SALLENGRE

Numéro

735

Prénom

Albert Henri de

Naissance

1694

Décès

1723

Albert Henri de Sallengre descendait d'une famille noble du Hainaut repliée en Hollande pour cause de religion. Il est né à La Haye en 1694, fils d'un autre Albert Henri de Sallengre, receveur général de la Flandre wallonne et de Gertrude Jacqueline Rotgans, sœur du poète hollandais Rotgans. Le seul autre enfant survivant de ses parents a été une fille qui a épousé Lord Whitworth, plénipotentiaire d'Angleterre au Congrès de Cambrai. S. est mort de la variole à La Haye le 27 juillet 1723.

2. Formation

Etudes à l'Académie de Leyde en histoire, philosophie et droit. II a soutenu en 1711 ses thèses de philosophie sur les qualités des objets sensibles et ses thèses de droit sur (et contre) la question appliquée aux coupables.

3. Carrière

Après avoir terminé ses études, S. revient dans sa famille à La Haye et se fait recevoir avocat à la Cour de Hollande. Il semble avoir eu des ambitions politiques. En 1716 il a été nommé conseiller de la princesse de Nassau-Orange-Frise et en 1717 commissaire des Finances des Etats Généraux. S. a fait deux voyages à Paris, le premier en 1713-1714 (voir lettres de S. au Journal littéraire, B.U. Leyde, March. 1), le second en 1717 (voir lettre de Saint-Hyacinthe à Le Vier, de Paris, 9 juin 1717, B.U. Leyde, March. 2), et en 1719 un voyage en Angleterre où il a été fait membre de la Royal Society. En 1723 il a passé quelque temps auprès de sa sœur et de son beau-frère à Cambrai au moment du Congrès.

4. Situation de fortune

S. vivant dans le cadre d'une famille très aisée ne semble jamais avoir eu de problèmes d'argent.

5. Opinions

Au point de vue religieux, S. semble avoir été un bon réformé. Il a été reçu membre de l'église wallonne de La Haye le 3 octobre 1716 (fichier de la Bibliothèque wallonne de Leyde). Lorsqu'il est mourant en 1723 ses amis soulignent sa «parfaite résignation à la volonté de Dieu» {Journal littéraire, 1722). La personnalité de S. en matière littéraire ne paraît pas très affirmée, ceci étant peut-être dû à sa jeunesse et à la brièveté de sa vie car il est mort à moins de trente ans. Par goût il est un «antiquaire», s'intéressant à tout ce qui est ancien et curieux. Ses relations littéraires sont variées. Il a été en contact à la fois avec les milieux hollandais (éd. des Poésies posthumes de son oncle Rotgans, collaboration avec Justus Van Effen et le savant 's Gravesande dans le cadre du Journal littéraire), avec des français vivant en Hollande ou en France (Saint-Hyacinthe, La Monnoye, Robert Challe, Lévesque de Burigny, Prosper Marchand) ou en Angleterre (Pierre Desmaizeaux, voir B.L., add. mss 4787). Il critique vivement l'édition du Dictionnaire de Bayle donnée en 1720 par P. Marchand, ce qui entraîna une brouille entre les deux hommes (C. Berkvens-Stevelinck, Prosper Marchand et l'histoire du livre, Bruges, Drukkerij Sint Catarina, 1978, p. 94).

6. Activités journalistiques

S. a été un des membres actifs de la première société du Journal littéraire de La Haye, qui a créé ce périodique et l'a publié tous les deux mois jusqu'à décembre 1715 au moins (L'Europe savante, t. I, préface, p. 10) et probablement jusqu'en 1722 (Marchand, Dictionnaire historique, t. II, art. 's Gravesande). D'autre part, S. a publié les Mémoires de littérature, La Haye, 1715-1717 (D.P.1 886). Ce périodique se singularise en tournant le dos à l'actualité et en se composant d'articles sur des œuvres anciennes et souvent oubliées qui avaient attiré la curiosité de l'auteur par quelque particularité.

7. Publications diverses

Voir Cior 18, n° 59383-59392.

8. Bibliographie

Camusat D.F., Histoire critique des journaux, Amsterdam, 1734, t. II, p. 138-153. – Le Journal littéraire daté de 1722 (t. XII, 1er part., p. 220 et suiv.) a publié au moment de la mort de S. un art. sur lui, très bien informé, d'un de ses amis et condisciples de Leyde, Cartier de Saint-Philippe.

SAINT-HYACINTHE

Numéro

730

Prénom

Thémiseul de

Naissance

1684

Décès

1746

Hyacinthe Cordonnier de Belair est né le 26 septembre 1684 à Orléans, fils de Jean Jacques Cordonnier, sieur de Belair, et d'Anne Mathé, son épouse (A.M. d'Orléans, état civil, par. Saint-Victor, reg. 1989, f° 37). Connu dans sa jeunesse sous son nom patronymique de Hyacinthe de Belair, il s'est fait appeler ensuite M. de Thémiseul, puis, à partir de 1714 environ, Paul de Saint-Hyacinthe (voir lettre de La Monnoye à S. du 2 janv. 1715, publiée dans Intermédiaire des chercheurs et des curieux, n° 206, 10 août 1905).

2. Formation

Etudes au collège de l'Oratoire à Troyes : 1695-1702 (B.V. Troyes, ms. 357).

3. Carrière

Officier au service de Louis XIV pendant la guerre de Succession d'Espagne, il a été capturé à la bataille de Blenheim-Hochstaedt (1704). Prisonnier sur parole en Hollande de 1704à 1706, il y prend son premier contact avec l'érudition et l'audace intellectuelle hollandaises.

De 1706 à 1710, séjour à Troyes dans une société provinciale cultivée. De 1711 à 1716, il vit en Hollande et publie ses premières œuvres. De 1716à 1719, séjours à Paris où il fréquente les milieux littéraires et de pensée libre. De 1720 à 1722, retour en Hollande pour une période assez aventureuse qui se clôt par son mariage. De 1723à 1731, installation en Angleterre, à Worcester, puis à Londres, coupée de voyages d'affaires en Hollande. De 1731 à 1740, il vit à Paris. Ses dernières années (1741-1746) se passent en Hollande.

4. Situation de fortune

A plusieurs reprises, S. semble avoir vécu (fort mal d'ailleurs) de sa seule plume. Dans certaines périodes d'autres ressources apparaissent dont S. vient à bout avec une fatalité et une maladresse déconcertantes. En 1721 il est mêlé à des affaires d'argent assez importantes, sans qu'on voie l'origine des sommes en cause (prêt à Charlotte de Rogissard, de 645 florins : La Haye, Arch. judiciaires, justice civile, reg. 185, du 22 mai au 16 oct. 1726). A partir de 1722, d'une part sa femme et sa belle-sœur (qui vit chez eux) ont une pension en Angleterre, probablement la pension des réfugiés protestants, d'autre part intervient un héritage que sa femme tient d'un oncle maternel. S. fait un emprunt sur celui-ci, de 5000 florins (Middelburg, Arch. de l'Etat en Zélande, Cour du Franc de l'Ecluse, reg. d'actes d'hypothèques n° 841, f° 115, emprunt du 16 avril 1726). Toutes ces sommes disparaissent en quelques années. Vers 1728-1730, à Londres, S. aux abois semble s'être lancé dans la librairie : échec et faillite (voir lettre d'L Vaillant à P. Marchand, Londres, vers 1729, B.U. Leyde, March. 2). Pas d'indications pour la période française (1731-1740) où la famille semble avoir vécu dans l'aisance, en partie dans la clientèle et l'hôtel des Labrousse de Verteillac. Les années 1741-1746 le montrent sombrant peu à peu dans une véritable misère : la métairie de Zélande venue de l'oncle de sa femme est inondée au cours des opérations de la guerre de Succession d'Autriche (voir lettre de S. à Lévesque de Burigny, 11 oct. 1745, B.V. Besançon, ms. 607, f° 45-46). A sa mort il ne laisse même pas de quoi régler les frais d'obsèques (A.M. Bréda, ms. cité, f° 125).

5. Opinions

Très tôt S. affirme ce qui est le centre de sa pensée : le droit et le devoir de l'homme de se référer à sa seule raison pour déterminer ce qu'il doit croire et faire. Il applique cette exigence rationnelle au domaine littéraire, où il est pour les Modernes, à la science politique, où son apport «éclairé» n'est pas négligeable, à la morale hédoniste et à la métaphysique. Dans ce domaine, l'évolution de S. est curieuse : fils d'une famille traditionnellement catholique, il est passé par une phase d'épicurisme mondain, puis de déisme vague, traversé de tentations athées, et, peu à peu, en restant fidèle à sa méthode rationnelle il a étoffé son déisme de tout un aspect positif qui, chez lui, est essentiel et même d'une chaleur de sentiment véritablement religieux, tout en demeurant nettement à l'extérieur de toute église. Appartenances et contacts : ils se répartissent entre deux pôles, cosmopolitisme et centre français affirmé. Intellectuellement, S. n'est pas un réfugié et son apport, enrichi, certes, de ses expériences étrangères, s'inscrit nettement dans l'évolution française de la première moitié du XVIIIe siècle. S. a été marqué par ses contacts avec les milieux de pensée libre de la Régence (Palais-Royal, Temple) et les cercles déistes connus en Angleterre par l'intermédiaire de P. Desmaizeaux (lettres de S. à Desmaizeaux, B.L., add. mss 4284, f° 138-164), par la Royal Society où il a été élu le 21 octobre 1728. Il a été probablement franc-maçon. Il a fréquenté, pendant les périodes françaises les salons de Mmes de Lambert, de Tencin et de Verteillac, le café Gradot, peut-être la Cour de Sceaux. Il a été mêlé à l'effort de diffusion des manuscrits antireligieux (voir lettre de S. à Desmaizeaux, Paris, 23 oct. 1737, B.L., add. mss 4284, f° 161-162 ; R. Mortier, «A propos de la source de l'Addition aux Pensées philosophiques de Diderot», R.H.L.F., 1967, p. 609-612). S. a connu Fontenelle et La Motte ; il a été très lié avec Lévesque de Burigny (voir notamment : B.V. Besançon, ms. 607, f° 27-46), en rapports avec Montesquieu (voir R. Shackleton, Montesquieu, Oxford U.P., 1961), en contact avec plusieurs membres de l'Entresol, en froid avec l'abbé Prévost (lettre de F. Bruys à Desmaizeaux, La Haye, 15 juil. 1731, B.L., add. mss 4281, f° 357) et aedes disputes retentissantes avec Voltaire.

6. Activités journalistiques

S. a été journaliste essentiellement par quatre réalisations : deux en collaboration avec une équipe, le Journal littéraire (J.L.) et L'Europe savante (E.S.) et deux dont il est seul responsable, les Mémoires littéraires et Le Fantasque. S. a fait partie dès l'origine et à titre, semble-t-il, d'animateur principal (voir Histoire de M. Bayle et de ses ouvrages, Amsterdam, J. Desbordes, 1716, p. 515) de la première société du J.L. qui a publié celui-ci tous les deux mois, de mai-juin 1713 à la fin de 1715 (voir E.S., t. 1, 1er part., préface, p. 10). La société comprenait aussi 's Gravesande, Prosper Marchand (voir lettre de S. à P. Marchand, 6 août 1713, B.U. Leyde, March. 2), Sallengre, Van Effen, un jeune ministre nommé Alexandre et le libraire Johnson qui assurait l'édition. Les membres se réunissaient une fois par semaine pour se répartir les ouvrages à étudier et critiquer les articles soumis (J.L., 1729, t. XIII, 1erpart., p. 3 et suiv. et Correspondance du Journal littéraire, B.U. Leyde, March. 1).

S. a été aussi l'élément créateur et directeur de la Société qui rédigeait Y E.S. (voir lettre de Sallengre à Desmaizeaux, 2 févr. 1720, B.L., add. mss 4287). Celle-ci comprenait les trois frères Lévesque (Burigny, Pouilly, Champeaux), le P. Le Courayer, Claude Du Magnou. Parmi les 18 volumes qui ont paru à La Haye chez Rogissard de 1718 à 1720, S. semble avoir été le principal responsable des premiers et a été rem­placé dans le courant de 1719 par Lévesque de Burigny (voir Dacier, Eloge de M. de Burigny, dans Histoire de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres, t. XLVII, Paris, 1809). Sur YE.S. en général, voir L. Belozubov, L'Europe savante, Paris, Nizet, 1968 ; J. Varloot, «L'Europe savante comme reflet de la Régence», dans La Régence, Paris, A. Colin, 1970 ; D.P.1 426. Un mémoire manuscrit établi par Lévesque de Burigny (Maz., A 15447) donne une liste des articles et comptes rendus rédigés par S. : la préface (E.S., 1.1, p. III-XIX). – c.r. d'une éd. de Plutarque (janv. 1718,1.1, p. 164-179). – sur la Bibliothèque anglaise, févr. 1718, art. 6, t. I, p. 317-329. – sur Denyse, avril 1718, art. 5, t. II, p. 257-274. – sur deux dissertations critiques de Martin, mai 1718, art. 3, t. III, p. 44-110. – sur Lafitau, mai 1719, art. 5, t. IX, p. 134-148. – sur une éd. de Mellin de Saint-Gelais, t. XI, p. 163-190. – art. «dans lequel on examine la raison qui rend, selon M. l'abbé Dubos, la tragédie de Bérénice peu intéressante», t. XII, p. 38-49. – sur le Traité de l'autorité des papes de Burigny, t. XII, p. 192-230. – En collaboration avec Lévesque de Burigny, examen de deux écrits de Dacier, t. IV, p. 283-293 (liste transmise par P.F. Burger).

Les Mémoires littéraires (La Haye, Le Vier, 1716) sont traditionnellement considérés comme un périodique quoique n'en ait jamais paru que le premier volume, réédité en 1740 sous le titre de Matanasiana ou Mémoires littéraires, historiques et critiques du docteur Matanasius, La Haye, Veuve de Ch. Le Vier (D.P.1 897). L'édition de 1716 avait d'abord été confiée aux libraires Van Lom, Alberts et Gosse et quelques exemplaires portent cette indication. La plupart des articles de cette livraison sont de S. lui-même et représentent la période la plus critique de son évolution intellectuelle.

S. a publié en 1745 chez Du Sauzet les 20 numéros d'une éphémère petite feuille hebdomadaire, Le Fantasque, du 24 mai au 4 octobre 1745 (D.P.1 441). Sur l'attribution, voir les lettres de S. à Lévesque de Burigny de cette période, notamment B.V. Laon, 19 CA 117. Dans Le Fantasque, S. a publié des textes sur ses relations littéraires, notamment avec Montesquieu, Fénelon, Saint-Aulaire, Mme de Lambert, etc. et quelques articles de lui se référant surtout à des problèmes de morale sociale. Il semble avoir donné également quelques articles à la Bibliothèque raisonnée (voir B. Lagarrigue, Un temple de la culture européenne, Nimègue, 1993. p. 37).

7. Publications diverses

Cior 18, n° 58357-58379. Le Journal des savants, 24 avril 1713, p. 272, attribue à S. l'édition et la biographie de Le Bossu, Traité du poème épique, « sixième édition augmentée de remarques, d'un discours préliminaire [...] et d'un abrégé historique de la vie de l'auteur», à La Haye, chez Henri Scheurleer, marchand libraire, 1714, 2 vol. (renseignement communiqué par P.F. Burger). La réputation de S. repose toutefois sur Le Chef d'oeuvre d'un inconnu (La Haye, 1714), qui connut plus de 10 éditions au XVIIIe siècle (Duranton, p. 21).

8. Bibliographie

Leschevin P.X., Notice sur la Vie et les Ouvrages de M. de Saint-Hyacinthe, en tête de son éd. du Chef-d'œuvre d'un inconnu, Paris, Impr. bibliographique, 1807. – Horsley P.M., «Thémiseul de Saint-Hyacinthe, 1684-1746», Comparative literature studies, t. IV, 1942, p. 6-13. – Carayol E., Thémiseul de Saint-Hyacinthe (1684-1746), S.V.E.C. 221, 1984. – Duranton H., préface de l'édition du Chef d'œuvre d'un inconnu, éd. du C.N.R.S., «Lire le XVIIIe siècle», 1991.

9. Additif

Carrière: Après avoir en vain essayé d’obtenir la protection du roi de Prusse en 1743 (Carayol, 1984, p. 171), Saint-Hyacinthe a fait un effort pour obtenir celle du Prince d’Orange, alors stathouder de Frise, de Groningue et de la Geldre. En août 1745 il lui envoie un manuscrit assez volumineux défendant les droits du Prince au marquisat de la ville de Veere, que les États de Zélande lui avaient pris en 1732. Jusqu’en 1736 cette affaire avait donné naissance à de nombreux pamphlets (voir STCN; Knuttel, Catalogus). Cette défense était en forme d’“une lettre à un pensionnaire de quelque ville de Hollande à qui on rend compte d’une conversation tenue dans une auberge de Londres entre quatre personnes dont deux sont Zélandais et un Anglais”. Ceci et d’autres détails se trouvent dans une lettre écrite à Ginneken le 11 février 1746 à un intime du stathouder. Saint-Hyacinthe lui demande de lui renvoyer son texte. Il en a besoin pour un livre sur “les principes du gouvernement” qu’il est en train d’écrire. Il explique pourquoi il a choisi comme interlocuteur un Anglais qui aime la vérité et la dit “sans détour et avec toute la vivacité qui la rend sensible”, y compris les Bless my et des Damn y... . Il n’exclut pas qu’on ait jeté son manuscrit au feu, car dans une réponse à son envoi, on lui a dit que le prince et sa femme “y condamnaient deux choses comme n’étant qu’une plaisanterie basse et une raillerie insipide”. Référence: La Haye, Koninklijk Huisarchief, A29, 173.23. (K.V.S.)

CŒUR

Numéro

184

Prénom

Jacob de

Naissance

?

Décès

?

Jacob de Cœur est né à « Berhamel-en-Liras » (non identifié). Réfugié en Hollande, il a été naturalisé le 12 septembre 1709.

3. Carrière

Il a été admis comme notaire à La Haye le 12 septembre 1708 (A.M. La Haye; fichiers de la B.W.). En 1724, il se donne, dans la Quintessence, comme notaire et traducteur à La Haye. Ses minutes notariales sont conservées à La Haye ; on y trouve les noms de divers réfugiés protestants (A.M. La Haye; Bibliothèque Wallonne, Leyde; archives des états de Hollande et du Royaume).

6. Activités journalistiques

Il collabore à la Quintessence des nouvelles historiques, critiques, politiques, morales et galantes (La Haye et Amsterdam, 1689-1730), sans doute dès juin 1724; son nom est mentionné du 12 août 1724 au 11 avril 1726 (G.H., p. 186; D.P.1 1153). Dans une lettre publiée par Rousset de Missy dans la Quintessence du 25 avril 1726, celui-ci dément formellement avoir apporté sa collaboration à C. (D.P.1 1153).

Il publie ensuite le Courrier de la paix (La Haye, Van Dolen, 1731-I732);le premier numéro de cette gazette fait allusion à un premier Courrier publié vers 1724 (G.H., p. 189; D.P.1 276). Dans le Courrier de la paix, C. promet des nouvelles «historiques, politiques, critiques, poétiques, véridiques ou étiques» (cité G.H., p. 188).

8. Bibliographie

G.H. ; A.M. La Haye; Bibliothèque wallonne, Leyde.

9. Additif

État-civil: Jacob de Coeur a été baptisé le 13 novembre 1688 dans l’église wallonne de La Haye. Il était le sixième enfant de Jacob de Coeur (d’après le registre des mariages de Roissy-en-Champagne, à présent Roizy, petite commune des Ardennes entre Rethel et Reims), naturalisé à La Haye le 12 août 1710, mort avant mars 1728, et d’Anne [-Marie] Monté (baptisée à Maastricht, le 4 mars 1663 et reçue membre de l’église wallonne à La Haye le 2 janvier 1683) ; le mariage avait eu lieu à La Haye le 4 octobre 1678. Leurs huit enfants y furent tous baptisés (de 1679 à 1692). En août 1720, furent publiés à La Haye et à Amsterdam les bans du mariage de JdC avec Elisabeth Jamin ou Jamain, veuve de Johan Hoekebak, notaire à Amsterdam de 1690 à 1718. Installée à La Haye, la dame refusa de se marier et le 28 mars 1721, alors qu’elle allait déménager vers La Rochelle, où vivaient sa mère et sa fille ; JdC adressa une requête à la Cour de Hollande pour l’empêcher de vendre ses deux maisons à Amsterdam et de partir avec l’argent de la vente. En décembre 1723, bien avant qu’il y eût procès criminel, ils s’accordèrent sur le fait de demander à la justice d’annuler les bans. JdC devait recevoir une compensation de 2500 florins. Ce n’est que le 2 avril 1726 que les bans furent annulés. Le 15 mars 1733, JdC se maria, selon les termes du registre de l’église wallonne, « devant le lit » avec Wilhelmina Orrok, veuve de George Abercrombie. Ils avaient déjà un fils, Jacob William, baptisé le 7 octobre 1731 à La Haye, et une fille, Hendrika, baptisée le 11 septembre 1733. Le 1er novembre 1733 les bans furent publiés pour leur mariage, mais Wilhelmina fut enterrée aux environs du 23 novembre 1733, « pro deo », JdC ayant été déclaré insolvable. L’impôt pour son enterrement (30 florins) fut payé le 18 juin 1766.

Formation: JdC peut avoir appris le métier de notaire en travaillant chez le notaire Pierre de Rogissart, que JdC, tout comme son père Jacob, a assisté à plusieurs reprises comme témoin. En 1708, à Pâques, JdC fut reçu membre de l’église wallonne de La Haye.

Carrière: Le 12 septembre 1708, sur recommandation des bourgmestres de La Haye, JdC fut admis comme notaire par la Cour de Hollande et de Westfrise. Il fut actif comme notaire jusqu’en 1761. Vu le petit nombre d’actes passés chez lui, son affaire n’a pas dû être florissante ; d’après l’annuaire de La Haye, où il est mentionné comme notaire et « translateur », il changea souvent d’adresse: Hofstraat (1731), en face du comptoir général de l’Union (1733), Spui, près de la maison des pauvres (1736), Lange Bagynestraat (1737), Voorhout, en face de la maison Huguetan (1739), Hekkelaan (1742), Spuistraat (1753), Bierstraat (1754), chez M. Kreuser dans le Oranjebuurt (1760), chez M. Mathysen sur le Spui [auberge Hof van Rome] (1765), Boekhorststraat (1766). Il enseigna aussi à titre privé le notariat, le français et le hollandais (Pitlo). Entre le 30 septembre 1711 et le 19 novembre 1712, il n’y a pas d’actes notariaux de sa main. Durant cette période, il servait comme secrétaire des généraux François Nicolaas Fagel (1645-1718) et Claude-Frédéric t’Serclaes van Tilly (1648-1737) et le 16 novembre 1711, il était nommé auditeur militaire à Bouchain. En 1713, il fonda une compagnie commerciale avec son frère Antoine, né en mars 1686. Le 20 mars 1744, il fut nommé contrôleur de l’hôpital qui devrait être construit dans une des villes des Pays-Bas autrichiens pour les troupes auxiliaires des Etats et sur la page de titre de ses Staatkundige aanmerkingen (1747) il est mentionné comme contrôleur de l’hôpital de la généralité à Bois-le-Duc. En 1757 il était commis (clercq) au comptoir des finances (gemenelandsmiddelen) de la province de Hollande, mais en avril 1765, il déclare être dispensé de travailler depuis quelque temps.

Activités journalistiques: Il collabore à la Quintessence des nouvelles historiques, critiques, politiques, morales et galantes (La Haye et Amsterdam, 1689-1730), sans doute dès juin 1724. A partir du 17 août jusqu’au 8 avril 1726 il publie cette feuille à ses dépens. Dans une lettre publiée par Rousset de Missy dans la Quintessence du 25 avril 1726, celui-ci dément formellement avoir apporté sa collaboration à JdC (D.P.1, 1153).

Sans doute à partir de novembre 1729, il publie le Courrier de la paix. Vraisemblablement le lundi et le jeudi: le n° 100 étant daté lundi 30 octobre 1730 et le n° 101 devait être imprimé le mercredi 1er novembre. Le 11 juillet 1730, JdC se mit d’accord avec son compatriote Leendert Spranckhuijsen, fabricant d’épées, pour lui céder un tiers des profits du Courrier contre un paiement de 275 florins comptant, et ce pour une période de trois ans. Spranckhuijsen devait avancer les frais pour le papier et l’imprimeur et s’occuper de la distribution aux libraires et aux souscripteurs. Ses 275 florins devaient lui être remboursés au fur et à mesure. Fin octobre 1730, il y a un problème avec l’imprimeur Cornelis Hoffeling, qui refuse de livrer les exemplaires du n° 100 pour les 3 florins 10 sols convenus en avril 1730. Hoffeling demanda 4 florins que De Coeur était bien obligé de lui donner pour pouvoir faire distribuer sa gazette. Dans l’impossibilité d’obtenir un arrangement, JdC demanda, le dimanche 29 octobre, au notaire Jean Fraisse d’aller chez Hoffeling pour exiger de lui les exemplaires et la plaque de bois dont on tirait le titre du Courrier, et lui faire savoir qu’il serait tenu responsable des préjudices financiers qu’allait subir JdC. En janvier 1731, le premier numéro du Courrier de la paix publié chez Antoine van Dole fait allusion à ce journal antérieur, dont nous n’avons pas trouvé d’exemplaires.

Publications diverses: L’ œuvre principale de JdC est un manuel pour la pratique du notariat: Styl der notarissen, zynde een verzameling van actens, contracten en instrumentendienende tot de notariale practyk, ’s-Gravenhage, C. van Zanten, 1740; 2e édition, Ibid. J. de Cros, 1744 (STCN). On connaît aussi de lui deux brochures politiques: un plan pour l’établissement d’une école militaire (Staatkundige aanmerkingen, tot welzyn van het lieve vaderland, of plan tot het oprechten van ene militaire kweekschool, Gorinchem, N. Goetzee, 1747) et un projet pour augmenter les finances publiques (Project tot handhaving en bevordering van den ophef der gemene middelen by wyze van collecte te doen, ’s-Gravenhage, J. de Cros, 1749). Il publia également des poèmes: à l’occasion des décès du stathouder et de son épouse (Dernier hommage rendu au corps de son altesse sérénissime [...] Guillaume IV, La Haye, P. Gosse junior, 1747; Accens plaintifs sur la mausolée de [...] Madame la princesse gouvernante, La Haye, H. Constapel, 1759) et à l’occasion de quelques fêtes à La Haye (Een vaderlands lied, ter gelegenheit van het bal, dat den 28. february 1754, op ’sprins Maurits Huys is gegeeven, [’s-Gravenhage], J. de Cros, [1754] ; Een vaderlands lied, ter gelegentheit van ’t hoog vorstelyk verjaar-feest, of het bal [...] gegeven op den 8 maart 1754, ’s-Gravenhage, J. de Cros, 1754; Vreugde galm ter gelegentheit van het overtreffelyk riddermaal op den Sint Joris Doelen aangerigt [...] den 21 maart 1754, ’s-Gravenhage, P. van Os, 1754).

Bibliographie: Bericht wegens de gesteltenisse der hooge vergaderingen en collegiën in 's-Gravenhage (répertoires annuels des noms de fonctionnaires locaux), 1731-1741; 1753-1766.

La Haye, Archives municipales: baptêmes, mariages, décès (De Coeur, Des Coeurs, Du Coeur, De Queur, Desqueux).- La Haye, AM, 372 archives notariales, 2524, 8 et 9 décembre 1723. Ibid., 2622 (notaire Jean Flaisse), 70 (11 juillet 1730) et 76 (29 octobre 1730). Ibid., 1595, 1597 (Rogissart). Ibid., 1880-1887 (JdC). Ibid., 690, fol. 401-406, 21 juillet 1713. Ibid., 3165, fol. 173, 22 juin 1757. Ibid., 3139, fol. 276, 24 avril 1765. - La Haye, Nationaal Archief, 1.01.19 Raad van State, 1536, fol. 127, 16 novembre 1711. Ibid., 1538, fol. 121, 20 mars 1744. Ibid., 3.03.01.01 Hof van Holland, 3111, 28 mars 1721. Ibid., 3489, mars 1728 (feu Jacob de Coeur). -  Leiden, Bibliothèque universitaire, Ficher wallon.

A. Pitlo et A.F. Gehlen, De zeventiende en achttiende eeuwse notarisboeken: een verhandeling over notarisboeken, notarisambt en notarieel recht onder de Republiek der Verenigde Nederlanden, Amsterdam – Deventer, Stichting tot bevordering der notariële wetenschap - Kluwer, 2004, p. 81-83.- E.F. Kossmann, De Boekhandel te ’s-Gravenhage tot het eind van de 18de eeuw, ’s-Gravenhage, M. Nijhoff, 1937, p. 183-184 (C. Hofteling).

G.H., p. 188-189; DJ, 184 (Elisabeth Carayol); D.P.1, 1153 (Alexander Sokalski). (K.V.S.)

CATUFFE (ou CATEUFFE)

Numéro

151

Prénom

Jean

Naissance

1695

Décès

?

Jean Catuffe naquit en 1695, fils de Pierre Catuffe, huguenot originaire de Tonneins réfugié en Hollande, qui avait obtenu la bourgeoisie d'Amsterdam en 1685, et de Marie Behours de Beaulieu (B.W.). Il a épousé à Londres en 1723 Henriette-Marie de Marconnay, de La Haye, en dépit de l'opposition de la mère de celle-ci (Archives communales de La Haye, notaire Jacob de Coeur, 1884, 25 juin 1723). Ils ont eu plusieurs enfants (B.W.).

2. Formation

C. est d'obédience protestante. Il a été baptisé le 27 octobre 1695 à Amsterdam à l'église wallonne et reçu membre de la même église le 1er avril 1711 «par confession». Après son mariage il y fait recevoir sa femme le 30 novembre 1723 et baptiser ses enfants (B.W.).

3. Carrière

Des voyages à l'intérieur des Pays-Bas. Au moins un voyage en Angleterre en 1723 quand il enlève sa fiancée pour imposer le mariage.

4. Situation de fortune

C. était libraire à Amsterdam. En 1740 il était associé à un autre libraire, Mortier (liste des libraires au début du Dictionnaire de Moreri, éd. de 1740). Issu d'une famille de solide aisance, C. ne semble pas avoir eu de problèmes financiers (cf. l'importance des droits payés à l'église pour les actes d'état civil ou religieux). Sa femme a hérité d'un oncle maternel des propriétés en Zélande (Archives du Franc de l'Ecluse à Middelbourg, notamment archives judiciaires de la Flandre Zélandaise, n° 2087).

5. Opinions

Rapports avec différents littérateurs en Hollande, notamment Prosper Marchand et Saint-Hyacinthe, dont il est devenu le beau-frère, Mmes C. et St. H. étant soeurs.

6. Activités journalistiques

Membre de la deuxième équipe du Journal littéraire, celle qui a rédigé les t. XIII-XIX de 1729 à 1732 (D.P.1 759).

8. Bibliographie

(B.W.) Bibliothèque wallonne, Amsterdam). –Marchand, P., Dictionnaire historique, Article «s'Gravesande». Il y a quatre lettres de C. à Prosper Marchand dans le fonds Marchand à la B.U. de Leyde (March. 2).