 octobre 1737 (E.).

2. Formation

Brillant élève dans ses classes d'Humanités et de Philosophie, il renonça aux avantages temporels que lui offrait son oncle, M. de Luber, trésorier général de la Marine, pour entrer au noviciat des Jésuites à l'automne 1677 (Moreri, Supplément, t. I, 1749, p. 258 et Dictionnaire de théologie catholique, t. II, 2e partie, 1923, p. 2012), ou le 28 octobre 1678 d'après C. Sommervogel (Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. II, p. 882). Moreri écrit qu'«il fit la profession solennelle des quatre vœux le 15 août 1694 au collège de Bourges où il demeurait alors».

3. Carrière

Il passa un certain nombre d'années à étudier et à professer selon l'usage de sa Société, notamment au collège de Rouen qui «lui vit faire ses preuves en genre de littérature» (E.). Ses supérieurs le destinèrent ensuite à la chaire ; il prêcha pendant six ans (E., p. 655) avec succès dans différentes villes de France, réussissant surtout dans les panégyriques (B.Un., p. 415). Puis il renonça à la prédication, regrettant le temps que l'exercice de sa mémoire faisait perdre à son esprit (E., p. 655). «Appliqué successivement aux collèges de Rouen, Rennes, Bourges, Eu, Compiègne, La Flèche, Tours, Orléans» (Dictionnaire de théologie catholique, t. II, 2e partie, 1923, p. 2012), il fut enfin retenu à Paris pour commencer, avec les Pères C. Buffier, A. Despineul et J. Hardouin, les Mémoires de Trévoux (E. et Eloge de la Bibliothèque française, t. XXIX, p. 31) : «Les M.T. lui doivent en partie leur naissance et leur progrès» (E.).

5. Opinions

D'après H. Chérot, C. «fâcheusement impressionné par les excès des camisards, dans les Cévennes, applaudit à la révocation de l'édit de Nantes» (D.T.C., p. 2013).

6. Activités journalistiques

Il est difficile de préciser la durée de la collaboration du Père C. aux Mémoires de Trévoux, car les sources divergent à ce sujet. Pour Sommervogel, C. cesse de faire partie de la rédaction dès 1712 (Essai historique sur les M.T., p. XLI), mais l'Eloge des M.T. indique qu'il fournit des extraits et des dissertations pendant plus de douze ans. D'après le Journal des Savants, «il travailla constamment pendant les douze premières années ; il fut ensuite trois ans sans y avoir aucune part. Il recommença en 1715 et n'a cessé jusqu'à sa mort arrivée en 1737, d'y fournir non seulement des extraits, mais même des dissertations et des pièces particulières» (Table du J.S., t. X, p. 671). Une Lettre au Père Catrou, écrite de Brest sur un phénomène par M. Deslandes, membre de l'Académie des sciences, et insérée dans les M.T. en octobre 1716 (p. 1935), pourrait indiquer qu'il fait toujours partie de l'équipe de rédaction à cette date.

L'identification de ses articles est plus délicate encore, en raison du parti pris d'anonymat de la production journalistique dans le journal de Trévoux. G. Dumas (p. 193) ne lui attribue qu'un seul extrait : celui de la Traduction des Eglogues de Virgile (M.T., mai 1708, p. 841), ce qui laisserait supposer que C. aurait rendu compte de son propre ouvrage. La lecture de cet article ne permet en rien de confirmer cette hypothèse.

C. se forgea une réputation de bon critique (B.Un.), mais fut cependant, avec les Pères Du Cerceau et De Courbeville, en butte aux attaques de l'abbé Desfontaines (Sommervogel, Essai historique, p. LIII). «On lui reprochait un style quelquefois pompeux, certains tours de phrases hasardés ou fastueux, des expressions trop brillantes» écrit Camusat dans la Bibliothèque française (t. IV, 2e partie, p. 172). L'abbé Desfontaines railla le style novateur des M.T. dans son Dictionnaire néologique à l'usage des beaux esprits du siècle (1726), où l'Histoire romaine et la traduction des Eglogues de Virgile sont souvent mentionnées.

7. Publications diverses

Ecrivain habile, C. exerça ses talents dans plusieurs domaines : il prononça à Rennes un discours en latin sur une parole de Louis XIV «In illam Ludovici Magni vocem», qui fut publié en 1690, in-12 (Catalogue de la Bibliothèque de Rennes, 2e partie, 6938). Il commença son œuvre d'historien avec l'Histoire des Anabaptistes (Paris, 1695 et Amsterdam, 1699, augmentée en 1700, Paris) ; deux nouvelles éditions de l'ouvrage parurent en 1705, l'une sous le même titre, l'autre intitulée Histoire du fanatisme dans la religion protestante. C'est sous ce dernier titre que furent imprimées les éditions ultérieures (1706, et 1733, édition augmentée, en trois volumes, comprenant l'Histoire des Anabaptistes, du Davidisme et l'Histoire des Trembleurs ; 1738 ; 1740) [Sommervoge, t. II, p. 882]. L'Histoire générale de l'empire du Mogol, depuis sa fondation (sur les mémoires portugais de M. Manouchi, vénitien) vit le jour en 1702 (E) et fut rééditée en 1705-1715 en deux tomes. L'Histoire de la vie et du règne d'Orangzeb (s.d.) est, d'après le cat.B.N., constituée des chapitres V à VIII de l'Histoire générale du Mogol. «Son principal ouvrage, celui qui lui a fait un nom dans la République des Lettres, et qui a occupé seul les dernières années de sa vie, est sa grande Histoire romaine» (Bibliothèque française, t. XXIX, p. 33). C. s'associa au Père Julien Rouillé pour écrire cette Histoire dont les vingt premiers volumes parurent de 1724 à 1737. Elle fut réimprimée en 1737 (en 24 volumes), traduite en anglais en 1728-1737, en italien (B.Un., p. 416), en espagnol et en allemand (N.B.G.). On doit le vingt et unième volume au Père Bernard Routh qui ne put achever complètement l'entreprise de ses collèges. C. traduisit les Œuvres de Virgile : il fit d'abord paraître les Eglogues en 1708, qui furent réimprimées avec les Géorgiques et l'Enéide en 1716 (6 vol), puis en 1729 (4 vol.). Sa traduction fut vivement attaquée par l'abbé Desfontaines qui critiqua son manque de fidélité au texte original (B.Un., Sommervogel).

8. Bibliographie

D.P.1 889 ; Moreri, 1759 ; Q. ; B.Un. ; N.B.G. ; Sommervogel C., t. II, p. 882 et suiv., t. IX, p. 11-12, t. XI, p. 1640 ; D.T.C.,. t. II, 2e partie, p. 2012-2013 ; D.B.F. ; Cior 18, n 16196-16206 ; D.B.F., t. VII. – Sommervogel C., Table méthodique des Mémoires de Trévoux, précédée d'un Essai historique, Paris, Durand, 1864. – Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t. XI, éd. Baudrillart et Von Cauwenbergh, 1948, col. 1524. – (E) Eloge anonyme du Père Catrou, Mémoires de Trévoux, avril 1738, p. 651-664. – Bibliothèque française, t. IV, 2e partie, p. 172 et Lettre à M.D.S. contenant un éloge historique du Père Catrou, t. XXIX, p. 31. – Journal des Savants, Table, t. X, p. 671. – Delattre P., Les Etablissements jésuites en France, t. III, Ehghien, 1953, col. 1204. – Dumas G., Histoire du Journal de Trévoux depuis 1701 jusqu'en 1762, Paris, Boivin, 1936. – Faux J.M., «La Fondation et les premiers rédacteurs des Mémoires de Trévoux (1701-1739)», Archivum historicum Societatis Jesu, t. XXIII, janvier-juin 1954, , p. 131-151. – Sgard J., «Chronologie des Mémoires de Trévoux», D.H.S., t. VIII, p. 189 et suiv.